À La Réunion, puis à Maurice, le développement de l'économie de plantation nécessita à partir du 18ème siècle l'extension massive de l'esclavage. Le Code Noir y fut promulgué en 1723 pour organiser le système esclavagiste et régir de manière complète les relations entre maîtres et esclaves. En 1810, les Anglais prirent le contrôle des deux îles qui, jusque-là, étaient françaises. Puis le traité de Paris de 1814 rattacha officiellement Maurice à l'Empire britannique et restitua La Réunion à la France. Les autorités britanniques abolirent l'esclavage en 1835 et la France fit de même en 1848. Manquant cruellement de bras, les planteurs des deux îles firent venir des engagés, principalement d'Inde et d'Afrique, pour remplacer les esclaves. Les Britanniques et les Français organisèrent différemment ce nouveau régime de travail. C'est l'une des raisons pour lesquelles Maurice et La Réunion présentent aujourd'hui des caractéristiques démographiques et sociales si différentes.
Cet essai, quatrième volet d'une vaste fresque consacrée à l'histoire économique de La Réunion, présente les changements du contexte mondial et leurs répercussions sur le système productif de l'île. Il analyse les ressorts de la croissance et les avancées dans le développement humain. Il montre aussi les causes des trois déséquilibres majeurs qui restent à réduire : la vie chère, les inégalités sociales, le chômage massif.
En 1848, l'esclavage est aboli dans les colonies françaises. Pour remplacer les affranchis les planteurs de la Réunion importent massivement d'Afrique et d'Inde des engagés. C'est ainsi que l'esclavagisme est remplacé par un nouveau système économique fondé sur l'engagisme ou salariat contraint. A partir de 1865, la baisse persistante du prix du sucre et de la production provoque une longue dépression. L'Angleterre interdira par ailleurs le recrutement des travailleurs en Inde. L'engagisme décline et les planteurs développent une autre organisation de la production.
Dans son oeuvre majeure, Le Capital, Karl Marx expose les lois qui gouvernent le fonctionnement du capitalisme : il démonte les mécanismes de l'exploitation du travail salarié et explique pourquoi la recherche du profit maximum conduit inévitablement au développement du chômage de masse, et périodiquement, à des crises économiques générales. Le but du présent essai est de montrer l'actualité de ces thèses et de les mettre à la portée de tous. Sa rédaction a été guidée par le souci d'utiliser le plus possible un vocabulaire non spécialisé et de s'appuyer sur des exemples numériques très simples pour éclairer le jeu des mécanismes économiques.
C'est l'histoire d'un garçon né en 1944 en Cochinchine, la partie méridionale du Vietnam actuel. La Seconde Guerre mondiale est à son summum, bientôt suivie par la guerre d'Indochine. Sa mère choisit alors d'émigrer avec sa nombreuse famille. C'est le début d'un long et di cile parcours dans la société française, tout particulièrement dans le monde scolaire et universitaire.Au tournant des années 90, il choisit d'aller vivre à l'île de La Réunion. Il y mène ses recherches universitaires et livre quelques batailles intellectuelles. C'est là que l'arc-en-ciel du malheur le saisit avec la révélation, au début des années 2000, des immenses dégâts humains et écologiques entrainés par le déversement de défoliants par l'armée américaine pendant la guerre du Vietnam. Il reprend alors sa guitare comme arme humanitaire et retourne au Vietnam pour aider les victimes. Ce sera l'occasion de retrouvailles, heureuses ou déchirantes, avec quelques membres de sa famille.
Concédée à la Compagnie des Indes en 1664, celle-ci y amena une poignée de Français et de Malgaches. Ces derniers furent peu à peu réduits en esclavage. A partir de 1725, l'île devient un centre de production de café. La traite des esclaves s'intensifie pour satisfaire le besoin de main-d'oeuvre.L'organisation économico-sociale repose sur une articulation esclavagisme/féodalité/mercantilisme. Avec la Révolution de 1789, 1'économie devient totalement esclavagiste. A partir de 1815, une nouvelle mutation économique s'opère. Quant en 1848, l'esclavage est aboli, la transition au capitalisme peut s'opérer sans crise majeure de main-d'oeuvre.
La dénonciation par l'Angleterre de l'accord de 1861 autorisant le libre recrutement d'engagés en Inde déclencha, à partir de 1882, une crise de main-d'oeuvre qui obligea planteurs et sucriers de La Réunion à transformer l'organisation sociale de la production en remplaçant le salariat contraint par le colonage.
Cette stratégie permit de fixer dans l'île une partie des engagés, mais non d'atténuer la pénurie de bras. La crise, amorcée en 1865, se poursuivit donc jusqu'en 1914. Entre 1914 et 1945, l'économie locale subit les contrecoups des conflits militaires et de la crise de 1929. Les conséquences majeures furent la restructuration du secteur sucrier, la résurgence, puis la disparition du salariat contraint et l'anéantissement des plantations de canne pendant la Seconde Guerre mondiale.
A partir de la départementalisation (1946), la stratégie économique déployée à La Réunion consista à reconstituer le secteur sucrier et à stimuler sa croissance. En dépit de certains progrès sociaux, les résultats en termes de développement furent décevants. C'est pourquoi La Réunion continue de présenter toutes les caractéristiques du sous-développement en 1960. Le présent essai forme la suite de la Contribution à l'histoire économique de l'Ile de La Réunion (1642-1848) et de l'Histoire économique de l'Ile de La Réunion (1849-1881) publiés par l'Harmattan.