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christian doumet
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Jamais écrivain n'a autant fait de sa vie un destin que Victor Segalen. Après un séjour de quelques années à Tahiti, Segalen (1878-1919) entreprend trois voyages en Chine (1909, 1914 et 1917).
C'est cette Chine que nous abordons, à partir de son oeuvre et de sa correspondance; l'aventure matérielle et émotive qu'a pu vivre un Européen dans un empire déliquescent, et la splendeur, et la violence de ses paysages.
Une figure jaillit du sol et de la nuit des temps : celle de la « chimère », lion en pierre ailé, destiné à garder l'entrée des tombeaux. Elle hantera Segalen jusqu'à ce qu'il trouve la mort, dans des conditions énigmatiques, à Huelgoat.
Christian Doumet, qui a dirigé l'édition des oeuvres de Segalen dans la Bibliothèque de la Pléiade, compose là un tombeau de toute beauté en hommage au mystère Segalen. -
Dictionnaire des mots manquants
Belinda Cannone, Christian Doumet
- Thierry Marchaisse
- 3 Mars 2016
- 9782362800948
Un enfant qui perd ses parents ? C'est un orphelin. Mais un parent qui perd son enfant ? Il n'existe pas de mot pour le désigner.
Toute langue a des lacunes lexicales, des zones de sens auxquelles ne correspond aucun terme précis. Ce dictionnaire littéraire donne la parole à quarante-quatre écrivains qui tentent, non pas de fabriquer des néologismes, mais simplement de décrire et d'interroger quelques manques éprouvés dans leur pratique de la langue.
Nul souci d'exhaustivité, nulle possibilité même. Mais l'esquisse d'une cartographie des absences, dans un certain paysage de la littérature française contemporaine.
Belinda Cannone et Christian Doumet ont également dirigés, chez le même éditeur, le Dictionnaire des mots en trop (TM, 2017) et le Dictionnaire des mots parfaits (TM, 2019).
AVEC : Élisabeth Barillé, Pierre Bergounioux, Stéphane Bouquet, Belinda Cannone, Pierre Cleitman, Pascal Commère, François Debluë, Michel Deguy, Jean-Michel Delacomptée, Gérard Dessons, Jean-Philippe Domecq, Max Dorra, Christian Doumet, Anne Dufourmantelle, Renaud Ego, Denis Grozdanovitch, Jacques Jouet, Pierre Jourde, Cécile Ladjali, Pierre Lafargue, Frank Lanot, Alain Leygonie, Diane De Margerie, Jean-Pierre Martin, Isabelle Minière, Dominique Noguez, Gilles Ortlieb, Véronique Ovaldé, Alexis Pelletier, Pia Petersen, Didier Pourquery, Philippe Raymond-Thimonga, Henri Raynal, Philippe Renonçay, Jean Rouaud, James Sacré, Marlène Soreda, Morgan Sportes, Brina Svit, François Taillandier, Claire Tencin, Gérard Titus-Carmel, Patrick Tudoret, Julie Wolkenstein. -
Dictionnaire des mots en trop
Christian Doumet, Belinda Cannone
- Thierry Marchaisse
- 2 Novembre 2017
- 9782362801938
Comment ? s'entend-on déjà reprocher, des mots en trop ? Mais les mots, on en manquerait plutôt.
Et pourtant. Âme, artiste, coach, communauté... ils sont légion ceux qui éveillent notre résistance intime à tout ce qu'ils charrient d'affects, d'idéologie, de pseudo-concepts - notre résistance mais pas celle du voisin !
Quarante-quatre écrivains explorent ici les raisons pour lesquelles ils renâclent devant certains mots, et leurs réflexions critiques témoignent autant d'un état de la langue que des poétiques et des enjeux de notre temps.
Belinda Cannone et Christian Doumet ont également dirigés, chez le même éditeur, le Dictionnaire des mots manquants (TM, 2016) et le Dictionniare des mots parfaits (TM, 2019).
Avec : Malek ABBOU, Jacques ABEILLE, Mohammed AÏSSAOUI, Jacques ANCET, Marie-Louise AUDIBERTI, Michèle AUDIN, Olivier BARBARANT, Marcel BÉNABOU, Jean BLOT, Jean-Claude BOLOGNE, François BORDES, Lucile BORDES, Mathieu BROSSEAU, Belinda CANNONE, Béatrice COMMENGÉ, Thibault Ulysse COMTE, Seyhmus DAGTEKIN, Louis-Philippe DALEMBERT, Rémi DAVID, Erwan DESPLANQUES, Jean-Philippe DOMECQ, Christian DOUMET, Renaud EGO, Eric FAYE, Caryl FÉREY, Michaël FERRIER, Philippe GARNIER, Simonetta GREGGIO, Cécile GUILBERT, Hubert HADDAD, Isabelle JARRY, Cécile LADJALI, Marie-Hélène LAFON, Sylvie LAINÉ, Frank LANOT, Fabrice LARDREAU, Mathieu LARNAUDIE, Linda LÊ, Guy LE GAUFEY, Jérôme MEIZOZ, Christine MONTALBETTI, Christophe PRADEAU, Marlène SOREDA, Abdourahman A. WABERI. -
Comble d'un bleu vêt un ciel nu Paru Un ciel sans monde Jamais oiseau n'y fut Foudre n'en tombe Nuages lents ne s'y confondent Un ciel me plaît Mais parce que mort y abonde Je m'y en vais comme l'intrus Et comme un mort j'y suis partout le bienvenu A vingt-quatre ans, ce poète est de ces jeunes voix qui heurtent la langue et l'explorent, déterminées à en tirer quelques réponses sur elles-mêmes et le quotidien qui les embarque. Dans ce recueil de vingt-cinq poèmes distribués en douze parties, il raccourcit le vers, le fait traîner : le rythme qui naît de cet assemblage tortueux épouse la respiration et sa mélodie devient une évidence. Il faut lire - presque à haute voix - pour y croire. Le lecteur y trouvera de l'hermétisme, du réalisme, du lyrisme, de la bouffonnerie et de la gravité, de la médiocrité et des grands sentiments, un bariolage, assurément, mais lié dans un mouvement que le personnagepoète provoque d'une voix reconnaissable, subtile et farouchement vivante.
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Vitesse, encombrement...
Des mots (ou maux) qui résument notre névrose collective. Voici trois huttes édifiées, à l'inverse. selon l'ordre de la lenteur et du dénuement. Sans aversion, cependant. ni aigreur face aux beautés du monde - au contraire. Mais assez loin de l'affairement ordinaire pour autoriser les sensations les plus intenses, les expériences les plus lucides, pour ouvrir en même temps les paysages les plus généreux.
Il n'est d'autre point commun entre Thoreau, Patinir et Bashô qu'une question inlassablement posée à notre condition de corps sensibles : quelle est cette force qui nous attache si passionnément aux présences les plus fragiles ? Il se peut que leurs singuliers récits nous offrent le commencement d'une réponse.
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J'ai beaucoup marché dans des villes inconnues. Villes réelles ? Villes rêvées ? Elles me viennent à l'esprit, telles qu'elles se drapèrent tout au long de ces déambulations, quand je tente de me représenter ce qu'est devenu pour nous le sentiment des terres vierges, des bêtes sauvages et des forêts impénétrables. C'est la frondaison des avenues et la rumeur des carrefours qui m'apparaissent en réponse. Aller par les rues, au milieu de visages inconnus, de parlers inintelligibles ; et quelquefois, au détour d'une avenue, réinventer soudain les «dômes d'albâtre», les «terrasses étincelantes» de Wordsworth, ou les «splendides villes» de Rimbaud : un piéton inlassable, toujours à nos côtés, prolonge l'ancestrale aventure des nomades qui, au spectacle de ces architectures dressées sur l'horizon, croyaient l'Au-delà mis au bout de leur route. Les pages qui suivent sont habitées par le regard d'un tel marcheur. Qu'importe le but ! De la désinvolture du flâneur à l'inquiétude du piéton égaré en passant par la souveraine indifférence de l'homme pressé, chacun chemine dans l'énigme des choses, des êtres et de sa propre chimère. Chacun construit, à force de déplacements et selon les facettes d'un oeil d'insecte, cette grande figure de la contingence moderne qu'est une ville.
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Le 7 juin 1961, l'écrivain Yehiel Dinur se présente comme témoin à la barre du procès d'Adolf Eichmann. Après quelques phrases saisissantes qui évoquent son séjour à Auschwitz et la disparition de ses proches, il se lève, tente de s'éloigner et s'effondre, sans connaissance.
L'Évanouissement du témoin explore, en vingt brefs chapitres, la portée et la signification de cet événement singulier.
Il ne s'agit pas d'une énième réflexion sur le fait et l'univers concentrationnaires, mais plutôt d'une interrogation aventureuse sur ce que ce moment où nous sommes dépossédés de tous nos moyens, sur la hantise et le pouvoir des mots, sur ce qui nous laisse muet face à l'indicible ; sur ce qu'en somme un tel événement peut nous enseigner de notre propre humanité lorsqu'elle affronte les fantômes de l'Histoire.
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Illetres durs d'oreille malbatis
Christian Doumet
- Champ Vallon
- Recueil
- 22 Février 2002
- 9782876733466
" on fait son important ! on se pavane ! on se targue de savoirs et de délicatesses ! comme on a bonne mine ! comme on est bien élevé ! on savoure de l'oreille, on affine ses papilles...
On joint - certes avec discrétion... on parade - non sans quelque retenue. on est, au plus au point, civilisé. voici des pages pour en rabattre. du nu. du gauche. du malbâti. cependant : point d'autoflagellation. celui qui parle se contente de faire un tour de nos insuffisances, de nos chancèlements : bien assez, déjà ! sans complaisance. simple relevé des lieux, à quoi se mêle un peu de compassion, parfois de nostalgie, voire d'emphase pour notre inhabileté fatale.
Comprenne qui pourra : nul n'est fâché de fréquenter au fond de lui cet illettré, ce dur d'oreille, ce contrefait avec lequel il est prié sans cesse de composer. mieux : il se pourrait que cet accouplement d'idiots intimes fût la promesse de tout ce que nous appelons poésie. comprenne qui pourra... "
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Dédaignant mais avec un brin de regret l'ouverture éblouissante (telle celle des Confessions), Christian Doumet (né en 1953) entame son oeuvre, par une petite réflexion sur l'origine et l'usage du mot pull-over mais c'est à propos de celui de J. Roubaud ce qui donne aussitôt sa tonalité au texte : nous serons en bonne compagnie, l'auteur va alterner des considérations aiguës et caustiques sur la marche du monde, des rencontres avec des amis écrivains (J.P. Richard, Frénaud), des écrivains admirés ou détestés, des inconnus au cours de voyages lointains ou de séjours campagnards, des écoutes ou exercices de musiques.
Les sentences ou observations d'un professeur Yé semblent ponctuer d'une sagesse narquoise et quasi taoïste les élans ou les indignations du narrateur.
Tous ces fragments, par l'humour, la colère, le regard aigu, le retour sur soi sans excessive complaisance tentent l'exactitude, célèbrent les beaux instants sans jamais les diluer dans un lyrisme consolant, mais surtout concourent tous à une recherche obstinée de la "vraie vie". Brisant les rythmes des fragments l'auteur introduit quatre longs développements plus caustiques notamment sur le monde de l'édition et de la librairie tout en restant un "homme d'esprit".
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Grand art avec fausses notes ; Alfred Cortot, piano
Christian Doumet
- Champ Vallon
- Recueil
- 23 Octobre 2009
- 9782876735200
C'est en juin 1962.
Alfred Cortot le pianiste se fraie un chemin vers l'ultime coma. Il a pour seul viatique la bénédiction des mourants. Il interroge alors très faiblement, mais très distinctement : La salle est-elle pleine ? Tel sera pour lui le mot de la fin. Parler d'un homme, c'est redire avec lui mot pour mot. Rejouer ses paroles. Sans relâche, tenir au plus près la partition. Parler d'un homme, pour faire connaissance une bonne fois à travers quelques mots sauvés de l'archéologie des corps.
Faire connaissance avec cela qui n'a pas plus d'âge, pas plus de poids que l'agitation des palmes, le battement des insectes, l'ascension de la lumière. Mais cela qui offre tout de même un visage et autour, quelques paroles à dire, par exemple : je ne m'arrêterai jamais
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Par impressions, souvenirs ou fantasmes sur les sujets les plus variés (de l'uniforme aux portes coulissantes en passant par les fantômes ou les bains) Christian Doumet nous ouvre à un Japon tout personnel. Les soixante-douze notes de ce recueil à l'allure de partition, nous transportent dans une contrée aux frontières flottantes, sans cesse repoussées par une langue soutenue, subtile, charnelle.
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Comme Pour affoler le monstre auquel il fait suite, ce livre interroge la situation, actuelle de la poésie. Qu'en est-il de cet affairement de la langue ? Qu'en est-il non tant de sa santé - question trop fréquemment et un peu vainement posée - que de son inépuisable et tenace et vivace invisibilité ? Qu'en est-il du sens et des sens, dans cette construction d'un nous d'époque qui, pour frayer aux marges du réel, n'en témoigne que plus fort de notre degré de réalité ? Les débats ne démontrent rien, ne convainquent personne, ne contribuent à aucun progrès. Leur intensité, dans certains replis des échanges publics, signalent seulement une existence. Celle, ici, de la poésie, bien sûr. Mais plus largement, aussi, celle d'un lieu de pensée (d'une utopie oe) où, loin des remous de l'immédiat, chacun vient regarder son histoire comme un lambeau de notre Histoire. Les deux textes rassemblés ici - un entretien et un essai critique - n'ont d'autre visée que d'indiquer ce lieu - et si possible, d'aider à l'approcher. C. D.
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« Plusieurs mois après que j'eus achevé La Donation du monde, une amie m'envoya cet extrait d'une lettre de Rilke à sa femme. Il me sembla découvrir ce texte, que pourtant j'avais lu, dix-huit ans auparavant (un repère précis sur mon exemplaire des Lettres à Cézanne me le rappelait). Ce texte, je l'avais simplement oublié. Mais « oublié », est-ce le mot ? « Enfoui » serait plus juste, encore que la métaphore suppose une terre, l'épaisseur d'un humus peu compatibles avec la nature immatérielle de la mémoire. Ces lignes lues dix-huit années auparavant n'avaient, malgré leur singulier pouvoir de suggestion, laissé en moi aucun souvenir conscient. Il est évident, en revanche, qu'elles y avaient déposé quelques traces suffisamment fortes pour que j'éprouve, près de deux décennies plus tard, le désir de les récrire à ma façon. L'oubli était évidemment la condition de cette récriture : pour que j'aie l'impression de créer mes grenades, il fallait qu'aucun doute ne vienne troubler leur authenticité. Aucun doute, c'est-à-dire aucun souvenir. Ce n'était donc pas le texte qui était oublié, puisqu'il en restait des bribes ; c'était ma relation à lui : le fait que je lui eusse consacré jadis le temps d'une lecture. Un peu comme s'il vivait en moi sans que j'aie eu besoin de faire sa connaissance ; comme s'il avait été de tout temps une partie intrinsèque de ma propre expérience. Que de ma mémoire, il soit passé en somme dans mon imaginaire, y vivant désormais sa vie propre, y creusant ses sillons, sans plus aucune relation avec Rilke.
Vivre, pour un texte, c'est toujours un peu perdre de son origine, rompre avec sa famille, endosser l'habit de l'anonymat pour mieux se laisser saisir. J'avais lu la page de Rilke ; puis ne l'avais oubliée qu'afin d'en prendre possession, de l'incorporer à ma propre terre. Je voyais bien ce que ce texte gardait de commun avec le mien : certaines images appartenaient à l'un et à l'autre (celle du cuir, entre autres). Mais surtout, la redécouverte de la lettre de Rilke m'apprenait comment ces détails avaient travaillé en moi. L'idée de la donation, par exemple, telle qu'elle s'était présentée, venait à n'en pas douter de la 1 superposition entre le geste d'adresser une lettre, et celui d'acheter les grenades dans le commerce (Potin ou la rue Mouffetard). Ce que Rilke écrit explicitement à Clara (« Ton sentiment devant la grappe du Portugal est quelque chose que je connais bien ») étaie encore un peu plus cet argument : l'équivalence entre les sentiments des deux correspondants suggère l'idée d'un échange possible de leurs objets respectifs : grappe contre grenades. Les fruits sont la monnaie courante de cet échange ; la valeur fiduciaire d'un commerce immatériel : celui des « sentiments ». Au don de la grappe par Clara, Rilke répondait par le don de ses grenades.
Sans insister sur la charge érotique d'une telle transaction, il était clair que le mot « sentiment » dépassait de beaucoup les limites de la seule émotion esthétique, émotion à laquelle le contexte (Rilke et Clara sont alors mariés depuis un an, et vivent loin de l'autre) ajoutait de fait une forte couleur amoureuse. Il est en tout cas probable qu'il ait été compris ainsi lors de ma première lecture, et qu'en ait été retenu le principe ouvert, mais schématiquement transposable, d'une identification entre le don de grenades et la déclaration des « sentiments ». Le texte égaré dans les méandres de la mémoire, il en restait donc cette trace, ce trait, et cette métaphore banale qui associe les fruits à des signes amoureux (« voici des fruits. »). Mais le fait que Rilke donne ici sa consistance à la métaphore l'orientait dans une certaine direction. À la banalité, il ajoutait cette condition supplémentaire : que la métaphore pouvait s'accomplir aussi bien sur un plan poétique, plan sur lequel la déclaration des « sentiments » cédait la place sans dommage à un poème. Rilke lui-même indique cette voie, convertissant les deux grenades dont il parle en une sorte de poème en prose offert à Clara. Ainsi se dessinait une scène imaginaire aux contours vagues, mais fondée sur une série de parités où fruit vaut pour sentiment qui vaut pour poème. Si sur cette scène un personnage offre une grenade à un autre personnage, ce dernier est en droit de répondre par le don d'un poème.
Rien de cette petite mécanique métaphorique ne m'est venu à l'esprit lorsque Bei m'a tendu une grenade tirée du sac où elle venait de l'acquérir. À y repenser, cet instant m'apparaît même spécialement vide de toute signification. Mais la scène, sans doute, était là.
Les personnages, interchangeables. Ils pouvaient même se passer de « sentiments », de raison, de justification. Seul demeurait le signe que la grenade faisait, dans son exotisme entêté, clos sur lui-même et rayonnant. Le mot « grenade » suffisait à lui seul : il réveillait les vagues associations ; il levait la sorte d'interdit qui pèse en même temps sur le sentiment et sur le poème. Me mettant inconsciemment, mais sans doute, pour cette raison même, instantanément à la place de Rilke, il m'autorisait à répondre à mon tour d'un don de fruit, à faire fructifier de nouveau la scène enfouie, à rejouer la partie. Comme si elle n'avait laissé en place qu'un décor déserté, des portants et son plancher disjoint, la lettre de Rilke avait ellemême chassé Rilke et Clara de ma mémoire, ne retenant d'eux que des fonctions. Elle avait fait d'eux des quelconques dont n'importe qui pouvait endosser les rôles. Ainsi s'écrivent certains poèmes :
« .à quel point l'on a déjà tout cela en soi, et d'autant plus qu'on ferme mieux les yeux sur soi-même. »
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Dictionnaire des mots parfaits
Belinda Cannone, Christian Doumet
- Thierry Marchaisse
- 16 Mai 2019
- 9782362802249
Pourquoi certains mots nous plaisent-ils tant ? S'adressant à notre sensibilité, à notre mémoire ou à notre intelligence du monde, ils nous semblent... parfaits.
Bien sûr, parfait, aucun mot ne l'est - ou alors tous le sont. Pourtant, chacun de nous transporte un lexique intime, composé de quelques vocables particulièrement aimés.
Après ceux consacrés aux mots manquants et aux mots en trop, ce troisième dictionnaire iconoclaste invite une cinquantaine d'écrivains à partager leurs mots préférés. Il vient parachever une grande aventure collective où la littérature d'aujourd'hui nous ouvre ses ateliers secrets.
Avec : Nathalie AZOULAI, Dominique BARBÉRIS, Marcel BÉNABOU, Jean-Marie BLAS DE ROBLÈS, François BORDES, Lucile BORDES, Geneviève BRISAC, Belinda CANNONE, Béatrice COMMENGÉ, Pascal COMMÈRE, Seyhmus DAGTEKIN, Jacques DAMADE, François DEBLUË, Frédérique DEGHELT, Jean-Michel DELACOMPTÉE, Jean-Philippe DOMECQ, Suzanne DOPPELT, Max DORRA, Christian DOUMET, Renaud EGO, Pierrette FLEUTIAUX, Hélène FRAPPAT, Philippe GARNIER, Simonetta GREGGIO, Jacques JOUET, Pierre JOURDE, Cécile LADJALI, Marie-Hélène LAFON, Frank LANOT, Bertrand LECLAIR, Alban LEFRANC, Sylvie LEMONNIER, Arrigo LESSANA, Alain LEYGONIE, Jean-Pierre MARTIN, Nicolas MATHIEU, Jérôme MEIZOZ, Gilles ORTLIEB, Véronique OVALDÉ, Guillaume POIX, Didier POURQUERY, Christophe PRADEAU, Henri RAYNAL, Philippe RENONÇAY, Pascale ROZE, Jean-Baptiste de SEYNES, François TAILLANDIER, Yoann THOMMEREL, Laurence WERNER-DAVID, Julie WOLKENSTEIN, Valérie ZENATTI. -
Pascal Quignard ; la littérature à son Orient
Christian Doumet, Midori Ogawa
- Pu De Vincennes
- L'imaginaire Du Texte
- 25 Juin 2015
- 9782842924270
L'oeuvre de Pascal Quignard est traversée par le sentiment d'un essentiel dépaysement. Associant des textes extrêmement éloignés, rapprochant des formes de pensée étrangères les unes aux autres, elle réveille et révèle « la violence décontextualisante du langage ». L'Orient extrême y est une constante discrète, fondée principalement sur un goût pour les écritures idéographiques, et tout ce qu'elles impliquent dans l'ordre de la connaissance et de la pensée : l'obscurité du sens, la densité de l'expression, une sagesse et un art de vivre, indissociablement unis, chez ce grand vivant, dans la saveur de l'instant, le sens de la minutie, du silence des choses autant que des royaumes fabuleux et de leurs récits épiques.
Lorsque Pascal Quignard s'embarque en direction du soleil levant, c'est avec l'oeil neuf, érudit et inventif à la fois qu'il emploie à parcourir tous les textes. La Chine, le Japon ne sont pour lui rien d'autre que des pages couvertes de signes indéchiffrables, beaux comme des jardins.
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Victor segalen : l'origine et la distance
Christian Doumet
- Champ Vallon
- 1 Octobre 1993
- 9782876731745
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Des histoires qui fourmillent dans la nuit de nos sangs ont la même source que les cris des animaux qui aux premiers auditeurs firent l'effet d'un souvenir vivant On ne peut prétendre approcher la littérature qu'à travers les gestes qui en témoignent. Ce qu'on fera ici, sans exhaustivité. Il suffit de quelques échantillons, empruntés qui plus est à des époques récentes (Flaubert, Mallarmé, Kafka, Michaux, Barthes, Quignard, entre autres) pour comprendre le projet commun à toutes ces opérations : se défaire de soi par les moyens du soi, se fondre parmi les choses, y retrouver sa pesanteur de chose, et rendre cette habitation qu'on appelle parfois « poétique » un peu plus vivable. Jusqu'à la joie, peut-être : la singulière joie d'écrire, cette extase précaire née du bruissement de la langue, et tissée des gestes de fortune qu'elle inspire et permet.
Le livre comporte cinq parties, autant de propositions de l'auteur qui sont explorées à l'appui d'échantillons littéraires : 1. Faire signe, 2. Le goût de penser, 3. Une langue ou deux, 4. Le travail de l'époque, 5. La joie d'écrire -
De l'art et du bienfait de ne pas dormir
Christian Doumet
- Fata Morgana
- 13 Novembre 2012
- 9782851948519
Ce volume est le quatrième livre de Christian Doumet que nous éditons. Il structure, à la manière d'un carnet de nuits, les notes surgies aux heures les plus tardives : réflexions sur le temps, le rêve, l'angoisse des nuits sans sommeil, souvenirs de lectures ou des jours passés, autant de pensées singulières enlaçant rêve et mémoire.
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La terreur qui procède avec la bête, c'est notre temps déchiqueté, passé et futur confondus. Il n'y a pas de récit, pas de progression : nous sommes en même temps les spectateurs et les déchirés ;
Les effarés du bord de route et les proies à l'agonie. Bien des années devront s'écouler encore avant que se distinguent ces deux conditions, que devienne un peu plus limpide la lumière du rêve.
Prêtant attention à ce qui n'en demande pas comme à ce qui s'impose Christian Doumet procède par touches successives, il s'engage dans le monde qui l'entoure en le réinventant. Un plongeon dans les sujets variés de ces soixante-six textes - des plus anodins aux plus érudits, nés de réflexions sur les expressions familières, la langue ou les images - livre, après le bain, un paysage singulier, à la fois frais et fatigué, qui se confond avec le sentiment d'absolu que produisent les plus grandes oeuvres.
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Pour affoler le monstre
François Boddaert, Christian Doumet
- Obsidiane
- 1 Septembre 1996
- 9782911914041
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Passage des oiseaux pihis photographies de Chine de Victor Segalen
Christian Doumet, Victor Segalen
- Le Temps Qu'Il Fait
- Littérature
- 19 Mai 1998
- 9782868532114
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Le territoire esquissé de Japon vu de dos avait un nom et des frontières distinctes. Ceux arpentés ici sont de contours plus flottants, habités d'une sagesse narquoise, parfois d'une hargne vengeresse, aux limites de l'absurde mais toujours fertile. Pour autant la matière de ces trente tableaux est toute littéraire : acuité et causticité sont servis par une langue brillante qui nous plonge avec délectation dans un univers ductile ; tangible parfois.
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Éclats de temps ; musique danse poésie
Christian Doumet, Laurent Zimmermann
- Pu De Vincennes
- La Philosophie Hors De Soi
- 29 Mai 2015
- 9782842924294
Certaines oeuvres - de Van Gogh, de Rimbaud, d'Antonin Artaud, de Lucinda Childs - font irruption dans l'histoire à la manière d'un coup de tonnerre, ou d'un éclat de temps. Les temps de la création et de la réception des oeuvres d'art ne coïncide jamais avec celle du quotidien. Le plaisir, le questionnement tient à une expérience singulière d'instants marquants, capables d'illuminer nos existences. Les analyses ici rassemblées explorent cette substance complexe, insaisissable qui nous constitue pour un temps : celui de la lecture, de la contemplation, de l'audition.