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Bruno Doucey
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"Au fond du couloir, une jeune femme marche comme si elle dansait, encore sous l'effet des somnifères qu'elle a avalés, elle marche en déséquilibre sur sa propre vie, elle ne se rend pas compte qu'elle ne tient pas sur la mince ligne droite qu'elle s'est tracée mais elle avance quand même, elle avance en dansant sur ses pierres, sur ses cailloux, sur ses rochers, le coeur entaillé, la bouche boursoufflée, l'ombre désarrimée, elle avance quand même avec son nez rougi de larmes, ses hanches tanguantes, ses yeux noyés, une bouteille de coca à la main, ne sachant quoi en faire jusqu'à ce qu'une infirmière vienne la lui prendre de peur qu'elle ne se casse, qu'une autre infirmière l'emmène au lit de peur qu'elle ne se casse."
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Danser sur tes braises ; six décennies
Ananda Devi
- Bruno Doucey
- L'autre Langue
- 6 Février 2020
- 9782362292750
Deux textes forts et incandescents. Deux textes pour dire la femme, la fille, la mère... Dans le premier, qu'elle dédie à sa propre mère, Ananda Devi évoque l'exil auquel chaque être se trouve confronté : celui du ventre maternel. "Tout commence par la perte des eaux", écrit-elle, avant de nous livrer ce constat amer : "L'enfant s'en va et ne cessera plus de s'en aller." Dès lors, la vie s'apparente à une longue exploration de la perte.
Dans le second, qu'elle intitule Six décennies, c'est à son propre corps qu'elle s'adresse, sans complaisance ni faux-semblants, débusquant ses changements, cartographiant sa géographie incertaine et mouvante. Avec le temps va... Non, pas seulement car le regard de l'autre réinscrit le ravissement dans le sillon des jours. "Le désir n'est jamais dompté."
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Ceux du large... Qui Ananda Devi désigne-telle par ce titre ? La réponse nous est suggérée dès les premiers vers du recueil : « Dans des barques de feuilles mortes / Ils portent à bout de fatigue / Les enfants de leur faim », avant d'être assénée comme une gifle dans le dernier poème : « Ceux que la vie éventre / De son coutelas ». Entre ces deux poèmes, elle suit l'errance des réfugiés, de tous ces êtres qui ont fui la terre où ils vivaient pour tenter d'atteindre une autre rive. Malgré la « terreur de l'eau », malgré la mort en embuscade. Et si l'auteure s'est donnée la peine d'écrire ce texte en trois langues - français, anglais, créole - c'est pour se prouver à elle-même qu'elle n'est pas restée « Tête baissée bras ballants » devant « Le film catastrophe » qui se déroule sous nos yeux.
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Quand la nuit consent à me parler
Ananda Devi
- Bruno Doucey
- Embrasures
- 22 Septembre 2011
- 9782362290183
Avec les poèmes et les proses qui composent Quand la nuit consent à me parler, Ananda Devi nous confie son second recueil de poèmes, retrouvant ce lyrisme de la « chair nue » que donnait à lire Le long désir (Gallimard, 2003). Les mots explorent le secret et l'intime, se glissent dans les replis de la chair et de l'âme, sèment le doute et récoltent l'émotion, provoquent les frissons qu'ils suggèrent. Et cela même lorsqu'ils évoquent la vie broyée d'un enfant soldat ou celle d'une jeune prostituée. Entre douceur et incandescence, désir et solitude, sans faire la moindre concession à « la poétique des îles », l'auteur du Sari vert (Gallimard, 2009) livre une écriture au féminin, âpre, sensuelle et violente.