Alors qu'en 1943, face à une contraception défaillante, le souci de bien des femmes reste d'avoir un homme sans avoir d'enfant, la préoccupation de l'excentrique Jenny est d'avoir un enfant et surtout pas d'homme. C'est ainsi qu'elle jette son dévolu sur le sergent technicien Garp, " opérationnellement " intact en dépit de son cerveau endommagé. De cette éphémère union naîtra S.T. Garp.
Lors d'un voyage aux Philippines, Juan Diego Guerrero, écrivain américain célèbre et vieillissant, revit en rêves récurrents les épisodes de son adolescence au Mexique, à la lisière de la décharge publique de Oaxaca où lui et sa soeur Lupe ont grandi.
Des émotions, il en aura tout au long de son périple, notamment avec Miriam et Dorothy, mère et fille aussi désirables qu'inquiétantes.
Au nord du Nord, il était une fois un petit cuisinier boiteux et son fils de douze ans, gamin impressionnable à l'imagination peuplée d'ours indiscrets.
Ils avaient pour garde du corps Ketchum, l'ogre anarchiste, ivrogne, rusé, noiseur, faux illettré à l'intelligence incisive. À l'image de la Twisted River torrentielle, ce récit d'une vengeance impitoyable bourlingue son lecteur d'ethnies en états sur trois générations, rencontre explosive entre l'Orient et l'Occident, comédie de moeurs culinaires, tragédie des portes mal fermées entre la splendeur d'une nature meurtrière et la quiétude imprudente du foyer.
Un chien héroïque, une Mustang bleu fantôme, une ange atterrie dans la fange : le chef Irving nous réserve toutes les surprises de son art consommé dans un roman qui se dévore et se déguste jusqu'à la dernière page. Bombe glacée pour tout le monde au dessert !
À moi seul bien des personnages est une histoire d'amour inassouvi - une histoire tourmentée, drôle et touchante - et une approche passionnée des sexualités différentes. C'est la représentation intime et inoubliable de la solitude d'un homme bisexuel qui s'efforce de devenir "quelqu'un de bien". Irving nous livre une formidable chronique ; du grand renfermement puritain face à la libération sexuelle et à la guerre du Viet Nam, sans oublier l'évocation de l'épidémie de sida et ses ravages ainsi que l'effarant silence des gouvernants (Reagan). Mais toujours de l'humour, beaucoup d'humour, arraché à la tristesse et la mélancolie.