L'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 a été un choc pour le monde entier. Pourquoi Poutine a-t-il déclenché cette guerre ? Et pourquoi cela paraissait-il inimaginable auparavant ? Les Ukrainiens ont résisté à une armée supérieure à la leur ; l'Occident s'est uni, tandis que la Russie a accru son isolement international.
Serhii Plokhy, éminent historien de l'Ukraine et de la guerre froide, offre une analyse incomparable de ce conflit, de ses origines, de son déroulement et de ses conséquences probables et déjà apparentes.
Les racines de cet affrontement s'enfoncent au plus lointain de l'effondrement impérial et des tensions post-soviétiques des XIXe et XXe siècles. Dressant un large tableau du contexte historique et culturel de l'Ukraine et de la Russie, Plokhy soutient que si cette nouvelle guerre froide n'était pas inévitable, elle était prévisible. L'Ukraine est restée au centre de l'idée que la Russie se fait d'elle-même, alors que les Ukrainiens ont suivi une voie radicalement différente.
Dans un nouvel environnement mondial marqué par la prolifération des armes nucléaires, la désintégration de l'ordre international post-guerre froide et une résurgence du nationalisme populiste, l'Ukraine est plus que jamais la ligne de fracture la plus sensible entre le monde de l'autoritarisme et l'Europe démocratique.
Nouvelle version de "The Compatriots, The Brutal and Chaotic History of Russia's Exiles", Émigrés, and Agents abroad publié aux États-Unis en 2019, cet ouvrage - dont Jonathan Littell a eu l'idée de la traduction française - relate l'histoire de l'instrumentalisation par le pouvoir soviétique puis russe de la diaspora exilée, ou comment la Russie dès Lénine a utilisé les citoyens russes pour former une diaspora d'espions, de politiques, ou d'oligarques pour servir les intérêts de la mère-patrie, Russie d'hier et d'aujourd'hui en passant par l'ex-URSS. Cette nouvelle édition est largement enrichie de leur enquête sur les empoisonnements récents de Vladimir Kara-Murza et d'Alexeï Navalny et sur la récente vague d'immigration massive d'opposants depuis le début de la guerre en Ukraine - dont leur expérience personnelle et douloureuse fait partie.
La guerre en Ukraine, l'effrayante répression de Poutine contre les leaders opposants, les dissidents politiques et les journalistes ont provoqué une nouvelle vague d'immigration, de la Géorgie à la Thaïlande, de la France aux Pays Baltes. Ces nouveaux émigrés ont pour traits communs un haut niveau d'éducation, un état d'esprit libéral et d'être originaire des grandes villes. Ils n'ont d'espoir de retour qu'à la condition d'un changement de régime.
Ces nouveaux exilés ne veulent pas attendre les bras croisés que le changement advienne. Ils se sentent l'âme de la nation ; ils ont maintenu vivant leur lien avec le public russe en l'abreuvant tous les jours d'informations non-censurées grâce à la globalisation et à Internet. Parmi eux, les auteurs de ce livre. Émigrés eux-mêmes deux ans avant la guerre au début de laquelle ils furent inscrits sur la Wanted list des autorités russes pour leurs enquêtes, ils risquent aujourd'hui dix ans de prison s'ils reviennent en Russie.
Nul n'était aussi bien armé que François Dosse pour relever le défi : une histoire panoramique et systématique de l'aventure historique et créatrice des intellectuels français, de la Libération au bicentenaire de la Révolution et à la chute du mur de Berlin.
Son Histoire du structuralisme en deux volumes, son attention à la marche des idées, ses nombreuses biographies (de Michel de Certeau, Paul Ricoeur, Pierre Nora, Cornelius Castoriadis) lui ont donné, depuis vingt ou trente ans, une connaissance assez intime de la vie intellectuelle de la seconde moitié du XXe siècle pour lui permettre de couronner son oeuvre par une tentative de cette envergure.
Le premier volume, 1944-1968, couvre les années Sartre et Beauvoir et leurs contestations, les rapports contrastés avec le communisme, le choc de 1956, la guerre d'Algérie, les débuts du tiers-mondisme, l'irruption du moment gaullien et sa contestation : un temps dominé par l'épreuve de l'histoire, l'influence du communisme et la progressive désillusion qui a suivi.
Le second volume, 1968-1989, va de l'utopie gauchiste, de Soljenitsyne et du combat contre le totalitarisme, à la 'nouvelle philosophie', l'avènement d'une conscience écologique, la désorientation des années 80 : un temps marqué par la crise de l'avenir et qui voit s'installer l'hégémonie des sciences humaines.
Ce ne sont là que quelques-uns des points de repère de cette saga, qui embrasse une des périodes les plus effervescentes et créatrices de l'intelligentsia française, de Sartre à Lévi-Strauss, de Foucault à Lacan.
Le sujet a déjà suscité une énorme bibliographie, mais une fresque de pareille ampleur est appelée à faire date.
Nul n'était aussi bien armé que François Dosse pour relever le défi : une histoire panoramique et systématique de l'aventure historique et créatrice des intellectuels français, de la Libération au bicentenaire de la Révolution et à la chute du mur de Berlin.
Son Histoire du structuralisme en deux volumes, son attention à la marche des idées, ses nombreuses biographies (de Michel de Certeau, Paul Ricoeur, Pierre Nora, Cornelius Castoriadis) lui ont donné, depuis vingt ou trente ans, une connaissance assez intime de la vie intellectuelle de la seconde moitié du XXe siècle pour lui permettre de couronner son oeuvre par une tentative de cette envergure.
Le premier volume, 1944-1968, couvre les années Sartre et Beauvoir et leurs contestations, les rapports contrastés avec le communisme, le choc de 1956, la guerre d'Algérie, les débuts du tiers-mondisme, l'irruption du moment gaullien et sa contestation : un temps dominé par l'épreuve de l'histoire, l'influence du communisme et la progressive désillusion qui a suivi.
Le second volume, 1968-1989, va de l'utopie gauchiste, de Soljenitsyne et du combat contre le totalitarisme, à la 'nouvelle philosophie', l'avènement d'une conscience écologique, la désorientation des années 80 : un temps marqué par la crise de l'avenir et qui voit s'installer l'hégémonie des sciences humaines.
Ce ne sont là que quelques-uns des points de repère de cette saga, qui embrasse une des périodes les plus effervescentes et créatrices de l'intelligentsia française, de Sartre à Lévi-Strauss, de Foucault à Lacan.
Le sujet a déjà suscité une énorme bibliographie, mais une fresque de pareille ampleur est appelée à faire date.
Développement économique vertigineux, montée en puissance impressionnante, modernisation militaire sans précédent, passions nationalistes souvent incandescentes, confrontation de plus en plus intense avec les États-Unis, tous ces ingrédients connus semblent conduire immanquablement la Chine à la guerre.
Les causes immédiates d'un conflit armé ne manquent pas : les prétentions de Pékin en mer de Chine du Sud, le conflit territorial sino-japonais autour des Senkaku (Diaoyu) et surtout la volonté farouche de Xi Jinping de réunifier Taiwan à la République populaire constituent les principaux barils de poudre qui peuvent à tout moment exploser. De fait, les prédictions d'un affrontement militaire dans le détroit de Formose d'où la Chine sortirait vainqueur se multiplient.
Pour l'heure, ce que l'on observe avant tout est une utilisation de plus en plus fréquente par le gouvernement chinois de ce qu'on appelle les "zones grises" entre la paix et la guerre. Cette stratégie s'est étendue, en 2020, à la longue frontière sino-indienne. Ce nouveau modus operandi permet aussi à l'Armée populaire de libération (APL) et aux autres agences de sécurité chinoises d'améliorer leur capacité de projection de forces et leur préparation au combat. Mais les enjeux d'une guerre ouverte, et pas uniquement avec les États-Unis, restent énormes, incitant l'APL à d'abord envisager des "opérations extérieures" plus limitées et moins dangereuses.
Pour ces raisons, bien que nul ne puisse contrôler les passions humaines, et sans pour autant exclure l'irruption de crises militaires, la Chine et les États-Unis s'orientent plus vers une guerre froide d'un nouveau type que vers une guerre chaude qui pourrait rapidement se nucléariser.
Simon Leys (1935-2014) fut partagé entre la Belgique, où il est né, la France, où il a publié et connu les temps forts de sa vie intellectuelle, l'Australie, où il a trouvé les conditions idéales pour concevoir son oeuvre, et la Chine, qu'il a découverte en 1955 et dont il a dénoncé avec une rare clairvoyance le naufrage maoïste dans ses pamphlets mondialement célèbres : Les Habits neufs du président Mao (1971) et Ombres chinoises (1974). De Victor Hugo, Leys disait que l'exil avait été pour lui une 'seconde naissance' parce que ce fut sa période la plus féconde. L'Australie ne fut jamais un exil pour Leys, mais elle fut assurément le lieu d'une nouvelle naissance. Pas une deuxième, mais une troisième : quand il devint auteur de langue anglaise, Simon Leys était déjà un écrivain non seulement de langue française, mais de langue chinoise. Et sa calligraphie fait toujours l'admiration des Chinois.
Car avant de s'ériger en pourfendeur du maoïsme, Simon Leys fut, sous le nom de Pierre Ryckmans, un grand sinologue et un spécialiste de la peinture chinoise. Il fut aussi romancier, essayiste et critique littéraire, en anglais comme en français. Il fut enfin marin. Adolescent, il s'était initié à la voile aux Glénans, et sa passion pour la mer ne le céda bientôt plus qu'à celle pour la Chine. Leys consacra sa vie à naviguer sur les mers et les océans, mais aussi entre les langues, les cultures et les mondes.
Prix de la meilleure biographie 2016 LiRE
Début 1941 : des groupes de militaires, d'hommes politiques et d'intellectuels échafaudent chacun de leur côté des plans de résistance à grande échelle sur le plateau du Vercors. De tous horizons politiques et sociaux, ces hommes sont unis par des objectifs communs :
vaincre l'occupant, restaurer la fierté de la France et faire du Vercors le lieu de naissance d'une nouvelle République.
Grâce aux armes et aux agents parachutés par les Alliés, ils devront se soulever le jour du Débarquement afin de détourner les Allemands des plages de Normandie. Mais sitôt passés à l'action ils sont abandonnés et laissés seuls face à la puissance de l'armée allemande : quatre mille cinq cents jeunes maquisards mal équipés face à douze mille Allemands lourdement armés.
Ce livre retrace le parcours héroïque de ces maquisards du Vercors, depuis l'idéalisme des débuts et les erreurs de jugement, jusqu'à la trahison des états-majors et au désespoir des combattants, pour finir dans un des pires massacres de la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, après une écrasante défaite initiale, les survivants, aussi inexpérimentés, mal dirigés, sous-armés et submergés par le nombre qu'ils soient, parviennent à se réfugier dans la forêt. Traqués par l'ennemi, affamés, ils trouvent les ressources pour riposter et transformer une défaite quasi certaine en une victoire finale.
Cette histoire est celle de la plus grande bataille livrée par la Résistance durant toute la guerre et celle des représailles les plus brutales jamais infligées par les Allemands en Europe occidentale. C'est une histoire d'hommes aux proportions épiques.
Produit de la guerre froide, née de la volonté de l'URSS de coordonner l'activité des polices politiques communistes, l'Internationale tchékiste s'enracine dans une idéologie inventée au milieu des années 1920 à la mort du fondateur de la Tcheka, Felix Dzerjinski.
Le tchékisme se caractérise par sa capacité de transferts vers les démocraties populaires après 1945 et par sa résilience idéologique. Si chaque police politique défendait clairement des intérêts nationaux, ces derniers pouvaient parfaitement être compatibles avec un intérêt supérieur commun à tous les pays du bloc de l'Est. Au lieu d'opposer les dimensions internationale et nationale, l'auteur les associe dans le cadre d'une analyse à l'échelle d'un espace géopolitique encore trop souvent marqué par des clichés hérités de la guerre froide.
Entre le décret du 12 novembre 1938, qui permit d'interner les «indésirables étrangers» dans des centres spécialisés, et la libération du dernier interné en 1946, six cent mille hommes, femmes et enfants ont été enfermés dans les camps français. Denis Peschanski fait ici l'histoire d'un phénomène à la fois durable et massif, que de rares ouvrages pionniers n'avaient abordé que partiellement.
La France des camps, à partir d'une cartographie précise, dessine la géographie inattendue d'un archipel. Deux cents camps, avec leurs bâtiments, leurs aménagements, une administration, des ministères de tutelle aux gardiens, des rapports socio-économiques avec leur région, une société internée, des solidarités, une entraide officielle et non officielle, dont la description concrète est permise par des archives abondantes, auquxquelles s'ajoutent les témoignages poignants des internés eux-mêmes.
Un épisode crucial de l'histoire de la France en guerre est là retracé, face aux simplifications des reconstructions mémorielles dans sa diversité, sa complexité : son exacte réalité.
Des palais de la monarchie des Habsbourg aux chambres de torture de l'Union soviétique, ce livre fait le récit d'un vie hors du commun, suspendue entre l'effondrement des empires centraux, consécutif à la Première Guerre mondiale, et l'émergence de l'Europe moderne.
William de Habsbourg, le Prince rouge, porta l'uniforme d'un officier autrichien, l'habit de cour d'un archiduc de Habsbourg, le simple costume d'un exilé parisien, le collier de l'ordre de la Toison d'or et, de temps à autre, une robe. Il parlait le polonais dans lequel il avait été élevé, l'italien de sa mère, l'allemand de son père, l'anglais de ses amis britanniques de sang royal et l'ukrainien de la terre sur laquelle il espérait régner.
Parvenu à la majorité pendant la Grande Guerre, il avait rejeté sa famille pour se battre aux côtés des Ukrainiens. Quand le rêve de devenir leur roi s'effondra, il devint tour à tour un allié des impérialistes allemands, un célèbre noceur français, un monarchiste autrichien enragé, un adversaire de Hitler et un espion de Staline pour le compte des Anglais et des Français.
Sur fond de capitales européennes et de champs de bataille, de stations de ski et de cellules de prison, Le Prince rouge saisit un moment unique de l'histoire de l'Europe où l'ordre ancien cède brutalement la place à un avenir incertain dans lequel toute chose, y compris l'identité elle-même, semble à saisir.
La Corée du Nord est le pays le plus haï, mais aussi le plus mal connu de la planète.
Comprendre les ressorts d'un système totalitaire sans équivalent par son monolithisme idéologique, l'inscrire dans son espace et dans son temps pour en saisir l'ancrage et décrypter le fonctionnement d'une économie émergente, de facto de marché : tel est l'objet de ce livre.
La Corée du Nord est le fruit d'une histoire disputée : colonisée par le Japon (1910 1945) puis divisée par les États-Unis et l'URSS en 1945, partition entérinée trois ans plus tard et contestée par une guerre fratricide (1950-1953), et restée depuis sans traité de paix.
Kim Il Sung au pouvoir a élevé la lutte de libération au rang de récit fondateur et organisé le pays sur le modèle d'une unité de guérilla, entretenant la population dans une mentalité d'assiégé permanent. La résilience de cet 'État-guérilla' est sans doute à chercher moins dans son caractère stalinien que dans un nationalisme invétéré.
La Corée du Nord évolue néanmoins vers une économie hybride, où la frontière entre secteur public et initiative privée est de plus en plus floue et qui génère de profondes mutations sociales.
Cette évolution interne a pour toile de fond des enjeux géostratégiques : les risques entraînés par les ambitions nucléaires de Pyongyang, les visées hégémoniques du puissant voisin chinois et le retour de la Russie dans le Grand Jeu diplomatique.
Des shérifs mythiques de l'Ouest au NYPD, des Texas Rangers au FBI, les forces de police américaines sont célèbres dans le monde entier. Véritables produits d'exportation promus par la télévision et par le cinéma, elles sont souvent prises pour modèles à l'étranger. Pourtant, si elles ont parfois été créditées de résultats exceptionnels, comme à New York dans les années 1990, elles sont aujourd'hui plus que jamais accusées de brutalité et de racisme institutionnel. Les manifestations de Ferguson et les images d'abus filmés par les téléphones portables ont porté leur réforme au coeur du débat politique américain et en ont fait une des questions les plus clivantes dans l'opinion.
Malgré cette centralité, elles sont mal connues du public, surtout hors des frontières des États-Unis. Le présent ouvrage vient de manière synthétique combler cette lacune. Faire la police, enjeu de pouvoir, est aussi faire société. En replaçant l'histoire du maintien de la loi et de l'ordre dans ses déterminants constitutionnels, en étudiant l'image des polices projetée par elles-mêmes, par la fiction et aujourd'hui par les réseaux sociaux, en examinant enfin les attaques dont elles font l'objet et les transformations qui en résultent, Didier Combeau apporte ici un éclairage indispensable à la compréhension des réalités américaines.
Bernard Faÿ n'est plus guère connu aujourd'hui que pour son rôle dans la répression de la franc-maçonnerie sous le régime de Vichy. Son action à la tête de la Bibliothèque nationale de 1940 à 1944 lui valut les travaux forcés à la Libération.
Intrigué par le destin de cet intellectuel passé de Proust à Pétain et de l'avant-garde à la collaboration, Antoine Compagnon, dont Bernard Faÿ fut un lointain prédécesseur à l'université Columbia de New York, puis à Paris, au Collège de France, renouvelle en profondeur une enquête entamée par les historiens. Car l'homme demeurait très mystérieux.
Quels démons ont pu pousser cet américaniste éclairé, ouvert au monde moderne, familier de Gide, Cocteau, Crevel et Picasso, intime de Gertrude Stein, aux engagements les plus funestes auprès des autorités d'occupation et de leurs complices français, aux compromissions les plus basses avec la police et la SS? Comment cet homme de haute culture, infirme et esthète, inverti et religieux, a-t-il pu consentir à l'ignominie de la délation? Et pourquoi ne s'est-il jamais repenti?
Tragique époque, ténébreux caractère, troublant portrait.
Il y a cinquante ans, le 31 mai 1962, Adolf Eichmann était exécuté dans une prison près de Tel-Aviv. Son procès fleuve, ouvert à Jérusalem un an auparavant, le 11 avril 1961, a fait de lui le symbole même de la Shoah : nul plus que lui n'est à ce point identifié à l'extermination des Juifs. Comment ce personnage, que beaucoup se sont plu à présenter comme falot, dépourvu d'intelligence, a-t-il pu devenir l'incarnation même du Crime?
C'est en juriste que Claude Klein tente de répondre à la question par une analyse de la conduite du procès, du jugement et, finalement, des polémiques qui les ont accompagnés. Surtout, il le présente dans leur cadre israélien. Le cas Eichmann apparaît dès lors sous un jour nouveau, l'auteur soulignant à quel point il a contribué à façonner l'État d'Israël dans sa revendication à représenter le peuple juif.
Au-delà, Claude Klein se demande si le procès Eichmann ne pourrait être perçu comme un maillon d'une chaîne qui, de Nuremberg, mène au Tribunal pénal international et à la compétence universelle. Une compétence qui, par un curieux retournement de l'histoire, menace aujourd'hui de frapper certains des dirigeants d'Israël lors de leurs déplacements à l'étranger en raison de poursuites intentées contre eux dans plusieurs pays.
Comment, à partir d'un morceau de papier pelure déchiré en deux endroits, grossièrement recollé avec du scotch et portant un texte manuscrit, l'avenir d'un homme va totalement basculer. Jacques Kayser nous offre un livre très complet sur l'Affaire Dreyfus, sur la genèse et la montée en puissance de cette affaire dans laquelle le déferlement de haine, d'antisémitisme, et de dissimulation fut sans précédent.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
La commission chargée de délimiter les frontières du Maroc, se reportera sans doute au livre de Jérôme Carcopino. Le célèbre historien de la Rome antique, expose ici tout ce que nous savons du Maroc avant l'Islam.
Cette histoire se résume en deux conquêtes qui, du point de vue de l'histoire et du progrès, furent bénéfiques : celle des Phéniciens et celle des Romains. Carthage, grâce à ses flottes, représente - pendant cinq ou six siècles - le monde extérieur ; les Maures contribuent à sa grandeur, tandis que leur pays devient le grand marché de l'or.
Sous le règne d'Auguste, Rome entre en jeu et fonde un protectorat prospère, un des greniers de l'Empire, grâce à son blé, ses oliveraies, ses pêcheries. C'est le temps, avant la conquête islamique, où l'Afrique du Nord est « un immense jardin ».
« Le Maroc antique » comporte également l'étude détaillée d'un des plus grands exploits maritimes, le périple d'Hannon.
Au XVIIIe siècle, l'Histoire était généralement exempte des passions nationales : les historiens du XIXe siècle et, plus que tous les autres, les historiens allemands s'y adonnèrent avec une croissante frénésie. Ils transformèrent en arsenaux les archives.
L'Europe du XXe siècle est sans doute trop menacée, elle devient trop misérable pour le luxe monstrueusement onéreux de ses antagonismes nationaux. Elle doit prendre, et elle prendra, une conscience toujours plus claire de ses profondes solidarités.
Aux histoires de ses diverses patries, elle substituera celle de leur commun passé.
Ce premier volume considère l'Occident chrétien d'Attila à Tamerlan : c'est l'épopée de la Chrétienté gothique. Entre la Louve et le Croissant, l'Europe, qu'après le désastre de Rome l'Asie menace de submerger, se ressaisit et se reforme : les Croisés poussent ses frontières jusqu'à la Syrie. Les contradictions du césaropapisme, les guerres intestines, les hérésies, la retombée de l'élan vital - dans l'Islam comme dans la Chrétienté - ouvrent une chance nouvelle à l'Asie, qui, en cinq siècles, produit les empires formidables et précaires des Khitais, des Ghaznévides, des Seldjoucides, de Gengis Khan, de Mengou, de Bajazet, de Tamerlan. Si bien qu'à la fin du XVe siècle, l'Occident paraît promis aux mêmes périls qu'il avait surmontés entre le Ve et le Xe siècle. Il va d'ailleurs les surmonter encore par un nouveau miracle culturel : les grandes découvertes, l'humanisme et la Renaissance ; les sédentaires l'emportent décidément sur les nomades.
Ce millénaire, si longtemps méconnu, est pourtant celui qui comporte pour nous les plus précieuses leçons.
En janvier 1327, le royaume d'Angleterre prit comme souverain Édouard III Plantagenet, fils du très impopulaire Édouard II, chassé du trône ; 13 mois plus tard, le dernier des trois fils de Philippe le Bel, le Capétien Charles IV, mourut au royaume de France. Sans héritier mâle, c'est donc son cousin germain, Philippe VI de Valois qui fut appelé à lui succéder. Ce sont ces deux événements presque concomitants, qui décidèrent d'une nouvelle phase de l'histoire des royaumes d'Occident, caractérisée par une lutte acharnée et plus que séculaire entre les deux dynasties, lutte à laquelle on a réservé le nom de guerre de Cent ans.
Avec le XVIe siècle, un monde finit et un autre monde naît. C'est une banalité, mais aussi une vérité. Depuis plusieurs millénaires, une culture méditerranéenne se cherchait, se trouvait, se perdait, s'effondrait et se rebâtissait derechef ; désormais, une culture atlantique s'élabore ; sa tragique éclosion n'est sans doute pas terminée.
Elle en est encore à sa période épique. Et les peuples artisans de cette épopée n'ont pas encore pris une conscience claire de sa grandeur.
L'épopée européenne aura ses Homères et ses Plutarques ; on sait bien, on finira par sentir que les navigateurs occitaniens ont modifié à jamais l'équilibre millénaire du monde en faisant entrer en scène les Amériques ; l'oeuvre des Russes, qui n'est guère moins grande, est encore plus ignorée. Depuis l'origine des civilisations, les nomades de la steppe avaient abattu tour à tour les grands empires, les grandes cultures et les grandes cités, ils avaient ruiné l'Égypte de Ménès et la Crète de Minos avant de submerger l'empire romain, l'empire chinois, l'empire maurya, le grand Islam des Omeyyades, la grande Perse des Abbassides. La victoire des Russes sur les Mongols de la Horde Dorée, la lente conquête de la steppe depuis Sibir jusqu'à Vladivostok ont renversé le cours de l'Histoire et transformé tous les destins de l'humanité. La suprématie qu'on croyait éternelle de la steppe sur le champ et du reître sur le paysan cessa. Le travail s'avérait enfin plus fort, plus efficace que le pillage.
Cette histoire-là, la vraie, c'est, nous en sommes persuadés, l'histoire de demain. Les hommes finiront par connaître que ce qui les divise importe moins que ce qui les rassemble.
Ce troisième et dernier volume de la célèbre Histoire de l'Europe est resté inédit jusqu'à ce jour. Emmanuel Berl y peint une crise qui débute vers 1740. L'équilibre de l'Europe classique va être détruit. Le triomphe de la raison s'accompagne de la croissance de l'État. La révolte féodale, la fin de la monarchie absolue, l'avènement du libéralisme démocratique sont autant de signes que désormais l'État ne semble plus fait pour la Nation, mais la Nation pour l'État. Emmanuel Berl poursuit avec la Première République et le 18-Brumaire.
L'État est devenu dictatorial.
Succédant à vingt-trois années de guerre, le congrès de Vienne traite l'Europe comme une grande malade et instaure le "concert européen" qui va assurer la paix pour cinquante ans. Mais lorsque les émeutiers de 1848 brûlent l'hôtel de Metternich, à Vienne, c'en est fait de l'Europe dynastique. L'Europe "nationalitaire" commence. La nouvelle crise révolutionnaire, le progrès mécanique, et jusqu'aux idéologues, vont assurer la toute-puissance de l'État, sa dictature. Mais chaque renforcement des États occidentaux, des empires qu'ils construisent, coïncide en fait avec le déclin de l'Europe et la montée d'autres parties du monde. C'est que, de tout temps, montre Emmanuel Berl, "l'Europe paraît éprouver une sorte de répulsion envers l'unité". Analyse pessimiste qui mérite toujours d'être méditée.