L'histoire des ordres monastiques et religieux au Moyen Âge constitue un chapitre essentiel de l'histoire ecclésiastique et spirituelle de cette période, tellement il est éclatant que moines et religieux - Benoît, Colomban, François d'Assise, Dominique - n'ont cessé de tenir une place importante dans l'Église et d'y exercer une influence durable. Elle permet de plus d'éclairer la question de la vocation religieuse et de voir comment, selon les temps et les hommes, on a donné à celle-ci le sens d'une fuite totale du monde ou d'une préparation spirituelle à l'action.
Mais cette histoire déborde de beaucoup le seul cadre religieux, car c'est en tous domaines que les moines ont joué un rôle éminent, aussi bien dans le secteur de la pensée et de l'art que dans celui des institutions, des économies et des techniques.
À côté des individualités, les grandes organisations, particulièrement Cluny, Cîteaux et les Mendiants, ont pesé, par leur puissance et leur rayonnement, sur l'évolution de ces siècles, qui, sans eux, n'auraient pas été ce qu'ils furent et n'auraient pas donné au Moyen Âge sa pleine singularité.
Avec son petit-fils Frédéric II, Barberousse (1125 ou 1126-1190) est assurément la plus haute figure du Moyen Age allemand. Lorsqu'il fut élu empereur (1152), le temps était loin où la dynastie ottonienne avait fait du Saint Empire (Allemagne et Italie) la puissance dominante du continent. L'indépendance de fait de nombreuses contrées germaniques, en Italie la volonté pontificale d'abaisser l'empereur avaient grandement affaibli sa puissance et même son prestige. Enfin, le principe électif ne contribuait pas peu à entraver la recherche d'une plus grande stabilité dans le gouvernement et la mise à la raison de la féodalité.Lorsqu'il mourut (par suite d'un banal accident lors de la croisade), Frédéric Ier avait accompli une oeuvre considérable: le pouvoir monarchique était solide et respecté, la dynastie concurrente des Welf éliminée, les princes allemands collaboraient loyalement avec le monarque. En Italie, les villes et les seigneurs acceptaient enfin la souveraineté impériale et la papauté se trouvait confinée à un territoire réduit; enfin, l'Empire avait indirectement mis la main sur la Sicile. Tout cela, bien sûr, ne s'était pas fait sans drames, sans de terribles luttes, sans revers cuisants pour un empereur plaçant au-dessus de tout la dignité de son trône et l'amour de la gloire, et doué d'une remarquable intelligence pratique.Si son oeuvre ne porta pas de fruits vraiment durables, sa mémoire a laissé chez les Allemands une empreinte très forte. Son souvenir eut tôt fait de se mêler à la légende: Frédéric Ier incarna les vertus courtoises . Des poèmes _ et parmi eux les Nibelungen appelés outre-Rhin à un si grand avenir _, cultivèrent le thème impérial et germanique, l'amalgamant plus tard à l'exaltation de Frédéric II _ plus italien qu'allemand à vrai dire. Les échecs ultérieurs de plusieurs souverains du Saint Empire romain germanique firent rêver d'un empereur universel qui ramènerait l'âge d'or. Frédéric Barberousse était désormais lié au nationalisme germanique.Professeur d'histoire à l'université de Lyon II, Marcel Pacaut, spécialiste des XIIe et XIIIe siècles, a beaucoup travaillé sur la politique pontificale et sur les structures et mentalités religieuses en Occident. Il a publié en dernier lieu l'Ordre de Cluny (Fayard, 1986).
Présents sur les cinq continents, les moines (et moniales) " blancs " _ par opposition aux moines " noirs " de la tradition bénédictine _ forment aujourd'hui encore l'un des ensembles de congrégations les plus importantes du monde catholique. Quant à leur histoire quasi millénaire _ Cîteaux a été fondé en Côte-d'Or il y a près de neuf siècles, en 1098, pour favoriser une observance rigoureuse de la règle de saint Benoît _, elle a constitué un fait de civilisation majeur: sous l'impulsion de saint Bernard en particulier, cet ordre a introduit ou véhiculé dans la chrétienté médiévale une spiritualité et une théologie adaptées à un monde en pleine mutation, un mode d'exploitation économique nouveau, une sensibilité qui s'est traduite dans l'architecture comme dans le chant et l'enluminure.
L'organisation de Cîteaux (un réseau serré d'abbayes " mères ", " filles ", " petites-filles "...) et sa cohésion en ont rapidement fait une puissance considérable sur le plan politique: qu'il s'agisse de la croisade ou bien des compétitions à la tête de l'Eglise, l'ordre a été pour les princes laïcs et les papes du Moyen Age un allié, un adversaire ou un arbitre à ne pas négliger.
Même lorsque de nouvelles formes de la vie religieuse sont apparues (au XIIIe siècle, au XVIIe siècle, etc.), l'esprit de Cîteaux, par-delà de multiples crises et scissions, ne s'est jamais perdu: il suffira de citer l'exemple de la réforme instituée par l'abbé de Rancé à l'abbaye de la Trappe sous Louis XIV.
Marcel Pacaut, professeur émérite d'histoire médiévale à l'université de Lyon II, président de la Commission internationale d'histoire ecclésiastique comparée, a publié, entre autres livres, Frédéric Barberousse (nouv. éd. Fayard, 1991) et L'Ordre de Cluny (Fayard, 1987).
De la capitale des Gaules au Lyon d'aujourd'hui, une série de guides historiques pour mieux comprendre Lyon et son histoire, par les meilleurs spécialistes de chaque période.
L'abbaye de Cluny _ fondée en 909-910 dans la région de Mâcon _ et l'immense ordre religieux dont elle devint bientôt la tête occupent une place unique dans l'histoire européenne. Considérée par ses abbés et ses moines comme le plus parfait modèle monastique, soutenue par l'empereur et les princes les plus puissants, enserrée dans le réseau de relations féodovassaliques du monde seigneurial, elle a, par son ascendant spirituel et par sa richesse, marqué les mentalités et la culture, les luttes politiques et les structures économiques de l'Occident quand celui-ci émergea de sa longue torpeur. Elle a contribué à le structurer et a été l'un des moteurs de son évolution.Bien loin de relever de la seule histoire religieuse, le destin de Cluny conduit donc l'historien à évoquer le rôle effectif de l'ensemble des pouvoirs s'exerçant sur la société médiévale. Comblant une lacune historiographique, le présent livre représente une importante contribution à l'étude de la genèse de l'Occident sur laquelle, à partir de ce pôle exceptionnel, il jette une lumière nouvelle.Agrégé d'histoire et docteur ès lettres, Marcel Pacaut est professeur à l'université de Lyon II et président de la Commission internationale d'histoire ecclésiastique comparée. Auteur d'une vingtaine d'ouvrages sur le Moyen Age, il est l'un des promoteurs du renouvellement de l'histoire religieuse en liaison avec l'histoire sociale et des mentalités.
L'institut de recherche du Val de Saône-Mâconnais s'associe ici aux hommages qui ont été rendus à Georges Duby depuis sa disparition, en offrant les actes du colloque qu'il lui a consacré.
Autour des interrogations touchant à la féodalité, c'est la fécondité des travaux de l'historien qui est réinterrogée et prolongée. Des études menées sur les modalités d'organisation des seigneuries, l'émergence des lignages aristocratiques, ou encore les conceptions sociales à l'oeuvre dans la culture des clercs au temps de la mutation féodale montrent tout à la fois l'intérêt de démarches comparatives, l'apport de l'archéologie, et l'efficacité des relectures de l'oeuvre de Georges Duby à la lumière de préoccupations épistémologiques contemporaines.
Le second thème retenu pour ce colloque, celui de l'histoire des femmes qui a beaucoup occupé les derniers travaux de l'historien, est inscrit dans les évolutions récentes qui ont touché ce domaine de recherche. Si les interrogations sur les images des femmes, et leur production, gardent aujourd'hui encore leur intérêt et leur pertinence, l'exploration de " l'espace des femmes " et de son engendrement historique permet de mieux atteindre les modalités d'existence matérielle et symbolique de celles-ci.
Cet ouvrage collectif reprend les principales contributions présentées lors d'un colloque, organisé à Mâcon par l'Institut de Recherche du Val de Saône-Mâconnais, sur deux aspects de l'oeuvre de Georges Duby, l'histoire des femmes et la féodalité.