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Belles Lettres
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Pas la peine de se forcer.
Les autres s'en chargent. Ils sont là pour ça. Moi j'ai assez à faire avec tous ces inconciliables qui m'embrassent ou qui me battent. Si quelqu'un connaît un remède, qu'il traverse les murs, qu'il vienne vers moi. Mais le seul remède est en moi, celui qui traverse les murs parce qu'il est déjà là. Je n'en peux plus. Que les masques tombent en poussière, que le jour se lève enfin. Je paierai ce qu'il faut.
Pas la peine de s'inquiéter pour moi, d'ailleurs qui peut s'offrir ça ?
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Le bal des coquettes sales
Brigitte Fontaine, Leila Derradji
- Belles Lettres
- 23 Février 2011
- 9782251444000
Deux femmes, deux soeurs - fausses jumelles -, que tout oppose, que tout unit, tour à tour s'invectivent, se câlinent, se souviennent, partagent rêves, rires et souffrances dans un maelstrom de passion et de fantaisie. Car c'est de la vie des femmes, dans toute sa diversité, dont il est question dans ce dialogue théâtral mêlant avec truculence les élans de poésie les plus purs et les constats les plus désabusés. Tout semble jeté en vrac, dans un chaos de répliques ironiques et souvent empruntes d'absurde, mais chaque trait de langage contribue à dessiner peu à peu le portrait bouleversant d'une féminité sublime et blessée, espièglement dévastée.
L'énergie et l'humour de ce texte écrit à deux mains par Brigitte Fontaine et par sa complice des Marraines de Dieu et des Jeux olympiques de l'orgasme, également journaliste et enseignante, ne manquera pas de toucher un public plus vaste que les seules coquettes.
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« Je me suis fait chier toute la journée. Les heures s'enfuient sans m'apporter le minimum vital. Les jours passent sans que je puisse toucher la profondeur terrible et superbe de la vie.
Je vis pour rien, pire qu'un chien. Pourtant, j'aime. Je ne dirai pas qui ni quoi pour l'instant. Cependant je ne dois pas aimer assez pour être près du coeur des choses.
Je pressens l'essentiel et il m'échappe ; j'ai soif, mon âme, mon âme a soif.
Je rêve encore de la mer, du vent de la mer, des étendues lunaires laissées par la marée. Je rêve encore de retrouvailles émouvantes, de pleurs de joie et de fêtes. Je rêve encore d'elle, qui m'échappe comme une truite.
Je suis un feu sans cesse recouvert par la terre, ou l'eau. Je brûle en vain et si je me suis retranché dans l'appartement de Georges, au vingtième étage, seul pour le temps qu'il faudra, c'est par dépit, par rage, par soif de voir le fond, le haut, de voir je ne sais quoi.
J'ai décroché le téléphone, j'ai décroché les tableaux, les photos, j'ai jeté les cigarettes dans le vide-ordure, vidé le vin dans l'évier, je traque une nudité que je dois confondre, à tord ou à raison, avec la virginité.
Naturellement personne ne sait que je suis là. »
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Vous allez me brûler encore une fois.
Je vais vous dire des choses étonnantes. Il y a des trous partout. Nous sommes tous des monstres, des gouffres, des insectes, chasseurs et gibiers, machines et dieux, aveugles et inertes, panoramas, siècles muets, neiges magiciens. C'est moi qui ai créé la désolation quotidienne où je rampe, où je frime sans espoir de retour. Ils me reprennent là ou ils m'ont plantée. Je leur ai permis de le faire. Promis de le faire.
Sans me mettre en colère. Et toujours la même scène livide qui ne déborde jamais de son vase. Pourtant, tout doit être simple comme bonjour. Mais pour ce bonjour, il faut du génie. OU un coeur sincère.
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Être, essence et contingence
Gilles De Rome, Godefroid De Fontaines, Henri De Gand
- Belles Lettres
- 8 Février 2006
- 9782251181035
Au XIIIe siècle, la Faculté de théologie de l'Université de Paris a été le lieu de débats philosophiques majeurs. Investis de la plus haute autorité en matière d'exégèse, les théologiens ont questionné la philosophie massivement héritée des mondes grec et arabe à partir du XIIe siècle. Ils l'ont confrontée aux standards de la culture latine, dominée par les figures d'Augustin et de Boèce. Les textes traduits ici sont les pièces d'une discussion qui a opposé trois des maîtres les plus influents de ce temps. Ils datent des années 1286-1287 et constituent la version rédigée de la première querelle sur l'être et l'essence en Occident latin. Déjà en 1250-1260, Thomas d'Aquin avait établi une distinction entre l'être - l'acte d'exister -, et l'essence - la détermination qui fait d'une chose ce qu'elle est, un homme, une rose, etc. En 1286, Gilles reformule cette distinction sur de nouvelles bases. Dans le contexte d'un néoplatonisme converti aux exigences de la théologie chrétienne, il considère l'être comme une forme réellement ajoutée à l'essence simple - la rose en soi - pour la faire exister dans la réalité concrète. Henri de Gand combat cette distinction, qu'il juge outrée, en associant Avicenne au souci de la contingence (Dieu est libre de créer le monde qu'il veut). Godefroid de Fontaines rejette aussi la distinction réelle, mais pour revenir à ce qu'il considère comme la stricte orthodoxie philosophique. Convoquant les enseignements des philosophes des années 1270 (Siger de Brabant), il confine la distinction entre «être» et «essence» dans le champ de la sémantique. Au cours de ce débat, la temporalité et la contingence se sont installées au coeur des questionnements philosophiques.Catherine Konig-Pralong est docteur en philosophie de l'Université de Lausanne, où elle enseigne la philosophie médiévale.
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Parmi les nombreux sujets qui nourrissent l'oeuvre de Brigitte Fontaine. on retiendra plus particulièrement l'amour baroque des paradoxes. le goût (les oxymores. la conscience joyeuse ou inquiète du phénomène de la vie. la peur féroce de la mort, la tension entre l'intérieur et l'extérieur, la colère contre les séparations de toutes sortes, le rejet de la violence patriarcale sous toutes ses formes, la haine des aliénations imposées au none de la morale, de l'ordre ou de l'économie. l'espérance mystique mais aussi un audacieux sens du cornique où l'autodérision tient une place de choix. Ce livre présente une véritable anthologie de textes choisis par l'auteure elle-même. qui a souhaité glisser au fil des pages quelques poèmes inédits.