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Leo Scheer
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" Je cherche à penser, dis-je à Dagerman, je cherche à penser que penser peut décider de tout.
Non pas peut-être tout toujours, mais tout une fois au moins. S'il y a rien que je puisse vouloir encore, c'est cela. Voilà pourquoi je suis ici. Voilà pourquoi j'ai, pour un moment au moins, tout arrêté. Parce que je veux croire que penser ne compte pas moins, pour celui qui pense, que croire pour celui qui croit. N'est pas moins fait pour emporter ce qui reste avec soi. Si je suis ici, venu vite, pour je ne sais pas combien de temps, c'est pour penser, dis-je à Dagerman, quand bien même je ne sais pas ce qu'il faut que je pense ni si je le puis.
C'est parce que je crois que penser est possible et n'est pas indifférent. C'est parce que je crois que je penserai différemment selon que je serai ici ou selon que je serai à Paris. Je dis aussi : je me mets à la merci de la pensée. Je veux en faire l'expérience. L'expérience de la pensée, dit Dagerman, ce n'est pas cela dont il n'y a personne à ne se croire capable, c'est cela dont il n'y a personne à réellement croire capable la pensée.
Que veulent ceux qui pensent ? Que penser les justifie. Que ne veulent-ils pas ? Que penser coûte à ce qu'ils sont la justification qui les fait l'être. "
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Kafka a appelé " métamorphose " ce moment où l'homme ancien est devenu son propre rebut.
Et c'est ce qui a résulté d'une telle métamorphose que Michel Surya appelle ici " humanimalité ". Humanimalités est le troisième volume d'une série intitulée Matériologies, dont les deux premiers étaient L'Imprécation littéraire et Mots et mondes de Pierre Guyotat (Farrago, 1999 et 2000). Ce dernier, notamment, entamait cette méditation sur les figures d'un monde in-humain.
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Coffret David Nebreda
Michel Surya, Jean-paul Curnier, David Nebreda
- Leo Scheer
- 26 Novembre 2001
- 9782914172318
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De tout l'oubli.
Un oubli complet. Que disparaisse qui peut se souvenir. Que disparaisse jusqu'à l'oubli. Rien. Qu'enfin il n'y ait ni ne reste rien. C est le mieux. Que savoir soit sans qu'on se souvienne. Qu'on abandonne à la mort l'oubli que le souvenir a été impuissant à empêcher. Que la mort achève l'oubli que même le souvenir a commencé. Défiguration est le récit d'un homme qui cherche moins la mort - à laquelle il n'a que trop survécu - que, dans la mort, l'oubli ; l'oubli de cette survivance.
Il se trouve que cet homme est un écrivain et que l'oubli de l'écriture ne saurait suffire. Il en faudrait encore la disparition. Que rien n'ait été écrit puisqu'il n'y a rien qu'écrire permette de connaître de la mort. De la mort en général. De cette mort en particulier. A laquelle on échappe non pas seulement à regret mais, selon lui, à tort.