Quoi de commun entre le cardinal Mercier et la semaine du bon langage ? Entre Quick et Flupke et le chocolat Côte d'Or ? Entre les navetteurs et la monarchie ? Une même question: y a-t-il une culture propre à la Belgique ? On en débat depuis près de deux siècles, et, sur ce thème, croyants et iconoclastes se déchirent. Mais si la controverse paraît inépuisable, c'est que la culture est pensée trop souvent comme une essence. Le présent essai entend plutôt l'aborder comme un effet de discours : comment le propos sur la « culture belge » est-il construit ? A quelles réalités vient-il donner sens ? A quelles autres vient-il, aussi bien, faire écran ? Dans sa quête, l'auteur se donne les armes de l'anthropologie et de la sémiotique, mais aussi et surtout celles d'une ironie à la fois implacable et complice.
Au siècle dernier, l'existence de l'Europe n'a jamais été vraiment questionnée. Il n'en va plus de même aujourd'hui. Elle garde des défenseurs, mais ses détracteurs occupent aussi largement la scène médiatique. Dans ce contexte, l'extrême droite revient en force, accompagnée d'une angoissante question: l'histoire va-t-elle bégayer?
L'Europe maîtrise les combats politiques, mais elle est désarmée devant les peurs, les fantasmes et le rejet des réfugiés qu'elle n'avait pas anticipés. Elle se ferme malgré elle et cela la fragilise. Dans cet ouvrage, l'auteure éclaire cette problématique de l'ouverture et de la fermeture sous un double éclairage: politique et psychologique. Mais elle apporte aussi une note d'optimisme, car le siècle qui se lève est aussi porteur d'espoir.
Aujourd'hui, en Europe, des jeunes réagissent. Friands des nouvelles technologies, ils proposent une « démocratie approximative », décomplexée, qui tente de maîtriser les changements. Leur but: faire mentir le TINA (There is no alternative) de Margaret Thatcher. Cette démocratie émergente a moins vocation de s'émanciper du politique que de le guider. L'auteure analyse sa portée socio-historique et salue la présence des associations laïques dans ces mouvements.
Le système instable, inégalitaire et insoutenable engendré par la mondialisation néolibérale a exacerbé l'insécurité économique et culturelle des classes moyennes et populaires. Le ressentiment des « perdants de la mondialisation » a débouché sur une « récession démocratique », illustrée par le déclin des partis traditionnels et la montée du national-populisme. La course à la compétitivité et aux profits sans limite accentue la concentration des richesses, les inégalités, les crises financières et les récessions mondiales. La combustion croissante d'énergies fossiles et la surexploitation des ressources naturelles ont provoqué des dégâts environnementaux irréversibles débouchant sur le changement climatique et la destruction de la biodiversité. Le choix ne se limite pas à préserver la société ouverte néolibérale ou à instaurer la société fermée prônée par le national-populisme, qui serait dans les deux cas inégalitaire et insoutenable. Des alternatives existent pour garantir une prospérité soutenable et partagée dans une société ouverte. Le défi consiste à opérer une transition écologique et sociale en vue d'instaurer un modèle de développement zéro carbone, respectueux des écosystèmes et équitablement réparti.
Composante essentielle de notre identité, la sexualité fascine, énerve, dérange. Aujourd'hui, plus que jamais, elle s'invite en permanence dans les débats politiques et philosophiques. Compagnon de route d'une forme de libération sexuelle et d'acquisition de droits sexuels et reproductifs, le planning familial, lieu de tous les possibles et de toutes les rencontres, n'est-il pas menacé par la résurgence des conservatismes?
Posant les jalons de l'histoire de l'éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (ÉVRAS) en Belgique, cet ouvrage tente d'en analyser les enjeux contemporains tout en insistant sur la nécessité d'une approche citoyenne de la sexualité. Il appelle enfin à une vigilance renforcée face au retour de l'ordre moral.
L'ÉVRAS : outre le fait que cet acronyme est encore méconnu du grand public, il n'est pas toujours facile de vulgariser l'importance de son apport au sein de l'enseignement, quand celui-ci a lieu. Quels sont les freins rencontrés lorsque l'on tente de faire entrer l'éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle - et de surcroît une ÉVRAS «?fiable?» - au sein des écoles?? Et une fois les portes ouvertes, quels sont les problèmes qui se posent lors de son enseignement, tant auprès des directions, du corps enseignant, que des enfants, des adolescents... et des parents?? Quels sont les fruits récoltés en fonction de l'âge?? Et pour quelles raisons devrait-on labelliser l'ÉVRAS et la rendre obligatoire à tous les niveaux?? Cet essai laisse parler l'expérience de terrain et entend répondre à ces questionnements en leur donnant corps et vie.
Quasi-interdiction de l'IVG en Pologne, recul des droits sexuels et reproductifs en Amérique centrale et dans le sud des États-Unis, propagande et actions homophobes en Europe centrale et de l'Est... La liste des attaques contre les droits des femmes et des personnes LGBTQI+ ne cesse de s'allonger. En apparence éloignées, ces régressions résultent d'une même offensive réactionnaire : l'action stratégique d'une coalition internationale d'organisations fondamentalistes chrétiennes. Campagnes, pétitions, contentieux stratégique devant les tribunaux nationaux et internationaux, lobbying auprès d'organisations internationales, alliance avec des partis politiques... Ses armes sont nombreuses. Ce livre explore les origines de ce mouvement, analyse ses méthodes et montre la résistance opposée par des femmes et des hommes attachés à la liberté.
La migration est l'impensé politique majeur de ce début de XXIe siècle. Gérée à reculons par les faits et la jurisprudence, la politique en matière migratoire a consisté, depuis la fermeture des frontières de 1974, à faire muer l'Europe en forteresse. L'État, construction sédentaire, méprise par nature le nomade qui vient rechercher une herbe plus verte.
Ce petit livre tente de tirer parti des principaux problèmes rencontrés par la question migratoire et de suggérer, au départ du droit cosmopolitique kantien et des conséquences tirées de la rotondité de la Terre, les formes que pourrait revêtir, demain, une meilleure prise en compte des enjeux migratoires inhérents à notre époque.
"« La politique extérieure », écrivait Alexis de Tocqueville, « n'exige l'usage de presque aucune des qualités qui sont propres à la démocratie et commande au contraire le développement de presque toutes celles qui lui manquent ».
« Une politique est condamnée à l'échec », lui rétorquait un siècle plus tard l'influent journaliste Walter Lippmann, « si elle viole délibérément nos promesses et nos principes, nos traités et nos lois ».
Ce débat entre l'intérêt et l'idéal accompagne l'histoire de la politique extérieure des États-Unis. Il met face à face les tenants de la Realpolitik et ceux qui estiment que l'Amérique doit fonder ses relations internationales sur l'affirmation de valeurs morales. Il illustre l'importance des voix dissidentes, cornes de brume et garde-fous de l'éthique, de la démocratie et de la raison.
Un débat américain ? Un débat universel, qui pose la question essentielle de la cohérence des démocraties face au monde tel qu'il est mais aussi face aux principes dont elles se réclament."
Pour des raisons différentes, les rescapés encombrent au Rwanda et dérangent en Belgique. Côté rwandais, le dispositif judiciaire inventé pour assumer le contentieux du génocide et réconcilier les Rwandais entre eux est d'une violence inouïe pour les survivants, même s'il est indéniable qu'il a permis de faire émerger des vérités et qu'il régule la cohabitation entre les tueurs et les victimes. Côté belge, malgré quatre procès en dix ans, notre pays continue d'abriter de présumés génocidaires. Négationnisme et cyberhaine se déploient à visage découvert ; l'un et l'autre posent la question de la considération accordée aux rescapés et humilient une seconde fois les dix mille personnes mises à mort, chaque jour, au printemps 1994. Les Nations unies étaient informées du plan d'extermination. La France a formé, assisté et exfiltré les bourreaux. Dix-huit ans après, où en sommes-nous ? Après un détour historique, ce livre aborde la difficulté de « vivre avec eux » et dénonce le négationnisme. Dominique Celis - Dominique Celis est agrégée en philosophie (ULg). Professeur de morale dans le secondaire supérieur, elle est actuellement collaboratrice politique. Elle a fondé Ni Putes Ni Soumises Liège et milite au R.A.P.P.E.L., Réseau d'actions pour la promotion d'un État laïque. Suite au génocide des Tutsi en 1994 qui décime une partie de sa famille maternelle, elle a écrit sur le sujet des articles, parus dans la revue Aide-Mémoire des Territoires de la Mémoire.
L'information prend vie sous la plume des journalistes, le martèlement des machines à écrire ou des claviers d'ordinateurs. Elle se disperse parfois en flux de tweets, emprunte tour à tour des calèches, des fils télégraphiques, des câbles en fibre optique. Les nouvelles n'existeraient pas sans ceux qui les confectionnent : reporters baroudeurs, employés précaires, ou journalistes salariés, ces professionnels de l'information qui voient leurs pratiques osciller entre artisanat et production industrielle. Tangible, le monde du journalisme est peuplé d'objets : stylo, carnet d'adresses, pigeon voyageur, satellite, ciseaux, logiciels, rotatives et open-space. Ils sont modelés par les usages tout autant qu'ils façonnent des routines. Au travers d'histoires concrètes de la production de l'information, ce livre donne à voir la matérialité d'un métier qui se renouvelle, balbutie, se réinvente.
Les médias de masse sont une aberration historique. En industrialisant l'information dès 1814, ils ont produit le mythe néolibéral qui nourrit notre imaginaire social de gauche à droite, en primant le « je » au lieu du « nous », le vaincre au lieu du vivre pour aboutir dans un monde qui ressemble à un Libertistan où liberté et prospérité font faillite.
Des exemples concrets montrent en quoi la confiance, le respect mutuel et l'échange sont des voies plus prometteuses. Les nouveaux médias les facilitent pourvu que les savoirs puissent être protégés. Or la science qui vainc les ténèbres et l'information perdent notre confiance parce que nous souffrons d'infobésité, de scientisme et d'un manque de projet. Nous sommes les architectes de l'avenir, le mythe néolibéral ne peut en venir à bout. Il n'est pas trop tard, mais il est grand temps. L'esprit des Lumières s'éteint, la raison se perd.
En Belgique, l'enseignement de la religion et de la morale est toujours organisé sur base du pacte scolaire de 1958. Or, le paysage convictionnel s'est profondément modifié, sous le double impact de la sécularisation et de l'immigration. L'idée d'une réforme s'impose de plus en plus comme une évidence, mais elle se heurte à des obstacles juridiques et politiques. Ce livre constitue un plaidoyer en faveur de l'organisation d'un cours commun d'éthique, de citoyenneté et de culture religieuse et philosophique (ECCR). Il met en évidence l'impérieuse nécessité d'introduire ce cours indispensable à l'apprentissage du vivre ensemble.
L'augmentation de l'espérance de vie, accompagnée d'un corps plus sain et en meilleure forme jusqu'à des âges avancés, a marqué les progrès médicaux de ces dernières décennies. Dans ce contexte, au-delà de la thérapie, le domaine de la santé a donné naissance à l' « augmentation humaine », déjà présente à de nombreux égards dans nos sociétés en quête de liberté, de bien-être et de performance.
Moins théorique que le transhumanisme et certainement moins utopique que le posthumanisme, le concept d' « homme augmenté » correspond aujourd'hui à une amélioration artificielle des capacités humaines à des fins utilitaires de santé ou, plus étonnamment, de travail. Cet essai propose au lecteur d'amorcer une réflexion sur cet homme amélioré, d'accumuler des idées pour lui permettre de prendre conscience de la problématique et de ses enjeux éthiques, et d'en faire sa propre philosophie.
Les Roms se tiennent à la croisée d'une mondialisation destructrice des différences et d'un empire marchand uniformisant, travaillant à la production d'un rebut humain. De la fabrication de la question rom aux discriminations dont sont victimes les Roms de nos jours, cet ouvrage interroge les mécanismes, les formes, les enjeux de la romaphobie actuelle en remontant aux origines de l'antitsiganisme séculaire.
Avec le soin de ne pas parler à la place des Roms, l'auteure a pris le parti d'aborder ces populations sous l'angle de leur choix de vie - qu'il soit contraint ou voulu - et livre aux lectrices et aux lecteurs une analyse du combat mené contre le nomadisme par des États régis par la sédentarité et le néolibéralisme.
La bête, qui a sévi tout au long de l'histoire, ne trépasse pas. En ces temps déraisonnables, elle rôde à nouveau.
Ce bref essai vise à démontrer que l'incitation à la haine est une entrave à la liberté d'expression. Interférant avec la pensée et court-circuitant la raison, elle est un déni d'humanisme. Le discours de haine fait appel aux émotions les plus primitives, exacerbe l'ostracisme, accentue l'obsession identitaire, accroît les antagonismes, déclenche le conflit. Il a été la cause première d'innombrables violences, commises tant sur des individus que sur des groupes de population, dont plusieurs, ayant eu lieu depuis le XVe siècle, sont rapportées dans cet ouvrage.
Le dilemme confrontant le monde judiciaire en la matière y est également commenté.
La société se doit de prévenir et contenir l'incitation à la haine de façon éclairée.
Les politiques d'asile et d'immigration cristallisent toutes les tensions et outrances. Et les migrants sont systématiquement utilisés comme un argument électoral, ajoutant ainsi une violence symbolique aux violences physiques et psychologiques souvent subies au cours de leur parcours migratoire.
Ce livre est issu de la rencontre entre un chercheur qui travaille sur les flux migratoires et le directeur d'une organisation humanitaire qui assiste et soigne au jour le jour migrants et demandeurs d'asile. Ensemble, ils avancent dix propositions: autant de balises pour penser enfin une politique d'asile et d'immigration qui ne soit pas dictée par la crise.
Pensé au départ pour la Belgique, cet ouvrage ambitionne de lancer des pistes pour une véritable politique européenne. Avec, en filigrane, une question : quelle alternative proposer aux politiques menées actuellement?
Dans la tradition populiste américaine, l'histoire et les enjeux politiques sont réduits à une opposition agressive entre un peuple « majoritaire, homogène et travailleur » et une élite « minoritaire, hétérogène et paresseuse ». Et si le populisme n'est pas un système d'idées en tant que tel, il se greffe sur des idéologies, de droite et de gauche, parfois aux extrêmes.
Cet ouvrage se penche sur la signification du populisme aux États-Unis dans une perspective idéologique et historique. Avec le People's Party, Huey Long et Jesse Jackson à « gauche », Arnold Schwarzenegger et Donald Trump à « droite », Ross Perot et le Tea Party (populisme fiscal), et enfin Pat Buchanan à l'extrême droite, les exemples foisonnent.
L'auteur montre ainsi que le populisme est profondément ancré dans la vie politique américaine depuis ses origines. Il ne se résume donc pas à l'une de ses formes les plus connues - le populisme d'extrême droite - et ne constitue pas automatiquement une menace pour la démocratie américaine.
L'individu privatisé, c'est nous, c'est vous!
Jadis citoyens, nous avons été transformés en entrepreneurs de nos vies dans la société néolibérale. Une société qui régit la quasi-totalité de la vie et torpille les fondements de la démocratie politique. Or, tout ceci n'est pas vain. Personne ne peut devenir ou redevenir citoyen là où ne subsiste aucune cité.
Comment développer une contre-offensive permettant l'avènement d'un modèle de société propice à l'épanouissement du citoyen? Après avoir été mis à l'encan ou géré selon les critères du privé dans ce modèle néolibéral, pourquoi et comment le service public devrait-il et peut-il être le fer de lance de cette émancipation politique? Comment le service public, non pas présenté comme l'inertie de ce qui est mais comme la créativité de ce qui devient, est-il à même d'induire et de favoriser ce changement? Telles sont les questions auxquelles ce modeste ouvrage envisage de répondre.
La Belgique est un État laïque, ou presque. Sa Constitution résolument séparatrice le montre. Toutefois, elle continue à faire la part belle aux cultes: en les finançant; en admettant qu'ils interviennent dans l'enseignement public, par les cours de religion; en perpétuant leurs privilèges archaïques dans l'espace public. Surtout, survivance d'une histoire elle aussi dépassée, elle maintient à grands frais deux réseaux d'enseignement, l'officiel et le libre.
Dans cet essai décapant, Jean-Philippe Schreiber invite à tourner la page, pour revenir à une authentique laïcité constitutionnelle: en mettant fin, progressivement, au financement public des cultes et aux cours de religion dans l'enseignement officiel, en abrogeant les derniers symboles religieux dans l'ordre public et en évoluant vers un réseau scolaire unique, sous l'autorité de l'État.
La télévision, vous la regardez, mais cela vous regarde. Face à la surenchère croissante des intérêts commerciaux dans l'évolution des chaînes, le contrepoids le plus fiable reste la pression des usagers du petit écran. Sans cette pression, il n'y aurait ni journal des enfants à la RTBF (les Niouzz), ni tarification des 0900 sur RTL TVi, ni diffusion d'un avis de prévention avant les films X sur Canal+, ni mention dans Ça va se savoir, sur AB3, que les "témoins" sont en réalité des comédiens. Cas d'école et tactiques à l'appui, Bernard Hennebert indique concrètement comment et avec quelle marge de manoeuvre le téléspectateur peut interpeller les chaînes, les télédistributeurs, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel ou encore les autorités politiques compétentes.
La fin du livre ? On l'annonce pour demain depuis le berceau des incunables. S'adressant à une lectrice (imaginaire) qui s'inquiète de l'avenir de la lecture, Hubert Nyssen, fort de sa double expérience d'écrivain et d'éditeur, passe au tamis, avec humeur et humour, les craintes, les espérances, les prévisions et les prophéties qu'inspire le spectre continuellement brandi de la crise du livre. D'autres plumes, sur ce sujet, eussent été sentencieuses, moroses ou usurpatrices. De la sienne, l'encre a coulé de source.
Nous vivons aujourd'hui dans une société multiculturelle et qui se doit d'être pluraliste. Mais peut-être avons-nous trop vite fait le constat que nous serions irrémédiablement conduits pour autant à reconnaître des droits spécifiques à de prétendues « minorités », et à mener des politiques multiculturelles actives pour compenser les discriminations sociales. Pour y pousser, pourtant, la pression religieuse s'insinue partout et, conjuguée aux revendications identitaires, mène à la fragmentation de nos sociétés.
L'égalité démocratique est ainsi en crise. Cet essai tend à montrer qu'il est néanmoins possible de concilier la défense résolue des principes démocratiques universels et le pragmatisme juridique, politique et pédagogique que peut nécessiter le pluralisme. L'équilibre, dans nos sociétés en forte mutation, est bien entendu malaisé à atteindre: il suppose d'évaluer en la matière ce qui est négociable, et ce qui n'est pas négociable. Mais, surtout, cet équilibre ne peut entamer la triade fondamentale du socle démocratique: l'égalité, la fraternité et la liberté des citoyens.
Un spectre hante l'Europe: celui du populisme. Pour autant, le populisme constitue-t-il une réelle menace pour les systèmes politiques traditionnels? Cette façon de faire de la politique incarne-t-elle une mouvance susceptible de rejouer des scénarios comparables à ceux des années 30? Ce concept mal bâti nous empêche-t-il de percevoir et de mesurer ce qui est à l'oeuvre dans nos États aux institutions affaiblies? Est-il une appellation erronée pour désigner des aspirations populaires légitimes nées d'une mondialisation mal maîtrisée?
Ces questions sont au coeur de ce livre, construit au départ d'une mise en perspective de l'utilisation historique de la notion et d'un dialogue avec cinq intellectuels européens. Les élections en France, en Italie, en Grèce, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne y sont abordées comme autant de moments d'une nouvelle « grande transformation » des sociétés nationales en Europe.
La Belgique s'est dotée en 2002 d'une loi qui dépénalise sous conditions la pratique de l'euthanasie. Ce sujet soulève et soulèvera encore de nombreuses questions qui relèvent autant de l'éthique, que de l'idéologie. Face à une opposition toujours active et parfois hostile, il est nécessaire de recentrer le débat et surtout d'apporter les éléments de réflexion qui permettent d'aborder la question de manière pragmatique et non partisane, et certainement pas moralisatrice.
La question de la clause de conscience et de son éventuelle extension à l'échelle institutionnelle (il conviendrait de dire politique institutionnelle) est ici abordée, au même titre que le concept de dilemme moral, sous l'angle de la pratique médicale. L'auteur déconstruit les arguments avancés par les opposants au cadre légal ou à la pratique même de l'euthanasie par la démonstration de leur inconsistance.