«Quand le souffle passait en sifflant au-dessus de ma tête, c'était le vent dans les grands arbres de la forêt, et non la pluie. Quand il rasait le sol, c'était le vent dans les buissons et les hautes herbes, mais ce n'était pas la pluie. Quand il bruissait et chuintait à hauteur d'homme, c'était le vent dans les champs de maïs. Il possédait si bien les sonorités de la pluie que l'on se faisait abuser sans cesse, cependant, on l'écoutait avec un plaisir certain, comme si un spectacle tant attendu apparaissait enfin sur la scène. Et ce n'était toujours pas la pluie.Mais lorsque la terre répondait à l'unisson d'un rugissement profond, luxuriant et croissant, lorsque le monde entier chantait autour de moi dans toutes les directions, au-dessus et au-dessous de moi, alors c'était bien la pluie. C'était comme de retrouver la mer après en avoir été longtemps privé, comme l'étreinte d'un amant.» Le travail d'Alain Gnaedig, un des plus éminents traducteurs des langues scandinaves, mais aussi l'auteur d'une nouvelle traduction de Dickens, rend enfin tout son éclat à la prose de Karen Blixen, en proposant au lecteur français une traduction fidèle de l'original danois de La ferme africaine, un des titres les plus populaires de la littérature du XX?.
À Copenhague, la saison mondaine commence au Nouvel An pour s'achever en avril. Pendant ces quelques mois, ce ne sont que réceptions et bals où les jeunes gens dansent et rient. Mais pour Ib Angel, éperdument amoureux de sa cousine, la ravissante Adélaïde, ce n'est que souffrance et désespoir... Une magnifique et bouleversante histoire d'amour.
Empruntant un masque masculin, la baronne Blixen avait d'abord publié les Sept Contes gothiques sous le nom d'Isak Dinesen en 1935. Les histoires qui composent ce recueil ne sont ni des contes bleus ni des aventures fabuleuses. En effet, situées dans le Danemark du XIXe siècle, leur arrière-plan historique et religieux n'a rien de fantaisiste, et les personnages qui les peuplent reflètent fidèlement les valeurs et les doutes de l'aristocratie de l'Ancien Régime : la crainte de Dieu, la religion de l'honneur, le goût de la terre et des traditions, le sens du destin. Mais la plume pleine de verve et d'imagination de Karen Blixen transfigure ce monde bien réel, et le fait basculer dans le romanesque et le fantastique. Après un raz de marée sur la côte danoise, une vieille demoiselle vierge et noble qui s'invente un passé de courtisane, un valet de chambre assassin déguisé en cardinal capable de faire des miracles, une jeune femme fugueuse et un garçon mélancolique, se réfugient dans un grenier en attendant la mort ou une barque libératrice. Une abbesse se change en guenon et commet des actes diaboliques. Deux vieilles filles aristocrates, restées vierges par amour pour leur bandit de frère, dînent en compagnie du fantôme de celui-ci. Voilà un aperçu de ces contes du clair-obscur, où le réel et le délire se fondent et se confondent, où d'étonnantes vieilles dames parlent un langage fait de folie et de raison. Avec une élégance désinvolte et une nonchalance unique, Karen Blixen offre au lecteur un inoubliable voyage onirique au pays d'Hamlet.
Les lecteurs de La ferme africaine ne manqueront pas de se réjouir de la publication des lettres que Karen Blixen a envoyées à sa famille, au Danemark, entre 1914, date d'une arrivée en Afrique qui coïncida avec son mariage, et 1931, date de son départ définitif, le coeur brisé, après une série d'échecs. Ces lettres révèlent la personnalité, jusqu'ici assez secrète, de cette aristocrate aux prises avec une vie à laquelle elle n'avait nullement été préparée et qui prend au sérieux, et même au tragique, une entreprise purement commerciale à l'origine. Un gouffre se creuse peu à peu entre une femme et son entourage, une catastrophe ultime met sa vie en péril ; il devient alors urgent de préserver un sens à sa vie, au-delà des mers et du désespoir. Cette correspondance, à la fois journal intime et gazette, constitue également un document de première importance sur la vie d'une communauté blanche en terre «coloniale» à l'aube d'un XX? siècle qui va mettre en question la suprématie européenne. Témoin privilégié, Karen Blixen découvre, à sa propre stupéfaction, qu'il existe des alternatives en matière de culture. Enfin, par les recoupements qu'il permet avec La ferme africaine, ce livre est un document sur la littérature elle-même, sur ses conditions et ses nécessités.
Ce recueil contient douze contes datant de toutes les périodes de l'oeuvre de la romancière danoise : de la veine fantastique de ces débuts à celles plus sobre, plus réaliste de la fin de sa vie. Ils mettent en scène une série de personnages dont l'héroïsme singulier se heurte aux vicissitudes de l'existence. Courage dans l'adversité, ingéniosité et sens du sacrifice s'exaltent dans Les fils derois. L'opulence et le mensonge s'opposent à l'humilité et la vertu, non sans une pointe d'humour,dans Oncle Théodore. Tandis qu'illusions et désillusions des genres s'affrontent et se confondentdans Carnaval. Aussi à l'aise en anglais qu'en danois, Karen Blixen nous démontre que le conte est bien l'instrument privilégié de l'exploration des mystères de la personnalité et des obsessions fondamentales de l'humanité.
'When you have caught the rhythm of Africa, you find that it is the same in all her music.' In one of the most passionate memoirs ever written, Karen Blixen recalls running a farm in Africa at the start of the twentieth century, and the love affair that changed her life. A new series of twenty distinctive, unforgettable Penguin Classics in a beautiful new design and pocket-sized format, with coloured jackets echoing Penguin's original covers.
Dans le château d'une petite principauté allemande, au début du siècle dernier, le peintre Cazotte, conseiller de la grande-duchesse, rêve en observant une jeune fille. Ce séducteur patenté déploie une patience infinie pour percer le mystère d'Ehrengarde, la farouche descendante d'une famille de militaires frustes et disciplinés. Mais il se sentira floué en voyant Ehrengarde, fidèle à son nom qui signifie «gardienne de l'honneur», compromettre sa réputation pour sauver celle de la famille patricienne qu'elle sert.Dans cette nouvelle, comme dans celles qui suivent, les personnages agissent sous l'empire de sentiments aussi désuets que l'amour, l'honneur et la fidélité, dans un monde où le rêve sert de contrepoint à la réalité.
Babette est une Française devenue domestique en Norvège, après la Commune qui l'a contrainte à l'exil. Ses patronnes sont deux vieilles filles austères. Le jour où elle gagne dix mille francs or à une loterie, elle leur demande de la laisser préparer un dîner fin, dans la grande tradition française. Sa fortune y passe, mais une soirée aura effacé des années de carême.
Cette nouvelle, qui a inspiré un film, est l'un des cinq petits chefs-d'oeuvre qui composent ce recueil.
C'est l'immense succès du film Out of Africa, tiré de son roman La Ferme africaine, qui a fait connaître du grand public Karen Blixen. Son oeuvre de nouvelliste était déjà connue d'un cercle de fidèles fervents. Il restait à découvrir ses essais, qu'elle écrivit de 1923 à 1959, traduits en français pour la première fois. Elle unit à la rigueur de l'analyse l'élan narratif hérité de la tradition des contes. Qu'elle parle de son amour pour Shakespeare ou du mariage à la mode, de l'islam ou de la sympathie pour le continent africain, qu'elle établisse - avant tout le monde - des analogies entre le statut des femmes et celui des Noirs, qu'elle évoque Berlin en proie au nazisme, Londres l'été avant la tourmente, ou ses ruines après la guerre, ou encore, qu'elle s'amuse à définir, pour l'un et l'autre sexe, les mérites comparés de la robe et du pantalon, elle se révèle l'un des esprits les plus libres et les plus réellement subversifs de son époque.
Karen Blixen La Soirée d'Elseneur Les films Out of Africa (Sydney Pollack, 1985) et Le Festin de Babette (Gabriel Axel, 1987) ont largement contribué à faire connaître Karen Blixen en France. « La Soirée d'Elseneur » est extraite du recueil Sept contes gothiques qui a confirmé la renommée de l'auteur.
Deux soeurs conversent avec le spectre de leur frère. Dans cette nouvelle, Karen Blixen renverse les lois du genre, car, paradoxalement, ce n'est pas l'apparition du fantôme qui suscite l'angoisse, mais la crainte de son départ définitif vers l'au-delà.
Edition de Marc Auchet.
Lu par Anne Brochet
« J'ai possédé une ferme en Afrique, au pied du Ngong. » Ainsi commencent les souvenirs de sa vie au Kenya d'une jeune aristocrate danoise à la veille de la Première Guerre mondiale. Lorsqu'elle rejoint son mari dans ce pays, Karen Blixen est loin d'imaginer qu'elle y trouvera l'amour avec le mystérieux Denys Finch-Hatton, mais surtout qu'elle sera séduite par le Kenya et ses habitants.
Portées à l'écran par Sydney Pollack sous le titre Out of Africa et admirablement interprétées par Meryl Streep et Robert Redford, les aventures de Karen Blixen sont une véritable déclaration d'amour à l'Afrique.