La crise a mis à vif les déséquilibres économiques de nos sociétés européennes. Les prochaines années auront un parfum de crépuscule car l'État-providence risque de devoir se transformer en État-banquier. Il devra aussi reformuler ses propres systèmes sociaux. Nos communautés traverseront donc un profond changement de modèle, touchant à la trame de nos valeurs collectives.
Ceci ramène à un des grands défis de nos communautés européennes : la répartition des richesses, c'est-à-dire l'alignement des intérêts privés et des bénéfices sociaux. Cet opuscule rassemble des questionnements et des intuitions relatifs à la crise économique contemporaine, et plus particulièrement à l'endettement public, à l'impôt et à la monnaie qui formulent conjointement la représentation de l'État.
L'origine étymologique latine du mot « monnaie » correspond au verbe monere, qu'on traduit par « avertir ». La monnaie ramène aussi au temple de la Moneta où les pièces étaient frappées à Rome. La légende véhicule que ce temple, dédié au culte de Junon, archétype de la mère cosmique et déesse de la fécondité et de la reproduction, fut bâti à l'endroit où les oies du Capitole, qui prévinrent de l'inva- sion de Rome par les Gaulois au quatrième siècle avant Jésus-Christ, étaient parquées. Junon reçut le surnom de Moneta (qui « avertit ») car elle aurait averti les Romains d'un tremblement de terre.
La question monétaire se ramène peut-être à cette interrogation sémantique : de quel cataclysme la monnaie, ultime convention socio-étatique, avertit-elle, tandis que sa circulation et sa fécondité sont conditionnées par sa propre reproduction ? Cet opuscule rassemble plusieurs textes concernant cette interrogation.
La crise des années 2007-2013 constitue une immersion brutale dans le capitalisme anglo-saxon.
Nos communautés latines traversent un profond changement de modèle touchant à la trame de leurs valeurs collectives. Il n'est pas impossible que nos communautés latines, pourtant sécularisées, subissent aujourd'hui de lointains effets collatéraux de la Réforme qui les avait épargnées au XVIe siècle.