L'histoire de la Méditerranée médiévale, zone partagée entre l'Afrique, l'Asie et l'Europe, est faite de phases d'expansion ou de repli qui charrient à travers l'espace les marqueurs d'identités hétérogènes.
Ce vaste espace est alors caractérisé par la diversité, le métissage, l'inextinguible capacité d'invention, mais aussi les affrontements et le refus de la différence. Les auteurs ont souhaité mettre en lumière la grande diversité des mondes méditerranéens, au-delà de l'idée fantasmée d'un ensemble géographique et humain qui pourrait, au Moyen Âge, se réduire à l'opposition entre Chrétienté et Islam.
Ils ont choisi de présenter une succession d'études de cas consacrées à des thèmes trop peu traités, éclairant des questions touchant aux sociétés, aux territoires et aux faits culturels. L'ouvrage propose des documents, souvent inédits, et des synthèses thématiques permettent de replacer les études de cas dans une perspective large et assurent la cohérence de l'ensemble.
La République de Venise a bâti la gloire de son État et la force de son économie sur un réseau efficace de lignes de navigation à destination des pays lointains. La collaboration avec les sultanats du Levant syro-égyptien porta à son apogée les succès de la thalassocratie vénitienne. Contraint de suivre les aléas de la conjoncture et l'évolution des économies des pays riverains de la Méditerranée, le gouvernement vénitien intensifie ses relations avec l'émirat hafside de Tunis après 1231. Pendant près de trois siècles, une amicale collaboration entre les vénitiens et les Hafsides donne les fruits attendus. Mais l'émergence du royaume d'Espagne unifié et l'arrivée des Turc en Ifriqiya bouleversent les projets des Vénitiens à l'aube du seizième siècle.
Sur la place San Zanipolo de Venise s'élève la statue équestre de Bartolomeo Colleoni. Du haut de son piédestal, le condottiere s'apprête à foudroyer ses ennemis dans un assaut décisif. Meneur d'hommes, véritable professionnel de la guerre, il est l'un de ces capitaines d'aventure qui ont fait la puissance et la ruine de l'Italie à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance (xiiie-xvie siècle). Objet de mépris, d'envie ou d'admiration, le condottiere est une figure obligée de la Renaissance au même titre que le prince ou l'artiste. En effet, s'il représente le côté sombre, violent et brutal de cette époque, il sait aussi se faire humaniste et mécène dans la compagnie des savants et des artistes. Le capitaine n'ignore pas comment utiliser leur talent au service de sa gloire.
Faiseur d'Histoire, le condottiere est devenu objet d'histoire ; en témoigne une abondante historiographie en italien et en anglais. Il demeure cependant un personnage trop méconnu en France. Certes, quelques figures emblématiques comme celles de Federico da Montefeltro, César Borgia, Francesco Sforza évoquent des images mêlées de luxe, de cruauté et de ruse, mais ces capitaines sont trop souvent assimilés à des princes ordinaires et leur aspect guerrier, oublié, gommé ou lissé. Cette synthèse souhaite combler une lacune, en proposant un double regard, celui de l'historienne de l'art et de l'historien.