En Europe, la dette publique va bientôt dépasser une année de PIB. Cette réalité est la plus redoutable menace qui frappe notre continent puisque cette dette s'enflamme dans une économie sans croissance ni inflation. Certains pays ont déjà fait aveu de banqueroute, d'autres ont capturé les dépôts bancaires pour absorber le coût de ces dettes excessives.
Cela amène à ces questions :
Que représente une dette publique ?
Quel entrelacement entretient-elle avec la monnaie ?
L'État-providence est-il en danger ?
Une vague inflationniste est-elle prévisible ?
Quelles sont les leçons de l'histoire et comment s'extraire de ce piège ?
Ce court opuscule rassemble quelques intuitions dans ce domaine.
Après une crise financière d'une violence inouïe, nos communautés s'engouffrent dans une décennie de terre brûlée. Les économies occidentales ont pu croître grâce à des politiques monétaires et budgétaires expansionnistes, mais elles sont tombées dans le piège du modèle à crédit. Les libéralités sociales ont été bâties sur un endettement insoutenable. Nous devons aujourd'hui le rembourser, financer le coût croissant du vieillissement de la population et injecter de l'argent dans l'économie pour la stimuler.
Le scénario prévisible de sortie de crise sera probablement celui de la stagflation, c'est-à-dire une chimie complexe d'inflation et de dépression. Celle-ci sera alimentée par un dollar vraisemblablement déprécié et une monnaie unique fissurée. Ces frictions seront accentuées par des tensions sociales.
Loin de prétendre à des réflexions apocalyptiques ou à la résignation, cet essai tente de discerner des tendances. Un fait est incontournable : il faudra se débarrasser des vieux réflexes idéologiques des années septante et admettre que la compétitivité de notre économie passera par l'acceptation d'un modèle d'économie de marché.
Le modèle fiscal belge, bâti en 1962 dans le contexte de redistribution des moyens et d'alignement des contributions fiscales propre au pacte social d'après-guerre, n'est plus que l'ombre de lui-même. Lentement détricotée au nom d'arbitrages circonstanciels et désormais en déphasage complet avec l'économie et la société, notre fiscalité a besoin d'une réforme profonde et globale, intégrant la taxation du revenu du travail et du capital, de l'entreprise et de la consommation.
La fiscalité doit impérativement tenir compte de ces évolutions sociétales majeures que sont la globalisation, le progrès technologique, la mobilité croissante des bases imposables, l'augmentation de l'espérance de vie, l'éclatement du modèle familial traditionnel, le creusement des écarts dans la distribution primaire des revenus ou encore le réchauffement climatique.
Dialogue entre deux économistes passionnés par leur sujet, cet ouvrage n'a pas pour objectif de formuler des recommandations politiques concrètes. Il n'est pas non plus un précis de fiscalité. Entre ces deux extrêmes, il ambitionne d'alimenter, voire de susciter, la réflexion sur les principes qui fondent notre système fiscal actuel et de favoriser une réforme en profondeur de celui-ci en esquissant les lignes directrices qui la sous-tendraient. Les points de vue de Bruno Colmant et Etienne de Callataÿ ne s'accordent pas nécessairement, leurs convictions les poussant parfois sur le terrain de la confrontation intellectuelle.