« Par une nuit de pleine lune de l'année 1863, un boutre, allant de Lamu à Zanzibar, faisait route à environ un mille de la côte. » Sur ce bateau, Saïd, neveu d'un chef puissant, le grand conteur Mira et Lincoln, un Anglais roux, devisent à propos de leur capacité à rêver. Ce dernier entreprend de raconter son histoire, qui n'est peut-être qu'une fable : une grande histoire d'amour et de trahison, qui emporte l'auditeur à travers le monde, et nourrit ses rêves.
À la manière des Mille et une nuits, Karen Blixen tisse un conte flamboyant, où se conjuguent verve, humour, poésie et un brin de folie.
Cet enregistrement d'exception, réalisé en 1987 a été remastérisé par Audiolib pour faire revivre ce chef d'oeuvre du patrimoine sonore.
Exilée en Norvège pour échapper aux massacres qui ont suivi la Commune de Paris, Babette est devenue la servante de deux soeurs austères vouées au culte de leur père pasteur. Un jour, elle gagne dix mille francs or à la loterie et leur demande, comme une faveur, de la laisser préparer un souper fin à la française... Ce sera un festin.
Malgré leur serment solennel de « purifier leur langue de toute concupiscence », les convives de l'aride communauté nordique de Berlewaag céderont peu à peu aux délices de cette chair luxueuse venue du Sud. Et ainsi, « de vieilles gens taciturnes reçurent le don des langues ; des oreilles sourdes depuis des années s'ouvrirent pour les écouter ». Babette, elle, aura consacré toute sa fortune et déployé tous ses talents dans ce geste généreux de grande artiste.
Stéphane Audran, qui fut l'inoubliable Babette du film de Gabriel Axel, nous initie, avec Karen Blixen, à ce don premier de l'oralité.
"Échos" est une nouvelle de l'un des ultimes recueils de Karen Blixen, "Last Tales, Derniers contes d'hiver". Il a été écrit en 1957, en anglais comme la plupart des oeuvres de l'écrivaine danoise.
« Au cours de ses errances, Pellegrina Leoni, la diva qui avait perdu la voix, s'en vint dans une petite montagne non loin de Rome. Cela se passait au moment où elle avait fui Rome et son amant, Lincoln Forner. La grande passion qu'il lui portait menaçait de la placer et de la maintenir fermement dans une existence bien établie et bien stable.» K.B.
Pellegrina est persuadée que « la vie est dure », mais que Dieu, de temps à autre, se permet un « da capo », un recommencement, une résurrection. Un jour, elle entend dans l'église de ce petit village un enfant chanter le magnificat. N'est-ce pas là sa propre voix, celle qui lui a été enlevée ? Ce garçonnet, Emanuele, qui, bébé, a échappé à une catastrophe, est peut-être le Phénix renaissant de ses cendres. Et elle décide de le faire travailler.
Lu par Anne Brochet