Au mois de mai 1686, dans la baie de Samana à Saint- Domingue, le Saint-Nicolas, vaisseau rond de Flessingue, quittait la Caraïbe. À son bord s'entassaient plus de quatre-vingt forbans, pirates endurcis majoritaiement français, qui partaient pour une aventure dont ils ignoraient encore tout de l'extraordinaire.
Pourchassés par toutes les marines du monde, ils se rendirent par le détroit de Magellan dans la mer du Sud, l'océan Pacifique, afin de mettre en coupe réglée les possessions espagnoles du Nouveau Monde. Leur croisière dura plus de huit années. Huit années de dérives, de famine, de meurtres, de terreur, de pillages, durant lesquelles nos pirates sillonnèrent l'écart entre les deux tropiques, du Mexique au Pérou, et ponctuées d'escales aux Galapagos ou dans les îles Fernande, gîte imaginé de Robinson Crusoë.
En septembre 1694, les survivants s'échouaient en entrant dans le port de La Rochelle.
Le récit de ce périple invraisemblable nous a été conservé par un manuscrit de la bibliothèque nationale, que les forbans ramenèrent de leur expédition et jamais réédité depuis 1894. Il fait partis des rarrissimes écrits sortis de la plume même de pirates.
Et tout l'enjeu de cet ouvrage se situe précisément autour de cette question, que l'on ne pose que trop rarement : la littérature, le cinéma, l'histoire même ont mis en scène les pirates. La charge fantasmatique qu'ils développent semble empêcher dès l'abord de pouvoir les approcher dans leur dimension historique, c'est-à-dire au plus près du réel tel qu'ils le ressentirent, et comme ils l'expirmèrent.
Il n'est ainsi pas question dans cet ouvrage de perroquets et de jambes de bois, mais d'une tentative d'aller au plus proche, en croisant le récit des Français et les sources espagnoles, de la piraterie au long cours, telle qu'elle fut éprouvées par ces hommes.
Au début de l'été 1686, plus de quatre-vingts pirates français quittaient la mer des Caraïbes pour une aventure dont ils ignoraient encore tout de l'extraordinaire.
Ils se rendirent par le détroit de Magellan dans la mer du Sud, l'océan Pacifique, porter la désolation sur les rives espagnoles d'Amérique, où ils devaient s'attarder huit longues années. Huit ans d'errances entre le Chili et le Mexique, ponctuées d'escales aux Galápagos et autres îles perdues ; huit ans de souffrances, de périls, de pillages, de meurtres.
Il a miraculeusement survécu de cette expédition d'extraordinaires manuscrits encore inédits qui nous ont conservé la chronique de leurs péripéties.
Cet ouvrage, fondé sur les textes d'époque, loin des poncifs habituels sur la piraterie, tente de raconter leur histoire.
Àl'été 1822, au large de Cuba, Aaron Smith était capturé par des pirates alors qu'il s'en retournait de la Jamaïque en Angleterre.
Le malheureux fut retenu des mois durant parmi eux et participa à leur vie de rapines. Arrêté par les autorités espagnoles, il fut ensuite livré à la justice britannique, qui lui intenta, en 1823, un procès pour actes de piraterie.
Verdict : acquitté.
Certains des témoins de ce procès avaient pourtant reconnu en lui tout simplement le chef des pirates qui, le visage barbouillé de poudre à canon et le sabre d'abordage au poing, les avait soulagés de leurs biens au large du récif cubain...
En 1824, il faisait paraître à Londres Les Atrocités des pirates, un livre caméléon à la fois roman d'aventures et plaidoyer en faveur de son innocence.
Il n'en fallait pas davantage pour que l'on menât autour de cet équivoque personnage une enquête approfondie, dont les conclusions extraordinaires dévoilent une page sensationnelle de l'histoire universelle de la piraterie.
Accompagne´ d'une Enquête comprenant la traduction complète du compte rendu de son procès et diverses investigations portant sur le reste de sa vie, son récit est enfin mis en lumière. Jusqu'à établir, pour toujours, l'incroyable vérité sur Aaron Smith.