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louis quere
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À l'époque moderne, la confiance a souvent été considérée comme une attitude infantile, tandis que la méfiance bénéficiait d'un crédit de maturité d'esprit, car soi-disant plus rationnelle. Ce que tente de montrer cet ouvrage est que la confiance n'est pas une faiblesse excusable, mais une forme d'intelligence dans la vie sociale.
Aujourd'hui, on s'inquiète beaucoup du déclin de la confiance, et certains s'alarment du développement d'une « culture de la suspicion », dont le complotisme est l'une des manifestations. Le diagnostic est souvent fondé sur les sondages d'opinion. Mais ceux-ci sont de piètres outils pour saisir l'état réel de la confiance. Si « crise de la confiance » il y a, il s'agit plutôt d'une crise de la « déférence », en partie liée à l'individualisme expressif moderne. Quant à la « culture de la suspicion », si son développement ne fait pas de doute, il est à rapporter aux transformations qu'ont subies la sphère de la communication sociale et la gestion de la res publica dans les formes récentes du libéralisme.
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Après avoir présenté les principales approches actuelles en neurosciences des émotions, l'auteur souligne le caractère problématique de certains de leurs présupposés. L'argument principal est qu'elles mélangent souvent deux vocabulaires de nature différente, celui de la psychologie ordinaire et celui des sciences de la nature. Or nos concepts d'émotion ne s'appliquent pas à des états physiques ou chimiques du cerveau. Leur domaine d'application est celui des comportements qui ont un sens dans un univers socio-culturel. Cette critique ne minimise pas la contribution des neurosciences à la compréhension des émotions. Leur éclairage est indispensable s'il est vrai que les émotions sont des phénomènes biologiques, qui ont un réel « avantage adaptif ». Mais les émotions humaines sont des phénomènes biologiques transformés par un environnement social et culturel. Comment une telle transformation est-elle possible ? Cette question est peu posée en neurosciences, bien qu'elles se réclament de Darwin. Celui-ci y avait répondu en esquissant une théorie des habitudes d'expression d'émotions. L'ouvrage reprend ce fil conducteur, en s'appuyant sur l'apport du pragmatisme américain.
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Notre manière d'interpréter les affects paraîtrait étrange à quelqu'un d'une autre époque ou d'une autre culture. L'accent est désormais mis sur leur caractère d'expériences subjectives, auxquelles les personnes sont censées avoir un accès privé, direct et privilégié. Cette interprétation est en partie due à la relocalisation des sentiments, à l'époque moderne, dans l'intériorité du moi. La première partie du livre examine les différents problèmes posés par ce tournant internaliste, rappelant que les concepts psychologiques ne sont pas des noms pour des expériences subjectives. Pour soustraire les émotions à cette interprétation, il propose de les reconduire à l'action et de les replacer dans leur environnement et leurs situations. Il redéfinit également leur dimension cognitive en évitant de l'intellectualiser.
La seconde partie est consacrée aux émotions collectives. Après avoir évoqué leur explication par la psychologie des foules de la fin du XIXe siècle, et sa critique par Émile Durkheim, Louis Quéré présente et interroge différentes approches actuelles du phénomène en philosophie, en psychologie sociale et en théorie des organisations. Pour éviter leurs présupposés problématiques, il esquisse une explication inspirée de l'anthropologie des rituels de Marcel Mauss.
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Dynamiques de l'erreur
Christiane Chauviré, Albert Ogien, Louis Quéré
- EHESS
- Raisons Pratiques
- 26 Janvier 2009
- 9782713221699
L'erreur humaine, inévitable, est souvent affectée d'une valeur négative ; elle présente pourtant un potentiel positif. L'enjeu de cet ouvrage est de mettre à l'épreuve cette valeur positive, à travers des études de cas diverses : dans la science, dans le diagnostic, médical, dans la vie courante, etc.
Une nouvelle approche de l'usage de l'erreur L'étude de l'erreur se développe en grande partie aujourd'hui à partir de travaux de psychologie cognitive, qui traquent les erreurs de raisonnement, les biais cognitifs et la formation de croyances fausses et expliquent causalement ces phénomènes par des mécanismes inconscients ou des inclinations naturelles de l'esprit humain. Le problème est que, pour ce faire, ils doivent présupposer des normes absolues (de vérité ou de rationalité, de raisonnement déductif ou de raisonnement statistique) par rapport auxquelles les erreurs représentent des écarts mesurables.
C'est une tout autre approche que propose le présent ouvrage : analyser l'erreur sous l'angle de sa socialité c'est-à-dire en l'envisageant dans les multiples contextes et dans les dynamiques plurielles où elle se produit.
L'usage de l'erreur est examiné aussi bien dans la science que dans l'enseignement de la logique ; dans l'établissement des preuves au tribunal que dans la résolution de problèmes pratiques de la vie courante ; dans la délibération que dans la perception ; dans le diagnostic médical que dans la décision politique.
SOMMAIRE Présentation Erreur et perception J. Dokic - Méprises de la reconnaissance perceptive d'autrui. Entre illusion et erreur M. De Fornel et M. Verdier - Le risque d'erreur de diagnostic médical C. Chauviré - Faillibilisme et fiabilisme chez Peirce A. Ogien - Le non-lieu de l'erreur L'erreur pratique S. Laugier - How not to be ? Austin et l'erreur pratique B. Olszewska et L. Quéré - Erreurs pratiques, fautes et incongruités P. Livet - Erreur et révision D. Rivaud-Danset - Deux critiques du modèle de l'utilité espérée : erreur dans les hypothèses ou erreur de jugement ?
L'erreur en contexte M. Lynch - De la sociologie de l'erreur à la socialité de l'erreur C. Rosental - L'erreur en logique E. Picavet - L'acceptation de propositions jugées incorrectes dans les contextes institutionnels M.-O. Deplaude - De l'erreur en politique. Le cas de la régulation démographique du corps médical en France
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Les récits médiatiques (Réseaux Vol. 23 N° 132/2005)
Jocelyne Arquembourg, Alain Bovet, Sabine Chalvon-demersay, Jamil Dakhlia, Frédéric Lambert, Louis Quéré
- Hermes Science Publications
- 9 Décembre 2005
- 9782746213340
Présentation - pp.9-23COMMENT LES RÉCITS D'INFORMATION ARRIVENT-ILS À LEURS FINS ?
J. Arquembourg - pp.27-48LE TRAVAIL NORMATIF DU NARRATIF. Les enjeux de reconnaissance dans le récit médiatique O. Voirol - pp.51-71L'IMAGE EN ÉCHOS. Formes et contenus du récit people J. Dakhlia - pp.73-88VIES MINUSCULES, VIES EXEMPLAIRES : RÉCIT D'INDIVIDU ET ACTUALITÉ. Le cas des portraits of grief parus dans le New York Times après le 11 septembre 2001 A. Wrona - pp.93-108LA COMPOSANTE NARRATIVE DES CONTROVERSES POLITIQUES ET MÉDIATIQUES. Pour une analyse praxéologique des actions et des mobilisations collectives C. Terzi, A. Bovet - pp.111-132ADAPTATIONS TÉLÉVISUELLES ET FIGURES TEMPORELLES. Les sept visages des Misérables S. Chalvon-Demersay - pp.135-184LES DISPOSITIFS DE CONFIANCE DANS L'ESPACE PUBLIC.
L. Quéré - pp.185-217Notes de lecture - pp.219-230 -
Des miroirs equivoques - aux origines de la communication moderne
Louis Quéré
- Aubier
- 8 Janvier 1992
- 9782700702705
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La croyance et l'enquête aux sources du pragmatisme
Bruno Karsenti, Louis Quéré
- EHESS
- Raisons Pratiques
- 2 Janvier 2005
- 9782713220227
En sciences sociales, l'héritage du pragmatisme a été longtemps défini en termes d'inspiration intellectuelle. Mais n'y a-t-il pas d'autres manières de constituer un héritage intellectuel qu'en termes d'acceptation de vérités ou de dogmes ? Cette question a été à l'origine du volume. Remonter à la source du pragmatisme américain, relire Peirce, Dewey, James et Mead, c'est d'emblée poser la question de la façon dont elle irrigue la connaissance au présent, puisque le pragmatisme consiste justement à s'engager dans son procès réel. C'est cette forme d'engagement, avec le dépassement qu'elle implique de nombreux clivages traditionnels, que les études du volume examinent sous différents angles. Elle apparaît surtout par la centralité du thème de l'enquête, comprise à la fois comme pratique (réalisation d'opérations) et comme expérimentation. À travers l'enquête, le pragmatisme américain connote d'emblée la connaissance et l'action socialement.
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L'étude des émotions collectives exige une confrontation aux différentes théories de l'émotion. Dans les travaux contemporains, les émotions ne sont plus réduites, comme au début du xx e siècle, à des réactions instinctives ou à des sensations irréfléchies. Elles sont vues comme une véritable force organisatrice qui permet d'unifier des sensations, des actes et des événements épars dans la totalité de l'expérience. En un sens, toute émotion peut donc être dite sociale. Mais à quel moment devient-elle collective ?
L'analyse des émotions collectives concerne précisément le qualificatif « collectif », qui renvoie à une très grande hétérogénéité de phénomènes et pose ainsi problème.
Si l'une des caractéristiques communes des émotions dites « collectives » est d'être « partagées » ou encore éprouvées « ensemble », il reste à clarifier ces termes qui sont d'une grande ambivalence sémantique. En effet, les émotions ne peuvent pas être partagées comme peuvent l'être un bureau ou un repas. Et tout comme il y a plu- sieurs manières de partager un chagrin, une joie, une peur, une indignation, il y a plusieurs manières d'être, d'agir et de subir « ensemble ».
Les enquêtes théoriques et empiriques que présente ce volume déploient les diffé- rentes significations du terme « collectif » quand il s'agit des émotions, de mesurer leur pertinence et d'évaluer leur portée heuristique. Il est ainsi question des attentats, du populisme, du Téléthon.