Après un coup de tonnerre du destin, Édouard Cortès choisit de se réfugier au sommet d'un chêne, de prendre de la hauteur sur sa vie et notre époque effrénée. À presque quarante ans, il embrasse femme et enfants, supprime ses comptes sur les réseaux sociaux et s'enfonce dans une forêt du Périgord pour un voyage immobile. Là, dans une cabane construite de ses mains, il accomplit son rêve d'enfant : s'enforester, rompre avec ses chaînes, se transformer avec le chêne, boire à la sève des rameaux. Ce printemps en altitude et dans le silence des bois offre une lecture de la nature qui ne se trouve dans aucun guide ou encyclopédie. Le chêne si calme abrite un cabinet de curiosités et accorde pendant trois mois à l'homme perché une rêverie sous les houppiers et les étoiles. Il faut savoir parfois contempler une colonie de fourmis savourant le miellat, écouter un geai ou un couple de mésanges bleues, observer à la loupe des champignons et des lichens pour comprendre le tragique et la poésie de notre humanité. Afin de renouer avec l'enchantement et la clarté, l'homme-arbre doit couper certaines branches, s'alléger et se laisser traverser par la vie sauvage avec le stoïcisme du chêne.
Pour ralentir la fuite du temps, sylvain tesson parcourt le monde à pied, à cheval, à vélo ou en canot.
Dans les steppes d'asie centrale, au tibet, dans les forêts françaises ou à paris, il marche, chevauche, mais escalade aussi les monuments à mains nues. pour mieux embrasser la terre, il passe une nuit au sommet de notre-dame de paris, bivouaque dans un arbre ou sous un pont, recourt aux cabanes. cet amoureux des reliefs poursuit le merveilleux et l'enchantement. dans nos sociétés de communication, sylvain tesson en appelle à un nouveau nomadisme, à un vagabondage joyeux.
Ce petit traité sur l'immensité du monde est un précis de désobéissance naturaliste, une philosophie de poche buissonnière, un récit romantique contre l'ordre établi.
Un document rare et inédit. Deux écrivains de l'Académie français, Jean d'Ormesson et Marc Lambron, dialoguent sur les Mémoires posthumes du duc Saint-Simon, coup de tonnerre dans la littérature et l'histoire de France. C'est un dialogue aussi gai que cruel sur le style, le pouvoir, la mort et la postérité de Saint-Simon, de Chateaubriand à Proust, de Claudel à Céline. Jean d'Ormesson rend hommage à ses maîtres et fustiges ses contemporains. Mais s'il rencontrait Saint-Simon, « je me tiendrais à carreau », dit-il... Il nous embarque ainsi dans une promenade littéraire pour mieux raconter Saint-Simon, et se raconte, en creux, lui-même. Saint-Simon chroniqueur vénéneux de la Cour de Louis XIV et des temps de la Régence ; Jean d'Ormesson loin d'être étranger au commerce des princes qui nous gouvernent. L'occasion d'un jeu d'entrelacs, d'entrechats et voltes littéraires, et, enfin, d'un accord paradoxal des époques : un dialogue trans-temporel du Comte d'Ormesson et du Duc Saint-Simon. On y découvre Jean d'Ormesson animé de tout son feu, qui nous transmet avec ferveur son amour indéfectible pour la littérature. Et Marc Lambron de nous livrer le requiem alerte d'une passion, l'illustration ultime d'un art national menacé. Celui de la conversation.
À la manière de John Irving, Paul Serge Forest signe une fresque romanesque, métaphysique et sociale au coeur du clan de Lelarge, sur la Côte-Nord québécoise. Un premier roman sous la forme d'une saga familiale, admirablement maîtrisé et singulier.
À Baie Trinité, sur la Côte-Nord du Québec, la famille Lelarge possède une très prospère usine de fruits de mer, qui fait leur fierté, leur fortune et assure l'économie de la presque totalité du petit village. À la mort de Rogatien, le chef de famille et de l'entreprise, Robert, son aîné, en reprend les rênes, bien décidé à faire florir leurs affaires au-delà des frontières. Le Japon convoite justement leur abondante production pour remplacer ses approvisionnements irradiés par la catastrophe nucléaire de Fukushima. Flairant la manne, Robert conclut un contrat colossal avec le Conglomérat des teintes, couleurs, pigments, mollusques et crustacés d'Isumi.
Survient alors Mori Ishikawa, un mystérieux Japonais envoyé par le Conglomérat pour superviser la production, venant troubler l'apparente quiétude de la bourgade à l'écosystème déjà fragilisé par l'expansion de l'usine. Très vite, l'étrange personnage fait battre le coeur de Laurie, la fille cadette mélancolique et rebelle de Robert, en pleine quête adolescente d'elle-même et de sa place dans cet univers étriqué. À mesure que grandit l'attrait irrépressible de Laurie pour le jeune homme, une vague d'événements bizarroïdes survient aux alentours du village. Elle découvre l'« Ori », une nouvelle couleur et toxine indescriptible dont Mori détient le secret, et ne tarde pas à comprendre le danger qui rôde autour de ce garçon énigmatique. Cette toxine lumineuse s'apprête à changer le cours de l'histoire de Baie-Trinité, et bien au-delà encore...
Fendre l'immensité de la mer ou la surface d'une piscine turquoise, les vagues bretonnes ou la douceur de la Méditerranée. Nager pour le plaisir de sentir son corps appartenir au royaume liquide, tels sont les couloirs de cette philosophie de la nage à laquelle nous convie Lucas Menget. Nager, contrairement à la natation, n'est pas un sport, mais une respiration, un art de vivre. Ce précis évoque à la fois les souvenirs personnels de l'auteur, sa découverte de la nage enfant sur une plage de Bretagne, ses « bains exotiques » à Bagdad pendant la guerre, à Sorrente la nuit, en Grèce avec les dieux de la mythologie ou dans l'Amazone avec les peuples autochtones qui ne craignent ni l'eau ni les crocodiles. Il y raconte également des anecdotes récoltées lors de ses reportages journalistiques, quand, par exemple, aux jeux olympiques de Séoul la championne Muriel Hermine lui fait découvrir la natation synchronisée. Aussi intrépide que Matthew Webb - le premier homme à traverser la Manche à la nage -, l'auteur ne recule devant aucun exploit. Il n'hésite pas à refaire le parcours nautique d'Edmond Dantès, le héros du Comte de monte Christo, entre le château d'If et le quai de Marseille. Lucas Menget expose le pacte secret passé avec les piscines, devenues même un lieu de plaisir clandestin pendant les confinements et ponctue cet éloge joyeux des bassins et de la mer de références à la peinture, à la musique, à la photographie (Jacques Henri Lartigue).
Juillet, sous le soleil brûlant de Saint-Tropez. Une troupe étrangement assortie prend ses quartiers d'été pour un colloque sur Chateaubriand et l'amour. Professeurs, romancières en herbe, académicien, écrivains à succès et Tropéziens d'adoption se retrouvent, pour le meilleur et pour le pire, à l'invitation du propriétaire du mas Horatia. Dans le village de pêcheurs le plus célèbre au monde, le huis clos littéraire résistera-t-il aux sirènes du désir, à l'ivresse des paillettes, alors que les Gilets jaunes menacent la paix ? Les folies de notre société du spectacle s'entrechoquent ; le cocktail s'annonce explosif. Sous le soleil exactement, l'été sera inoubliable... Judith Housez livre une comédie irrésistible où le souffle, la vie d'aventure et le style époustouflant de Chateaubriand s'invitent et révèlent les secrets les plus enfouis. La romancière nous fait pénétrer dans un monde fantaisiste en quête de sens, d'amour et de reconnaissance, si lointain et si proche à la fois. Une méditation facétieuse sur notre époque dont personne ne sortira le même... On ne quitte pas Saint-Tropez innocent.
«Pour son derniers cours au Collège de France, Antoine Compagnon s'est livré à une ultime réflexion sur la littérature, l'art, la musique à travers le kaléidoscope du mot « fin ». C'est en relisant La vie de Rancé de Chateaubriand qu'il en eut l'inspiration. Mais qu'est-ce que « les fins de la littérature » ? Cela signifie-t-il pour un écrivain de mettre un terme à son activité créatrice ? S'adonner enfin à l'oisiveté ? Ou faut-il prendre le mot au sens de crépuscule du créateur ? Un artiste est-il plus génial dans sa jeunesse ou sa maturité ? La vieillesse est elle-un déclin ou au contraire une apothéose ? Le Titien a-t-il eu raison de créer après 70 ans ? Hokusai, « le vieillard fou de dessin » estimait qu'il devrait atteindre l'âge de 110 ans pour maîtriser son art. N'existe-t-il pas un art sublime ? Un art du sublime sénile ? Les oeuvres ultimes malmènent les conventions. Elles peuvent être chaotiques, désastreuses, bouleversantes et annoncer des ruptures comme les quatuors de Beethoven. À travers des exemples allant de l'antiquité jusqu'à nos jours, Antoine Compagnon se livre à une réflexion sur la place de la vieillesse dans notre civilisation et notre société. Car texte n'est pas un cours mais une Odyssée vagabonde qui digresse sur l'or du temps, la mélancolie. C'est un récit, une panoplie de toute beauté qui s'appuyant sur des tableaux est un chant du cygne - le cygne produisant son plus beau chant juste avant sa mort. Mais le chant du cygne est un mythe à l'image de la littérature. Et la littérature moderne s'est pensée comme « un champ du cygne démesuré ». « La littérature va vers elle-même, vers son essence qui est la disparition », affirmait Blanchot.
C'est un roman du lien fraternel. Après avoir exploré le roman maternel et grand-maternel dans ses précédents ouvrages (Ça ne se fait pas, Une allure folle), Isabelle Spaak s'attache cette fois à la figure de son demifrère Michel. Un personnage fantasque, chasseur de chimères, écrivain du dimanche, querelleur polyglotte, épistolier infatigable, Belge avant tout. Un homme qui aime attraper les heures fugitives.
Au cours d'un voyage à Liège, Isabelle et son frère Michel tombent sur une maison où Napoléon a séjourné quand il était premier consul. C'est le début de la grande Histoire qui s'enchâsse dans l'histoire intime et familiale.
Isabelle Spaak commence à mener une enquête sur les deux séjours belges de Napoléon. Le premier est lié à Joséphine de Beauharnais, le second à Marie-Louise. Vont alterner alors un récit familial, intime, l'histoire d'Isabelle Spaak et de son frère, et l'épopée napoléonienne par le prisme de ses histoires d'amour et des femmes.
Ce roman est une double quête : quête d'un grand frère maladroitement aimé, compagnon de songes, de chagrins et de franches rigolades et la captivante saga des amours de Napoléon vue de Belgique.
Avec son talent et son sens du détail, Isabelle Spaak conjugue l'intime et l'histoire majuscule.
Rome, 1975. Un vent de liberté souffle sur la ville, tout semble possible, et pourtant nos destins ne tiennent qu'à un fil, une rencontre parfois. Les vacances d'été touchent à leur fin, trois garçons des beaux quartiers rencontrent deux jeunes filles du peuple. Ils flirtent en musique dans les cafés et au volant de belles voitures. Ils boivent, fument et ne vivent que dans l'attente de la prochaine soirée. Jusqu'à ce que les garçons invitent les filles à faire la fête dans une villa somptueuse du mont Circeo, une petite cité balnéaire au sud de Rome. Là-bas, racontait-on, Ulysse et ses compagnons avaient débarqué au pied du palais de Circé et la magicienne avait ensorcelé les marins. Les hommes s'étaient transformés en porcs.
En cette belle fin d'été, sous le soleil du Circeo, le pire est arrivé. Le fait divers est resté célèbre sous le nom de « massacre du Circeo ».
Pierre Adrian convoque dans ce roman noir toutes ses mythologies : l'Italie des années de Plomb et de Pasolini, la fin de l'enfance, le temps des dernières insouciances, l'explosion des sens et la découverte des corps, la musique des années 70 et les paysages comme des décors de cinéma.
Il explore aussi la complexité des relations entre filles et garçons, la séduction quand elle bascule dans la violence, l'espoir des filles de s'élever socialement et le mépris de classe des garçons. Enfin, comme un leitmotiv tragique, il revisite les lieux et les mythes : en quoi le sort jeté par la magicienne de L'Odyssée sur le mont Circeo résonne encore en 1975 et aujourd'hui ?
Né en 1991, Pierre Adrian vit à Paris. Son premier livre, LA PISTE PASOLINI, fut couronné en 2016 du Prix des Deux-Magots et du Prix François Mauriac de l'Académie française. Son deuxième livre, DES ÂMES SIMPLES, a reçu le Prix Roger-Nimier et le Prix Spiritualité d'Aujourd'hui 2017.
13 février 1981. Un soir de permission, un jeune appelé disparaît mystérieusement au bord d'une nationale morne et glacée des Argonnes.
Du côté des autorités, personne ne prend cette disparition au sérieux. Ni la police qui refuse de lancer une enquête. Ni l'armée qui le déclare déserteur, un de plus parmi les 6 000 qu'on dénombre chaque année.
Jocelyne ne croit pas à une désertion. Son fils, elle le connaît comme sa poche. Pourquoi fuguerait-il à trois mois de la quille, alors même que sa fiancée adorée attend un enfant de lui ?
À mesure que les jours défilent et qu'on commence à craindre le pire, vient s'ajouter à la détresse de cette famille, l'humiliation de se sentir inaudible et désavouée par les institutions. Les laisserait-on tomber si c'était le fils d'un ministre et non d'un ouvrier ?
Mais Jocelyne ne cède pas. Elle se fait une promesse que seul le coeur d'une mère peut comprendre : elle ne lâchera rien, jusqu'à ce qu'il soit retrouvé, jusqu'à revoir une dernière fois le doux visage de son fils.
Tombés pour la France est librement inspiré de « l'affaire des disparus de Mourmelon », non résolue en raison du suicide du principal suspect au 2e jour de son procès d'assises en 2003. Entre 1981 et 1987, huit jeunes hommes, tous âgés d'une vingtaine d'années et pour la plupart appelés du contingent avaient disparu aux abords de la nationale 77, à proximité du camp militaire de Mourmelon. Seuls deux corps furent retrouvés.
« Je connais de l'intérieur cet univers totalitaire, exterminateur. Je suis un naufragé, entouré d'ordinateurs. Je m'accroche à ce poème de Charles Juliet qui me laisse un peu d'espoir : « si tu n'as pas/ connu/le naufrage/impossible/de gagner/la haute mer/le naufrage première porte de la connaissance » Je suis devenu dépendant de mon smartphone, mon bras armé, ma croix, ma brûlure intérieure. Je me sens un exilé. Je ne joue pas Victor Hugo persécuté par l'empereur, prenant la route de Jersey puis de Guernesey. Mais je choisis la force océanique contre le nuage informatique. Nous vivons désormais en territoire occupé. J'ai l'impression d'être un collabo, un criminel envers mes enfants : je les ai laissés se faire contaminer. J'aurais dû leur apprendre ce que nous pouvons faire de nos mains et nous contenter du grec, du latin car depuis rien de nouveau sous le soleil. Tout clic informatique est une pulsion de mort. Et moi, je choisis la vie.
Nous savons qu'un complot mortifère sape nos sociétés.
Je dis et redis à mes enfants : les écrans ce n'est pas la vie. Ils détruisent le plus beau divertissement, l'ennui, le temps perdu, la rêverie. Le numérique ce n'est pas un changement technique, c'est le global deshumanisé. Il y a comme un hic. Où sont les siestes dans la chaleur grésillante de l'été et le blé en herbe, les yeux vers le grand ciel ? » Dans cet essai d'humeur, ce pamphlet contre le totalitarisme des écrans, Olivier Frébourg oppose le temps de la poésie, la beauté et la lenteur pour sortir de l'accélération du temps et de l'enfer des écrans.
Anaïs est née dans une famille pas comme les autres : entre une mère s'occupant de la mécanique et un père préférant repasser le linge. De son enfance, elle a conservé l'odeur du troène au printemps, le divorce des parents, le potager de son "pépé" , le "chemin du blé en herbe" , la plage des Dunes du Port. A 18 ans, elle part en Inde, seule, puise en elle un courage qu'elle ne soupçonnait pas et découvre le caractère sacré de la nature.
Elle. De ce premier voyage initiatique et décisif, elle tire une force pour toujours et voit naître son rêve : "cultiver son jardin" . Comme si l'errance avait provoquée chez elle le besoin de s'enraciner pour continuer à avancer. Anaïs se met en quête d'un lopin de terre. En Bretagne évidemment ! La route est semée d'embûches, mais ni l'administration, ni la misogynie du milieu agricole, ni les caprices du ciel ne lui font peur.
En accord avec ses convictions profondes, elle réalise son rêve : elle sème, cultive et invente des tisanes, telle une sorcière des temps modernes ! Anaïs apprend le travail de la terre, la solitude, les noms enchanteurs des herbes ; l'aubépine, l'hysope, la guimauve, la marjolaine, la sauge, le souci, l'agastache, le serpolet et la reine-des-prés, elle lit Thoreau et s'interroge sur la valeur du travail, de l'argent, de la liberté, sur le lien de l'homme à la nature, sur la beauté des gouttes de rosée sur les feuilles le matin...
Ce livre est un hymne à rêver et à aller jusqu'au bout de ses rêves, un petit guide de survie alternatif et stimulant dans un monde qui va trop vite, une réflexion sur l'écoféminisme et une célébration de la nature.
René Fallet était un écrivain populaire et populiste. Son oeuvre fait partie de notre patrimoine : Banlieue sud-est, Les pas perdus, Le triporteur, Paris au mois d'août, le Beaujolais nouveau est arrivé, La soupe aux choux. Nombre de ses livres ont été adaptés au cinéma et avec succès. Né à Villeneuve-St-Georges en 1927, il fut marqué par la mort précoce de son père, cheminot communiste, renversé par un camion, devant ses yeux. De la terre paternelle, l'Allier, il fera une de ses géographies littéraires avec Paris.
Ce journal inédit couvre les années 1962-1983. C'est un journal sentimental et littéraire où Fallet y exprime son amour de la littérature (Rimbaud, Maupassant, Jules Renard, Hemingway), du vélo, du Paris d'avant la vitrification et la destruction des Halles. On y voit un piéton de Paris aimant à la fois l'oisiveté mais travaillant d'arrache-pied pour devenir un écrivain et vivre de sa plume, un homme aimant les femmes mais aussi l'amitié, les bars à la Doisneau, les parties de rigolades et de pêche.
C'est le journal d'un anarchiste détestant l'ordre, la politique, de Gaulle, Pompidou, Giscard, choisissant toujours le camp de l'humour et des francs-Tireurs. C'est le journal de l'amitié, celle qui le lie à Georges Brassens, l'ami de trente ans, qui apparaît ici sous un jour inédit.
Cultivant sans vergogne sa nostalgie pour le temps passé et fasciné par cette Indonésie en pleine mutation, l'auteur nous entraîne de la grande île de Sumatra à l'archipel des Moluques en passant par Djakarta, Bornéo, Sulawesi. Un voyage de 4000 kilomètres à travers cet " archipel-monde " stratégiquement situé entre Océanie et Asie orientale, aux contrastes saisissants : le plus grand pays musulman de la planète, peuplé de 700 ethnies différentes, autant de langues, et qui pourrait devenir la 6ème économie mondiale en 2030.
L'errance de l'auteur est le prétexte à des rencontres fascinantes, mêlant fantaisie et cruauté, dans les quartiers coloniaux abandonnés de Medan, avec des ma?eux de Sumatra, des voyous des bidonvilles de Djakarta ou un avocat milliardaire roulant en Lamborghini. Tantôt sur les pas de Joseph Conrad, tantôt assistant au massacre de buf?es chez l'étonnante ethnie des Toraja, sanglantes bacchanales marquant le début des funérailles, tantôt chez les Samouraïs oubliés de la guerre du Paci?que, notre écrivain dériveur parcourt l'archipel, animé par le désir d'aller toujours à la rencontre de l'autre, à l'écoute de la polyphonie du monde, sans jamais tomber dans l'écueil d'un exotisme tapageur.
En plein désert, un géologue rencontre la princesse Greta qui débarque sur terre et lui dit d'un ton farouche et impérieux: "Dessine-moi une chauve-souris!" La princesse Greta vit sur une minuscule planète, 100% bio où la ouche d'ozone est très pure. Mais des insectes menacent ses plants de quinoa et seule une chauvesouris peut les chasser de façon éco-responsable.
Mais avant d'arriver sur terre, Greta a fait escale sur différents astéroïdes : l'astéroïde Charlie (Chaplin) l'astéroïde Ernesto (Guevara), l'astéroïde Frank (Sinatra), l'astéroïde, Karl (Marx), l'astéroïde Nelson( Mandela), l'astéroïde Janis (Joplin), l'astéroïde Albert (Einstein).
A chaque fois s'établit un échange piquant sur l'esprit d'enfance, le capitalisme, la révolution, la violence, le rock, la méchanceté des hommes, la nature. Jusqu'au jour où la princesse rencontre un pangolin, animal hautement philosophique, menacé par la race humaine, qui lui enseigne le langage du coeur et de l'amour.
Tu ne me connais pas pour la simple et bonne raison que je n'existe pas. Je suis un faux philosophe. Un philosophe inventé de toutes pièces par un auteur prétentieux qui se permet de dire ce que je pense ou ce que je fais.
Je me nomme Héractète. Un nom qui te permettra de me citer avec beaucoup de crédibilité : « Comme dirait Héractète... » et c'est toute la sagesse antique qui vole à ton secours dans une conversation où tu te trouves, il est vrai, à court d'arguments. Qui ose contredire un philosophe antique ? Dans ta tête, je porte une toge et des sandales, mais je préfère largement le survêt coton et le tee-shirt un peu sale. En revanche, je me passe de barbe, ça fait trop hipster.
Ce livre est un carnet de pensées couchées sur papier au gré de mes inspirations : des réflexions, des aphorismes comme les philosophes aiment à les appeler, même si, dans le monde actuel, on parle plutôt de vannes ou de punchlines.
Tu peux le commencer par le milieu ou la fin, peu m'importe. Après tout je n'existe pas alors de là à avoir une influence sur tes choix...
Si tout cela ne te plaît pas, ferme ce livre et donne-le. Moi, Héractète, je suis le philosophe qui n'existe que dans la tête de ceux qui veulent bien m'y laisser entrer.
Le 4 août 2020 à 18 heures et 7 minutes, la narratrice se voit propulsée sous le bureau de sa thérapeute. Elle est à quatre pattes, entre son mari et leur psy. Une bombe vient de ravager Beyrouth. Une apocalypse. Et le scénario en train de se produire dans ce cabinet : celui d'un couple en déliquescence. La narratrice est une affranchie. Elle veut vivre tout de suite et tout à la fois. Être mère, épouse et écrivaine, « beauvoirienne » et pondeuse multi-récidiviste. Plutôt que de choisir, elle a embrassé la multitude : femme remariée, mère de cinq filles, auteure de nombreux livres, écartelée entre Beyrouth et Paris, entre sa soif d'écriture et ses maternités, entre la joie de l'enfantement et l'instinct de fuite. Son énergie vitale est ce prix, c'est une bombe à retardement. Comme son couple, tiraillé entre un homme analyste et une femme guidée par les méandres de l'écriture. En bref, « la rencontre d'une centrale nucléaire avec une éolienne ». Comme cette ville qu'est Beyrouth, fendue, divisée, sectionnée de toutes parts, par les guerres, les rancoeurs entretenues, jusqu'à cette ultime désintégration. La narratrice n'a plus que l'écriture pour consolation. Elle prend la plume à bras le corps et nous offre un récit d'une puissance inouïe où se reflètent jusqu'au vertige l'explosion de la ville et la déflagration intime, la dérive orwellienne de notre planète et l'hyper-connexion des êtres humains qui évoluent désormais « en distanciation sociale ». On retrouve le style plein d'humour et de rage de vivre de Hyam Yared, ses réflexions sur le sens de nos vies, la sexualité, le couple, la maternité, l'inadaptation au monde délirant dans lequel nous vivons... et l'amour qui triomphera toujours de la fin du monde.
John Lennon et Yoko Ono vécurent plusieurs étés de paix dans les montagnes retirées du Japon, à Karuizawa. On en parla peu. Car il ne se passa presque rien. Ils appelèrent cela, « le silence de l'amour ». Quasiment rien si ce n'est l'aboutissement du parcours du narrateur de ce roman, qui découvre alors tous les bouleversements dans la vie créatrice et personnelle de John Lennon et au-delà, le maillage de sa propre vie, les interférences nippones, la présence de la femme aimée et lointaine. Et de la neige. Ce roman parle des fantômes qui peuplent nos vies, du Japon et de sa soyeuse étrangeté. De l'amour et des sentiments qui fondent sous la passion. De John Lennon et de sa résurrection. C'est aussi une enquête sur les lieux d'élection japonais d'un couple mythique. Il séduira non seulement les fans des Beatles, de musique mais aussi les amoureux de voyage lointain et de retraite spirituelle. C'est du Kawabata pop et rock'n roll.
Un matin de février, deux corps mutilés sont découverts à Bruxelles : celui d'un SDF dans un parking, puis celui d'un nanti dans un appartement. La commissaire de la brigade criminelle, Natacha Barthel, arrive sur les lieux. À ses côtés, une journaliste autorisée à couvrir les deux enquêtes. Ça sonne comme un polar sauf que tout est vrai.
"On tourne les pages avec avidité pour connaitre non seulement les coupables, comme dans un roman policier, mais aussi pour mieux appréhender les secrets des victimes et de leurs bourreaux, pour savoir comment leurs destins se dessinent. (...) " Jean-Claude Vantroyen, Le Soir.
À vingt-six ans, j'ai découvert que mon grand- père était un héros en lisant son livre sur le ghetto de Minsk, où il avait fondé le principal réseau de résistance. Après être rentré en Pologne, une fois la guerre achevée, il finit par émigrer en Israël : il y est mort. La passion de sa vie était le communisme. Mon père aussi a quitté la Pologne après les répressions contre les étudiants en mars 1968 et la vague d'antisémitisme. Il devint une figure majeure du mouvement démocratique à l'étranger. La passion de sa vie est son pays. Je suis arrivé en Israël comme correspondant du journal Le Monde en 2014. J'ai assisté à la mise sous tension identitaire de la démocratie, à la montée de l'intolérance et à la polarisation du débat public. Au moment de quitter le pays, j'écris ce récit qui est un voyage au bout de la loyauté : à quoi devons- nous être fidèles ? Ce livre croise nos trois parcours, marqués par l'effacement commun de nos origines. En ces temps d'assignation identitaire, nous sommes de mauvais Juifs. P.S. Né en 1974, Piotr Smolar est grand reporter. Il a notamment publié Gloubinka, promenades au coeur de la Russie (Éditions de L'Inventaire).
« Ce meurtre est mon compagnon secret. Il me leste, m'encombre parfois comme ces vieilles lettres qu'on se refuse de jeter même si leurs expéditeurs ont disparu de votre mémoire. Il m'arrime à la ville alors que je n'y habite plus depuis longtemps. Il s'insinue dans ma vie. Une vraie fuite d'eau. Parfois deux ou trois mois se passent sans que j'y pense, puis il revient me hanter. Je n'y peux rien. » Histoire d'un meurtre et d'une piscine, ce roman entremêle amours, victoires et défaites du narrateur. Un couloir de natation suffit à séparer la mort des passions brèves et ensoleillées. La piscine, miroir de nos vies, de nos comédies estivales et de nos premières blessures sociales. L'été 1974, elle fut le théâtre d'une tragédie. Une étudiante fit feu sur un maître nageur trop séducteur. Ce meurtre devint l'Affaire du narrateur. Sa trace a transformé et aiguillé son destin. Ce crime est à moi est une confession sidérante sur les conséquences d'un fait divers dans une petite ville de province et un tableau de la décennie d'or des années 1970.
« Je pris la décision de foutre le camp un lundi de mars, alors que je flânais au cimetière de Vaugirard. Je circulais entre les tombes, mains en poche, lorsque je lus une épitaphe épargnée par l'usure : « Si tu ne peux plus prier, marche ». Prier, ça faisait des années que je n'en étais plus capable. J'avais perdu la foi. Dieu avait enchanté mon enfance, puis déserté, sans donner ses raisons. Vingt ans, pensais-je, c'est l'âge des grandes aventures et des exploits physiques ! Je bouillonnais entre les murs de ma chambre de bonne, sentant mourir en moi le feu sacré de l'adolescence. Du haut de la montagne Sainte-Geneviève, je convoitais des sommets lointains. Partir à Jérusalem. Traverser l'Europe. Ce rêve était né dans le remugle d'une salle de classe. Il jaillissait à nouveau entre les murs d'un cimetière. Une pierre tombale m'avait soufflé l'idée. Il fallait partir. » S. A.
Après avoir fait marcher sa troupe de théâtre itinérant le long des routes de France, Philippe Fenwick conçoit en 2011 un projet fou, énorme : jouer dans le plus de villes possibles le long des voies ferrées qui relient Brest à Vladivostok.
Reste à trouver une histoire universelle, en français et en russe, un cabaret accueillant comédiens, musiciens, circassiens. Ce sera les souvenirs et les délires de Jacques Mercier, vedette d'un music-hall brestois, vivant reclus depuis la fermeture de celui-ci.
Au début de l'aventure, année de l'amitié franco-russe, tout s'enchaîne à merveille, une subvention conséquente est même allouée à la troupe. Mais, très vite, les promesses sont retirées et les problèmes administratifs, techniques, sentimentaux menacent de plomber l'odyssée.
Face à la débâcle annoncée, Fenwick, entre euphorie et désespoir, s'acharne. Le projet tourne à l'obsession. Il erre dans les couloirs du ministère de la Culture à la recherche du mystérieux bureau S, chargé de distribuer les subventions, réécrit le spectacle pour qu'il tienne en 8 comédiens et dix-sept valises, supplie sa femme de ne pas le quitter.
Jusqu'au départ pour Vladivostok.
Elevé par une grand-mère russe, issu d'une famille ayant fait fortune dans les chariotsélévateurs, défenseur d'un théâtre en mouvement, Philippe Fenwick est en lui-même un personnage de roman. Si « Atavisme », son cabaret franco-russe est bien parvenu jusqu'à Valdivostok, son Journal d'un enthousiaste joue des illusions, des fauxsemblants.
Tout est vrai, tout est faux. À commencer par le double de l'auteur, Jacques Mercier.