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La Table Ronde
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Quand Omer Dewavrin entre dans l'atelier d'Auguste Rodin, dédale de formes humaines de pierre et de glaise, il a la certitude d'avoir fait le bon choix. Notaire et maire de Calais, il a confié au sculpteur à la réputation naissante la réalisation d'un monument en hommage à six figures légendaires de la guerre de Cent Ans : les Bourgeois de Calais. Nous sommes en 1884, et Dewavrin ne sait pas encore qu'il s'écoulera dix ans avant que l'artiste, en quête de perfection, se décide à déclarer son travail achevé. La bouleversante chorégraphie de bronze n'existerait pas sans ce bourgeois du dix-neuvième siècle qui, devinant le génie du sculpteur, l'obligea à aller au bout de lui-même et imposa son oeuvre en dépit du goût académique et des controverses idéologiques. Sa femme Léontine et lui sont les héros inattendus de cette histoire, roman de la naissance d'une amitié et de la création du chef-d'oeuvre qui révolutionna la sculpture.
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« Quand Ravel leva la tête, il aperçut, à distance, debout dans l'entrée et sur les marches de l'escalier, une assistance muette. Elle ne bougeait ni n'applaudissait, dans l'espoir peut-être que le concert impromptu se prolongeât. Ils étaient ainsi quelques médecins, infirmiers et convalescents, que la musique, traversant portes et cloisons, avait un à un silencieusement rassemblés. Le pianiste joua encore la Mazurka en ré majeur, puis une pièce délicate et lente que personne n'identifia.
Son doigt pressant la touche de la note ultime la fit longtemps résonner. » En mars 1916, peu après avoir achevé son Trio en la majeur, Maurice Ravel rejoint Bar-le-Duc, puis Verdun. Il a quarante et un ans. Engagé volontaire, conducteur d'ambulance, il est chargé de transporter jusqu'aux hôpitaux de campagne des hommes broyés par l'offensive allemande. Michel Bernard le saisit à ce tournant de sa vie, l'accompagne dans son difficile retour à la vie civile et montre comment, jusqu'à son dernier soupir, « l'énorme concerto du front » n'a cessé de résonner dans l'âme de Ravel.
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«Lorsque Claude Monet, quelques mois avant sa disparition, confirma à l'État le don des Nymphéas, pour qu'ils soient installés à l'Orangerie selon ses indications, il fit ajouter une ultime condition au contrat : l'État devait lui acheter un tableau peint soixante ans auparavant, Femmes au jardin, et l'exposer au Louvre. À cette exigence et au choix de ce tableau, il ne donna aucune explication. Deux remords de Claude Monet raconte l'histoire d'amour et de mort qui, du flanc méditerranéen des Cévennes au bord de la Manche, de Londres aux Pays-Bas, de l'Île-de-France à la Normandie, entre le siège de Paris en 1870 et la tragédie de la Grande Guerre, hanta le peintre jusqu'au bout.» Michel Bernard.
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Pour Michel Bernard, dans Le Bon Coeur, l'histoire de Jeanne d'Arc commence par une gifle. Celle que le sire de Baudricourt, excédé, qui tient encore un mi- nuscule territoire en bord de Meuse dans une France presque entièrement occupée par les Anglais, donne à une petite paysanne. Elle vient pour la deuxième fois lui demander des soldats afin de rétablir le roi sur le trône. Jeanne n'est pas folle, ce serait trop simple et le sire de Baudricourt le sait. Mais il sait aussi que cette époque de troubles est propice aux illuminés et aux faux prophètes. Pourtant, il finira par céder, comme tant d'autres après lui, à la volonté de cette étrange jeune fille « grande, carrée d'épaules, bien campée sur ses jambes, le visage ouvert, les yeux vifs, le regard profond ».
Michel Bernard, homme de l'Est, avait quelques rai- sons de s'intéresser à la figure la plus célèbre d'une certaine mythologie française. Jeanne concentre les grands thèmes de son oeuvre, elle incarne pour re- prendre le titre d'un de ses précédents livres « le corps de la France », un corps que l'on croit détruit mais qui ressuscite sans cesse.
Le Bon Coeur n'apportera pas de révélations scanda- leuses ou d'hypothèses hasardeuses sur Jeanne D'Arc.
L'ambition romanesque de Michel Bernard est ailleurs :
Tout son talent est de nous faire revivre cette histoire que l'on connaît ou que l'on croit connaître tel un chro- niqueur de cette époque. Il chante les paysages traver- sés avec un lyrisme discret et les batailles gagnées ou perdues avec une manière d'étonnement calme pour que Jeanne nous apparaisse comme elle est apparue à ses contemporains : évidente et insaisissable.
Le Bon Coeur est le roman d'une voix, celle d'une pay- sanne de dix-sept ans qui retint le royaume de France sur le bord de l'abîme, le sauva et en mourut. Elle chan- gea le cours de l'histoire en réveillant dans le coeur usé des hommes la force de croire et d'aimer.
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"J'ai écrit ce livre sur Maurice Genevoix pour que l'on se souvienne du temps où les mots étaient du côté des choses."
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Comme le fit larbaud pour le duché d'allen, michel bernard élève le barrois mouvant, son pays natal sublimé, singulier désert et " marche " de l'ancien royaume, à la dignité d'une france immémoriale.
En de saisissants raccourcis se tisse une fresque au grain serré où les figures mythiques de jeanne d'arc et de charles de gaulle, l'ombre des druides et celles des sacrifiés de verdun, les rêves de barrès et l'empreinte de ligier-richier, la silhouette de ravel ambulancier et le fantôme d'alain-fournier se mêlent et s'entrecroisent. " les paysages, écrit l'auteur, sont nos royaumes. " courte phrase qui pourrait servir d'épigraphe à ce récit musical et tourmenté que l'on croirait composé par un moderne michelet.
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La maison du docteur Laheurte
Michel Bernard
- Table Ronde
- L'usage Des Jours
- 8 Janvier 2009
- 9782710330776
La maison du docteur laheurte est le récit des quelques semaines de vacances d'un enfant, dans une propriété familiale au bord du lac d'annecy, que hante le souvenir d'un aïeul prestigieux, amiral et compositeur.
Entre l'invité et l'officier musicien s'établit une relation inattendue parmi les objets du passé, comme un legs invisible. pour ce jeune garçon ébloui par le vitrail qui transfigure les montagnes, cet été s'inscrit dans sa mémoire comme l'épiphanie de l'enfance, qui précède le moment mélancolique de sa disparition. les dernières " vacances d'un enfant ", magnifiées par la précision pointilliste du souvenir, atteignent leur point d'orgue et leur vibrante et secrète harmonie à l'écoute d'une sonate inachevée dont l'auteur est l'aïeul disparu.
Dans cette figure, le lecteur attentif reconnaîtra l'amiral jean cras, de qui l'oeuvre impressionniste est aujourd'hui redécouverte.
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Le Corps de la France parle de gens qui ont réellement existé. Ils ne se connaissaient pas, mais la plupart ont vécu à la même époque, pendant et entre les deux guerres mondiales, en France et hors de France, au Québec. Ce sont des écrivains : LéonWerth, Henri Calet, Maurice Genevoix, Antoine de Saint-Exupéry, Louis Hémon, des musiciens : Jehan Alain, Arthur Honegger, Charles Munch, un chanteur, Charles Trenet, un sculpteur, Paul Landowski, et Charles de Gaulle. Le livre commence au mois de juin 1940, à Paris que quittent dans une vieille Bugatti un écrivain et sa femme. Le flot de l'exode les entraîne vers la Loire où ils assistent aux derniers combats. Plus rien ne sera pareil pour LéonWerth. Pas plus que pour le mitrailleur Henri Calet capturé au même moment, à la tombée de la nuit, dans un village de l'Yonne. Ils voient, de ce jour, ce qui était près d'eux et en eux, et qu'ils n'avaient jamais vu. L'un dialogue avec l'Histoire, l'autre avec son chagrin. Les deux écrivains sont entrés dans un étrange pays : le leur. Ils y croisent d'autres artistes, des soldats et des marins, des illustres et des humbles, les siècles et l'avenir, la campagne sous le soleil, les quais de la Saône à Tournus, la neige, des coureurs du Tour de France, « La route enchantée ». Le Corps de la France est un chant d'amour.
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Novembre 1449, dix-huit ans après la condamnation pour hérésie de Jeanne d'Arc, Charles VII chasse les Anglais de Rouen. La fin de la guerre de Cent Ans est proche : il faut achever la reconquête du territoire, panser les plaies des provinces dévastées et réconcilier les partis engagés dans la guerre civile. Promettant le pardon et l'oubli, le roi ordonne pourtant une enquête sur le procès de 1431. Malgré la résistance d'une partie de l'Église et de l'Université, quelques hommes opiniâtres, rusant avec la raison d'État, vont rechercher preuves et témoins pour rétablir la vérité, le droit et l'honneur de la jeune fille.
Après Le Bon Coeur, Michel Bernard relate l'histoire d'une poignée d'hommes en quête de justice. Bouleversés par la parole qu'ils découvrent dans les actes du procès, ils conduiront Charles VII à rendre à Jeanne un peu de ce qu'elle lui a donné. Chez cet homme insaisissable qui fut un grand roi, ils feront jouer au bon moment le bon ressort. Il a le visage d'Agnès Sorel, la beauté morte fixée par Jean Fouquet.