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Hakim Bey
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La TAZ (Temporary Autonomous Zone), ou Zone Autonome Temporaire, ne se définit pas. Des "Utopies pirates" du XVIIIe au réseau planétaire du XXIe siècle, elle se manifeste à qui sait la voir, "apparaissant-disparaissant" pour mieux échapper aux Arpenteurs de l'Etat. Elle occupe provisoirement un territoire, dans l'espace, le temps ou l'imaginaire, et se dissout dès lors qu'il est répertorié. La TAZ fuit les TAZs affichées, les espaces "concédés" à la liberté : elle prend d'assaut, et retourne à l'invisible. Elle est une "insurrection" hors le Temps et l'Histoire, une tactique de la disparition.
Le terme s'est répandu dans les milieux internationaux de la "cyber-culture", au point de passer dans le langage courant, avec son lot obligé de méprises et de contresens.
La TAZ ne peut exister qu'en préservant un certain anonymat ; comme son auteur, Hakim Bey, dont les articles "apparaissent" ici et là, libres de droits, sous forme de livre ou sur le Net, mouvants, contradictoires, mais pointant toujours quelques routes pour les caravanes de la pensée.
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En novembre 1918, Georghiu Mavrocordato, hospodar de Coumantsa, et ses amis du Club scythe chassent par les armes la garnison allemande qui occupe cette bourgade roumaine. Leur putsch instaure alors une mini-république des conseils, dont la Constitution est tout entière un florilège de citations de Nietzsche. Dans cette savoureuse uchronie, l'auteur de TAZ (zone d'autonomie temporaire) esquisse de précieuses convergences entre destins individuels et aspirations communautaires.
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Les Sermons radiophoniques (1992) forment un ensemble de onze textes dans lesquels l'auteur développe une théorie de pratique artistique appelée « immédiatisme ».
Dans la lignée de Dada et du situationnisme, l'immédiatisme se conçoit comme un mouvement basé sur la notion de jeu. En effet, dans nos sociétés high-tech où le « capitalisme tardif » nous pousse de plus en plus loin dans des formes extrêmes de médiation et donc d'aliénation, où le fossé entre la production et la consommation de l'art ne cesse de s'élargir, l'art véritable ne peut se concevoir que sous la forme d'un jeu car le jeu est la plus immédiate des expériences. Dès lors potlatch, terrorisme poétique et nomadisme forment des manifestations logiques de l'immédiatisme qui permettent de libérer et de partager l'imagination.
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En 1996, quelques années après T.A.Z. et les Sermons radiophoniques, Hakim Bey rédige une série de textes dans lesquels il revient sur la fin du 20e siècle, qu'il situe entre 1989 et 1995, au moment de la chute du bloc communiste et de l'avénement d'un monde néo-libéral, globalisé et standardisé ou en passe de l'être, ainsi que sur le commencement de ce nouveau millénaire, marqué par le règne d'un argent porteur de chaos, qui partout ou presque s'est libéré des religions, des frontières et des États.
Dans ce monde-là, la neutralité n'est pas une option envisageable, nous dit-il. D'ailleurs l'émancipation de l'individu via les zones d'autonomie temporaire est-elle suffisante pour lever un souffle révolutionnaire ? La culture et l'humain peuvent-ils survivre alors que nous nous acharnons à détruire le non-humain, à détruire la nature sauvage ce par quoi la culture se définit en creux ? Et les nationalismes, et les religions, quels effets exercent-ils ? Autant de questions qu'aborde Hakim Bey dans un flot qui lui est habituel, fluide, convoquant tour à tour les théoriciens anarchistes, le soufisme, le millénarisme et l'anthropologie.
La lecture de Millenium apporte un éclairage original au spectacle désormais quotidien de la capitulation des États face au monde de la finance.
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Comment finira le capitalisme ? Il ne sera probablement pas renversé par une révolution, mais son système mondial de création de richesses et de valeurs va lentement se déchirer, abandonnant des régions et des populations entières à elles-mêmes - ce processus est d'ailleurs entamé. Ainsi, le capitalisme mondialisé sera lentement mité par l'expansion d'une « zone interdite » englobant les laissés-pour-compte [...].
Comment concilier l'esprit de l'utopie et les obligations de la vie de salarié ? Peut-être en remettant au goût du jour la « transhumance » [...] Qu'est-ce qui est vraiment révolutionnaire ? , etc.
Sorte de Guy Debord américain, Hakim Bey est devenu une référence obligée de la contre-culture, en inventant un concept qui a fait le tour du monde, la « Zone d'Autonomie Temporaire ». Les TAZ, comme on les appelle, proposent de rassembler des êtres dans des lieux réels ou virtuels, où les lois et les règles de la société sont momentanément suspendues, autour d'un projet politique ou créatif. Les communautés hippies ont échoué à durer. Les TAZ n'ont pas une telle ambition, éphémères par définition et par choix.
S'inspirant des écrivains de la « beat generation » américaine, Hakim Bey est d'abord et avant tout un poète à la manière de Guy Debord.
Lire Hakim Bey est une aventure : à chacun de s'y risquer, d'aller se perdre dans ces petits labyrinthes de prose psychédélique, pour y puiser son miel...
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L'art du chaos ; antidote au délire numérique généralisé
Hakim Bey
- Nautilus
- 25 Août 2000
- 9782846030014