En moins de quarante ans, le capitalisme anglo-saxon s'est engouffré dans nos communautés européennes qui étaient imprégnées d'une tempérance sociale-démocrate issue des équilibres d'après-guerre. La mondialisation et la révolution de la digitalisation amplifient la prédominance de ce courant néolibéral. Alors que les états européens sont écartelés entre des engagements sociaux impayables et des marchés qui leur échappent, les courants populistes écartent les dirigeants qui n'ont pas protégé leur population vieillissante contre ces forces de marché. Ce populisme pourrait même être une souche ou une variante du capitalisme anglo-saxon. Il pourrait en résulter un écroulement du modèle d'intégration européen et des chocs sociaux d'une extrême violence.
Le sauvetage de nos systèmes sociaux devra passer par la réhabilitation de l'État stratège. Il faudra subordonner toute décision politique à l'intérêt général et au bien-être des futures générations dans un esprit de solidarité sociale et écologique.
Un débat passionnant entre deux personnalités qui confrontent leur vision de l'économie de marché à la doctrine sociale de l'Église.
Dix ans après la grave crise financière et économique de 2008, Eric de Beukelaer, le prêtre et Bruno Colmant, l'économiste débattent à coeur ouvert d'une série de questions : la crise de 2008 était-elle seulement financière ou s'agissait-il d'un réel basculement sociétal ? Le système capitaliste a-t-il encore de l'avenir ? Quels sont les grands défis actuels : vieillissement, migration, technologie, climat, environnement, guerres... ? Finalement, comment repenser croissance et solidarité ?
Ce dialogue aux regards croisés et constructifs a été recueilli et structuré par la plume bienveillante et philosophe de l'historien Henri Deleersnijder.
"Ça fait bizarre de revoir ses anciens collègues, lorsque l'entreprise, dix fois fusionnée depuis qu'on l'a quittée, convoque ses alumni. Il y a ceux qui sont partis et qui reviennent. Et ceux qui sont restés et qui restent.
L'alumni rigole de quelques époques que les jeunes situent dans un autre siècle. Mais l'alumni repart souvent du cocktail amer et méprisant, se disant que ceux qui sont restés dans l'entreprise ne doivent leur carrière qu'au départ des alumni et que, finalement, ils ont usurpé leur avenir sans rien oser. Il se dit que dans les entreprises, il y a les alumni et... les éteints." Une vie qui est balayée comme les économies après une crise financière, c'est l'épouvante. 50 nuances crise, ce sont cinquante scènes d'entreprises croquées au vol depuis le krach de 2008. Des textes incisifs rédigés par Bruno Colmant et illustrés en noir et blanc par Pierre Kroll.