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Michel Surya
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Le projet de ce livre est de réunir les plus remarquables des courts textes critiques consacrés par Georges Bataille à la littérature. Pas à sa littérature propre - on ne le lira pas ici la définir -, mais à celles des autres, ses contemporains pour la plupart. Ils datent tous d'après la guerre, c'est-à-dire, dans la vie qui a été la sienne, aux dix premières années de la revue Critique, qu'il a créée à la Libération et qu'il a dirigée jusqu'à sa mort (1962). On ne le lira pas certes pas définir ici la littérature selon lui, « définition » qu'il s'est, il est vrai, toujours abstenu de formuler précisément ; il n'empêche, le lisant lire ses contemporains, on l'entend former une autre affirmation, et complémentaire, de sa propre représentation de la littérature, de son « rôle », comme on disait alors - de son absence de rôle, plus justement.
Précisément : contre Sartre. La littérature doit servir dit l'un ; s'asservissant, dit l'autre, la littérature n'en est plus une.
Son grand livre sur ce sujet, sur le sujet de la littérature, celui où se mesure le mieux le sens qu'il en a, le sens et l'exigence, considérables, irréductibles, qu'il en a, c'est La Littérature et le mal (1957). Grand livre (théorique), mais livre restrictif aussi. Idée d'éditeur, ou idée d'auteur qui sait que le temps et les forces lui manqueront pour en concevoir un plus ambitieux. La Littérature et le mal : huit textes, sur huit écrivains selon son goût et son coeur , essentiels (Brontë, Baudelaire, Blake, Genet, Kafka, Michelet, Proust, Sade.), mais... qui y manque-t-il ? Beaucoup qu'on peut sans mal imaginer. Qu'il n'y a pas même lieu d'imaginer, il le dit lui-même : « Il manque à cet ensemble une étude sur Les Chants de Maldoror. » Cette étude manque, certes, mais il ne manque pas qu'elle. Il manque après coup, le temps venu de faire le compte des oeuvres qui se sont imposées depuis les années 1950-1960, toutes celles que ce livre réunit, et que lui-même aurait peut-être réunies si le temps lui en avait été laissé. Un seul exemple: la première étude en France sur Beckett (sur Molloy), c'est lui qui l'écrit. C'est un choix parmi ces textes que propose ce livre auquel il a semblé bon de donner ce titre - Non serviam -, parce que c'est la devise du diable, dit-on, et parce que la littérature, selon Bataille, est et se doit d'être diabolique. -
En vers et en deux mouvements, cette Ritournelle accueille, en lui donnant une voix inouïe (jusque-là inarticulée), la catastrophe d'une mise au monde et d'une mise à mort.
Mise au monde d'un nouveau-né d'abord, mais aussi et surtout d'un sujet parlant s'auto-enfantant contre tout ce qui s'y oppose au moyen de la parole. Parole excédentaire qui s'effondre et s'affirme tout au long du poème, se heurtant à une musicalité abrupte, à une douceur déconcertante aussi. Excès à son tour retourné, ressaisi à même la langue - l'expérience traumatique échouant à rendre muet. -
Réellement lu, cet auteur exigeant, peut-être même intimidant, semble de nos jours encore confiné dans une marge dont certains craignent de ne pas avoir la clé, quand d'autres pensent lui être fidèles en le réduisant à des provocations puériles.
Il est vrai que Bataille est l'auteur d'ouvrages aussi différents qu'Histoire de l'oeil et La Part maudite, Madame Edwarda et L'Expérience intérieure, L'Impossible et La Souveraineté, une oeuvre véritablement philosophique et littéraire, indissociablement, car si elle appartient à des genres très divers, elle relève pour finir du genre unique que Bataille lui a donné. L'ouvrage de Michel Surya permet de lire Bataille dans sa totalité.
Biographie (la place faite à la vie de cet auteur y est en effet considérable), Georges Bataille, la mort à l'oeuvre est également un essai de référence pour qui veut comprendre Bataille.
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L'autre Blanchot ; l'écriture du jour, l'écriture de nuit
Michel Surya
- GALLIMARD
- Tel
- 22 Janvier 2015
- 9782070147083
La contribution politique de Maurice Blanchot à la presse d'extrême droite dans les années 1930 est désormais établie et en partie connue, sur laquelle ce livre revient longuement.
Pour autant, il ne s'agit pas ici d'un réquisitoire au terme d'une instruction sur la violence des propos qui ont alors été les siens, mais, à partir des silences, des omissions, des dissimulations sur les écrits anciens de celui qui passe, à juste titre, pour le représentant de la plus haute exigence littéraire, une profonde réflexion sur la conséquence de la pensée.
Cette réflexion prend au mot Blanchot lui-même, qui écrivait, à propos de l'engagement nazi de Heidegger : "Il y a eu corruption d'écriture, abus, travestissement et détournement du langage. Sur lui pèsera dorénavant un soupçon." Un semblable soupçon frapperait aujourd'hui Blanchot, d'autant plus pesant que l'importance qu'on reconnaît à sa pensée égale celle qu'il reconnaissait lui-même à la philosophie de Heidegger.
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Mots et mondes de Pierre Guyotat, matériologie Tome 2
Michel Surya
- La Nerthe Librairie
- 4 Mars 2022
- 9782490774197
En 2000, Michel Surya faisait paraître Mots et monde de Pierre Guyotat, Matérologies II, aux Éditions Farrago. Depuis Surya a écrit de nouveaux textes sur Guyotat et a révisé ceux publié antérieurement. La présente édition reprend donc le premier ensemble revu et corrigé, deux textes écrits depuis et, enfin, le premier écrit au sujet de Guyotat (1985) qui n'était pas présent dans le précédent volume ainsi qu'un entretien entre les deux écrivains datant de 1984. Sommaire : Préface, 2021 Mots et mondes de Pierre Guyotat, 2000 L'autre art de Pierre Guyotat, 2016 Il y a peut-être plus fort que Dieu, entretien avec Pierre Guyotat, 1984 Plus fort que Dieu ?, 2021 Annexe : « Bordel & boucherie », 1985
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Ancienne, abondante, la correspondance entre les deux auteurs de ce livre porte sur beaucoup de sujets. Sur la littérature le plus souvent. Mais sur la politique aussi, ou, on le verra, plutôt que sur la politique, sur la révolution, la première étant d'un bout à l'autre mesurée par eux à l'aune de l'espérance et de l'attente de la seconde.
Aussi bien, est-ce la partie que ceux-ci ont choisi d'isoler, prélever et reproduire ici, sans égard pour tout ce que chacune de leurs lettres pouvait contenir d'autre, recomposant quelque chose comme un échange, un dialogue, un entretien politique-révolutionnaire au long des années, de 1991 à 2019.
Leurs oeuvres respectives et les événements en cours sont ainsi abordés avec complicité, complicité politique incluant le partage d'indignations, de désirs, de doutes et d'espoirs.
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REVUE LIGNES n.71 : Jean-Luc Godard : encore et après
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 19 Mai 2023
- 9782355262135
Peu de figures en même temps intellectuelles, artistiques et culturelles auront donné autant que la sienne à penser (auront « aidé à vivre » non moins).
Jean-Luc Godard est mort le 13 septembre dernier, volontairement, laissant inachevé le dernier film auquel il travaillait.
Il s'était plaint un jour d'être connu plutôt que reconnu. Connu ou reconnu, son nom ou sa signature le sont quoi qu'il en soit davantage que son oeuvre, qu'ils recouvrent trop souvent - cependant que cette dernière, paradoxalement, doive peut-être à ce nom et à cette signature ses conditions d'existence. oeuvre qui n'a pas fini de se déployer et de se réaliser, de cheminer malgré l'inévitable destin de trésor national qui lui est réservée. Il serait certes impossible d'en faire le tour dans le seul espace d'un numéro de Lignes. C'est à partir d'elle cependant, de ses mille et une formes ou déclinaisons que nous vous invitons à faire le point -
Le monde des amants ; l'éternel retour
Michel Surya
- L'Extreme Contemporain
- 19 Mai 2022
- 9782493333032
« Je me mets à la merci de la pensée. Je veux en faire l'expérience ».
L'Éternel retour et Le Monde des amants sont deux romans en un seul, un roman de pensée. Qui tient un événement de pensée pour égal à un événement d'action. « Parce que je veux croire que penser ne compte pas moins pour celui qui pense, que croire pour celui qui croit. » Boèce interrompt tout, quitte tout, la capitale, sa vie, etc. Provisoirement ? Durablement ? Pour faire cette expérience, qui en décidera, il se rend auprès de Dagerman et de Nina. Eux aussi ont tout quitté, eux aussi vivent retirés, devant la mer, mais, à la différence de lui, ensemble.
Auteur de la biographie de Georges Bataille et fondateur de la revue Lignes, Michel Surya a publié une trentaine d'essais et de récits faisant se rencontrer littérature et politique, art et philosophie. Inédit, Le Monde des amants accueille et mêle ces multiples vies et fictions. -
REVUE LIGNES n.70 : écosophie ou barbarie
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 17 Février 2023
- 9782355262128
Si « barbare » est le nom d'une force envahissante, catastrophique, capable de faire razzia sur tout ce qui se présente sur son passage, alors le déploiement des capacités de production que le capitalisme opère en faisant du profit la règle de ses agissements est barbare. Il l'est parce que, s'étendant, il atteint et occupe le tout du monde, non seulement les espaces et les paysages, mais encore les pensées, le langage, les significations, bref la psychè, qu'elle soit individuelle ou collective. Félix Guattari proposa en son temps de lui opposer non pas exactement une écologie, mais une écosophie. Cette écosophie d'une part élargit la notion d'environnement, d'autre part fait valoir celle de mutation. Tel est encore l'enjeu : non pas se replier sur des formes de vie plus ou moins datées, non pas soutenir l'imaginaire d'une proximité avec une nature plus ou moins mythifiée, mais essayer des agencements. Ces mutations ne sont pas imposantes. Elles sont d'abord des essais mineurs. Pour les repérer et les penser, il faut changer l'échelle du regard et le registre des paroles. Dans les années trente du XXe siècle, un autre penseur, Walter Benjamin, considérant que la catastrophe n'était pas à venir mais déjà là, posait que « la tâche », comme il disait, n'était pas de sauver un monde paradoxal puisqu'à la fois surabondamment muni, empli de productions de toutes sortes et pour cette raison même consommé et dévasté, oublié même comme monde. Elle impliquait qu'on accepte de faire le vide dans une époque où l'information avait remplacé l'expérience. Ce n'était ni pour aller dans le sens de cet « effroyable déploiement de la technique » qui avait « plongé les hommes dans une pauvreté tout à fait nouvelle », ni, à l'inverse, pour restaurer ou rétablir un monde dont les conditions n'étaient plus réunies, mais pour faire valoir la décence du peu, « voir partout des chemins », « déblayer » pour rendre ces chemins accessibles et « se mettre à leur croisée ». Ainsi ne s'agissait-il pas de dresser des murs ni des défenses supplémentaires. De même aujourd'hui, la question n'est pas que nous trouvions des munitions mais des ressources, c'est-à-dire à nouveau des sources, dont, quel que soit leur lieu, nous pourrions nous nourrir à moindres frais et dégâts et comparaître ainsi dans un espace peu à peu libéré de la domination.
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Portrait de l'intermittent du spectacle en suppletif de
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 20 Septembre 2007
- 9782355260018
Après le Portrait de l
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Ce récit introspectif traite de la douleur d'être et des origines de cette souffrance. L'intérêt de ce texte, outre la beauté et la précision de la langue, est également dans sa dimension philosophique et politique (on retrouve ici tous les thèmes chers à Michel Surya, et que l'on retrouve dans ses nombreuses études sur Georges Bataille - dont son célèbre et indispensable La mort à l'oeuvre, plusieurs fois réédité aux éditions Gallimard - mais également dans sa série d'essais sur la domination - plusieurs ouvrages publiés chez Farrago, Léo Scheer et les Nouvelles éditions Lignes -, ainsi que développés au sein de la revue Lignes - qu'il dirige depuis 1987, et qui regroupe le plus vif de la pensée politique et philosophique contemporaine).
Le Mort-Né : un texte court, synthétique, qui ne laissera personne indifférent.
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Matériologies Tome 5 : principes pour une littérature qui empeste
Michel Surya
- LES PRESSES DU REEL
- Al Dante
- 6 Octobre 2021
- 9782378962616
Le cinquième et dernier volet du cycle des Matériologies de Michel Surya, commencé en 1999 : la littérature et la pensée à l'épreuve de la viralité pandémique.
Une pandémie d'un côté, la littérature (et la pensée, indissociablement) de l'autre : quel rapport ? Le plus grand depuis toujours (tout le temps que les pandémies ont abondé). Mais aujourd'hui, début des années vingt du XXIe siècle, où elles se sont faites plus rares ? Le même pour une part, un autre aussi bien. On ne pense pas et n'écrit pas pareillement, même au sujet des pandémies, après qu'ont écrit, entre autres, et cités dans ce livre : Mann, Artaud, Bataille, Beckett, Adorno, Guyotat, Baudrillard, Deleuze, etc.
Pour une littérature qui empeste : un journal en forme de plaidoyer pour passer de la viralité d'un mal à la viralité du Mal, de la terreur qu'inspire l'un à l'attrait qu'exerce l'autre. Terreur et attrait dont la littérature tire beaucoup de ses principes - et la pensée pas assez.
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REVUE LIGNES n.68 : Jean-Luc Nancy
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 13 Mai 2022
- 9782355262098
Une oeuvre, profuse, majeure. Un homme, exemplaire. Témoigner d'elle et de lui, pour rendre hommage à celle-ci (certainement l'une des oeuvres de pensée les plus importantes depuis son ami Derrida), et dire notre amitié, l'amitié de Lignes, à celui-là. C'est Lignes en effet qui rend ici hommage à cette oeuvre, à cet homme. Beaucoup plus l'auraient pu, le pourraient. Impossible de les inviter tous (il en compte trop). Limiter leur nombre s'imposait. Ici à celles et ceux qui ont partagé l'histoire de Lignes avec lui, qui ont appartenu avec lui à cette autre histoire, plus petite que beaucoup d'autres qu'il a vécues (universitaire par exemple), mais pas moins significative sans doute, à laquelle il a montré son attachement (23 textes, depuis janvier 1993, n° 18 de la première série, jusqu'au dernier paru : le très beau « Vous voyez ce que je veux dire », octobre 2021, n° 66 de la deuxième série). Un livre de lui, un concept, un mot, un fait de pensée, un cours, une conférence, un séminaire, un colloque, une direction de thèse, un engagement, un échange, une tentative inaboutie, un repentir, un différend, un accueil à l'étranger, etc., le théâtre, la littérature, l'art, etc. Toute liberté a été laissée à celles et ceux qui lui rendent ici un hommage ému et reconnaissant.
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Les singes de leur ideal - de la domination, 5 / sur l'usage recent du mot "changement"
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- 11 Janvier 2013
- 9782355261176
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L'impasse est un texte pornographique, dans la lignée de ceux écrits déjà par Michel Surya il y a une vingtaine d'années (et réédités par Farrago/Scheer), Exit et Les Noyés. Mais L'impasse, commencé en 1985, retrouvé et continué en 2004, puis relu et achevé en 2007, a la dureté et la force d'un texte qui n'est plus dans l'emphase de la jeunesse. Ici, les limites elle-mêmes de l'excès sont étouffantes, la démesure ne suffit plus, l'angoisse de l'être au monde se fait plus cruelle, plus évidente, dans une mise à jour à chaque ligne plus crue, où s'affirme la certitude ne plus pouvoir être sauvé, par quoi que ce soit.
L'impasse, adresse désespérée à l'être aimé, a toute la force ravageuse des vraies mises à nue. Un livre aussi terrible que généreux. Michel Surya est incontournable de la scène intellectuelle française : directeur de la revue Lignes, il anime, depuis plus de vingt ans, l'un des principaux carrefours de la pensée. Spécialiste de Georges Bataille, directeur des Nouvelles Éditions Lignes (pour rappel, il a publié De quoi Sarkozy est-il le nom ? de Alain Badiou), il participe activement à l'établissement de nouveaux réseaux de résistance intellectuelle. Un nouveau texte de cet auteur est toujours fort attendu de ses lecteurs.
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REVUE LIGNES n.64 : tombeau pour Pierre Guyotat
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 5 Février 2021
- 9782355262012
Pierre Guyotat est l'un des plus grands écrivains de l'histoire de la littérature, nul n'en doute qui sait lire.
Il vient de disparaître, il venait d'avoir 80 ans.
Tous ceux dont le nom suit rendent ici hommage à l'oeuvre, à l'homme, qui fut aussi un ami de Lignes.
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Défense d'écrire ; entretiens
Mathilde Girard, Michel Surya
- Encre Marine
- 19 Septembre 2018
- 9782350881515
Puisque la littérature est la porte d'entrée, c'est par là que nous avons commencé à correspondre, par ses récits où il livre moins de lui qu'il ne parle d'un autre qui est devenu - sujet et langues qui se sont emparé du premier moi le rendant méconnaissable pour lui-même. C'est donc de l'enfance aussi qu'il est question en même temps que de naissance à l'écriture. Où des figures bientôt s'invitent, des corps et d'autres écrivains qui font venir d'autres corps tour à tour morts et vifs, de l'histoire et de l'amour (des corps amoureux que l'histoire, la violente histoire et la mort ont produits). Des récits aux essais jusqu'à la question de l'écriture politique dont la revue Lignes est le laboratoire encore aujourd'hui, c'est au portrait d'un homme et d'une pensée qu'on aboutit - sans que ni l'homme ni la pensée ne se satisfassent de l'image qu'ils sont susceptibles de donner, insistant plutôt dans l'absence d'une satisfaction de soi et dans l'exigence de ne rien fonder. Michel Surya parle de l'écrivain qu'il est « à son détriment », de la vie, des rencontres et des oeuvres que cette sorte de dépossession autorise et a permis. Et elle a permis beaucoup.
À force de trop communiquer, de pratiquer le métier d'écrivain, il arrive que la société brise en celui qui s'en est confié la tâche la fragilité sans laquelle il ne retourne pas là où il s'est appelé. L'écrivain s'épuise alors à communiquer, au dialogue, il épuise l'écriture par la bouche qui reprend son pouvoir sur la puissance silencieuse de l'existence littéraire. Il devra alors à nouveau se retourner, se retirer.
Dans une époque qui exige de chacun la pleine visibilité, la publicité de soi et de son art, ces entretiens que nous avons menés sur un peu plus d'une année résonnent pour moi, et je le souhaite pour ceux qui nous liront, comme l'appel à retourner. À retourner là où on doit se séparer (des êtres, de soi), se détourner de la réalité pour répondre à ce qui forme la condition impérieuse d'une autre vie dans laquelle on peut enfin séjourner.
Défense d'écrire est donc, malgré ce que son titre semble indiquer, une invitation à écrire.
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À plus forte raison : Maurice Blanchot, 1940-1944
Michel Surya
- HERMANN
- Le Bel Aujourd'hui
- 15 Septembre 2021
- 9791037008657
Maurice Blanchot est un écrivain et un penseur considérable, auquel la modernité doit beaucoup. L'objet de ce livre est de revenir sur son passé politique lointain. Ce texte, qui fait suite à L'Autre Blanchot (2015), centré sur la période d'avant-guerre, se consacre aux années 1940-1944. Parce que Blanchot n'a pas tout dit à leur sujet, et parce qu'il a écrit des choses dont l'inauthenticité est maintenant démontrable. Silence, inauthenticité - à quoi se reconnaît une certaine mémoire politique française. Il est temps de lever le voile sur la mémoire intellectuelle, à plus forte raison sur celle de Maurice Blanchot.
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L'oeuvre de Georges Bataille (mort il y a 50 ans) s'introduit dans les « grands courants de la pensée du XXe siècle » pour en perturber durablement les rouages. Elle contamine la philosophie, la psychanalyse, la littérature, l'art pour en transfi gurer les icônes, en déranger « l'établissement ».
Bataille « partage », c'est le moins qu'on puisse dire, et l'étude de Michel Surya rend compte brillamment de cette fi ssion irréparable qu'il a fait subir à toutes les disciplines, à travers une oeuvre justement indisciplinée, qui constitue la 'somme athéologique' d'une religion sans Dieu, d'où émerge la fi gure d'un saint Bataille , « écrivain et martyr », dont l'épisode d' Acéphale, longuement étudié ici, constitue l'acmé et le renversement.
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Correspondances autour de bataille ; à propos de "bataille à perte de vue", d'André S. Labarthe
Anne-lise Broyer, Mathilde Girard, Olivier Meunier, Vincent Roget, Michel Surya
- Loco
- 5 Mars 2021
- 9782843140402
L'ouvrage reprend un entretien d'André S. Labarthe avec Olivier Meunier en 2014 et une correspondance entre le réalisateur et Michel Surya, durant la préparation du film. Le livre rassemble également une abondante iconographie tirée du film et des photos inédites de la photographe Anne-Lise Broyer.
Une préface de Mathilde Girard et une postface de Vincent Roget, accompagnent une lettre inédite d'André S. Labarthe.
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REVUE LIGNES n.62 : le mots du pouvoir, le pouvoir des mots
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 20 Août 2020
- 9782355261992
« Mots », « pouvoir », deux mots (dont le mot « mots ») pour un même titre, en réalité.
Pour dire combien nous avons trop affaire aux mots du Pouvoir, et celui-ci pas assez aux nôtres (« Pouvoir » avec une majuscule, pour faire des pouvoirs existants, politiques, économiques, patronaux, etc., un seul, celui qu'il est).
Trop affaire aux mots dont le Pouvoir se sert, et à ceux qui servent le Pouvoir, et pas assez à des mots, qui ne le servent pas, en mesure, au contraire, de le desservir.
Trop des mots qui asservissent et pas assez des mots... « sans service », « hors service », qui « desservent » même, où en allés ?, de la littérature, du poème, de la pensée, de l'impossible, de la beauté, de la révolte, etc.
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" Je cherche à penser, dis-je à Dagerman, je cherche à penser que penser peut décider de tout.
Non pas peut-être tout toujours, mais tout une fois au moins. S'il y a rien que je puisse vouloir encore, c'est cela. Voilà pourquoi je suis ici. Voilà pourquoi j'ai, pour un moment au moins, tout arrêté. Parce que je veux croire que penser ne compte pas moins, pour celui qui pense, que croire pour celui qui croit. N'est pas moins fait pour emporter ce qui reste avec soi. Si je suis ici, venu vite, pour je ne sais pas combien de temps, c'est pour penser, dis-je à Dagerman, quand bien même je ne sais pas ce qu'il faut que je pense ni si je le puis.
C'est parce que je crois que penser est possible et n'est pas indifférent. C'est parce que je crois que je penserai différemment selon que je serai ici ou selon que je serai à Paris. Je dis aussi : je me mets à la merci de la pensée. Je veux en faire l'expérience. L'expérience de la pensée, dit Dagerman, ce n'est pas cela dont il n'y a personne à ne se croire capable, c'est cela dont il n'y a personne à réellement croire capable la pensée.
Que veulent ceux qui pensent ? Que penser les justifie. Que ne veulent-ils pas ? Que penser coûte à ce qu'ils sont la justification qui les fait l'être. "
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