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Thèmes et questions de société
13 produits trouvés
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Au non des femmes : libérer nos classiques du regard masculin
Jennifer Tamas
- Seuil
- La Couleur des idées
- 6 Janvier 2023
- 9782021514308
Rien ne semble plus incongru que de prendre appui sur la société d’Ancien Régime pour penser le refus féminin. Assignées au devoir de « réserve » par les traités de civilité et au silence ou à la « feinte résistance » par les codes de séduction, les héroïnes de la littérature classique n’auraient rien à nous transmettre, surtout pas le pouvoir de dire « non ». On aurait pu croire l’affaire pliée sans la sagacité de Jennifer Tamas. Car, à leur manière, les femmes du Grand Siècle ont résisté, elles ont désobéi, et de ces combats à bas bruit il demeure des traces. Sous les images de princesses endormies célébrées par l’industrie du divertissement se cachent de puissants refus, occultés par des siècles d’interprétations patriarcales. Jennifer Tamas les exhume avec courage et subtilité, elle traque l’expression du féminin sous le regard masculin et tend savamment l’oreille vers le bruissement des voix récalcitrantes. Conviant les figures dissidentes des siècles anciens, du Petit Chaperon rouge à Bérénice, elle vivifie le discours féministe et trouve chez Marilyn Monroe le secret d’Hélène de Troie. Elle révèle ainsi, non sans un brin d’irrévérence, un magnifique matrimoine, trop longtemps séquestré dans les forteresses universitaires.
Jennifer Tamas est agrégée de lettres modernes et enseigne la littérature française de l’Ancien Régime aux États-Unis à Rutgers University (New Jersey). Elle a notamment publié Le Silence trahi. Racine ou la déclaration tragique (Droz, 2018). -
L'exil, toujours recommencé : Chronique de la frontière
Anne-claire Defossez, Didier Fassin
- Seuil
- La Couleur des idées
- 5 Janvier 2024
- 9782021549706
Anthropologue et médecin, Didier Fassin est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire Questions morales et enjeux politiques dans les sociétés contemporaines, et directeur d'études à l'EHESS. Anne-Claire Defossez est sociologue, chercheure à l'Institute for Advanced Study de Princeton.Fuyant les violences politiques, les persécutions religieuses ou la pauvreté, des hommes, des femmes, des enfants d'Afghanistan, d'Iran, du Maghreb et d'Afrique subsaharienne, se mettent en route pour des voyages de plusieurs années au cours desquels ils affrontent les rackets des bandes armées, les brutalités des polices, les camps d'enfermement, les murs de barbelés, les rigueurs du désert, les périls de la mer. Beaucoup y perdent la vie.
Cinq années durant, été comme hiver, Didier Fassin et Anne-Claire Defossez ont mené une recherche à la frontière entre l'Italie et la France, dans les Alpes, auprès de nombre de ces exilés, pour reconstituer leur périple en l'inscrivant dans le contexte géopolitique des bouleversements du monde. Ils ont pris part aux activités menées pour leur porter assistance. Ils ont rencontré les multiples acteurs de ce territoire de migrations millénaires.
Leur enquête donne ainsi à comprendre l'expérience des exilés, l'engagement des volontaires et même
le désarroi des forces de l'ordre, conscientes de la vanité de leur mission. Elle dévoile l'inefficacité d'une militarisation de la frontière qui rend plus dangereuse la traversée de la montagne et d'une politique qui nie les droits de personnes en quête de protection. -
Pour une écologie de l'attention
Yves Citton
- Seuil
- La Couleur des idées
- 25 Septembre 2014
- 9782021181449
Économie de l'attention, incapacité de se concentrer, armes de distraction massive, googlisation des esprits : d'innombrables publications dénoncent le déferlement d'images et d'informations qui, de la télévision à Internet en passant par les jeux vidéo, condamnerait notre jeunesse à un déficit attentionnel pathologique.
Cet essai propose une vision d'ensemble de ces questions qui prend à contre-pied les lamentations courantes. Oui, la sur-sollicitation de notre attention est un problème à mettre au cœur de nos analyses économiques, de nos réformes pédagogiques, de nos réflexions éthiques et de nos luttes politiques. Mais, non, l'avènement du numérique ne nous condamne pas à une dissipation abrutissante.
Comment rediriger notre attention ? À quoi en accorder ? Faut-il que chacun apprenne à " gérer " ses ressources attentionnelles pour être plus " compétitif ", ou faut-il plutôt nous rendre mieux attentifs les uns aux autres ainsi qu'aux défis environnementaux (climatiques et sociaux) qui menacent notre milieu existentiel ? Ce livre défend la seconde voie. Il pose les fondements d'une écologie de l'attention comme alternative à une suroccupation qui nous écrase. Il espère que vous trouverez le temps de le lire...
Yves Citton est professeur de littérature à l'Université de Grenoble et co-directeur de la revue Multitudes. Il a notamment publié Renverser l'insoutenable (Seuil, 2012) et dirigé un ouvrage collectif intitulé L'Économie de l'attention. Nouvel horizon du capitalisme ? (La Découverte, 2014).
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L'aplatissement du monde . la crise de la culture et l'empire des normes
Olivier Roy
- Seuil
- La Couleur des idées
- 14 Octobre 2022
- 9782021505948
Identités contre universalisme, genre contre sexe, république contre communautarisme, racisme, féminisme, immigration... Le point commun de ces débats, qui polarisent la vie intellectuelle avec de fortes implications politiques, est de mettre en jeu la culture, dans tous les sens du terme. Mais Olivier Roy récuse ici la thèse de la « guerre culturelle » ou du conflit de valeurs. Ce qui est en crise, selon lui, c'est la notion même de culture, désormais réduite à un système de codes explicites, décontextualisés et souvent mondialisés, qui envahissent les universités comme nos cuisines, les combats identitaires et les religions comme nos pratiques sexuelles, et jusqu'à nos émotions dûment répertoriées en émojis.
C'est bien une déculturation mondiale que diagnostique Olivier Roy. À partir des quatre grandes mutations contemporaines (la libération des moeurs issue des années 1960, la révolution internet, la marchandisation néolibérale et la déterritorialisation liée à la fin de l'État-nation et aux migrations), il en examine les mécanismes et les effets paradoxaux : où les dominants se vivent aussi menacés et souffrants que les dominés ; où le globish et le manga deviennent des simulacres qui annihilent la richesse de la langue anglaise ou de la culture japonaise ; où les « process » de communication fabriquent un « devenir autiste »... Un essai vif et critique, qui, à contre-courant de la dénonciation anti-moderne de l'individualisme, s'inquiète au contraire de la facilité avec laquelle nous acquiesçons à l'extension du domaine de la norme.Olivier Roy est politologue, spécialiste de l'islam, auteur de nombreux essais au Seuil, dont L'Islam mondialisé (2002 et « Points Essais », 2004), La Sainte Ignorance. Le temps de la religion sans culture (2008 et « Points Essais », 2012) et L'Europe est-elle chrétienne ? (2019). Il enseigne à l'Institut universitaire européen (IUE) de Florence. -
La fabrique de l'émancipation : repenser la critique du capitalisme à partir des expériences démocratiques, écologiques et solidaires
Bruno Frère, Jean-Louis Laville
- Seuil
- La Couleur des idées
- 9 Septembre 2022
- 9782021484885
Sur fond de haines, de violences, d'inégalités sociales et de dérèglements écologiques, la démocratie paraît menacée.
Face à ce risque, la théorie critique (de l'école de Francfort à Bourdieu) reste indispensable pour alerter sur l'ampleur des aliénations et des dominations. Mais elle ne suffit plus. D'autres approches sont à mobiliser.
Bruno Frère et Jean-Louis Laville les identifient et soulignent notamment l'apport des pragmatismes et des épistémologies du Sud. Croisant ces analyses, ils concentrent leur attention sur des combats de plus en plus présents (zapatisme, zones à défendre, mobilisation pour le climat, défense des libertés associatives, écoféminisme...) et des résistances encore trop souvent invisibles (circuits courts, communs, économie solidaire...).
Les auteurs montrent ainsi que, par-delà les dangers, la démocratie se réinvente déjà, y compris en tissant de nouveaux liens entre humains et non humains, entre acteurs et chercheurs.
Parce qu'il conjugue une synthèse originale des travaux les plus marquants du XXe siècle avec l'examen d'expériences foisonnantes, cet ouvrage formule les bases d'une nouvelle théorie critique et d'une conception renouvelée de l'émancipation. En ce sens, il est force de propositions pour celles et ceux qui ne se satisfont ni de l'immobilisme ni du catastrophisme. Bruno Frère est directeur de recherches au FNRS et professeur à l'université de Liège. Il a coordonné Le Tournant de la théorie critique aux éditions Desclée de Brouwer.
Jean-Louis Laville, après avoir été chercheur au CNRS, est professeur du Conservatoire national des arts et métiers, titulaire de la chaire économie solidaire, membre du laboratoire HT2S. Il a publié au Seuil L'Économie sociale et solidaire. Pratiques, théories débats. -
Les sociétés modernes : vivre avec des droits, entre identités et intimité
Alain Touraine
- Seuil
- La Couleur des idées
- 18 Février 2022
- 9782021503791
Toute étape de l'Humanité doit s'organiser autour de principes qui donnent leur unité à ses acteurs.
Les sociétés prémodernes ont eu comme problème à résoudre de reconnaître dans la parenté la structure principale de l'« ordre naturel » que la pensée structuraliste a permis d'analyser.
Les sociétés modernes ont été fondées sur le culte de la raison et de l'origine divine de l'homme et ont étendu par la connaissance et par l'idée de souveraineté populaire son contrôle et sa transformation du monde.
La troisième étape dans laquelle nous venons d'entrer doit reposer sur notre conscience des droits humains fondamentaux : la liberté, l'égalité et les droits qui forment l'individualité de chacun. Nous ne construirons notre société - qui est une société de communication plus que de production -, que si nous respectons ces droits fondamentaux mais aussi l'altérité des autres dans un monde ouvert et l'intimité personnelle de chacun.
Cette vision nouvelle doit permettre de repenser des notions fondamentales telles que la gestion des conflits et surtout le dépassement de l'opposition centrale entre les sociétés de droits et les sociétés d'identités. -
Il est aujourd'hui courant d'enrôler les pensées du xviiie siècle dans une guerre des civilisations nous contraignant à des prises de positions binaires. Lumières ou Anti-Lumières, République ou communautarisme, laïcité ou fanatisme, modernes ou antimodernes : il faudrait choisir son camp.
Ce livre s'efforce de déjouer ces injonctions belliqueuses en esquissant un autre cadre de lecture et en explorant d'autres corpus. Il appelle à découvrir quelques-unes des voix mineures qui ont vivifié la littérature du xviiie siècle (Bordelon, Mouhy, Bibiena, Graffigny, Charrière ou Potocki), mais que notre canon littéraire a refoulées, parce qu'elles n'entraient pas dans ses dichotomies rassurantes. À travers des sylphides, des loups garous, des singes philosophes, des magiciens de la finance, des marchands-de-merde, des Péruviennes féministes ou des conspirateurs islamistes, ces voix excentrées, bizarres, queer, résonnent fortement avec nos préoccupations actuelles, dès lors qu'on les resitue dans la perspective d'altermodernités qui ont toujours déjà excédé l'affrontement éculé entre modernes et antimodernes.
Loin de toute nostalgie, se mettre à l'écoute des altermodernités des Lumières invite à reconnaître les présences parmi nous d'autres formes de religions, d'économies et de socialités - porteuses de modernités sans colonialité, de sujets sans maîtres et de communs sans souverains.Yves Citton étudie et enseigne la littérature à l'université Paris 8 et co-dirige la revue Multitudes. Il a publié au Seuil Pour une écologie de l'attention (2014), Médiarchie (2017) et Générations collapsonautes (2020). Ce livre condense des travaux dix-huitiémistes qu'il a menés au cours des trente dernières années. -
L'islam a-t-il besoin d'une réforme ? Les musulmans ont-ils le droit de réformer l'islam ? Et si oui, par quels moyens ?
L'hypothèse de ce livre est que les musulmans aussi sont maintenant, tout autant que les autres, des hommes modernes, des citoyens du monde : il leur est impossible de faire semblant d'ignorer cette modernité qui les atteint, les imprègne et transforme un peu plus chaque jour leur vision du monde et leurs conditions de vie. L'islam doit accueillir cette modernité sans crainte, en particulier ses grandes valeurs de liberté, d'égalité, de tolérance, de séparation du religieux et du politique... Il doit à l'inverse abandonner des prescriptions de sa Révélation qui datent d'un temps révolu. Il ne doit pas seulement le faire pour s'adapter au monde moderne, mais parce que le monde moderne représente lui-même un événement spirituel, un moment favorable, une lumière qui peut éclairer l'islam et l'aider à se trouver, à créer un islam pour ce temps.
A tous ceux qui s'interrogent sur l'avenir de l'islam, aux musulmans troublés par la modernité ou en réaction contre elle, ce livre indique comment le monde moderne peut devenir, au contraire, signe de Dieu pour eux. Et ce qu'ils peuvent à leur tour apporter à ce monde s'ils entrent dans cette démarche de réforme.
Abdennour Bidar est professeur de philosophie dans un lycée.
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La crise sans fin ; essai sur l'expérience moderne du temps
Myriam Revault d'allonnes
- Seuil
- La Couleur des idées
- 20 Septembre 2012
- 9782021091458
On ne parle plus aujourd'hui d'une crise succédant à d'autres crises – et préludant à d'autres encore –, mais de " la crise ", et qui plus est d'une crise globale qui touche aussi bien la finance que l'éducation, la culture, le couple ou l'environnement. Ce constat témoigne d'un véritable renversement : si à l'origine la krisis désignait le moment décisif qui, dans l'évolution d'un processus incertain, permettait d'énoncer un diagnostic et donc une sortie de crise, tout se passe comme si la crise était devenue permanente. Nous n'en voyons pas l'issue : elle est la trame même de notre existence.
La crise, plus qu'un concept, est une métaphore qui ne rend pas seulement compte d'une réalité objective mais aussi d'une expérience vécue. Elle dit la difficulté de l'homme contemporain à envisager son orientation vers le futur. La modernité, dans sa volonté d'arrachement au passé et à la tradition, a dissous les anciens repères de la certitude qui balisaient la compréhension du monde : l'homme habite aujourd'hui un monde incertain qui a vu s'évanouir tour à tour l'idée de temps nouveaux, la croyance au progrès et l'esprit de conquête.
C'est à partir de cette expérience du temps d'un nouveau genre que cet essai nous invite à reconsidérer de façon inédite la " crise " dans laquelle nous sommes plongés et à y puiser de quoi aller de l'avant.
Myriam Revault d'Allonnes est philosophe, professeur des universités à l'École pratique des hautes études. Elle a notamment publié aux Éditions du Seuil Le Pouvoir des commencements. Essai sur l'autorité (2006), L'Homme compassionnel (2008) et Pourquoi nous n'aimons pas la démocratie (2010).
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Générations collapsonautes ; naviguer par temps d'effondrements
Yves Citton, Jacopo Rasmi
- Seuil
- La Couleur des idées
- 5 Mars 2020
- 9782021447415
Nous voyons les banquises fondre, les espèces disparaître, les inégalités s'exacerber : tout nous annonce que nos modes de vie sont condamnés à un " effondrement " qui vient. Nous savons la nécessité d'une mutation vertigineuse, à laquelle nous ne parvenons pas à croire.
Comment sortir de cette hantise – sans nier sa réalité ni subir sa fascination ? En multipliant les perspectives qui dévoilent une pluralité d'effondrements déjà en cours, plutôt qu'un unique écroulement à venir. En questionnant ce " nous " de la collapsologie à partir de temporalités alternatives, d'attentions altérées, de points de vues excentrés et excentriques.
Écrit à quatre mains, ce livre s'adresse à toutes les générations collapsonautes – jeunes et moins jeunes – qui ont mieux à faire que se laisser méduser par la menace des catastrophes à venir. Désespérées mais pas pessimistes, elles s'ingénient à accueillir et cultiver des formes de vie qui échappent par le haut au capitalisme extractiviste. Condamnées à naviguer sur les effondrements en cours, elles génèrent d'ores et déjà des arts inédits du soulèvement et du montage – dont ce bref essai encourage à hisser les voiles.
Yves Citton, 58 ans, est professeur de littérature et media à l'université Paris 8, et co-directeur de la revue Multitudes. Il a publié Contre-courants politiques (2018), Médiarchie (2017), Pour une écologie de l'attention (2014), Renverser l'insoutenable (2010).
Jacopo Rasmi, 28 ans, a soutenu en 2019 un doctorat à l'université Grenoble Alpes sur les nouvelles écritures documentaires (cinéma, littérature). Il enseigne à l'Université de Lorraine (IECA et CREM) et n'a pas encore renoncé à chercher une forme de vie désirable.
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Nom de Dieu ; par-delà les trois monothéismes
Daniel Sibony
- Seuil
- La Couleur des idées
- 28 Mars 2017
- 9782021368055
La Question de Dieu se présente aujourd'hui de façon plus neuve, comme si la tendance était de reprendre possession de problèmes essentiels que la religion a confisqués pour les gérer à sa façon. "Dieu" serait donc une Question trop sérieuse - ou trop drôle - pour être laissée aux religieux qui d'ailleurs ne semblent pas si heureux que ça de la gérer. Les autres, les athées, croient l'écarter par le silence, l'indifférence, et voilà qu'elle les rattrape au détour des générations ("Papa, c'est qui, Dieu ?..."). En temps de crise, aussi : comme aujourd'hui, quand des tours s'effondrent.
Il nous a donc fallu revoir pourquoi l'idée de Dieu, dans l'étroit monothéisme, est une bombe à retardement. Avant de voir comment chacun se fait son Dieu ou se fait à Dieu. La question n'est pas de savoir quel est le bon (en un sens, "y a pas de bon Dieu"...) ni ce que chacun met à cette place ; mais de comprendre de quoi est fait l'emplacement du divin. Que nomme donc ce Nom de Dieu ? Et pourquoi est-ce un juron ? Comme s'il pointait le fait d'être à bout, aux limites de sa vie. Comme si Dieu n'était qu'une limite...
Au terme de ce livre, chacun pourra parler de Dieu comme d'une question qui lui est propre, singulière, sans crainte d'être "fusillé" comme religieux ou comme athée.
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La couleur des idées
La France est un pays étrange, dont certaines bizarreries étonnent toujours l'Europe et le monde. Il est sans doute peu de nations où l'on célèbre autant la raison, les idées générales, l'universel, l'ouverture au monde, tout ce qui est grand, neuf, généreux. Et pourtant la France n'a rien à envier à personne en ce qui concerne la défense des particularismes, des statuts, des terroirs, des situations acquises. On y brocarde volontiers les puissants - mais l'on y attend toujours le grand homme... Quelle cohérence dans tout cela ? S'agit-il d'héritages singuliers propres à chaque domaine de la vie sociale, ou de quelque chose de plus vaste, d'une conception de la vie en société - d'une culture - qui marquent tous les aspects de l'existence ? Philippe d'Iribarne a réuni, dans cet essai global, sa grande connaissance des spécificités et des différences françaises par rapport aux Américains, aux Allemands, aux Anglais, à d'autres Européens... La comparaison met en lumière avec précision ce que la France, éprise de " grandeur ", a de vraiment singulier, la conception de l'homme et de la société qui est coeur de sa culture et ce qui en découle pour la vie économique et sociale, l'appréhension du marché du travail et du chômage, le sens de la hiérarchie, l'enseignement, l'accueil et l'insertion des immigrés. Même si des réformes sont nécessaires, ce " modèle social français ", très lointainement et très profondément enraciné, n'est pas sans atout, et il serait déraisonnable de le jeter sans plus aux orties de la mondialisation.
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Vivre avec les robots ; essai sur l'empathie artificielle
Paul Dumouchel, Luisa Damiano
- Seuil
- La Couleur des idées
- 11 Février 2016
- 9782021143638
Les robots sociaux sont conçus pour fonctionner au sein de milieux façonnés, contrôlés et occupés par des êtres humains. Leur apparence physique n'est pas faite pour tromper : ils restent aux yeux de tous des robots qui ne " singent " pas l'homme. Il est pourtant possible de leur conférer une individualité. Les recherches les plus avancées visent à les rendre capables d'émotions et à les doter d'empathie.
La robotique sociale tend à créer des substituts, des robots susceptibles de nous remplacer dans certaines tâches, mais sans pour autant qu'ils prennent notre place. La majorité des objets techniques omniprésents dans notre vie demeurent invisibles tant qu'ils fonctionnent correctement. La présence active, qui est la condition essentielle de leur rôle de substitut, est au contraire la caractéristique centrale des robots sociaux.
Ce livre dessine les traits d'une transformation technique, sociale et culturelle déjà en cours de réalisation, une relation de coévolution qui n'a jamais eu de précédent dans l'histoire de l'humanité. Cette relation avec des créatures artificielles dotées de compétences sociales et capables de remplir des rôles sociaux va conduire l'humanité à une bifurcation où des formes neuves de socialité seront susceptibles de surgir.