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Hermann
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La liberté intérieure ; une esquisse
Claude Romano
- Hermann
- Le Bel Aujourd'hui
- 2 Septembre 2020
- 9791037003010
La liberté est-elle un pouvoir neutre et indifférencié de choix et d'action qui est octroyé à tout individu, et qu'il exerce identiquement avec tout autre, ou n'est-elle pas plutôt une capacité qui n'échoit qu'à lui seul d'accomplir son être propre dans ce qu'il a d'unique ? En souscrivant à la seconde branche de cette alternative, Claude Romano s'efforce de préciser les conditions de possibilité de qu'il appelle « liberté intérieure », c'est-à-dire la capacité de vouloir et de décider en l'absence de conflit intérieur, de telle manière que cette volonté et cette décision expriment l'être que nous sommes et manifestent un accord de cet être avec lui-même. En soulignant les limites de la conception largement dominante, de Platon à Harry Frankfurt, de cette liberté comme une subordination de nos désirs et tendances affectives spontanées aux « désirs de second ordre » qui découlent de notre réflexion rationnelle, l'auteur défend une conception originale de l'autonomie qui rejette une telle hiérarchie. Il étaye son propos par l'analyse d'un exemple littéraire, la décision finale de la Princesse de Clèves dans le roman éponyme de Mme de Lafayette.
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Humanimaux : Où placer les frontières de l'humain ?
Marta Segarra
- Hermann
- Le Bel Aujourd'hui
- 24 Avril 2024
- 9791037038326
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Postface de Jean-Luc Nancy.
« Le prisonnier est un être sacré parce que c'est un être livré et qu'il a perdu toutes ses chances. Si cet homme s'est rendu personnellement responsable d'actes criminels, il doit être jugé ».
Au lendemain de la guerre, Robert Antelme, tout juste libéré de Buchenwald et de Dachau et venant d'apprendre la mort de sa soeur en déportation, rédige un long article sur le sort à réserver aux criminels allemands. Devant les violences qui leur sont infligées, il déclare l'exigence absolue du droit contre l'instinct de vengeance. Il sait qu'il va choquer certains rescapés ; mais il écrit au nom d'idéaux simples : « la justice, la liberté et le respect de l'homme ». Loin d'être un simple texte de circonstance, Vengeance ? constitue une réflexion de fond sur la question du droit et de son origine. Sans aucune référence à la notion chrétienne de pardon, Robert Antelme enjoint ses concitoyens à renoncer à toute vengeance : même lorsqu'un homme est légitimement privé de sa liberté, il doit conserver sa dignité. Toute atteinte au respect dû à la personne humaine (fût-elle coupable) constitue un acte de barbarie. -
Pour une médecine humaine : étude philosophique d'une rencontre
Gérard Reach
- Hermann
- Le Bel Aujourd'hui
- 27 Avril 2022
- 9791037015310
La médecine se trouve actuellement à une croisée des chemins : on peut craindre que le développement extraordinaire de sa technicité, qui en permet les prouesses, se fasse au détriment de son humanité. Pourtant une médecine humaine est possible : fondée sur la personne et non pas seulement sur la maladie et le traitement des symptômes, la pratique médicale repose essentiellement sur une rencontre entre un soigné et un soignant. C'est ce face-à-face fondateur, cette relation qui instaurent la possibilité du soin. Et c'est à partir de cette rencontre que la pratique médicale, même assistée de nouveaux outils technologiques qui autorisent l'émergence d'une télé-médecine, doit être repensée. Quel doit être le nouveau paradigme du soin ?Écrit par un médecin, c'est à cette question que ce livre essaie de répondre, en proposant un aller-retour entre philosophie et médecine : définissant d'abord les conditions d'une pratique humaine du soin, il pose ainsi les fondements d'une Médecine de la Personne, qui est devenue un enjeu sociétal majeur.
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Pierre Boulez, une nouvelle écoute de la voix des poètes
Pierre Brunel
- Hermann
- Le Bel Aujourd'Hui
- 26 Février 2025
- 9791037043337
Cet essai se place sous le signe de l'inconférence pratiquée par le poète américain Cummings, inséparable de Pierre Boulez - dont l'une des oeuvres, Cummings ist der Dichter, fut créée en 1970. Le compositeur a toujours entretenu un lien privilégié avec la poésie. On évoquera son attachement au poète français René Char, présent dans plusieurs de ses oeuvres majeures, dont Le Poème pulvérisé, plaçant lui-même sa recherche de la beauté en musique, entre la « rupture du silence » et le « regain de ce silence ». Mallarmé est également inséparable de l'oeuvre de Boulez, qui a souvent parlé du Coup de dés mallarméen. On songe à Pli selon Pli. Portrait de Mallarmé, composé sous le signe de « l'enveloppe ». Sa genèse, très longue dans le temps, est exemplaire de ce que Boulez a appelé la « polyphonie accumulative ». D'autres poètes sont présents dans son oeuvre, dont Louis-René Des Forêts avec son dernier livre, Ostinato (1997), dans lequel s'exprime, comme dans les oeuvres de Boulez, une volonté d'écoute de la « pesante musique de l'être en perpétuelle gestation ».
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De la vie dans l'art et dans la musique en particulier
Bernard Barsotti
- Hermann
- Le Bel Aujourd'Hui
- 30 Avril 2025
- 9791037044198
La vie humaine est-elle action ou création ? Le vivant se joue des lois physiques pour inventer une variété infinie de formes. Les êtres de sensibilité que sont le musicien et le peintre semblent prolonger en l'homme ce mouvement et, à travers l'expérience et l'invention de beautés nouvelles, offrir à notre existence sa forme la plus intense. Mais l'homme est un être de pensée, de volonté et d'action qui n'a de cesse de transformer son propre monde. À cette aune, contempler la nature, voire transfigurer l'univers sensible des émotions sonores et colorées, ne peut nous conduire qu'à mi-chemin de notre destinée.
Philosophe et compositeur, l'auteur analyse cette dualité et son évolution, depuis la naissance de la modernité picturale et musicale chez Kandinsky et Schoenberg jusqu'aux avant-gardes récentes labellisées « musique contemporaine ». Contrairement aux idées reçues, si l'homme moderne se croit fort de sa puissance d'agir, c'est l'attitude esthétique qui semble finalement l'avoir emporté depuis le milieu du XXe siècle, à travers des formes musicales profondément aliénées car coupées de la corporéité fondamentale de l'être humain, où s'enracine le rythme.
La danse, à la charnière du visuel et du musical, peut sans doute ici servir d'éclaireur à l'art en général, et à la musique en particulier. -
Par-delà les replis communautaristes : retours sur le religieux, le commun et le politique
Pierre Gisel
- Hermann
- Le Bel Aujourd'hui
- 29 Mars 2023
- 9791037022325
Les rapports entre religions et politique doivent être repris. Les phénomènes de radicalisations y incitent ; de même que les difficultés à reconnaître des traditions de religion et de culture différentes, et à en penser une fécondité possible. C'est que le politique a trop connu un espace républicain voulu homogène et des individus déculturés, ignorant les réalités intermédiaires où se font et se défont les identités individuelles et collectives. De leur côté, les religions ont à réfléchir à nouveaux frais à ce qui les légitime et à leur rapport au social, du coup à sortir de la seule mise en avant de ce qui les fonde et les autorise. Le présent ouvrage donne des pièces de ce dossier, où sont en jeu le monde et le social en leur sécularité et leurs pluralités. S'y propose un pas-en-arrière permettant d'ouvrir des problématiques et de la réflexivité. Il le fait à contre-courant de qui s'impose communément. Et il met en exergue une tendance postmoderne des religions à se laisser enfermer dans du repli communautariste, en auto-référence. Il donne à penser aussi des postures et des pistes (Certeau, Barth, Levinas), prometteuses ou égarantes, mais toutes significatives.
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Sarah Kofman et Jacques Derrida ; croisements, écarts, differences
Ginette Michaud
- Hermann
- Le Bel Aujourd'hui
- 17 Juillet 2018
- 9782705695439
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Entretiens sur la métaphysique : Jusqu'au souffle coupé
Serge Margel, Danielle Cohen-Levinas
- Hermann
- Le Bel Aujourd'Hui
- 30 Avril 2025
- 9791037044396
Dans cet ouvrage, deux philosophes conversent sur l'histoire de la métaphysique. Ils interrogent les grands axes qui la constituent, en rejouant des positions théoriques dominantes et convoquant différentes disciplines comme les sciences religieuses, la philosophie politique et les études littéraires.
Il pourrait paraître audacieux d'avancer un propos sur la métaphysique après son prétendu dépassement. Mais alors que son glas a cessé de sonner depuis bien longtemps, ces deux voix différenciées, qui se succèdent et s'enchevêtrent par le jeu du dialogue, inventent cette altérité nécessaire pour repenser la métaphysique et ses grandes problématiques - comme la temporalité, la conscience, l'esprit, les liens entre philosophe et littérature, ou encore la question du religieux qui revient sans cesse au-devant de la scène. Il n'y a pas de métaphysique sans une certaine altérité, disciplinaire, institutionnelle, historique. Ces deux voix inscrivent cette altérité au coeur de la métaphysique. -
« Le géocide est en cours ; non pas "un", mais le : il n'y en aura pas deux. L'écologie, une "logie" (pensée, parole, dires) de l'"oïkos" (maison, habitation, terre des hommes), n'est pas facultative. Si elle n'est radicale, elle n'est rien. L'écologie ne concerne pas l'environnement (l'"Unwelt" des éthologues) mais le monde (le "Welt" des penseurs). La différence des deux est à repenser de fond en comble, à cause de l'oubli où sont tombés le monde et les choses, "l'écoumène". La mondialisation est tout simplement une fin de monde, une perte du monde. Car le monde mondoie en choses et, si on m'accorde ce néologisme, son mondoiement doit être confié non à la technoscience, mais aux philosophes et aux artistes à tous les hommes de l'art, et singulièrement aux poétiques des oeuvres.
L'affaire est même trop sérieuse pour être confiée à la plupart des écolos, sans parler des autres partis qui n'ont tout simplement pas encore compris l'à-venir. Le clown que met en scène Kierkegaard vient avertir le public que le théâtre brûle. Tous éclatent de rire devant ce "bon numéro" : l'incendie emporte tout. »
Ces Écologiques, dont le titre dit tendrement adieu à Virgile et aux Bucoliques, est un ouvrage composite, composé en mosaïque ; il s'ouvre par un poème à Fukushima, Magnitude, et interrogent les grands mots et les grands maux : terre, monde, planète, choses, monde, etc.
Quelle fin du monde est en cours ? Quels sont les préparatifs de la déterrestration ? -
Le geste théâtral de Roland Barthes
Christophe Bident
- Hermann
- Le Bel Aujourd'hui
- 12 Avril 2012
- 9782705682521
Roland Barthes ne s'est pas d'abord intéressé à la question de la théâtralité. Il n'en est pas non plus devenu à proprement parler un théoricien. Mais il a poussé la réflexion au-delà des catégories, des champs et des objets attendus. Il s'est d'abord intéressé au théâtre. Au théâtre joué, organisé, monté et au théâtre des signes que se donne une pratique pour exister, se transformer et se faire reconnaître. L'analyse des pratiques a commencé avec la littérature ; elle s'est poursuivie avec le théâtre et la mythologie. C'est dire que Barthes ne pouvait interroger du théâtre que le théâtre, un redoublement qu'il lui est arrivé de nommer la théâtralité. C'est dire aussi que cette théâtralité se trouve partout. Se trouve-t-elle partout identique à elle-même ? Autrement dit, la théâtralité est-elle indifférente au support qu'elle modalise ? Peut-on en donner une définition exclusive ? Quel est l'enjeu, quelle est la fonction, quelle est la valeur de son application obstinément hétérogène ? Quel concept déterminé du théâtre présuppose-t-elle ? Quel apport à la réflexion esthétique fournit-elle ?
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La philosophie dans le miroir : littérature, religion, cinéma
Serge Margel
- Hermann
- Le Bel Aujourd'hui
- 22 Février 2023
- 9791037029003
Sont ici rassemblés dix-sept textes qui reflètent un travail délibérément orienté sur plusieurs champs du savoir. Celui de la philosophie, ses oeuvres et ses auteurs, antiques et modernes, comme Augustin, Leibniz, Spinoza, Kant ou Derrida. Celui de la littérature, et sa critique, comme Blanchot, Duras ou Deguy. Celui du religieux, comme l'exorcisme avec le Malleus maleficarum, la cruentation avec Ranchin, le miracle avec Augustin, ou la Bible et langue hébraïque avec Spinoza. Enfin celui du cinéma, avec les voix fantômes de Duras, les spectres de Farocki, la question des genres d'Akerman, les utopies de Kluge, et la fin du monde de Bela Tarr. Tous ces textes sont philosophiques, dans leur effort de pensée, dans le but de faire l'expérience d'une écriture de la pensée, d'une invention d'un langage de la pensée ou du regard. Ils cherchent à penser le travail de la lettre, dans un livre, une croyance religieuse, un événement surnaturel, une pratique déviante, une voix narrative, la description d'un personnage, un plan-séquence, etc. Chacun d'eux se concentre sur un détail qui aurait pu passer inaperçu. En somme, ces textes proposent des argumentations précises, analysent des récrits et décryptent des séquences, dans le désir d'en poursuivre l'écriture par le seul jeu de la pensée.
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Au-devant de l'échec : Philosophie de la traversée
Christophe Perrin
- Hermann
- Le Bel Aujourd'hui
- 29 Mai 2024
- 9791037039125
La réponse actuelle à la question de l'échec fait de lui un problème. Et pour cause : penser l'échec comme une chance ou en parler comme d'un insuccès n'en ont pas moins pour conséquence de nous rendre aussi sourds qu'aveugles à ce qu'il nous faudrait autant savoir que vouloir. Or, pour qui a compris non seulement que les réussites dans la vie ne font pas la réussite de la vie ni les échecs son échec, mais encore que la logique de la réussite qui règne sur notre époque ne peut rien contre la loi de l'échec qui règle le devenir. Voire, si celle-là précipite notre nécessaire échec, celle-ci autorise notre éventuelle réussite, le seul désir qui mérite d'être cultivé est d'échouer pour arriver, mieux : d'arriver à s'échouer. Aussi l'idée de l'échec conduit-elle in fine à entrer dans le registre de la marine pour y envisager ex nunc notre existence comme une traversée.
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Défroisser les pages du livre : Littérature et théâtre
Michel Deutsch
- Hermann
- Le Bel Aujourd'hui
- 26 Juin 2024
- 9791037039262
Il est question dans ce recueil de littérature et de théâtre. D'écrivains (de poètes, d'essayistes, de romanciers, de dramaturges) avant tout curieux de leur temps et qui, à des titres divers, se sont demandés comment, selon quelles modalités, selon quelles procédures, l'art, singulièrement la littérature, pouvaient s'approcher de la réalité, produire « des éclairs de vérité » (Conrad), ou encore être « des lanternes qui éclairent le présent ». Les réflexions sur le théâtre et la littérature ici rassemblées tentent d'évaluer - par-delà les thèmes et les conceptions qui se chevauchent et se succèdent, malgré les impasses et les changements d'orientations - les multiples chemins qui conduisent la littérature au théâtre, et le théâtre à la littérature.
À l'heure où le théâtre, dans le sillage d'Antonin Artaud, semble s'être réinventé à côté, sinon loin du texte, et où toute l'entreprise critique consacrée au théâtre consiste désormais à « racheter » le texte (lorsque celui-ci est encore porté sur la scène) par sa représentation, sa mise en scène, l'auteur soutient ici que l'idée du théâtre c'est la littérature, et cela depuis Racine, et sur un autre mode à un siècle de distance, depuis les Romantiques d'Iéna, et que la voix du théâtre a toujours résonné dans la littérature. -
Le sort de la philosophie ; quatre parcours de jeunes hégéliens ; Bakounine, Engels, Marx, Stirner
Vivien Garcia
- Hermann
- Le Bel Aujourd'hui
- 16 Août 2018
- 9782705697426
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À plus forte raison : Maurice Blanchot, 1940-1944
Michel Surya
- Hermann
- Le Bel Aujourd'hui
- 15 Septembre 2021
- 9791037008657
Maurice Blanchot est un écrivain et un penseur considérable, auquel la modernité doit beaucoup. L'objet de ce livre est de revenir sur son passé politique lointain. Ce texte, qui fait suite à L'Autre Blanchot (2015), centré sur la période d'avant-guerre, se consacre aux années 1940-1944. Parce que Blanchot n'a pas tout dit à leur sujet, et parce qu'il a écrit des choses dont l'inauthenticité est maintenant démontrable. Silence, inauthenticité - à quoi se reconnaît une certaine mémoire politique française. Il est temps de lever le voile sur la mémoire intellectuelle, à plus forte raison sur celle de Maurice Blanchot.
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Le principe alliance Tome 1 : phénoménologie de l'alliance
Philippe Capelle-dumont
- Hermann
- Le Bel Aujourd'hui
- 22 Septembre 2021
- 9791037010032
L'alliance est la grammaire principale du monde. Phénomène commun, local et universel, le plus pauvre et le plus noble. Elle se trouve cependant aujourd'hui plus que jamais contrariée. Le monde est en dés-alliance sur le plan social, politique, anthropologique, écologique, techno-scientifique, métaphysique. Les demandes répétées de « recréer du lien » en corroborent le fait plus qu'elles n'en dessinent une alternative : affranchies de tout « principe », elles échouent à leur tour sur les rives du nihilisme. C'est que le principe est tombé dans l'oubli. Ses titres ont été, dès la fin du xixe siècle et tout au long du xxe siècle, durement contestés et ses droits confisqués. Nombre de succédanés se sont imposés, avec leurs antinomies et leurs tragédies humaines : Raison suffisante, Progrès, Destin, Cause, État. Le principe ainsi reclassé, déclassé, fut biffé derechef au titre de ce qui lui fut imputé : voracité de l'Un, maîtrise formelle de l'universalité, logique de sécurisation historique.Reconsidérer le principe autrement, i.e. comme alliance, tel est l'enjeu phénoménologique du présent ouvrage : loin de tout Deus ex machina, elle est le jeu de la différence initiatrice, de la pluralité unitaire, de la donation herméneutique. Ainsi, au principe, l'alliance fait être et fait temps. Elle est notre première promesse.
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Derrida, Celan : Juste le poème, peut-être
Ginette Michaud
- Hermann
- Le Bel Aujourd'hui
- 6 Septembre 2017
- 9782705694548
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La norme et l'excédent : étude sur les prémices du transcendantal kantien
Elena Partène
- Hermann
- Le Bel Aujourd'hui
- 18 Janvier 2023
- 9791037026606
L'entreprise critique de Kant est une entreprise de discrimination posant les limites du champ de la connaissance légitime. Mais si un tel cadastre philosophique définit la norme de l'objectivité, il ouvre en même temps au dépassement de cette normativité restreinte. Ce dépassement, comme l'indique assez le nom que le légendaire Andronicos de Rhodes lui a apposé, est le sens même de la méta-physique. Le présent ouvrage caractérise la réflexion kantienne sur la métaphysique, dont le salut justifie l'entreprise critique, par une dialectique de la réduction et de l'irréductible, qui libère un excédent, une fois la restriction objective opérée. Quels sont les chemins philosophiques qui ont tracé la voie de cette redéfinition ? Si, dans sa forme, la Critique apparaît comme la nécessité, avant que de proférer toute thèse positive, d'un préalable examinant le pouvoir de la raison finie, il importe d'appliquer cette question du préalable à la Critique elle-même, pour mieux la comprendre : quelles sont les prémices, externes (dans l'histoire de la philosophie) et internes (dans le cheminement précritique de Kant) du problème critique, celui-là même qui assigne à la métaphysique la tâche de penser, et non plus de connaître ?
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Kafka devant l'immonde : Sacralité politique 3
Marc Weinstein
- Hermann
- Le Bel Aujourd'hui
- 27 Septembre 2021
- 9791037010056
Immonde, donc répugnant. Mais est-ce le seul sens possible ? Pas sûr, car bien souvent les textes de Kafka paraissent réactiver le sens littéral du mot ou ce qui peut être interprété comme tel : l'immonde comme négation du monde. Quand on compare la langue française et la langue allemande, on constate que si cette dernière a des mots pour dire le répugnant et ses synonymes, elle n'en a pas pour dire l'immonde comme négation du monde. Or, ce que nous avons expérimenté - merveille de la littérature ? -, c'est que la prose simple et concrète de Kafka comporte assez d'idéalité internationale pour s'évader quelques instants de la langue allemande, suggérant alors aux esprits français le concept de l'immonde comme négation du monde. Une question ici ne peut manquer de se poser : quel est au juste le lien, chez Kafka, entre l'immonde comme immondice et l'immonde comme négation du monde ? Ou plutôt : peut-on vraiment parler de lien quand on remarque que l'immondice et la négation du monde sont le plus souvent mêlées ? Mieux : sous un certain rapport, ne sont-elles pas les deux faces de la même médaille ? C'est dire s'il devient impossible de confiner l'immondice dans la signification de déchet. Il faut élargir son champ sémantique. L'immondice : non plus seulement la saleté ou le déchet, mais encore l'état d'une chose ou d'un être qui nie le monde.
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Imaginer selon Paul Ricoeur : la phénoménologie à la rencontre de l'ontologie sociale
Luz Ascarate
- Hermann
- Le Bel Aujourd'hui
- 11 Mai 2022
- 9791037019486
L'importance de l'herméneutique pour Ricoeur nous a fait sous-estimer le rôle de la phénoménologie dans sa pensée. Une lecture attentive de son oeuvre montre qu'au contraire, lorsqu'il s'agit de l'imagination, Ricoeur défend une perspective proprement phénoménologique. Celle-ci, esquissée par Ricoeur dans sa traduction française des Ideen I, met en avant la capacité de neutralisation de l'imagination et se révèlera indispensable à sa philosophie de la volonté des années 1950-1960. Mais c'est dans les années 1970 que Ricoeur va développer une ontologie sociale, que Luz Ascarate met en dialogue avec la nouvelle génération de la Théorie critique, autour du concept d'utopie. Cette ontologie est fondée sur une phénoménologie de l'imagination approfondie dans des textes encore inédits. Dans ces textes, Ricoeur montre que l'imagination est d'autant plus chargée d'implications ontologiques qu'elle est neutralisante et éloignée de la réalité empirique. Grâce au pouvoir ontologique de l'imagination pour la constitution de l'espace social, l'utopie peut constituer de nouvelles réalités sociales.
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En même temps que la civilisation et la culture s'effondraient, Thomas Mann, dans Le Docteur Faustus, roman rédigé entre 1943 et 1947, concevait le personnage du musicien Adrian Leverkühn qui, en proie aux effets du Pacte contracté avec le Diable, finit par devenir fou. La musique, la création et l'inspiration en général ne sont-elles vraiment possibles que par la médiation d'un Pacte de ce type, afin de conjurer la réalité et le risque de la stérilité en s'appropriant ainsi les pouvoirs du génie ? Faisant suite aux avertissements de Nietzsche et de Freud auxquels on resta bien trop sourds, on doit se demander avec lucidité comment la musique, et avec elle la plus haute culture, peuvent s'avérer à ce point douteuses à l'égard de leurs propres exigences et prétentions. Mais la musique ne lutte-t-elle pas en son propre sein, ainsi que le fit exemplairement celle de Beethoven, dans le but d'opérer la percée, comme sous la poussée de la pensée elle-même, vers sa plus haute et sa plus sensible destination ?À travers quelques moments décisifs du roman de Thomas Mann, l'évocation de la Heiterkeit (la « sérénité ») de Mozart, La Petite Sirène d'Andersen, l'Essai sur le Théâtre de marionnettes de Kleist, et en suivant la tension au coeur de la musique de Beethoven entre l'affirmation héroïque, la jubilation assez douteuse de l'Hymne à la Joie de la IXe Symphonie et la sobriété du XVe Quatuor à cordes, on percevra en pensée les Lumières - qui ont historiquement échoué - se réfléchir et engager, par la grâce d'une ressource insoupçonnée, une autre promesse d'humanité et de paix.
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Métaphysique de l'altérité : Levinas et la libération latino-américaine
Enrique Dussel
- Hermann
- Le Bel Aujourd'hui
- 27 Mars 2024
- 9791037031853
Comment l'Amérique latine et les autres pays du Sud peuvent-ils s'affranchir de la situation de dépendance économique, politique et culturelle dans laquelle ils restent plongés ? Au fil d'une relecture incessante de l'éthique d'Emmanuel Levinas depuis 1970, le philosophe argentino-mexicain Enrique Dussel a soutenu que cette libération devait prendre pour point de départ notre responsabilité pour les Autres, maintenus dans l'extériorité du système social et que cette dépendance opprime. « Métaphysique de l'altérité » contre « ontologie de la totalité », la Philosophie de la libération propose une traduction politique des grandes catégories de la pensée levinassienne. Nourrie par la tradition occidentale (la phénoménologie, Marx, Nietzsche et l'École de Francfort), la pensée juive et la théorie latino-américaine de son temps, cette éthique critique se veut à la fois méthode philosophique et philosophie engagée. Jamais traduits en français, les textes réunis dans ce recueil présentent une des lectures les plus anciennes et les plus originales de Levinas. Grâce à des documents inédits, elle expose aussi l'écho que cette réception latino-américaine eut dans l'oeuvre levinassienne. Ils en montrent enfin toute la fécondité pour penser les questions contemporaines de la crise écologique, du dialogue interculturel et de la solidarité envers les victimes de violence et d'exclusion.
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Philosophie et langage : Dialogue de la pensée de l'existence avec la philosophie analytique Tome 1
Alain Juranville
- Hermann
- Le Bel Aujourd'hui
- 24 Avril 2024
- 9791037038555
Cet ouvrage propose un dialogue entre la philosophie analytique, fondée par Frege et Russell, et la pensée de l'existence, inaugurée par Kierkegaard et développée à sa suite notamment par Rosenzweig et Heidegger.
Pour la philosophie analytique, il n'est de savoir que scientifique ; tandis que dans la pensée de l'existence, la vérité essentielle, à savoir celle de l'ouverture à l'Autre, est ignorée et même rejetée au nom de la science. L'une et l'autre sont attachées au langage, la première voulant le réformer afin d'élaborer un langage logique pour la science, la seconde y voyant un lieu majeur de l'existence. Cependant, toutes deux refusent que puisse être posé comme tel un savoir philosophique avec l'essence comme principe. Elles se rejoignent également en Wittgenstein, penseur paradoxal, qui hérite des analyses de la philosophie analytique en les critiquant implicitement au nom de la vérité découverte par la pensée de l'existence.
On entend montrer ici que l'inconscient, qui s'exprime de manière privilégiée dans le langage par la métaphore, permet de passer outre à ce refus, de déterminer l'essence originelle et de présenter la philosophie comme savoir de l'existence.