Il y a près d'un siècle, le belgo-allemand Silvio Gesell imagine une théorie monétaire extraordinaire : la monnaie fondante. Selon lui, il faut donner une date de péremption à la monnaie pour forcer sa circulation, puisqu'un billet thésaurisé perd irrémédiablement et progressivement sa valeur. Selon lui, la monnaie thésaurisée devait « rouiller », comme si elle subissait un pourcentage d'usure. Il préconise un estampillage d'un millième par semaine, ce qui correspond à un taux d'intérêt négatif de 5,2 % par an. Ce prélèvement favoriserait la rotation de l'économie et la mise à l'emploi.
En moins de quarante ans, le capitalisme anglo-saxon s'est engouffré dans nos communautés européennes qui étaient imprégnées d'une tempérance sociale-démocrate issue des équilibres d'après-guerre. La mondialisation et la révolution de la digitalisation amplifient la prédominance de ce courant néolibéral. Alors que les états européens sont écartelés entre des engagements sociaux impayables et des marchés qui leur échappent, les courants populistes écartent les dirigeants qui n'ont pas protégé leur population vieillissante contre ces forces de marché. Ce populisme pourrait même être une souche ou une variante du capitalisme anglo-saxon. Il pourrait en résulter un écroulement du modèle d'intégration européen et des chocs sociaux d'une extrême violence.
Le sauvetage de nos systèmes sociaux devra passer par la réhabilitation de l'État stratège. Il faudra subordonner toute décision politique à l'intérêt général et au bien-être des futures générations dans un esprit de solidarité sociale et écologique.
La sphère marchande, désormais mondialisée et digitalisée, entre en violente collision avec les politiques de nombreux pays européens. Le néo-libéralisme américain apporte une incontestable croissance économique et une extraordinaire élévation du niveau de vie. Il exige cependant une mobilité parfaite et une individualisation du travail. En revanche, les États-providences européens furent bâtis, à l´opposé du néo-libéralisme, sur la stabilité et la solidarité du travail. L´euro est fondé sur ce même postulat, non encore vérifié, de l´amplification de la mobilité du travail.Il pourrait en résulter une conflagration socio-économique dont les premières détonations sont aujourd´hui audibles. Sans une refondation de nos orientations politiques européennes, la rancoeur sociale pourrait gravement s´amplifier. Il faut rebâtir l´efficacité stratégique des États européens. S´il existe des périodes politiques, il faut désormais un temps étatique. 2019, l´année de tous les périls politiques.
L'euro n'est pas une monnaie spontanée mais l'aboutissement d'un rapport de forces nationales découlant de la réunification allemande.
Si les premières années de cette monnaie, introduite en 1999, furent baignées dans un contexte économique favorable, la crise bancaire de 2008 et la banqueroute grecque en dévoilèrent les failles.
L'euro n'est plus porté par un élan politique commun parce que la différence de croissance entre les pays européens s'accroît et que la prospérité n'est plus partagée.
L'euro n'a pas apporté suffisamment d'intégration politique et de croissance. Cette monnaie pourrait susciter son propre sabordage si sa gestion n'est pas repensée dans le sens d'une plus grande solidarité financière et d'une compréhension socio-politique accrue des différents États-membres.
Plus que jamais, la perpétuation de l'euro repose sur le fragile équilibre de l'axe franco-allemand. Sans sursaut moral et une action politique décisive, un fait politique pourrait conduire à une sécession monétaire ou, pire, déclarer un véritable schisme qui mettrait fin à une des plus stupéfiantes expériences de l'histoire des monnaies.
Ce livre, dont le Président Van Rompuy, a commis la contre-préface, transporte un avertissement et un espoir.
Pour le titre de son livre, Bruno Comant s'est inspiré de l'Encyclique de Pie XI contre le nazisme en 1937 qui traduisait à l'époque une grande angoisse face à notre capacité de répondre aux enjeux majeurs du moment.
Après quelques années de malaises, les réalités climatiques, militaires, énergétiques et économiques sont les premières secousses de multiples chocs sociétaux d'une envergure titanesque. Tous les déséquilibres vont s'embraser et se conjuguer avec rapidité et violence. Il en résultera des conflagrations écologiques et socio-économiques dont les premières détonations sont aujourd'hui audibles.
Face à ces défis stupéfiants, il faut immédiatement rebâtir l'efficacité stratégique des États européens tout en clôturant l'hégémonie du néolibéralisme anglo-saxon. S'il existe des périodes politiques, il faut désormais un temps étatique.
Un débat passionnant entre deux personnalités qui confrontent leur vision de l'économie de marché à la doctrine sociale de l'Église.
Dix ans après la grave crise financière et économique de 2008, Eric de Beukelaer, le prêtre et Bruno Colmant, l'économiste débattent à coeur ouvert d'une série de questions : la crise de 2008 était-elle seulement financière ou s'agissait-il d'un réel basculement sociétal ? Le système capitaliste a-t-il encore de l'avenir ? Quels sont les grands défis actuels : vieillissement, migration, technologie, climat, environnement, guerres... ? Finalement, comment repenser croissance et solidarité ?
Ce dialogue aux regards croisés et constructifs a été recueilli et structuré par la plume bienveillante et philosophe de l'historien Henri Deleersnijder.
Au fil des siècles, les Bourses se sont adaptés à l'évolution économique de nos sociétés. Des tulipes aux produits dérivés obscurs et complexes, les marchés que nous connaissons actuellement ont subi de nombreuses transformations, rythmées par des krachs financiers d'envergure.
Un tournant majeur s'opère cependant durant les années 90, au moment où le secteur technologique prend de l'ampleur. Les Bourses perdent progressivement leur visage humain au profit de l'électronique. Les parquets, où s'époumonent agents de change, seuls habilités à pouvoir exécuter les ordres des investisseurs, sont désertés. Ils vont céder leur place aux banques, qui vont elles-mêmes se retrouver face à des acteurs plus importants, appelés traders à haute fréquence. Dans le même temps, les négociations en Bourse s'accélèrent, au point de dépasser largement aujourd'hui la vitesse de la lumière.
Le 6 mai 2010, le monde découvre avec stupeur l'importance de ces firmes robotisées sur les marchés, et le rôle qu'elles jouent désormais sur les marchés d'actions et les produits complexes. Pourtant, leur avènement s'accompagne d'une démocratisation des marchés pour tous les investisseurs. Car désormais, il n'a jamais été aussi facile pour le particulier de négocier en Bourse. Et jamais aussi bon marché aussi.
Toutefois, la robotisation des marchés financiers pose des défis de taille pour les acteurs qui y interviennent.
T out le monde court après la machine.
"Ça fait bizarre de revoir ses anciens collègues, lorsque l'entreprise, dix fois fusionnée depuis qu'on l'a quittée, convoque ses alumni. Il y a ceux qui sont partis et qui reviennent. Et ceux qui sont restés et qui restent.
L'alumni rigole de quelques époques que les jeunes situent dans un autre siècle. Mais l'alumni repart souvent du cocktail amer et méprisant, se disant que ceux qui sont restés dans l'entreprise ne doivent leur carrière qu'au départ des alumni et que, finalement, ils ont usurpé leur avenir sans rien oser. Il se dit que dans les entreprises, il y a les alumni et... les éteints." Une vie qui est balayée comme les économies après une crise financière, c'est l'épouvante. 50 nuances crise, ce sont cinquante scènes d'entreprises croquées au vol depuis le krach de 2008. Des textes incisifs rédigés par Bruno Colmant et illustrés en noir et blanc par Pierre Kroll.