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vincent descombes
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Le complément de sujet ; enquête sur le fait d'agir de soi-même
Vincent Descombes
- Gallimard
- Tel
- 25 Janvier 2018
- 9782072765476
Le XXe siècle philosophique a été traversé, en Europe, par la querelle du sujet. On en connaît les grandes étapes : le tournant idéaliste de la phénoménologie et la réaffirmation d'une orientation cartésienne de toute la philosophie (Husserl) ; l'essai d'une radicalisation existentielle de l'idée du rapport à soi (Heidegger et Sartre) ; la démystification structuraliste qui fit du sujet une illusion d'optique ou un effet de langage ; le dépassement des philosophies classiques de la conscience dans un dialogisme (Habermas) ; les travaux de restauration herméneutique d'un sujet rendu frugal par l'accent porté sur sa finitude, son historicité, sa dette (Gadamer, Ricoeur).
La guerre est finie. Les adversaires du sujet lui font une place à la condition que, tirant les leçons de l'expérience humaine, il soit divisé, fragmenté, souvent opaque à lui-même, voire impotent. Les tenants du sujet en conviennent, à la condition que l'idée n'en soit pas tenue pour illusoire. Tous concluent que le sujet avait été conçu, à tort, comme doté de deux attributs auxquels il n'avait pas droit : la transparence et la souveraineté. Mais aussi que le sujet réformé peut et doit conserver sa place architectonique dans notre conception générale du monde et notre propre statut cosmologique. Telle est la grande illusion de la philosophie morale, politique ou de la cognition.
Car il n'est pas certain qu'aujourd'hui la philosophie puisse dire ce qu'elle entend par sujet. Sauf à revenir à la conception élémentaire de sujet d'un agir soi-même.
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L'énonciation du vrai est-elle possible ?Le montrer revient à traiter de ce qu'il est convenu d'appeler l'inconscient. Celui-ci est souvent représenté comme une affaire de mauvaise volonté : on ne veut pas savoir, on ne veut pas dire. Mais l'hypothèse selon laquelle celui qui parle veut dire ce qu'il dit est celle de l'omniscience.L'inconscient n'est pas ce qu'on ne veut pas dire, mais ce qu'on ne sait pas dire. Exposer le concept d'inconscient appartient à la théorie de l'énonciation, si une telle théorie est possible. Elle l'est, si on peut montrer comment s'y est pris celui qui parle de l'énonciation pour dire ce qui arrive, non seulement à celui dont il parle, mais encore à lui-même qui en parle.
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lire platon est, pour tout philosophe, lire " la philosophie de tous les philosophes, la philosophie en personne ", précise vincent descombes dans ce texte, oeuvre d'un jeune philosophe, publié en 1971 et qui garde toute sa fraîcheur d'analyse et d'enthousiasme.
le lecteur ne doit pas chercher dans les dialoguer platoniciens une doctrine à laquelle adhérer, mais plutôt des exercices dans l'art dialectique. entendue au sens de platon, la dialectique est l'art de poser les distinctions sans lesquelles nous tombons dans la contradiction dès que nous avons affaire aux " grands genres de l'être ", comme le même et l'autre ou l'un et le multiple.
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Philosophie par gros temps
Vincent Descombes
- Éditions du Minuit
- Critique
- 1 Septembre 1989
- 9782707312914
Comment la philosophie doit-elle traiter de l'actualité ?
De tous côtés, on invite les philosophes à se prononcer sur le sens de l'époque.
Mais en quoi un philosophe serait-il plus qualifié que d'autres pour rédiger l'éditorial de votre journal quotidien ?
En réalité, la notion d'un " discours philosophique de la modernité " doit être rejetée. le sujet de la modernité appartient aux écrivains, aux critiques des moeurs, aux sociologues de l'individualisme. c'est d'ailleurs ainsi que baudelaire l'entendait dans ses pages sur la poésie de la vie moderne.
A la racine des confusions sur le sens philosophique du temps présent, il y a une assimilation abusive du moderne au rationnel. ceux qui ont posé cette équivalence ont été partout placés devant un paradoxe : le rationnel tel qu'ils le définissent ne parvient plus à se distinguer de l'arbitraire que par une différence elle-même arbitraire. position connue aujourd'hui sous le nom générique de " post-structuralisme ".
Il appartient maintenant aux philosophes de concevoir autrement les principes de la raison, de façon à éviter l'outrecuidance d'en réserver l'intelligence à la disposition légitime aux seuls citoyens du monde moderne.
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En 1994, dans la revue La Pensée politique, paraissait un article de Vincent Descombes intitulé " Philosophie du jugement politique ". Cet article explore les rapports du politique à la rationalité et à la moralité. Il fit grand bruit chez les philosophes au point que les plus brillants d'entre eux s'attelèrent à lui répondre. Leurs contributions furent publiées dans la même revue en 1995. C'est cet ensemble qui est ici proposé au lecteur.
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L'identité, dans les acceptions que ce terme revêt aujourd'hui, est une véritable énigme lexicale : elle désigne tout autant l'objet de contrôles sécuritaires policiers, un retour à la religion de ses parents, que, dans un guide touristique, la spécificité en voie de disparition d'un quartier. Reprenons. «Qui suis-je ?», «Qui sommes-nous ?», ce sont là ce qu'on appelle précisément des «questions d'identité». Nous comprenons spontanément de quoi il retourne parce que nous disposons d'un modèle : connaître l'identité de quelqu'un, c'est savoir comment il s'appelle. Toutefois, lorsque la question de l'identité est posée à la première personne, mon intention n'est pas d'apprendre quels sont mes nom, prénoms et qualité, comme si je devais passer un «contrôle d'identité». Que signifie le mot dès lors qu'il est utilisé avec le possessif («mon identité», «notre identité») et qu'il ne désigne pas l'énoncé d'un état civil ? Jadis le mot voulait dire exclusivement qu'il n'y a qu'une seule et même chose là où on aurait pu penser qu'il y en avait deux. Or, depuis quelques dizaines d'années, le mot a revêtu une signification autre, à savoir qu'il y a une chose ou un être qui possèdent la vertu d'être singulièrement eux-mêmes. Ainsi, que des guerres puissent éclater pour des questions qui ne relèvent pas strictement des intérêts matériels bien compris des antagonistes, nul ne saurait s'en étonner, sinon ceux qui nourrissent une conception utilitariste étriquée de l'être humain. En revanche, pourquoi est-ce le mot «identité» qui se trouve désormais chargé de signifier l'enjeu et l'objet de tels conflits ? Tel est donc le point précis soulevé par Vincent Descombes : dans tout cela, que vient faire le mot «identité» ? Et que reste-t-il du concept d'identité ?
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Le même et l'autre ; quarante-cinq ans de philosophie française (1933-1978)
Vincent Descombes
- Éditions du Minuit
- 1 Mars 1979
- 9782707302557
Cette étude vise à délimiter le terrain sur lequel ont été préméditées les diverses tentatives ayant animé la scène de la philosophie française depuis quarante-cinq ans, sans prétendre pour autant offrir un tableau exhaustif de la philosophie pendant cette période : il s'agit d'abord de provoquer la discussion.
Sur le thème " le même et l'autre ", c'est-à-dire la dialectique, l'exposé commence en 1933, avec l'ouverture du cours d'alexandre kojève consacré à la phénoménologie de l'esprit ; il se poursuit par la présentation des figures qui, de l'humanisme de l'après-guerre au perspectivisme des années soixante-dix, en passant par les structures de 60 et les désirs de 68, ont successivement représenté la philosophie sur la place publique.
Ainsi sont principalement examinées les positions de sartre et de merleau-ponty, des premiers structuralistes, de foucault, d'althusser, de serres, de derrida, enfin de lyotard et de deleuze.
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" oú placez-vous l'esprit ? " demandons-nous aux philosophes qui nous parlent du mental.
Or il y a deux réponses qui s'offrent à nous dedans, selon les héritiers mentalistes de descartes, de locke, de hume et de maine de biran, héritiers parmi lesquels on peut compter les phénoménologues et les cognitivistes ; dehors, selon les philosophes de l'esprit objectif et de l'usage public des signes, comme l'ont soutenu par exemple peirce et wittgenstein.
Mon propos dans ce livre est double. il est d'abord de soutenir la thèse de l'extériorité de l'esprit : l'esprit doit être placé dehors, dans les échanges entre les personnes, plutôt que dedans, dans un flux interne de représentations.
Il est ensuite d'apprécier la différence entre ces deux réponses du point de vue des sciences morales, ou " sciences de l'esprit ".
Cela permet de considérer dans des termes nouveaux la controverse sur les sciences humaines qui n'a pas cessé pendant tout ce siècle : herméneutique contre positivisme, philosophie du sujet contre structuralisme, individualisme méthodologique contre holisme du mental.
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Grammaire philosophique est le nom qu'on donnait, au moyen age, à l'étude de la manière de signifier quelque chose.
Il y a toujours plusieurs façons de dire quelque chose. la variation philosophiquement la plus intéressante n'est pas celle du lexique, mais celle de la construction grammaticale. le présent essai applique l'analyse philosophique à divers genres d'objets dont il est fait état dans les théories contemporaines : l'objet en tant qu'objet de l'ontologie, l'objet de conscience de la phénoménologie, l'objet de connaissance de l'épistémologie, l'objet de référence de la sémiologie, l'objet paradoxal du désir des doctrines du signifiant (psychanalyse, critique littéraire), enfin l'objet de fiction.
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Le raisonnement de l'ours et autres essais de philosophie pratique
Vincent Descombes
- Seuil
- La Couleur Des Idees
- 6 Septembre 2007
- 9782020959612
Comment éliminer la mouche qui empêche son ami le jardinier de dormir ? C'est la question que se pose le protagoniste de la fable de La Fontaine ' L'Ours et l'Amateur des jardins '. L'animal répond : en écrasant l'insecte au moyen d'un pavé. Et le poète de qualifier l'Ours de mauvais raisonneur.
Afin de mesurer la portée philosophique de cette leçon, il faut identifier le défaut du raisonnement de l'Ours ; et, pour cela, développer un concept de raison pratique qui échappe à l'alternative ruineuse d'une raison instrumentale, simple puissance de calcul au service de nos volontés arbitraires, et d'une raison pure qui n'aurait pas à tenir compte des fins humaines. L'Ours de la fable n'agit pas sans raisonner, pas plus qu'il ne manque de principes ; il agit selon une rationalité unilatérale, sur la base d'une définition incomplète des buts à atteindre par son intervention.
Se dessine alors une troisième voie, qui consiste à concevoir la raison pratique comme une capacité à déterminer l'action à accomplir par le truchement d'une délibération pondérée. C'est cette troisième voie que veulent explorer les essais qui composent ce volume. Ils sont répartis en quatre sections : philosophie de l'histoire, philosophie politique, philosophie juridique, philosophie morale.
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Lauréat du Grand Prix de Philosophie de l'Académie française, Vincent Descombes est aujourd'hui Directeur d'études à l'EHESS et membre du Centre de recherches politiques Raymond Aron. Il est l'un des rares philosophes français à s'inscrire dans le courant de la philosophie analytique, mouvement qui place la question du langage au centre de sa réflexion. Que savoir ? Comment dire ? Telles sont les questions que n'aura de cesse de poser le philosophe analytique.
Ces entretiens avec Philippe de Lara, maître de conférences à l'université Panthéon Assas, permettront aux non-spécialistes de découvrir l'essentiel de sa pensée. Vincent Descombes revient sur son parcours aux côtés de Paul Ricoeur, sa rencontre intellectuelle avec Russell, et dégage sa méthode conceptuelle, avant d'exposer et d'approfondir les questions qu'il aborde dans ses oeuvres, celle de l'identité, les rapports entre politique et langage...
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Bulletin de la Société française de philosophie Tome 3 : réflexions sur les questions d'identité
Vincent Descombes
- Societe Francaise De Philosophie
- Bulletin De La Societe Francaise De Philosophie
- 14 Novembre 2011
- 9782711650613
Si l'on parle aujourd'hui de questions d'identité, ce sera souvent pour caractériser des troubles et des crises, voire des conflits passionnés, qui paraissent mettre en cause, au moins aux yeux des intéressés, l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes et de leur dignité. Ces troubles et ces conflits sont alors qualifiés d'identitaires. Un tel usage du mot « identité », qui nous est venu initialement des psychologues, est récent. Auparavant, une question d'identité aurait eu le sens trivial d'un « Qui est-ce? ». Faut-il proscrire le nouvel emploi du mot « identité » en raison des confusions et des errements qu'il provoque? Puisque la difficulté est d'abord celle de notre langage, une solution philosophique s'offre ici : décider que nous n'avons jamais véritablement compris ce que voulait dire l'identité au sens de l'« identitaire », faire comme si nous devions réapprendre cet idiome de l'identitaire en vue d'enrichir notre psychologie morale. Pour cela, il nous faut évidemment partir de notre propre pratique de l'identification référentielle, c'est-à-dire de notre compréhension de l'identité au sens de l'identique.
Vincent Descombes est directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) où il est membre du Centre de recherches politiques Raymond Aron.
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Sujet, autonomie, liberté : les grands mots de la philosophie prétendent élucider les traits fondamentaux de la condition humaine. Mais il leur arrive parfois de s'éloigner des conditions de l'humanité. Comment alors penser un sujet qui soit quelqu'un ? Une autonomie qui soit quelque chose que nous pouvons réussir ou échouer à atteindre ?
Ces Exercices d'humanité montrent que la philosophie est une activité de clarification qui vise à dénouer les noeuds qui embrouillent notre esprit. En retravaillant nos conceptions de l'intériorité, de l'action et de la communauté politique, Vincent Descombes contribue à les sortir des ornières philosophiques qui les empêchent d'être proprement humaines.
Ces Exercices d'humanité sont une excellente introduction à la philosophie analytique.
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Imaginer l'autonomie : Castoriadis, actualité d'une pensée radicale
Collectif, Vincent Descombes, Florence Giust-Desprairies
- Seuil
- 3 Juin 2021
- 9782021435085
Ce recueil d'hommage à Cornélius Castoriadis, près de 20 ans après sa disparition, présente une série de discussions et de perspectives construites à partir des thèmes directeurs de sa pensée : l'auto-institution de la société et l'autonomie du sujet, l'imaginaire social, la défense de l'idée de révolution inséparable d'une critique du marxisme, etc. Des grands noms de la philosophie contemporaine (V. Descombes, B. Karsenti, F. Lordon...), de la sociologie (I. Théry...) explicitent ce qu'ils doivent à Castoriadis et montrent combien sa pensée reste inspirante à un moment de crise écologique et démocratique du capitalisme tardif.
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La philosophie du sujet a été l'un des piliers de la philosophie moderne et elle s'est concentrée, essentiellement depuis descartes, autour de l'idée selon laquelle le rapport primordial que nous entretenons au monde et à nous-mêmes relève de la connaissance.
Le débat entre vincent descombes et charles larmore naît d'une confrontation des leçons différentes qu'ils tirent d'un commun renversement de ce modèle de la philosophie classique du sujet.