À l'instar de Martine, le personnage de Caroline est une figure emblématique de la littérature jeunesse. Créée par Pierre Probst en 1953 chez Hachette, elle incarne l'après-guerre et les Trente Glorieuses où l'abondance, les loisirs et la consommation contrastent avec les années de restriction matérielle qui ont précédé.

Observateur du monde, des transformations de la France de l'après-guerre, du baby-boom et de la société de consommation naissante, Pierre Probst est un « faiseur d'espaces ». Il donne à Caroline une extrême mobilité qui la pousse à être sans cesse sur les routes. Au fil des 44 albums qui constituent la série, Caroline construit son identité sur les moments agréables de l'existence, en particulier les loisirs et les voyages. Elle découvre la ville, la campagne, l'Europe et le monde et initie ses jeunes lecteurs aux pratiques récentes et populaires du tourisme.

Comme Martine, à laquelle elle est souvent comparée, Caroline est une héroïne de la Nouvelle Vague. Elle s'adresse cependant à un lectorat de « Français moyens » qui commencent à accéder aux loisirs des classes aisées. Ainsi, sa grande spécificité est sa capacité à « gérer les distances ».

Une idéologie du mouvement très forte se dégage de la série, faisant de Caroline un produit culturel social, historique et spatial. Montrant comment le personnage de Caroline est fondamentalement marqué par les années de pleine croissance, ce livre explore un phénomène littéraire et culturel marquant pour plusieurs générations qui ont trouvé dans le personnage l'intrépidité et la curiosité qui animaient leur époque. Lire la suite Fermer

Médecin, fils d'un bourgeois drapier tourangeau, magistrat, diplomate et espion, Adam Fumée appartient à ces hommes, issus de la bourgeoisie d'affaire, qui ont initié une nouvelle forme de cour royale... à la fin du XVe siècle. Né en 1430, anobli en 1493 et mort en 1494, Adam Fumée inaugure l'image du bourgeois gentilhomme. S'appuyant sur une fortune familiale due au commerce ou aux professions libérales, cette bourgeoisie ne cesse de prendre de l'importance à la Renaissance et surtout à l'époque classique, jusqu'à obtenir terres et privilèges.
Tourangeau de naissance, Adam Fumée apprend la médecine à l'Université de Montpellier, une des universités de médecine les plus originales de son époque, nourrie aux enseignements d'Hippocrate, de Galien ou de Guy de Chauliac. Sa connaissance en la matière et sa pratique font sa renommée jusqu'à la cour de Charles VII qui décide de le prendre dans sa Maison Médicale. Louis XI et Charles VIII, ses successeurs, en feront de même. La proximité avec ses rois lui donnera l'occasion de servir ses souverains de différentes manières. Investi de plusieurs missions diplomatiques, il deviendra Maître des Requêtes et Chancelier de France.
Anobli par Charles VIII, ce bourgeois devenu gentilhomme, marié à un réseau étroit de familles bourgeoises de Touraine, souvent également anoblies, acquiert un grand nombre de terres et deux châteaux à Genillé et Saint-Quentin qui seront érigés en châtellenie en 1515.
L'histoire retrouvée d'Adam Fumée, entre la seringue et l'or, est une enquête. Les traces sont maigres et le travail d'historien consiste alors à les rassembler, à les interpréter et à les mettre en récit. La biographie d'un illustre médecin du XVe siècle, lié de très près aux grands événements diplomatiques d'une période troublée par les tensions féodales et princières, conduit notre auteur à retracer l'histoire politique et sociale de cette fin de Moyen Âge. Lire la suite Fermer

Cet ouvrage se propose de visiter l'oeuvre de Peter Sís, auteur/illustrateur de livres pour enfant dont le travail reflète une passion pour les cartes et les voyages. Depuis plus de trente ans, l'auteur-illustrateur représente différents espaces du monde de manière figurative et symbolique. S'il n'est pas géographe, Peter Sís est un formidable « géographiste », utilisant différentes formes d'expression graphique à travers lesquelles cet habitant de la terre s'objective.

Avec Genillé. au fil des temps, Christophe Meunier signe là son premier ouvrage, fruit d'un long travail de recherche. Au terme de plusieurs rencontres et d'une vaste étude documentaire portant sur de nombreux articles et ouvrages, parfois anciens, il tente de retrouver et de retracer les pistes qui mènent vers le passé de cette commune rurale du Sud-est de l'Indre-et-Loire. De la préhistoire à nos jours, l'épopée des hommes qui ont fait le village est découpée en trois grandes périodes : Temps des seigneurs et des rivalités nobiliaires, Temps des révolutions et des sociétés industrielles, enfin Temps des résolutions et de la désertification. Temps partagés ou temps volés, temps bouleversés ou temps protégés, Genillé traverse l'histoire.
Commandé par la Municipalité, cet ouvrage témoigne nécessairement par son origine d'un attachement de la commune à son patrimoine. Il n'en demeure pas moins un travail scientifique qui s'interroge sur la ruralité et son histoire, sur l'identité d'un territoire dont les limites, contrairement à celles de la ville, ont longtemps été floues et disputées. Étudier la ruralité d'hier ou celle d'aujourd'hui, c'est dresser la liste des acteurs et comprendre leurs interactions, les pouvoirs qui les unissent ou les divisent. Voilà un fil rouge que l'auteur tend tout au long des trois parties majeures de son livre.
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Envisagés comme des produits culturels géographiques, les albums pour enfants interrogent, disent, représentent et mettent en scène espaces et spatialités. S'intéressant à un corpus d'albums iconotextuels narratifs édités en France entre 1919 et 2012, ce travail s'emploie à démontrer que l'interdépendance entre les instances narratives génère et imagine non seulement de l'espace pour le lecteur mais également une intentionnalité spatiale, une transmission d'un habiter tel qu'il est pensé par l'auteur-illustrateur.

Avec le soutien de l'université de Tours, de Biogéophile et de l'ESPE CVL.