Avant d'être un texte de loi en France, ou un idéal en Belgique, la laïcité est un outil qui, en séparant le religieux du politique, assure l'égalité et la liberté de conscience de chacun. C'est cette fonction d'outil qu'il importe de garder à l'esprit pour lui conserver sa force de pacification de nos sociétés démocratiques modernes, mais aussi sa visée émancipatrice. Car les défis sont nombreux, de l'abattage rituel aux caricatures du prophète Mahomet, en passant par le financement des cultes et le rôle de l'école. À travers un dialogue ouvert et pédagogique, Nadia Geerts revient sur les origines d'un concept de nos jours bien malmené, et pourtant incontournable.
Géographiquement et culturellement située entre une France laïque et une Grande-Bretagne multiculturaliste, la Belgique se déclare quant à elle volontiers « neutre ». Mais que recouvre cette neutralité ? Comment s'est-elle construite, de 1830 à nos jours, au départ d'un compromis historique entre libéraux et catholiques ? Et quel corps les différents partis politiques belges donnent-ils aujourd'hui à l'exigence d'impartialité de l'État ? Quel terme utiliser, quel contenu concret lui donner, et dans quel objectif ? Comment, à tout le moins, garantir le respect de quelques principes majeurs et sortir enfin des incessantes arguties juridiques qui, en ramenant sans cesse la question religieuse au centre de l'actualité, nuisent à la sérénité, voire à la paix sociale ? La réponse, bien plus que par le choix d'un mot ou d'un autre, passera par l'affirmation claire de quelques balises, telles que le primat de la loi civile sur la loi religieuse, l'impartialité de l'État ou l'affirmation de la mission émancipatrice de l'école.
Universalisme ou différentialisme ? Féminisme et laïcité ? Et le genre dans tout ça ? Faut-il être fière d'être une femme ? Libération sexuelle et prostitution. Le féminisme à l'épreuve du religieux. Menaces sur les droits des femmes. Défendre les femmes, ou défendre une idée ? Parité, mixité ou entre soi ? Toutes ces questions, et d'autres encore, l'auteur les aborde dans un dialogue avec sa fille adolescente. L'occasion d'une balade dans l'histoire du féminisme, d'Olympe de Gouges aux Femen, en passant par les suffragettes. Avec comme fil conducteur l'exigence du refus de toute réduction de l'individu à son sexe. Car le féminisme est avant tout un humanisme.
Lorsque j´ai publié Fichu voile en 2011, c´était parce qu´après le terrain scolaire, c´était sur celui de la fonction publique, mais aussi celui du parlement, que se jouait désormais la question du voile. Et la loi d´interdiction du voile intégral était alors en gestation. Dix ans plus tard, les mêmes questions restent en suspens, mais d´autres s´y sont ajoutées : le voilement des fillettes se répand, les tenues de sport à connotation religieuse se multiplient, et l´idée selon laquelle interdire le voile serait une discrimination se banalise, comme en témoigne l´autorisation récente du port du voile dans les Hautes Écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Parallèlement, tout critique du voile semble devenir de plus en plus difficile, voire dangereuse à formuler. La banalisation de celui-ci est à l´oeuvre, alors même que se radicalisent les discours et les actes de ceux qui le défendent. Et cette banalisation se fait au prix des principes universalistes.
Définir une religion est un exercice plus périlleux qu'il n'y paraît. Une fois sortis de nos sentiers battus - les grandes religions monothéistes - nous sommes bien démunis pour déterminer ce qui fait une religion. Faut-il nécessairement croire en une ou plusieurs divinités ? Les sectes sont-elles fondamentalement différentes des religions ? Et d'ailleurs, comment sont nées les religions ? Pourquoi certaines ont-elles aujourd'hui totalement disparu ? A quels besoins répondent-elles ?
L'actualité est éphémère. Elle fait la Une, puis disparaît des feux des projecteurs et sombre dans l'oubli. Pourtant, certains faits d'actualité révèlent bien davantage qu'ils n'en ont l'air sur l'état d'une société. Pour peu qu'on veuille bien dépasser leur singularité, qu'on accepte de s'en emparer pour les éplucher à la manière d'un oignon, ils peuvent servir de prétexte à une réflexion approfondie sur des thèmes aussi variés que le féminisme, le nationalisme, l'enseignement ou la vie privée d'un roi. Où l'on découvre, couche après couche, que les choses sont souvent moins simples qu'il n'y paraît, et que le plus grand danger qui menace nos sociétés est peut-être le simplisme d'un prêt-à-penser aussi rassurant que ravageur.
Dans ce livre qui est la réédition, amplifiée de plusieurs textes inédits, de Liberté ? Egalité ? Laïcité !, Nadia Geerts poursuit son inlassable travail de définition de ce que devrait être la cité gouvernée selon les règles de l'humanisme laïque. Elle traite plus particulièrement ici des défis qui se posent à une société pluriculturelle et pluriconvictionnelle. Quel rempart contre le communau-tarisme ? Pourquoi la tolérance n'est-elle pas la bonne réponse. Seule la laïcité est porteuse de solutions.
« Tout est bien » : telle était ma conviction profonde en accompagnant Maman dans sa demande d'euthanasie. Tout est bien quand la loi, comme en Belgique, reconnaît aux individus le droit de disposer de leur vie, jusqu' à y mettre fin. Car pourquoi notre vie devrait-elle être sacrée ? Il y a derrière la question de l'euthanasie un véritable enjeu de liberté individuelle, et donc de laïcité. C'est sous cet angle qu'il faut examiner le rôle du médecin : ni simple exécutant, ni volonté se substituant au malade, il s'agit de la main amie qui permet l'accomplissement de la volonté mûrement réfléchie et clairement exprimée de son patient, et ce dans des conditions de dignité.
Confondue avec l'athéisme, sommée d'être ouverte,voire instrumentalisée à des fins politiques antidémocratiques, la laïcité se vide de sa substance.
Pourtant, nous avons besoin de laïcité, autant que de liberté et d'égalité. Peut-être même est-elle ce qui permet la synthèse de ces deux principes fondamentaux. Un livre-clé de Nadia Geerts.
D'abord centrée sur l'école, la question délicate du port du voile a successivement touché toutes les sphères de la société. Faut-il accepter le port de signes religieux au nom de la tolérance, du multiculturalisme et de la liberté d'expression ? Ou en limiter l'autorisation au nom de la laïcité, de l'égalité des sexes et d'un vivre ensemble Intercutlurel ? Bien au-delà du bout de tissu, ce 'fichu voile ! ' nous interroge sur les défis de la laïcité aujourd'hui : récuser toute assignation à une quelconque ' nature ' féminine d'où découleraient des obligations spécifiques, refuser tout traitement différencié au nom d'une altérité mal pensée.
La Belgique n'est pas un pays laïc. C'est la neutralité qui est pronée à l'école. Comment être un enseignant «neutre» ? Entre les préceptes d'un Jules Ferry, qui enjoint de ne blesser personne, et ceux qui considèrent qu'éviter tout sujet qui fâche risque de rendre l'école inintéressante, quelle attitude peuvent adopter les enseignants ?
Fêtes religieuses, contestation de contenus scientifiques ou autres, refus de participation à des activités scolaires, prescrits alimentaires, racisme, sexisme, prosélytisme, repli communautaire ou assignation identitaire : autant de thèmes auxquels l'enseignant se trouve confronté tôt ou tard, que ce soit en préscolaire, en primaire ou en secondaire. Autant de problématiques qui nécessitent une réaction, mais laquelle ?
Comment agir et réagir de manière neutre face à des élèves et des parents qui ne le sont pas et n'ont pas à l'être ? Quelle attitude adopter, en particulier, devant l'intrusion du culturel et du religieux dans la sphère scolaire ? Comment éviter le double piège du relativisme absolu de celui qui refuse de rien imposer et de l'impérialisme de celui qui tient son seul point de vue pour valable ?
Il y a dix ans le roi Baudouin disparaissait. L'émotion dans le pays fut grande, à la mesure de la durée de son règne. Bien vite toute une légende enveloppa la figure du grand disparu : celle d'un gardien de l'unité de la nation, d'une haute conscience morale, portée par un idéal de sainteté. Les rois sont mortels, les légendes également. L'ouvrage de Nadia Geerts, qui se veut aussi un plaidoyer pour la République, met en lumière diverses entorses faites par Baudouin à la Constitution et à la laïcité de l'État : responsabilité morale dans l'assassinat de Lumumba, refus de signer la loi dépénalisant l'avortement, scandale d'Opgrimbie, complaisances à l'égard de personnalités peu respectueuses de la démocratie. Démarche engagée, mais rigoureusement documentée. Démarche salubre surtout. Car à l'heure où, de mariages en naissances, l'institution monarchique fait l'objet d'un intense marketing médiatique, il était nécessaire de faire entendre, dans le concert bien orchestré des célébrations, une voix discordante : celle de la raison critique.
La liberté d'expression, tout le monde est pour. Et pourtant... Pourtant, ces dernières années, de Salman Rushdie aux caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo, on n'en finit pas de la questionner. Peut-on tout dire ? Et dans quel but ? S'agit-il de choquer pour le plaisir de choquer, en s'attaquant ainsi à ce que d'aucuns considèrent comme sacré ? Ou des enjeux plus fondamentaux se cachent-ils derrière des productions artistiques en apparence futiles ? Pour aborder ces questions, en particulier avec des jeunes, parents et enseignants sont bien souvent démunis. Aussi les auteurs, le comédien Sam Touzani et l'enseignante Nadia Geerts, ont-ils voulu aborder ces questions en s'adressant directement aux jeunes. Sans tabou, en langage clair, en partant de supports visuels suscitant le débat.