« Naître ici / N'être rien / qu'un pépiement d'oiseau / en cage. » Ces vers par lesquels débute l'un des premiers poèmes du recueil de Nassuf Djailani nous rappellent qu'aucun être humain ne choisit le lieu où il naît sur la terre. Un pays pour les uns. Une île pour les autres. Une prison pour les moins chanceux... Mais la vie rebat les cartes : l'île de l'enfance se met en marche, l'arbre que l'on croyait enraciné voyage, « la mer promet l'ailleurs avec ses horizons tachés d'orange ». Avec le temps, l'enfant que l'on croyait voué à l'insularité et aux grands vents de l'Océan indien devient un citoyen du monde, fier des valeurs métisses qu'il porte en lui et des horizons qu'il déplace par la parole. « 26 lettres pour un sourire » et le poème de la vie, en ligne de mire.
Sur la petite île de Mayotte, deux frères grandissent à l'ombre de leur mère vaillante. Entre les exigences maternelles et les passions soulevées par l'intrigante Marina, ils se jaugent et se construisent. Le destin déflagre alors au-dessus de leurs têtes. Soul, l'aîné, fier héros de guerre, se retrouve pris au piège d'un crime des plus sordides pour lequel il est le coupable tout désigné. Broyé par la machine judiciaire, il se débat entre douleur et désespoir. Lorsque le juge d'instruction s'immisce dans cette affaire tentaculaire, il révèle un trafic crapuleux.
Au son du jazz et du chigoma, les trajectoires de ces êtres frappés par des tragédies se tissent et se heurtent.
Chiconi-sur-mer est une petite bourgade endiablée de près de 7000 âmes, nichée dans le centre ouest de l'île. A croire qu'ici le diable a pris littéralement possession de tout le monde. On raconte même que les esprits ramenés dans les malles des migrants d'antan continuent à planer sur tout le village. Paraît qu'ils peuplent les vagues qui viennent mourir sur la baie en contrebas. Que les alentours de la rivière qui fend le village en deux leur sert de foyer.
"Nous sommes dans le vertige d'un pays qui vacille. Nous sommes dans un archipel où les frontières pourtant poreuses sont devenues infranchissables. Après les frontières physiques, celles du coeur semblent définitivement obstruées. Comment continuer d'aimer dans ces conditions ? Comme des funambules, les personnages tentent de traverser le fracas de ce chaos sans être fracassés."
"« S inspirant des faits réels, l auteur fait revivre l atmosphère de chape de plomb qui prévalait pendant cette période. Il nous fait basculer, comme il sait bien le faire entre l horreur et le rire, le dégoût et le grotesque, la nausée et l ironie. Tout cela est scandé sous le drapeau hissé des indignés de la République. Une critique en règle de la françafrique. Une pièce d une actualité plus que frappante »."
Haisoratra inaugure une première oeuvre intitulée Esquisses de mes haisoratra Kibushi, dans une langue rare parlée dans une dizaine de communes de Mayotte. Une variation poétique autour entre autres de trois concepts clés de la mythologie kibushi : le fihavanana, le fitiavana et le famboliana.
Se résoudre à filer vers le Sud est une joute verbale à une frontière entre deux protagonistes que tout oppose. Le dialogue est à l'image d'un match de boxe où les protagonistes sont sans pitié. Le pari, c'est de tenter de démêler la rigueur majuscule de la loi des hommes confrontée aux logiques emmêlées de l'indésirable, de l'étranger, du sans-le-sou, du mal-né...
"«Parole-pollen », ces Hadith sont des bras ouverts sur une parole à naître. Spirale d'une existence en errance entre Nord et Sud. L'histoire d'un voyage sur une mer démontée. Parole murmurée, susurrée pour que vienne la terre, pour qu'éclose le jour, expurgée de la nuit."
Ce joli recueil de nouvelles, est défini par l'auteur comme un "témoignage contre l'oubli" et "contre l'amnésie qui ronge les mémoires des peuples dominés". Ce "voyage en dix nouvelles à l'intérieur de (la) terre comorienne" rénove le thème de la tranche de vie et l'inclut dans une perspective plus large : faire vivre la société comorienne à travers des histoires, recomposer la mosaïque des "fragments de vie". En jetant un regard sur la matière des nouvelles, oscillant entre la description sociale, l'anecdote comique et les drames quotidiens, on est frappé par la sensation de lire un livre plein de vie, où l'oralité est la bienvenue et où les personnages sont tout sauf artificiels. Une "oeuvre de fiction" sans doute... mais une belle illusion de réalité
"L'écriture de Nassuf est celle de la brousse. Une brousse révoltée contre l'inhumanité de l'Homme, contre les attaques incessantes faites à la terre qui l'a fait naître... L'écriture de Nassuf est aussi celle de la Négritude, ce courant enragé qui l'a formé à la poésie. Nassuf ne sait pas ce qu'il veut, ce qu'il doit faire. Ces interrogations, il ne cesse de se les imposer, sans jamais trouver de réponse..." Rémi Carayol (Kashkazi, n° 20 décembre 2005).
" L'écriture de Nassuf Djailani n'est pas une écriture de conjuration de/contre l'autre, installé en ennemi. Au contraire, elle se présente par/dans la langue française, langue de l'autre, reçue en partage et aimée - ''La francophonie, c'est le courage qu'auront les Français de savoir que des hommes font l'amour avec leur langue'', disait Sony Labou Tansi. Cependant, cette écriture, par son tremblement, son cri, son ingratitude, se déploie également pour mettre en cause la domination idéologique de la langue commune, normée et appropriée (par un centre), une ''langue putschiste'' du reste, retient-on de l'histoire. "
"«Une pièce de théâtre qui interroge, qui confronte deux mondes : la tradition et la modernité. Comment se réconcilier avec ses racines et imposer sa vision du monde ? Comment nous faire rencontrer, nous unir, nous pacifier ? Le metteur en scène El Madjid Saindou nous propose une réflexion bien menée par des comédiens talentueux : Dalfine Ahamadi, Soumette Ahmed, Nassime Hazali, Mmadi Djibaba, Tao Ravao. Les dits du bout de l'île nous happent aussi par cette écriture maîtrisée et la justesse des mots de l'auteur Nassuf Djailani» Marie Sawiat, 19/07/2016 (Mayotte 1ère)"
"Mayotte, l'âme d'une île" un livre d'art qui s'est construit autour d'un regard croisé entre le photographe Thierry Cron qui découvre, s'émeut et s'interroge, et l'écrivain Nassuf Djailani qui tente de comprendre son île pour la restituer dans sa beauté brute, sans concession. Ce sont des visages, des scènes du quotidien, des mains, des figures complexes, variées, riches qui racontent la somme d'une île.
Trois pièces. Trois pays. Trois auteurs. Les Comores. Le Congo-Brazzaville. Haïti. Et pourtant, non pas la même histoire, mais la même question : la violence est-elle le dernier recours contre l'injustice politique ? Ces trois auteurs y répondent chacun à leur manière, en traitant des faits les plus tragiques de l'actualité récente de leurs pays, mais en n'oubliant pas ce que le théâtre peut opposer à la barbarie engendrée par le chaos : le langage, la poésie et le logos comme un long chant destiné à témoigner, à faire réfléchir, à faire agir.
Bob de Nassuf Djailani, Des ombres et des lueurs de Criss Niangouna, Mon ami Pierrot de Faubert Bolivar : des écritures neuves, nécessaires et essentielles, pour appréhender les bouleversements de l'aire francophone en ce début de XXIe siècle.
"Dans un pays lointain, baigné de lune la nuit et d'un soleil luisant le jour, une jeune femme tombe amoureuse d'un homme au turban doré. Mais qui se cache sous ce turban ? Mystère."