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Marie Thérèse Bodart
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« On engrange que ce qu´on peut », affirme un personnage de La Moisson des Orges. Parfois, on cherche un champ de blés, mais on ne récolte que la moisson des orges. Autrement dit, il faut accepter ses limites. Dans cette saga familiale, Luc est amoureux d´une mère et de sa fille. Toutes deux vont mourir, et il rejoint Paris pour se marier avec une femme qu´il n´aime pas. Toute sa vie est marquée par une recherche perpétuelle de lui-même, par une inquiétude qui se prolonge chez ses enfants. Sans doute le reflet de l´époque, car le roman se déroule durant la Seconde Guerre mondiale, notamment lors du terrible bombardement de Dunkerque en 1940. Mais il est aussi le reflet de cette réflexion sur la complexité humaine qui traverse toute l´oeuvre de Marie-Thérèse Bodart, marquée par une vigueur mêlée de sensibilité et, toujours, inscrite dans la vie la plus prosaïque et quotidienne.
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Ambroise Daumier est-il un savant fou ? Ses recherches médicales controversées, concernent les effets des ondes sonores et de la mescaline sur le comportement humain. Il prend le risque et réussit à soigner Charlotte dont son fils Alain est amoureux. Puis, en 1936, il rejoint un laboratoire en Bavière, où «â€¯on conçoit le chercheur comme un découvreur soutenu par l'État : un simple technicien, et ces gens-là prendront le pas sur nous dans l'avenir ». Ambroise développe alors une terrible «â€¯chirurgie de l'âme ». Son assistant Olivier est-il prêt au meurtre pour voler ses documents au Dr Daumier ?
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Deux soeurs aiment le même homme. La première, Christiane, va commettre un crime passionnel. Tandis que la seconde, Agnès Pierrefeu, jalouse et même haineuse, entre au couvent, et devient moniale dans un ordre de «Âréparation»Âoù la vie quotidienne se révèle très dure : sa vocation est-elle sincère ? Fuit-elle le monde ? Ou se retrouve-t-elle portée par un véritable besoin d'approfondissement spirituel ? «â€¯Alors, où est-elle la solidarité de toute l'espèce humaine ? » s'interroge la romancière et, au milieu du xxe siècle, elle ajoute ce commentaireÂ: «ÂLa spiritualité de notre époque, me paraît complémentaire de nos appétits matériels».
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Le récit qu'on va lire, L'Autre, évoque une communion diabolique qui se fait par le bas. Julien Green a parfois approché de ce monde infernal et plus encore, l'auteur de La Confession d'un pécheur justifié, James Hogg. Dans cette oeuvre, comme dans Le Mont des oliviers, Marie-Thérèse Bodart s'efforce de faire sentir l'étroite solidarité qui lie l'homme à l'homme. « Aucun homme n'est une île », a-t-on dit. Nous portons, dans le bien et le mal, sur nos épaules, le destin de tous. Déjà, dans Les Roseaux noirs (Samsa, Bruxelles, 2014), le personnage central, Hubert de Chatelroux, constatait : « J'ai tout perverti autour de moi parce que je suis impur. » Tout l'effort de Marie-Thérèse Bodart tend à rendre à notre monde malade d'irresponsabilité un sens qu'il a perdu : celui de l'importance de chacun de nos actes, de chacune de nos pensées. Si Les Roseaux noirs est une oeuvre sauvage, forte et fascinante, elle reste encore marquée par une écriture romanesque « à la française » qui n'est sans doute plus celle de notre temps. Par contre, avec L'Autre et Les Meubles, on détecte un écrivain foncièrement insatisfait, toujours à la recherche du plus vrai et qui va, peu à peu, sans violence mais sans regret, déliter l'intrigue traditionnelle, afin que l'Étrange, le cauchemar, l'exploration des labyrinthes intérieurs prennent le pas sur tout le reste, qui ne sera plus que prétexte. Comme si, à la jeune femme de 1938, héritière du roman psychologique, se substituait un être dont la maturité créatrice se rapproche de l'univers kafkaïen.
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« Sybille et sa famille vivent dans la Maison de l'Eau, où se sont peu à peu accumulés les meubles laissés depuis des siècles par chaque génération. Sur cette forme d'envahissement de la mémoire ancestrale et sur les vivants qui en ont la garde règne une colonie de corneilles. Abel, le régisseur, assume, dans le délabrement de la maison et de ses habitants de plus en plus livrés à leurs obsessions, le rôle hiératique de veilleur. Quand ses parents meurent, Sybille abandonne la Maison de l'Eau. Elle se réfugie dans un appartement, non sans avoir emporté, dans le désordre d'un naufrage certain, chaises, buffets et tableaux. Quand la Maison de l'Eau est vendue, Sybille y découvre Abel mort, les yeux crevés par les corneilles qui viendront en cortège inquiétant la rejoindre dans son appartement, veillant sur elle, sur les meubles épars, comme une conscience nocturne issue du passé. L'écriture discrète et concise prête aux Meubles l'allure d'un conte philosophique où les choses qui, lentement, chassent l'humain envahissent la planète comme les spectres anciens qu'animait le roman gothique. « Les meubles, écrit l'auteur, vivent, robustes, tyranniques... Par eux, la mort saisit le vif ». Version moderne de la Maison Usher, la Maison de l'Eau traduit l'effondrement d'un monde sous le poids des objets qui l'encombrent de leur inutilité. Et Sybille, la survivante, perpétue l'oppression en s'entourant des mêmes futilités ancestrales où les corneilles, dévoreuses d'yeux, posent leur aile nocturne. Plus parfaitement que dans L'autre et dans La moisson des orges, le talent d'évocation de Marie-Thérèse Bodart trouve ici sa plénitude.
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« Dans le domaine de la Renardière, Hubert de Chatelroux, malade et sentant sa mort prochaine, éprouve le besoin de se confier à sa fille Noëlle. Il lui parle de sa mère défunte et de sa demi-soeur, Léna, qu'il souhaite revoir comme il espère que Noëlle découvre un bonheur familial dont il a rêvé en vain. Courtisée par Philippe Fervière, Noëlle se sent plutôt attirée par François, le frère de Philippe. Mais François part pour l'Espagne, avec les Brigades internationales. Noëlle se résigne à épouser Philippe, allant au-devant de l'échec et ne réussissant pas même à dissimuler sa répugnance. Léna, qu'elle a retrouvée, selon le voeu de son père, lui apparaît comme un être amer et méprisant. Un avortement achève d'ôter à Noëlle tout espoir d'une vie amoureuse et familiale heureuse. Les intrigues de Léna, qui ne dédaignerait pas de séduire Philippe et s'est juré de s'approprier la Renardière, resserrent autour de la maison les sombres filets d'une malédiction encore imprécise. Tandis que Hubert s'abandonne lentement à la mort, Noëlle s'éloigne de Philippe et se refuse à lui. Celui-ci lui communique alors un cahier écrit par sa mère, Thérèse Fervière. Elle y apprend comment Thérèse a séduit Hubert et est tombée enceinte. Soudain, Noëlle comprend la haine de Léna pour Hubert qui a délaissé sa mère. Surtout, une réalité lui est révélée de plein fouet, la nature incestueuse de son mariage avec Philippe...
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