"On trouvera dans ce recueil un choix d'articles et de textes qui tous concernent l'Algérie. Ils s'échelonnent sur une période de vingt ans, depuis l'année 1939, où presque personne en France ne s'intéressait à ce pays, jusqu'à 1958, où tout le monde en parle. [...] Tels quels, ces textes résument la position d'un homme qui, placé très jeune devant la misère algérienne, a multiplié vainement les avertissements et qui, conscient depuis longtemps des responsabilités de son pays, ne peut approuver une politique de conservation ou d'oppression en Algérie. Mais, averti depuis longtemps des réalités algériennes, je ne puis non plus approuver une politique de démission qui abandonnerait le peuple arabe à une plus grande misère, arracherait de ses racines séculaires le peuple français d'Algérie et favoriserait seulement, sans profit pour personne, le nouvel impérialisme qui menace la liberté de la France et de l'Occident.
Une telle position ne satisfait personne, aujourd'hui, et je sais d'avance l'accueil qui lui sera fait des deux côtés."
Édition enrichie de Benedikte Andersson comportant une préface d'Adrien Goetz et une chronologie établie par Samuel S. de Sacy.
Composé de grandes scènes, de morceaux de bravoure, de descriptions de personnages devenus mythiques - Esmeralda, Quasimodo, Frollo... -, Notre-Dame de Paris ressemble à une architecture de statues, de frises, de reliefs sculptés, tous susceptibles d'être isolés et admirés pour eux-mêmes. Cette anthologie propose à tous les lecteurs de s'approprier ce monument littéraire.
Simon Leys (1935-2014) fut partagé entre la Belgique, où il est né, la France, où il a publié et connu les temps forts de sa vie intellectuelle, l'Australie, où il a trouvé les conditions idéales pour concevoir son oeuvre, et la Chine, qu'il a découverte en 1955 et dont il a dénoncé avec une rare clairvoyance le naufrage maoïste dans ses pamphlets mondialement célèbres : Les Habits neufs du président Mao (1971) et Ombres chinoises (1974). De Victor Hugo, Leys disait que l'exil avait été pour lui une 'seconde naissance' parce que ce fut sa période la plus féconde. L'Australie ne fut jamais un exil pour Leys, mais elle fut assurément le lieu d'une nouvelle naissance. Pas une deuxième, mais une troisième : quand il devint auteur de langue anglaise, Simon Leys était déjà un écrivain non seulement de langue française, mais de langue chinoise. Et sa calligraphie fait toujours l'admiration des Chinois.
Car avant de s'ériger en pourfendeur du maoïsme, Simon Leys fut, sous le nom de Pierre Ryckmans, un grand sinologue et un spécialiste de la peinture chinoise. Il fut aussi romancier, essayiste et critique littéraire, en anglais comme en français. Il fut enfin marin. Adolescent, il s'était initié à la voile aux Glénans, et sa passion pour la mer ne le céda bientôt plus qu'à celle pour la Chine. Leys consacra sa vie à naviguer sur les mers et les océans, mais aussi entre les langues, les cultures et les mondes.
Prix de la meilleure biographie 2016 LiRE
'Rêver c'est penser et c'est penser d'une façon beaucoup plus profonde, plus vraie, plus authentique parce que l'on est comme replié sur soi-même. Le rêve est une sorte de méditation, de recueillement. Il est une pensée en images. Quelquefois il est extrêmement révélateur, cruel. Il est d'une évidence lumineuse.
Pour quelqu'un qui fait du théâtre, le rêve peut être considéré comme un événement essentiellement dramatique. Le rêve, c'est le drame même. En rêve, on est toujours en situation. Bref, je crois que le rêve est à la fois une pensée lucide, plus lucide qu'à l'état de veille, une pensée en images et qu'il est déjà du théâtre, qu'il est toujours un drame puisqu'on y est toujours en situation.'
'Vingt ans après', ou presque. C'est en 1977, en effet, qu'Eugène Ionesco accorda ces Entretiens à Claude Bonnefoy. Malgré l'écart temporel, se dessine un Ionesco très proche, vivant, contradictoire, s'expliquant et s'interrogeant sur l'écriture théâtrale et romanesque, sur les liens entre le rêve, la création et la vie. À la fois sceptique et plein d'espoir, un homme en questions sur le rôle de la littérature et du théâtre dans la vie d'un écrivain, dans la vie d'un homme.