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REVUE LIGNES n.71 : Jean-Luc Godard : encore et après
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 19 Mai 2023
- 9782355262135
Peu de figures en même temps intellectuelles, artistiques et culturelles auront donné autant que la sienne à penser (auront « aidé à vivre » non moins).
Jean-Luc Godard est mort le 13 septembre dernier, volontairement, laissant inachevé le dernier film auquel il travaillait.
Il s'était plaint un jour d'être connu plutôt que reconnu. Connu ou reconnu, son nom ou sa signature le sont quoi qu'il en soit davantage que son oeuvre, qu'ils recouvrent trop souvent - cependant que cette dernière, paradoxalement, doive peut-être à ce nom et à cette signature ses conditions d'existence. oeuvre qui n'a pas fini de se déployer et de se réaliser, de cheminer malgré l'inévitable destin de trésor national qui lui est réservée. Il serait certes impossible d'en faire le tour dans le seul espace d'un numéro de Lignes. C'est à partir d'elle cependant, de ses mille et une formes ou déclinaisons que nous vous invitons à faire le point -
Singes de Leur Ideal (Les) : De la Domination, 5 / Sur l'usage récent du mot "changement"
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- 11 Janvier 2013
- 9782355261176
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À plus forte raison : Maurice Blanchot, 1940-1944
Michel Surya
- Hermann
- Le Bel Aujourd'hui
- 15 Septembre 2021
- 9791037008657
Maurice Blanchot est un écrivain et un penseur considérable, auquel la modernité doit beaucoup. L'objet de ce livre est de revenir sur son passé politique lointain. Ce texte, qui fait suite à L'Autre Blanchot (2015), centré sur la période d'avant-guerre, se consacre aux années 1940-1944. Parce que Blanchot n'a pas tout dit à leur sujet, et parce qu'il a écrit des choses dont l'inauthenticité est maintenant démontrable. Silence, inauthenticité - à quoi se reconnaît une certaine mémoire politique française. Il est temps de lever le voile sur la mémoire intellectuelle, à plus forte raison sur celle de Maurice Blanchot.
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Sainteté de bataille
Michel Surya
- Éditions de l'éclat
- Philosophie Imaginaire
- 5 Octobre 2012
- 9782841622917
L'oeuvre de Georges Bataille (mort il y a 50 ans) s'introduit dans les « grands courants de la pensée du XXe siècle » pour en perturber durablement les rouages. Elle contamine la philosophie, la psychanalyse, la littérature, l'art pour en transfi gurer les icônes, en déranger « l'établissement ».
Bataille « partage », c'est le moins qu'on puisse dire, et l'étude de Michel Surya rend compte brillamment de cette fi ssion irréparable qu'il a fait subir à toutes les disciplines, à travers une oeuvre justement indisciplinée, qui constitue la 'somme athéologique' d'une religion sans Dieu, d'où émerge la fi gure d'un saint Bataille , « écrivain et martyr », dont l'épisode d' Acéphale, longuement étudié ici, constitue l'acmé et le renversement.
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Défense d'écrire ; entretiens
Mathilde Girard, Michel Surya
- Encre Marine
- 19 Septembre 2018
- 9782350881515
Puisque la littérature est la porte d'entrée, c'est par là que nous avons commencé à correspondre, par ses récits où il livre moins de lui qu'il ne parle d'un autre qui est devenu - sujet et langues qui se sont emparé du premier moi le rendant méconnaissable pour lui-même. C'est donc de l'enfance aussi qu'il est question en même temps que de naissance à l'écriture. Où des figures bientôt s'invitent, des corps et d'autres écrivains qui font venir d'autres corps tour à tour morts et vifs, de l'histoire et de l'amour (des corps amoureux que l'histoire, la violente histoire et la mort ont produits). Des récits aux essais jusqu'à la question de l'écriture politique dont la revue Lignes est le laboratoire encore aujourd'hui, c'est au portrait d'un homme et d'une pensée qu'on aboutit - sans que ni l'homme ni la pensée ne se satisfassent de l'image qu'ils sont susceptibles de donner, insistant plutôt dans l'absence d'une satisfaction de soi et dans l'exigence de ne rien fonder. Michel Surya parle de l'écrivain qu'il est « à son détriment », de la vie, des rencontres et des oeuvres que cette sorte de dépossession autorise et a permis. Et elle a permis beaucoup.
À force de trop communiquer, de pratiquer le métier d'écrivain, il arrive que la société brise en celui qui s'en est confié la tâche la fragilité sans laquelle il ne retourne pas là où il s'est appelé. L'écrivain s'épuise alors à communiquer, au dialogue, il épuise l'écriture par la bouche qui reprend son pouvoir sur la puissance silencieuse de l'existence littéraire. Il devra alors à nouveau se retourner, se retirer.
Dans une époque qui exige de chacun la pleine visibilité, la publicité de soi et de son art, ces entretiens que nous avons menés sur un peu plus d'une année résonnent pour moi, et je le souhaite pour ceux qui nous liront, comme l'appel à retourner. À retourner là où on doit se séparer (des êtres, de soi), se détourner de la réalité pour répondre à ce qui forme la condition impérieuse d'une autre vie dans laquelle on peut enfin séjourner.
Défense d'écrire est donc, malgré ce que son titre semble indiquer, une invitation à écrire.
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REVUE LIGNES n.57 : puritanismes, le néo-féminisme et la domination
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 19 Octobre 2018
- 9782355261893
Repuritanisation des moeurs, des arts et de la pensée ? C'est ce qu'il risque de résulter - et résulte déjà - de la campagne (mondiale) de dénonciation des violences sexuelles, forme aggravée de la domination masculine. Dont il résulte aussi qu'il semble n'y avoir plus de domination qu'elle.
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REVUE LIGNES n.59 : les "Gilets jaunes" : penser un mouvement inédit
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 17 Mai 2019
- 9782355261947
Que penser du mouvement des « Gilets jaunes », et comment le penser ? Penser ce qu'il a d'inédit, qui le constituent (constitution elle-même inédite), et ce qu'il peut en résulter. Le décrire aussi. Par une vingtaine d'auteurs de Lignes, que la situation divise aussi.
À quoi avons-nous eu et avons-nous affaire avec les « Gilets jaunes » ? À un mouvement social ? Sans conteste. Spectaculaire même. Un incontestable et spectaculaire mouvement social donc, et justifié, on ne peut plus justifié par la situation et par.
Un mouvement social donc, mais pas « politique » a priori puisque lui-même s'est affirmé d'emblée, avec insistance même, comme ne l'étant pas, comme étant « apolitique » - de là l'une des difficultés à l'identifier et à le penser.
Un mouvement « social » et « apolitique » convenons-en puisque lui-même nous demande d'en convenir, lequel n'a pourtant présenté d'emblée que peu de traits d'un mouvement - sociale ou politique - de gauche. La gauche de gauche et l'extrême gauche l'ont certes rallié, et avec ferveur, mais pas toute, et pas sans réticence parfois. Ferveur d'une partie de celles-ci, donc, et inquiétude d'une autre. Il est vrai que des traits constitutifs des mouvements de droite (et de la droite dure) s'y profilent aussi, qui la légitiment.
On l'aura compris, le mouvement divise, il divise Lignes même. Ce numéro se saisit de cette division pour mieux décrire, analyser et penser ce mouvement, autrement dit le moment lui-même où nous nous trouvons.
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REVUE LIGNES : Revue Lignes N°65 : Etats de l'exception
Collectif Collectif, Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 4 Juin 2021
- 9782355262029
C'est à partir de mots le plus souvent que se constituent les questionnements collectifs de Lignes, qu'en tout cas ils peuvent commencer à se formaliser. « Exception » servira à désigner le questionnement de celui-ci.
« Exception » au pluriel donc pour toutes celles qui sont apparues, inédites pour certaines, dont la somme et la simultanéité dessinent des circonstances sanitaires-politiques sans précédent. Parce que la question est des circonstances en effet, avant d'être celle de ce qu'il en résulte : celles d'une pandémie, nul n'en doute. Nul ne doute sérieusement qu'il ait fallu lui faire face, ni qu'il faille le faire encore, et par les moyens peut-être avec lesquels il lui a été fait face, plus ou moins les plus efficaces (c'est une autre affaire). Pas de suspicion de complot ou de conspiration donc au principe de ce numéro, cela dit pour couper court.
« Exception » au singulier aussi pour « état d'exception » bien sûr, concept hautement inflammable à manipuler avec la plus extrême précaution. Sur lequel il faut bien revenir cependant, partant de Benjamin peut-être plutôt que de Schmitt.
Singulier ou pluriel, le fait n'en est pas moins que de nouvelles procédures de contrôle et de surveillance auront été expérimentées à la faveur de cette situation certes sanitaire, dont on est justifié de penser qu'elles resserviront au prétexte de n'importe quelle autre, dont la justifiabilité sera cette fois douteuse (par exemple, ce que la crise sanitaire autorise aujourd'hui, la crise climatique ne l'autorisera-t-elle pas davanatge demain ?). Tant de docilité disponible, la tentation ne manquera pas de s'en resservir. D'autant qu'à ces suspensions (supposément) temporaires des libertés pour raison sanitaire, se superposent des tentatives de restrictions définitives de celles-ci, pour raisons sécuritaires cette fois (la loi dite de « sécurité globale » en France)
Frédéric Neyrat & Michel Surya -
La révolution rêvée : Pour une histoire des intellectuels et des oeuvres révolutionnaires (1944-1956)
Michel Surya
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 13 Octobre 2004
- 9782213621203
« De la résistance à la révolution ». C?est le mot d?ordre qui prévaut à la Libération. Cassou l?écrira quelques années plus tard ; le quotidien Combat en fait sa devise aussitôt. Autrement dit, la révolution accomplirait la promesse que portait la résistance. Et c?est autour de cette promesse, de ce rêve, que s?est organisée la vie intellectuelle française. Ils allaient la traverser, puis la déchirer.
Des débats qui en sont nés, de cette passion qui a fait de la France le phare de la vie intellectuelle mondiale, Michel Surya a choisi de rendre compte en se concentrant sur les oeuvres elles-mêmes, sur les conditions de leur apparition, le contexte dans lequel elles furent écrites, et l?effet qu?elles produisirent.
Travail titanesque : dépouillement systématique des revues (petites et grandes), à commencer par Les Temps modernes, La Nouvelle Critique, Les Lettres françaises ; relecture des oeuvres et de leur critique ; récit de leur réception et de leur diffusion.
Notre guide ici, ce sont les oeuvres, donc. Et quelles oeuvres, quand les intervenants ont pour noms Sartre, Mauriac, Breton, Rousset, Benda, Blanchot, Aragon, Koestler, Eluard, Leiris, Antelme, Martin-Chauffier, Vercors, Bataille, Malraux, Paulhan, Beauvoir, Vittorini, Ribemont-Dessaignes, Jankélévitch, Péret, Lukacs, Mascolo, Levinas, Char, Monnerot, Ponge, Garaudy, Triolet, Camus, Lefebvre, Merleau-Ponty, Jdanov?
Ce que produit ce choc des idées ? Une formidable pénétration des thèmes de l?engagement, de la responsabilité particulière des intellectuels au regard du nécessaire et du vrai, de leur devoir de juger l?histoire et d?agir sur elle. Hommage, en quelque sorte, à ceux qui, les premiers, ont pensé l?impasse du communisme sans pour autant renoncer à poursuivre le rêve de révolution au-delà de lui. -
REVUE LIGNES n.61 : pour un nouvel internationalisme
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 7 Février 2020
- 9782355261985
Parmi les idées qui connaissent une forme d'extinction tout aussi brutale que celle touchant les espèces, il faut compter l'internationalisme. Comment en est-on arrivés là ? Comment le schème internationaliste, qui a orienté les pensées comme les pratiques politiques opposées à l'ordre des choses et à sa police, a pu devenir le spectre d'un spectre, qui ne hante plus tant la mémoire que les oubliettes où celle-ci s'est évanouie ? Répondre à cette question nécessite bien entendu un diagnostic, une enquête de type historique, philosophique et politique.
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REVUE LIGNES n.63 : la pensée sous séquestre
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 6 Novembre 2020
- 9782355262005
Ce numéro de Lignes part de ce qu'il en est d'être confiné. De l'être par contrainte, mais s'y prêtant - le contraire d'une séquestration. Le contraire certes, mais plaçant la pensée elle-même comme sous séquestre.
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Capitalisme et djihadisme, une guerre de religion
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 13 Janvier 2016
- 9782355261558
Qu'en est-il de la situation nouvelle qui a résulté des attentats du 7 janvier 2015 ? À entendre les représentants de la pensée critique radicale, une césure opérante a semblé se dégager : ce serait selon que le capitalisme est premier ou second dans l'analyse, que s'établiraient les pensées et se distribueraient les déclarations. Ce qu'on peut dire autrement : ou bien l'anticapitalisme est premier, et il n'y aurait de moyen de penser cette situation que comme l'un des symptômes dont seul le renversement du capitalisme aura raison ; ou bien cette situation témoigne d'autre chose, qui ne menace pas davantage le capitalisme que l'anticapitalisme qui conspire à le renverser.
La difficulté qu'on n'a alors vu presque personne aborder : les rapports ne sont-ils pas en train de changer au point que penser selon les termes des puissances respectives du capitalisme et de son opposition ne suffit plus. Une autre puissance émerge qui ravage des territoires entiers, y répandant la terreur (terreur qui n'atteint encore l'Europe qu'épisodiquement), qui n'est sans aucun doute pas moins hostile à l'anticapitalisme qu'au capitalisme lui-même. De là que l'étau se resserre : plus de gauche ou presque, où que ce soit ; un plébiscite au contraire pour un libéralisme sans fard ni frein ; une extrême droite à l'affût et aux portes du pouvoir ; et, enfin, le déferlement d'un archaïsme historique qu'on ne voit pas à quoi comparer sinon à une variante du fascisme.
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REVUE LIGNES : fini, c'est fini, ça va finir...
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 16 Février 2018
- 9782355261800
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REVUE LIGNES n.58 : migrance contre frontières
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 15 Février 2019
- 9782355261923
Ce numéro 58 de Lignes est consacré aux frontières.
Pas pour quelque géopolitique de plus, qu'il vaut mieux laisser aux géopoliticiens que la confier aux philosophes ou aux écrivains.
Aux « frontières », c'est-à-dire : au mot (en sa définition), à la chose (en son principe et en son usage), dont on a prédit la disparition, qui n'ont au contraire jamais été aussi présentes.
Pas pour les marchandises : le capital, habile, les a abolies. Mais pour les hommes, les femmes, leurs enfants, qui se portent vers elles, pour fuir (la faim, la guerre, les épurations...), qui se heurtent à elles, qu'elles ne passent pas, ou pas toutes, les empêchant de se rendre où elles seraient sauves - qui n'y survivent pas, souvent. (Il n'est plus nul besoin de tuer, il suffit de laisser périr.) Le mot « frontière » (en sa définition) dit pourtant bien la chose (en son usage), c'est-à-dire ce qui s'y passe encore et toujours, qui appartient au vocabulaire militaire : qui vient de « front », précisément du front des armées, autrement dit des places fortifiées opposées à l'ennemi, et pour que celui-ci ne pénètre pas. Partout les frontières se (re-)dressent, se renforcent, se doublent de murs, pour mieux faire front.
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On n'a jamais vu personne renoncer à soi-même avec moins de raisons ni de profit que l'intellectuel depuis maintenant vingt ans.
De tous les sujets auxquels cette époque prête tristement à penser, c'est le plus remarquable sans doute. Et contre lequel il ne sert à rien d'en appeler à tous ceux qui auraient mieux aimé mourir qu'admettre jamais que rien pourrait les domestiquer. Leurs noms sont innombrables pourtant, qu'il ne sert à rien d'opposer au nombre de ceux qui sont aujourd'hui pour la domination comme sont les animaux de compagnie.
Parce que la vénalité des uns est sans pouvoir racheter la vanité des autres. Pire même : il se peut que cette vanité ne cesse pas de hanter, mais comme un remords à rebours, ce qu'a montré de vénalité l'intellectuel depuis maintenant vingt ans. M.S.
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De la domination ; le capital, la transparence et les affaires
Michel Surya
- Verdier
- 8 Avril 1999
- 9782844900029
Il faut en former ici l'hypothèse : les affaires ne portent qu'apparemment tort à la domination.
Elles sont au contraire le moyen dont celle-ci s'est aussitôt saisie pour assainir les conditions de son exercice. Pour s'exonérer des excès qui la condamnaient. Et entreprendre la plus grande opération de justification idéologique jamais entreprise par elle.
Une opération aussi subreptice n'en a pas moins été aussitôt conceptualisée. Et elle l'a été sous le titre de la transparence. Il y a longtemps qu'aucun mot n'a joui d'un statut analogue.
La domination a end de tous la transparence, et tous l'attendent de la domination. L'accord s'est fait sur ce mot. Un accord à ce point profond qu'il semble parfois qu'il n'y a pas de mot plus éloquent ni plus moral On pourrait cependant soupçonner ce mot, au moyen duquel tous s'accordent aujourd'hui à conjurer les affaires qui menacent la démocratie, de ne la menacer pas moins qu'elles. Même d'être cela qui la menace le plus.
M.S.
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D'autres mondes étaient possibles. D'autres rêves existaient. Des années de lutte en témoignent. Une volonté chez certains de toute une vie. Pour rien à la fin, sinon cette forme d'horreur sans borne de l'acquiescement de tous à tout ce qui est. Il a suffi à l'argent de convaincre que la consommation établirait l'égalité pour que nul ne puisse plus prétendre que l'égalité s'établirait contre la consommation. Entre toutes les victoires qu'on pouvait craindre, celle-ci est sans doute la plus lourde de conséquences. L'argent a permis que l'emporte toute politique qui se réclamait de lui. Argent et politique ne peuvent plus être distingués.
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REVUE LIGNES : Miguel Abensour : la sommation utopique
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 17 Mai 2018
- 9782355261855
Miguel Abensour hélas disparu, il nous faut revenir à la lecture des livres et de tout ce qui se dispose autour d'eux : le travail éditorial, les entretiens, les articles, et bientôt les textes inédits. Cette lecture collective ne fait ici que commencer. Ce qui nous manque déjà, par-delà l'ami et son art exceptionnel de l'amitié, c'est la manière qu'il avait de faire vivre la constellation composée par l'ensemble de son oeuvre, avec ses finesses et ses lois propres, mais surtout avec une discrétion telle qu'il importe aujourd'hui d'en expliciter la force et le parti pris politiques.
Miguel Abensour aura été le passeur qui a permis la lecture en France des livres majeurs de Adorno et Horkheimer. Il a fondé sa collection « Critique de la politique » en 1974, au retour d'un voyage aux États- Unis lors duquel il a découvert, dans un ébranlement complet, les livres de la première École de Francfort.
Son enthousiasme pour la tâche philosophique théorico- pratique de ce qu'il préférait nommer le « cercle » plutôt que l'« École » de Francfort n'a guère été partagé par les philosophes français qui étaient ses contemporains.
À cette solitude philosophique envisagée d'emblée comme un défi, s'est ajouté l'isolement dans lequel a été maintenue sa lecture du jeune Marx. Sa complicité profonde avec l'interprétation du marxisme utopique par Maximilien Rubel et Louis Janover a creusé souterrainement et de manière inexorable les sillons d'une nouvelle solitude dans une époque dévouée à la lecture althussérienne de Marx et dominée par la relégation du jeune Marx du côté des naïvetés présumées de l'utopie et de l'humanisme.
Miguel Abensour est ainsi devenu envers et contre tous, héroïquement, un des plus grands penseurs de l'utopie, un des plus grands passeurs des utopistes de tous les temps, depuis Thomas More jusqu'à Walter Benjamin. Et de manière conséquente il a aussi contribué à revivifier avec Louis Janover la tradition politique du communalisme et du conseillisme. La discrétion de Miguel Abensour ne doit donc pas être confondue avec une quelconque modestie ou réserve ;
Elle est la marque d'une résistance continue aux idées dominantes du présent, la caractéristique d'une force de jouteur sans égal ; elle devient désormais le schibboleth d'une communauté de penseurs déterminés à faire vivre l'actualité de la non-résignation - non-résignation politiquement décisive que Miguel Abensour nommait « la sommation utopique », et sur laquelle il enjoignait de ne pas céder, surtout dans ces temps qu'il qualifiait de crépusculaires.
Il s'agit de relancer dans la bataille ces concepts et ces notions, ces expériences et ces analyses, relancer ce que patiemment et généreusement Miguel Abensour nous a légués : une oeuvre comme une institution civile qui permet de s'élever au courage que réclame la situation.
Ce numéro de Lignes propose de continuer la conversation avec Miguel Abensour au travers de ses oeuvres, là tout de suite, d'emblée, sans attendre d'être figé par l'adversité.
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REVUE LIGNES n.60 : l'étranger et l'hospitalité
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 18 Octobre 2019
- 9782355261961
Comment, 25 ans après Jacques Derrida, penser l'hospitalité ?
Comme lui encore, c'est-à-dire comme inconditionnelle, ou tenant compte de conditions politiques considérablement détériorées?
De toutes les questions politiques, sans doute celle-ci est-elle la plus pressante.