De février 1903 à Noël 1908, Rainer Maria Rilke correspond avec le jeune Franz Xaver Kappus, et l'encourage dans sa vocation. Les Lettres à un jeune poète se signalent par une qualité toute particulière du ton, une intimité chaleureuse qui n'exclut ni le scrupule ni la rigueur. Une lucidité de philosophe y épouse sans cesse étroitement la sensibililté lyrique. Elles sont devenues l'un des textes les plus célèbres et les plus appréciés du grand poète.
Agathon a réuni ses amis pour fêter son récent succès au concours de tragédie : les invités prononcent chacun un discours en l'honneur de l'amour. Intervenant après Phèdre, Pausanias, Eryximaque, Aristophane et Agathon lui-même, Socrate place son éloge sur un autre plan : l'amour n'est ni la beauté ni la bonté, il en est le désir. Alcibiade arrive alors, totalement ivre... La beuverie se prolonge toute la nuit. Ce dialogue, l'un des plus célèbres de Platon (428-347 av. J.-C.), exprime un aspect essentiel de sa philosophie : s'il sait dépasser la simple attraction physique, l'amour incite à la contemplation des Idées, de l'essence des choses.
Comment lutter contre la tendance de la majorité à soumettre les minorités ? Doit-on se plier à la loi lorsque celle-ci est injuste ? Tout geste de désobéissance contient en lui un refus des compromissions qui fondent nos institutions.
Thoreau nous confronte à la possibilité de rouvrir notre imaginaire politique : « N'est-il pas possible d'aller plus loin dans la reconnaissance et l'organisation des droits de l'homme ? »
« Quand l'amour vous fait signe, suivez-le. Bien que ses voies soient dures et escarpées. Et lorsque ses ailes vous enveloppent, cédez-lui. »Les leçons de vie simples et universelles du prophète Almustafa sur l'amour, l'amitié ou encore le travail ont conquis des millions de lectrices et de lecteurs, croyants ou athées.L'invisible, la vérité muette de son âme parlent directement à l'invisible qui est en nous.Traduit de l'anglais par Guillaume Villeneuve
Première féministe française, Olympe de Gouges (1748-1793) réclame l'égalité des sexes devant l'Assemblée.
Dans ce manifeste, elle réécrit au féminin la Déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen : « La femme naît libre et demeure égale à l'homme en droits.» Le 3 novembre 1793, avant d'être guillotinée, elle aurait lancé : « Je suis certaine que nous triompherons un jour ».
« La majeure partie des livres est mauvaise, et on n'aurait pas dû les écrire. » Avec toute la rigueur du philosophe et son humour assassin, Arthur Schopenhauer s'insurge contre les auteurs, les traducteurs, les journalistes de son époque, ceux qui parlent pour ne rien dire, imposent le prêt-à-penser.
Une plaidoirie implacable et une leçon de style mordante.
Traduit de l'allemand par Auguste Dietrich.
« Si je devais vendre mes matinées et mes après-midis à la société, je suis certain qu'il n'y aurait plus rien qui vaille la peine d'être vécu à mes yeux. » Prenant l'exemple de sa propre vie, Thoreau démontre que les besoins matériels entravent l'épanouissement de l'esprit.
Son éloge de l'oisiveté en communion avec la nature nous invite à explorer les « provinces de l'imagination » pour nous émanciper du matérialisme.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Thierry Gillyboeuf
« Notre langue devient laide et imprécise parce que notre pensée est abrutie, lequel abrutissement est lui-même facilité par la négligence dont souffre notre langue. » George Orwell n'épargne aucun de nos travers langagiers en fustigeant la dégradation des usages chez les politiques, en littérature ou dans nos conversations quotidiennes. Grâce à nombre d'exemples éloquents, il nous enjoint à résister à la vacuité du langage préfabriqué.
Traduit de l'anglais (Grande-Bretagne) par Charles Recoursé
L'art de la discussion, c'est l'art de la guerre.
38 stratagèmes d'attaque et de défense simples à appliquer : généraliser à outrance la thèse de l'autre, créer des diversions, attiser la colère de son adversaire... L'Art d'avoir toujours raison donne au lecteur les règles d'un jeu passionnant, où le langage est maître. Où l'habileté des mots et la ruse sont nos meilleures armes pour finir toujours vainqueur.
Traduit de l'allemand par Dominique Laure Miermont
"Morphine" de Mikhaïl Boulgakov (1891-1940), l'auteur de "Maître et Marguerite", raconte la progressive intoxication par la morphine d'un médecin qui finit par se suicider. Une narration si réaliste qu'on ne peut s'empêcher de penser que l'auteur n'était pas un simple observateur. Effectivement, ce récit relate très précisément son épisode de morphinomanie en 1917 quand Boulgakov, de retour du front, fut muté comme médecin de campagne près de Smolensk.
Journal intime du double de l'auteur, "Morphine" est bien le joyau noir d'une oeuvre unique, tardivement reconnue.
En renversant l'image de la femme comme être inférieur par nature pour l'appliquer à l'homme, l'autrice démonte la mécanique de la domination masculine.
Un pamphlet littéraire et politique, où l'humour et la provocation révèlent les rapports de force entre les sexes. Depuis sa diffusion dans les rues de New York par Valerie Solanas en 1967, SCUM Manifesto est devenu un texte culte du féminisme.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Emmanuèle de Lesseps Postface de Lauren Bastide
"Sois toujours poète, même en prose". Dans ce recueil, écrit en parallèle avec Les Fleurs du Mal, Charles Baudelaire (1821-1867) est tour à tour flâneur, philosophe, rêveur, moraliste, conteur, poète... Ses "Petits Poèmes en prose" réussissent le "miracle d'une prose musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience."
« Il faut résister aux occupations et, loin de les poursuivre, les repousser toutes. » De la Rome antique à nos sociétés ultra-connectées, Sénèque nous enjoint à ménager un temps pour l'otium, l'oisiveté comme un exercice philosophique qui nous aide à mieux nous comprendre et appréhender le monde qui nous entoure. Cette contemplation méditative serait la forme la plus haute d'action.
Traduction du latin par Joseph Baillard.
Édition établie par Cyril Morana.
Ecrit de mars à août 1876, Un coeur simple ouvre le recueil des Trois Contes, publié l'année suivante. Flaubert vient de retrouver sa maison de Croisset, dont les tracas financiers l'avaient tenu éloigné pendant un an. L'écrivain est heureux de se retrouver "comme un petit bourgeois" dans ses fauteuils, au milieu de ses livres, dans son cabinet avec vue sur son jardin. Mais la vie, même la plus banale, peut-elle jamais être aussi... simple ?
Sommes-nous ce que nous lisons ? présente quatre courts textes de George Orwell écrits pour la presse anglaise entre 1936 et 1946, traduits pour cette édition inédite par Charles Recoursé : Souvenirs de librairie, Les bons mauvais livres, Confessions d'un critique littéraire et Des livres ou des cigarettes.
« C'est lorsqu'on commence à entretenir une relation professionnelle avec les livres que l'on découvre à quel point ils sont généralement mauvais. ».
Ce recueil inédit présente quatre textes sur le livre et la lecture écrits par l'auteur de 1984. Nourri de ses expériences de lecteur, de critique littéraire et de libraire, George Orwell y déploie son génie visionnaire allié à un humour ravageur.
Et si la domination ne provenait pas tant du tyran que de l'individu soumis ?
Cette intuition subversive et fulgurante fonde le Discours de la servitude volontaire. Dans cette leçon politique, éthique et morale intemporelle, La Boétie nous invite à la révolte contre toute oppression, toute exploitation, toute corruption, contre l'armature même du pouvoir : « Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres. » Traduit en français moderne par Séverine Auffret
Victor Hugo (1802-1885) n'abandonna jamais son combat contre les formes les plus barbares du châtiment social : le bagne et, bien sûr, la peine de mort. Inspirée de faits réels, l'histoire atroce de Claude Gueux (1834) annonce, avec presque trente ans d'avance, la logique des Misérables : mais nulle charité ne vient ici enrayer le cycle infernal du crime et de la répression.
En 1783, une controverse à propos du mariage civil déchaîne les foules. Un pasteur, défendant le mariage religieux, pose une question : « Qu'est-ce que les Lumières ? ».
Kant et Mendelssohn entreprennent, sans s'être consultés, de lui répondre.
Ces deux opuscules présentent une réflexion sur les Lumières à l'heure de leur apogée : décadence ou heureux triomphe de la raison ?
Traduit de l'allemand par Dominique Bourel et Stéphane Piobetta.
Édition établie par Cyril Morana.
"Merdre", le fameux premier mot de cette pièce, conçue pour le théâtre des marionnettes, est un avant-goût de la farce cruelle, politique et poétique de Jarry, présentée pour la première fois en 1896. Officier du roi dans une Pologne imaginaire, le Père Ubu est un horrible bonhomme et sa femme une gredine. Alfred Jarry (1873-1907) entre au lycée de Rennes en 1888 ; il y sévit un professeur de physique autoritaire et suffisant, premier prototype du Père Ubu. Jarry saura tirer du personnage une créature autonome qui dépassera son créateur, se muant en un type humain que l'adjectif "ubuesque" fera entrer dans le langage.