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On peut vouloir faire de Platon (428/427 av. J.-C. - 348/347 av. J.-C.) le disciple trahissant son maître Socrate, ou un sophiste qui s'ignore mais échouerait à clore les débats, ou encore le promoteur d'un « monde des Idées » où s'originent les divagations de l'idéalisme, ou enfin un aristocrate réactionnaire luttant contre les vulgarités de la démocratie. Bref, on peut vouloir « renverser Platon », mais ce voeu si tenace est à la mesure de la puissance de cette philosophie, non seulement première, mais encyclopédique.
La force du livre de Ronald Bonan est d'avoir su trouver le fil pour nous en faire embrasser la cohérence, de montrer comment la recherche de ce qui est le plus valable en l'homme, exige, pour Platon, de soustraire les valeurs à toute forme de contestation en les fondant dans l'absolu, et donc d'articuler la visée éthique à la recherche d'un savoir absolument vrai. À l'idée socratique que pour faire le bien il faut le connaître, Platon ajoute une philosophie des Idées qui inscrit le Bien dans un ciel intelligible et en infère toute l'échelle des valeurs. Comme cela ne va pas sans problèmes, Ronald Bonan montre les difficultés générées par cet acte platonicien d'institution : le statut de la Vérité, la possibilité de l'atteindre ou non par la science, la nature de nos erreurs auxquelles correspondent nos errances, le statut épineux du non-être. Difficultés qui, avant d'occuper toute la métaphysique occidentale, mettent déjà le platonisme en crise et donnent lieu à des dialogues puissamment spéculatifs qui tentent de les surmonter. Convaincu de la destination politique du philosophe, Platon replace tous ces problèmes dans le cadre de la Cité qu'il pense comme le meilleur instrument de la formation (paideia) de l'homme.
La politique n'est donc, pas plus que l'éthique, séparable de l'ontologie. Le livre montre ainsi les prolongements scientifiques, éthiques et politiques des thèses métaphysiques, avant de se clore sur la postérité de Platon, sur les lignes de force qui organisent son héritage.
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L'INSTITUTION INTERSUBJECTIVE COMME POÉTIQUE GÉNÉRALE : La dimension commune. Volume 2
Ronald Bonan
- L'Harmattan
- 1 Novembre 2003
- 9782747516341
Dans ce deuxième volume, l'auteur met en oeuvre le principe d'une dimension intersubjective comme cadre d'institution offrant une alternative heureuse aux difficultés redoutables que posaient les philosophies de la conscience, de Descartes à Sartre en passant par Kant, Hegel et Husserl. La cohérence de l'oeuvre de Merleau-Ponty est ainsi à nouveau mise à l'épreuve, mais cette fois à l'épreuve de sa fécondité.
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Maurice Merleau-Ponty (1908-1961), philosophe-artiste de la chair, de la perception, du sens et de l'expression, phénoménologue et métaphysicien.
II s'est intéressé à tous les domaines de la culture, l'art, le langage, l'histoire, la science et la politique : pour les faire dialoguer de manière féconde et manifester leur interpénétration effective, mais surtout pour les ramener à leur racine commune dans le phénomène de la perception. Bien que largement inachevée, l'entreprise du philosophe à l'écriture ciselée converge vers la construction d'une ontologie phénoménale, comprise comme dimension de manifestation où l'inventivité humaine est vouée à affronter continuement les énigmes de la visibilité, dont les solutions sont autant de figures possibles.
L'ouvrage parcourt l'oeuvre, de La structure du comportement et de La Phénoménologie de la perception à La Prose du monde, en passant notamment par Signes, L'oeil et l'esprit et Le Visible et l'invisible, pour retracer la généalogie des problèmes soulevés par Merleau-Ponty, afin de mieux comprendre sa méthode et reconstituer à grands traits ses principaux apports : sa réflexion esthétique, sa philosophie originale du sentir et de l'agir, sa critique de la science et la mise en chantier d'une réforme radicale des catégories de la métaphysique.
On finit par l'évocation de la nombreuse postérité de ce penseur singulier.
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LE PROBLÈME DE L'INTERSUBJECTIVITÉ DANS LA PHILOSOPHIE DE MERLEAU-PONTY : La dimension commune. Volume 1
Ronald Bonan
- L'Harmattan
- 1 Novembre 2003
- 9782747516334
La première philosophie qui a cherché à aborder la question de l'intersubjectivité est celle de Merleau-Ponty. Que se passe-t-il lorsqu'on affirme que le sensible lui-même possède une structure intersubjective ? Peut on bâtir une philosophie autour et au moyen de ce qui, par ailleurs ne pouvait être considéré comme problème. ? En suivant le travail de l'oeuvre de Merleau-Ponty on a essayé ici de répondre à ces questions en cherchant à rétablir l'unité profonde d'une entreprise philosophique interrompue.
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Merleau-ponty, la prose du monde 'la perception d'autrui et le dialogue' (extrait du chapitre v)
Ronald Bonan
- Ellipses
- 21 Octobre 2002
- 9782729809799
Inachevé (abandonné en un sens en 1951), La prose du monde devait être un ouvrage équivalent à Qu'est-ce que la littérature ? de Sartre mais d'une ambition bien plus grande dans la mesure où au volet consacré directement aux problèmes du langage devaient s'ajouter des analyses littéraires bien plus amples confinant avec la sociologie et la religion.
L'interruption d'un tel projet mérite toute notre attention : quels changements radicaux ont pu distraire un philosophe en pleine maturité, de l'exécution de ce programme déjà bien entamé ? La réponse vient de la déhiscence d'une conception de l'intersubjectivité au sein même de l'accomplissement de ce projet, conception qui finit par exiger une réforme bien plus radicale des catégories philosophiques mises en jeu.
C'est pourquoi les pages extraites de ce qui aurait pu être le chapitre V de cet ouvrage se révèlent être hautement significatives.
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Que se passe-t-il quand, pour une raison ou pour une autre, il faut se défaire de sa langue maternelle ? Étrange question à laquelle nul ne saurait répondre sans avoir été contraint à cette expérience ; ce qui va de soi depuis toujours, qui fonde notre foi dans la réalité, s'effondre soudain et tout est à reconstruire.
Je m'y suis affronté, dans les rues de Nice et de Marseille d'abord, dans les bras de Juliette aussi, sous le charme de la montagne Sainte-Victoire, puis à travers mon propre corps où s'est produit le nouveau mélange des mots et des choses.
J'ai erré, déambulé, de ville en ville, de langue en langue, de métier en métier, et par ces intenses voyages, qui n'ont jamais quitté le grand soleil du Sud, j'ai laissé s'opérer l'irrévocable transformation qui a fait de moi un autre..
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Merleau-ponty de la perception a l'action
Ronald Bonan
- Pu De Provence
- Episteme
- 22 Septembre 2005
- 9782853996150
Les textes réunis dans ce volume sont essentiellement ceux qui ont été élaborés pour le colloque Merleau-Ponty: de la perception à l'action, qui s'est tenu le 15 et le 16 mai 2003 à l'Université à Aix-en-Provence, cependant il ne s'agit pas de la simple retranscription des interventions prononcées lors de ces deux journées : les textes ont été révisés pour leur publication et certains d'entre eux rédigés a dessein. Tous les textes ont le même souci de mettre à l'épreuve des conceptions actuelles, les concepts que Merleau-Ponty cherchait à définir par son travail original de réforme des catégories philosophiques. Il n'y a pas de véritable choix de vie entre la contemplation et l'action : c'est l'un des enseignements de cette philosophie de la perception. On verra ainsi se manifester à travers ces réflexions apparemment éloignées, l'unité de la prise de l'agir humain dans la chair du monde. On constatera aussi comment elles s'éclairent dans leur empiétement.
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Que se passe-t-il dans l'esprit de celui qui entre dans une église armé d'un marteau pour briser une statue ? Et de celui qui cherche à détruire un chef-d'oeuvre de peinture moderne en l'aspergeant d'acide ? C'est pour répondre à ces questions que Barbara Longhi, la grande spécialiste de Dürer, enquête malgré elle sur les faits étranges qui entourent les attentats de Paris en 1995. Conférencière dans la prestigieuse Ecole du Louvre, elle va se trouver aux prises avec un groupe d'étudiants, les Hamadryas, qui ne sont pas uniquement là pour parfaire leur culture artistique. En décryptant Melencolia, la célèbre gravure de Dürer, elle va tenter de déjouer leur diabolique projet... Hamadryas est une oeuvre riche, pleine de symboles et de secrets, que cinq siècles d'analyse n'avaient pas encore percés à jour.
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Quel étrange livre que celui-ci : hybride, métis, transgresseur. Celui qui en acceptera la musique y trouvera à parts inégales, un petit art poétique rimbaldien qui aide à réfléchir sur tout geste créateur , les bribes de la biographie imaginaire d'un sculpteur, le récit de trois chaudes journées marseillaises, une application de l'art socratique, un peu de poésie, beaucoup de prose, mais elles sont interchangeables, l'éloge d'une mystérieuse statue dont aucun guide touristique ne parle et qui se cache sur une petite butte entourée de haies, de buissons et d'arbres, au bord de l'eau. Discussion à bâtons rompus, voyage dans l'empiétement de l'imaginaire poétique d'un honnête promeneur en quête de fraîcheur et d'un artiste infatigable, ce petit ouvrage ne veut pas se donner l'apparence des grands mais veut mesurer la grandeur et la splendeur des apparences, dont les misères ont été tant décriées par de grands ouvrages.