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Bruno Dayez
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On reproche en général à la justice d'être lente, chère et complexe. Si ces reproches sont en grande partie fondés, il ne s'agit là toutefois que de ses moindres défautsâeuros¯! Car, beaucoup plus essentiellement, notre justice pénale est inégalitaire, discriminatoire, et sacrifie tous ceux qu'elle juge à des principes abstraits qui passent au-dessus des têtes. En optant pour la prison pour des raisons toutes théoriques, elle se contente d'une efficacité purement symbolique et se rend indifférente aux conséquences réelles qu'elle engendre.
Est-il possible de se sortir de ce qui a pris au fil du temps figure d'impasseâeuros¯?
Après s'être appesanti dans ses précédents opus sur le rôle de chacun des acteurs de justice, puis décortiqué «âeuros¯les quatre véritésâeuros¯» du procès pénal, l'auteur s'intéresse, cette fois, à la justice pénale en tant que système. Façon de boucler la boucle en examinant les traits fondamentaux de tout l'édifice, ses lignes vectrices, et ce dans un double butâeuros¯: d'une part, montrer que, derrière leur apparente évidence, aucun des sacro-saints principes de droit ne va de soi et qu'ils comportent tous une face cachée préjudiciable aux personnes. D'autre part, esquisser ce qui pourrait leur représenter une véritable alternative. -
Il y a une sorte d'inconscient collectif dans notre façon de rendre la justice en nous abusant sur ce que nous faisons réellement. À preuve, sauf à céder à la naïveté, tous ceux qui contribuent à ce qu'on nomme l'oeuvre de justice sont en vérité parfaitement interchangeables. Le procès pénal est donc un jeu de dupes ; c'est parce que ses acteurs n'y voient que du feu qu'il peut continuer de prospérer. Grâce à la forte impression qu'il fait non seulement sur son public, mais aussi, et surtout, sur ceux qui le servent, il peut continuer à illusionner sur ses vertus et continuer d'avoir cours sans être jamais, aucunement, remis en question. Notre cécité collective trouve donc sa cause dans l'orgueil d'être associé à un grand oeuvre.
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«Car tu ne plaides jamais que pour le principe, parce que tu es fondamentalement opposée à ce système de justice qui fonctionne à la chaîne et dépersonnalise les gens. Parce que tu es intérieurement en révolte contre ce système dont le seul effet concret est d'envoyer massivement à la casse les condamnés dans des mouroirs géants où on les voue à la désespérance. Oui, tu plaides la plupart du temps dans le désert, mais pas toujours, et le vent porte loin. Tu transmets en fait une parole qui ne s'est jamais tue et qui continuera d'être dite dans tous les tribunaux. Qu'elle soit minoritaire ne doit pas t'ébranler ni émousser tes convictions. Tu as foi en l'humain et ta défense ne s'arrête pas à «â€¯la veuve et l'orphelin » de l'expression traditionnelle ; elle embrasse l'ensemble de notre condition faillible dont d'innombrables specimen chutent un jour ou l'autre, en raison de la dureté de leur vie la plupart du temps... »
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à moi ! les limites de ma liberté
Bruno Dayez, Xavier Rolin
- Editions Racine
- 22 Février 2011
- 9782873867041
De ma naissance à ma mort, le droit s'invite dans ma vie pour m'obliger ou m'interdire, à propos d'une multitude de questions qui, a priori, ne regardent que moi !: de la fécondation in vitro à l'euthanasie, de l'accouchement anonyme au mariage homosexuel, du suicide au don d'organes en passant par la chirurgie esthétique, le transsexualisme ou la toxicomanie, le droit guide ou limite mes libertés. Les multiples exemples cités sont tirés pour la plupart de jugements ou de faits divers récents. Au nom de quelles valeurs le droit prétend-il savoir mieux que moi ce qui me convient, et faire mon bonheur contre mon gré ?
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Quand un système de justice pervertit son propre modèle, ce qui, à l'évidence, est notre cas, jusqu'où doit-on lui jurer fidélité sans ruiner notre âme ? Et loyauté sans se déjuger soi-même ? Toutes nos qualités réunies ne nous exonèrent pas de nous poser journellement la question des fins. Nous sommes des auxiliaires de justice, c'est entendu, mais cela ne doit pas nous rendre complices d'un système dont nous désavouerions les principaux effets.
Comment garder foi en ce système ?
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Réparer ou guérir : quelle justice pour les victimes ?
Bruno Dayez
- Samsa
- 13 Octobre 2022
- 9782875934246
En quoi pourrait consister la réparation que les victimes sont en droit d'attendre ?
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Pourquoi cette question ? N'est-elle pas incongrue ? Peut-on concevoir un autre destin pour l'intéressé que de finir ses jours muré dans sa cellule ? Et dans un isolement dont rien, ou presque, ne doit le sortir ? Ce livre nous rappelle, avant tout, les tenants et aboutissants légaux qui régissent notre système de justice pénale, tâche nécessaire en regard des lieux communs, voire des légendes urbaines, qui circulent aujourd'hui. Ensuite, répondre à cette question, c'est ouvrir un débat qui en sous-entend nombre d'autres : Que signifie l'abolition de la peine capitale ? La perpétuité réelle a-t-elle un sens ? À quelle aune mesurer les peines ? Quelle est leur vocation ultime ? Nos prisons remplissent-elles leur office ? Quelle place réserver aux victimes ? Ainsi, le cas particulier de Marc Dutroux nous renvoie à des interrogations fondamentales sur l'exercice du « droit de punir ». Enfin, alors que chacun s'autorise à exprimer son opinion sur le sujet - tant il a été médiatisé, et depuis si longtemps - l'auteur a tenu, par cet essai, à s'adresser directement au citoyen qui souhaite se forger un avis éclairé. Le fait que la répression s'exerce en son nom justifie à lui seul qu'il s'estime concerné. Mais suppose aussi qu'il accepte la controverse. Les arguments qui n'abondent pas dans le sens d'une répression accrue (pour laquelle nous éprouvons tous un penchant instinctif) méritent d'être entendus. Pouvoir en débattre sereinement est l'objectif à la fois accessible et nécessaire de ce livre.
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Sachez cependant qu'il n'a pas toujours été simple de participer activement à des débats judiciaires dont je désapprouvais entièrement la tenue. Soit qu'ils s'apparentaient à un authentique dialogue de sourds, soit que le déséquilibre des forces rendait d'office illusoire la prétendue égalité des armes. Oui, sachez l'entendre : il m'a été pénible d'assister souvent à des instructions d'audience et d'écouter des réquisitoires à l'égard desquels j'étais dans un désaccord absolu, à tel point que j'en ressentais un accablement doublé d'impuissance. Comme il m'a été douloureux de devoir plaider en étant certain d'avance que je m'évertuerais en pure peine et que tout ce que je pourrais dire, dussé-je en être foncièrement persuadé, n'aurait aucun impact sur le jugement à venirâ€-