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Littérature argumentative
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Le couteau : Réflexions suite à une tentative d'assassinat
Salman Rushdie
- Gallimard
- Du monde entier
- 18 Avril 2024
- 9782073034021
"Il était essentiel que j'écrive ce livre : une manière d'accueillir ce qui est arrivé, et de répondre à la violence par l'art."
Pour la première fois, Salman Rushdie s'exprime sans concession sur l'attaque au couteau dont il a été victime le 12 août 2022 aux États-Unis, plus de trente ans après la fatwa prononcée contre lui. Le romancier lève le voile sur la longue et douloureuse traversée pour se reconstruire après un acte d'une telle violence ; jusqu'au miracle d'une seconde chance.
Le Couteau se lit aussi comme une réflexion puissante, intime et finalement porteuse d'espoir sur la vie, l'amour et le pouvoir de la littérature. C'est également une ode à la création artistique comme espace de liberté absolue. -
Des mots et des actes : Les belles-lettres sous l'Occupation
Jérôme Garcin
- Gallimard
- La part des autres
- 3 Octobre 2024
- 9782073058287
Le temps n'est certes plus à l'admiration béate des créateurs, à la séparation de ce qu'ils sont et de ce que leur oeuvre donne à connaître et à admirer. Mais cette double vision, plus pénétrante, fut, pour Jérôme Garcin comme pour d'autres de sa génération, un apprentissage : "À l'adolescence, j'attendais de la littérature à la fois un refuge et un horizon. Je lui demandais de l'aide, je ne lui demandais pas des comptes." Les coulisses de ce théâtre de signes n'étaient pas toutes reluisantes ; et des mots aux actes - c'est bien l'axe de ce livre - il y avait un écart qu'il s'est avéré impossible sinon de combler, du moins d'ignorer.
Dans cette passionnante revue d'effectifs des « belles-lettres » sous l'Occupation, qui s'appuie sur une connaissance fine des sources de l'histoire littéraire, Jérôme Garcin ajuste son regard, nos regards sur cette époque en clair-obscur, à l'aune de quelques-unes de ses plus hautes figures morales et intellectuelles - avec l'admirable Jean Prévost tout en haut de l'échelle. Ce questionnement par l'exemple sur la responsabilité de ceux que leurs écrits ont fait briller et qui se sont compromis s'adresse autant aux auteurs de ce temps qu'aux lecteurs d'hier et d'aujourd'hui. Car on a beau se garder de vouloir porter des jugements après coup, se répéter que le dossier est documenté depuis longtemps, on ne peut s'empêcher d'éprouver un persistant malaise à l'évocation de cette arrière-cour des catalogues et à l'égard de cette ignorance feinte, voire d'une certaine complaisance, sur laquelle ont pu et pourraient encore reposer certaines de nos passions littéraires. C'est à mieux saisir cette « part des autres », tantôt sombre, tantôt lumineuse, que Jérôme Garcin s'attache ici, en évoquant les figures de Brasillach, Céline, Chardonne, Cocteau, Morand ou Rebatet, et toujours à la lumière des engagements de Kessel, Lusseyran, Mauriac, Paulhan ou Jules Roy. -
Ci-gît l'amer : guérir du ressentiment
Cynthia Fleury
- Gallimard
- Folio essais
- 1 Septembre 2022
- 9782072981807
La philosophie politique et la psychanalyse ont en partage un problème essentiel à la vie des hommes et des sociétés, ce mécontentement sourd qui gangrène leur existence. Certes, l'objet de l'analyse reste la quête des origines, la compréhension de l'être intime, de ses manquements, de ses troubles et de ses désirs. Seulement il existe ce moment où savoir ne suffit pas à guérir, à calmer, à apaiser. Pour cela, il faut dépasser la peine, la colère, le deuil, le renoncement et, de façon plus exemplaire, le ressentiment, cette amertume qui peut avoir notre peau alors même que nous pourrions découvrir son goût subtil et libérateur. L'aventure démocratique propose elle aussi la confrontation avec la rumination victimaire. La question du bon gouvernement peut s'effacer devant celle-ci : que faire, à quelque niveau que ce soit, institutionnel ou non, pour que cette entité démocratique sache endiguer la pulsion ressentimiste, la seule à pouvoir menacer sa durabilité? Nous voilà, individus et État de droit, devant un même défi : diagnostiquer le ressentiment, sa force sombre, et résister à la tentation d'en faire le moteur des histoires individuelles et collectives.
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Le mythe de sisyphe (essai sur l'absurde)
Albert Camus
- Gallimard
- Folio essais
- 15 Novembre 2016
- 9782072470400
Les bouleversements de la première moitié du vingtième siècle - révolutions et guerres meurtrières, génocides, cracks économiques sans précédents - ont profondément transformé les bases même de la pensée européenne.
Jusque là conquérante, positive, défrichant sans relâche ni lassitude les territoires de la pensée ou les derniers mystères du monde, elle se met à douter d'elle même et plus encore du sens même de l'existence.
Les philosophes interrogent et décrivent le sentiment de vide et d'absurde qui habite leurs contemporains , les existentialistes construisent leur pensée autour de ce "vide existentiel", les romanciers et les dramaturges construisent leur art autour de la ruine du personnage, de l'intrigue, du sens...
Dans ce nouvel espace de la pensée, Albert Camus possède une place particulière, le sentiment de l'absurde le mène à un renoncement exigeant et fier. Refusant les illusions de la logique et de la loi, abolissant tout faux espoir, il décrit un homme nouveau, qui prend pleinement conscience de son être et des ses limites , qui aime d'autant plus profondément la vie qu'il doit la quitter.
En amoureux du micro, (débats, reportages, lectures...) et doué pour la remise en cause, Jacques Pradel nous conduit avec sensibilité à travers les cheminements de la pensée exigeante d'Albert Camus. La chaleur de sa voix, la densité de sa lecture font de cet enregistrement le meilleur moyen de découvrir le monument de la philosophie contemporaine qu'est le "Mythe de Sisyphe".
Claude Colombini & Patrick Frémeaux
"Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : c'est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'être vécue, c'est répondre à la question fondamentale de la philosophie."
Albert Camus -
Le chagrin conduit le coeur vers la littérature et la philosophie dans l'espoir d'y trouver une consolation, comme un enfant se réfugie dans les bras de sa mère. Mais les mots des autres ne consolent pas. Regarder la mort en face, n'est-ce pas constater notre condition d'êtres résolument inconsolables ?
Qu'est-ce que ça change, vraiment, de perdre son père ? Sans croyance en un au-delà, que signifie l'ultime disparition de ce qui est ? Rien ne change, et pourtant le monde n'est plus le même. Il faut s'habituer à vivre dans un monde sans lui. La vie continue, les matins se succèdent, les enfants grandissent, un nouveau chat rejoint la maison, et après la grande tristesse c'est la peur de l'oubli qui survient.
Et si tout redevenait comme avant ? La vie, même dans l'impossible face-à-face avec la mort, se trouve dans cette alternative : quand le temps s'étire, on s'ennuie ; quand le temps s'arrête, on gémit. Le drame n'est-il qu'une suspension provisoire de nos soucis ? Mais alors, nous autres, êtres inconsolables, avons-nous la possibilité de jouir de l'existence en connaissance de cause ?
Adèle Van Reeth lit son propre texte pour mieux nous faire ressentir les multiples émotions qui l'ont traversées lorsqu'elle a été confrontée à la mort de son père.
Couverture : © Gideon Rubin, Sans titre, huile sur toile, 2023 -
"Je me souviens du moins d'une grande fille magnifique qui avait dansé tout l'après-midi. Elle portait un collier de jasmin sur sa robe bleue collante, que la sueur mouillait depuis les reins jusqu'aux jambes. Elle riait en dansant et renversait la tête. Quand elle passait près des tables, elle laissait après elle une odeur mêlée de fleurs et de chair."
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« La dernière guerre ? » : Palestine, 7 octobre 2023-2 avril 2024
Elias Sanbar
- Gallimard
- Tracts/Gallimard
- 11 Avril 2024
- 9782073079947
« Pour divorcer, il eût fallu avoir été déjà mariés, quand ce conflit était né dans l'impossibilité même d'une union. »
Elias Sanbar
Il suffit de remonter à ce qui oppose les sociétés palestiniennes et israéliennes depuis 1948 pour comprendre ce qu'il y a d'existentiel, de part et d'autre, dans le conflit qui, depuis les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre 2023, a placé Gaza sous les bombes et causé des pertes effroyables dans sa société civile. La naissance d'Israël, et les deux guerres qui l'ont précédée et suivie, s'est jouée sur un socle d'injustice : la négation du droit des Palestiniens à résider sur leur terre. Ce point presque aveugle de la tragédie en cours est bien la source de toutes les désolations ; il réduit à néant tout ce qui, depuis des décennies, a pu faire espérer un horizon de partage, de reconnaissance et de cohabitation pacifiée. Jusqu'à conduire, presque fatalement, à cette « dernière guerre », selon les termes d'Israël...
L'épilogue d'épisodes dilatoires qui, à défaut d'annoncer des jours radieux délivrés de la menace souterraine du terrorisme, conduirait à l'éviction des Palestiniens hors des terres « israéliennes » et à la négation définitive de leur droit au retour. Une sortie de scène irréversible, au mépris du droit international, dont nul ne saurait douter qu'elle ne conduise à de pires malheurs. -
Limonov n'est pas un personnage de fiction. Il existe. Je le connais. Il a été voyou en Ukraine ; l'idole de l'underground soviétique sous Brejnev ; clochard, puis valet de chambre d'un milliardaire à Manhattan ; écrivain branché à Paris ; soldat perdu dans les guerres des Balkans ; et maintenant, dans l'immense bordel de l'après-communisme en Russie, vieux chef charismatique d'un parti de jeunes desperados. Lui-même se voit comme un héros, on peut le considérer comme un salaud : je suspends pour ma part mon jugement. C'est une vie dangereuse, ambiguë : un vrai roman d'aventures. C'est aussi, je crois, une vie qui raconte quelque chose. Pas seulement sur lui, Limonov, pas seulement sur la Russie, mais sur notre histoire à tous depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Jacques Frantz donne corps au personnage énigmatique de Limonov en restituant toute la violence et les contradictions de son combat. -
"Tu es entrée, par hasard, dans une vie dont je n'étais pas fier, et de ce jour-là quelque chose a commencé de changer. J'ai mieux respiré, j'ai détesté moins de choses, j'ai admiré librement ce qui méritait de l'être. Avant toi, hors de toi, je n'adhérais à rien. Cette force, dont tu te moquais quelquefois, n'a jamais été qu'une force solitaire, une force de refus. Avec toi, j'ai accepté plus de choses. J'ai appris à vivre. C'est pour cela sans doute qu'il s'est toujours mêlé à mon amour une gratitude immense."
Pendant quinze ans, Albert Camus et Maria Casarès échangent des lettres où jaillit toute l'intensité de leur amour. Entre la déchirure des séparations et les élans créateurs, cette correspondance met en lumière l'intimité de deux monstres sacrés au sommet de leur art. -
La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules
Philippe Delerm
- Gallimard
- L'Arpenteur
- 27 Avril 2012
- 9782072186769
«C'est facile, d'écosser les petits pois. Une pression du pouce sur la fente de la gousse et elle s'ouvre, docile, offerte. Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes - une incision de l'ongle de l'index permet alors de déchirer le vert, et de sentir la mouillure et la chair dense, juste sous la peau faussement parcheminée. Après, on fait glisser les boules d'un seul doigt. La dernière est si minuscule. Parfois, on a envie de la croquer. Ce n'est pas bon, un peu amer, mais frais comme la cuisine de onze heures, cuisine de l'eau froide, des légumes épluchés - tout près, contre l'évier, quelques carottes nues brillent sur un torchon, finissent de sécher.
Alors on parle à petits coups, et là aussi la musique des mots semble venir de l'intérieur, paisible, familière. On parle de travail, de projets, de fatigue - pas de psychologie.» -
La Défaite de l'Occident
Emmanuel Todd
- Gallimard
- Hors série Connaissance
- 11 Janvier 2024
- 9782073041159
L'implosion de l'URSS a remis l'histoire en mouvement. Elle avait plongé la Russie dans une crise violente. Elle avait surtout créé un vide planétaire qui a aspiré l'Amérique, pourtant elle-même en crise dès 1980. Un mouvement paradoxal s'est alors déclenché : l'expansion conquérante d'un Occident qui dépérissait en son coeur.
La disparition du protestantisme a mené l'Amérique, par étapes, du néo-libéralisme au nihilisme ; et la Grande-Bretagne, de la financiarisation à la perte du sens de l'humour. L'état zéro de la religion a conduit l'Union européenne au suicide mais l'Allemagne devrait ressusciter.
Entre 2016 et 2022, le nihilisme occidental a fusionné avec celui de l'Ukraine, né lui de la décomposition de la sphère soviétique. Ensemble, OTAN et Ukraine sont venus buter sur une Russie stabilisée, redevenue une grande puissance, désormais conservatrice, rassurante pour ce Reste du monde qui ne veut pas suivre l'Occident dans son aventure. Les dirigeants russes ont décidé une bataille d'arrêt : ils ont défié l'OTAN et envahi l'Ukraine.
Mobilisant les ressources de l'économie critique, de la sociologie religieuse et de l'anthropologie des profondeurs, Emmanuel Todd nous propose un tour du monde réel, de la Russie à l'Ukraine, des anciennes démocraties populaires à l'Allemagne, de la Grande-Bretagne à la Scandinavie et aux États-Unis, sans oublier ce Reste du monde dont le choix a décidé de l'issue de la guerre.
Emmanuel Todd est anthropologue, historien et essayiste. De lui, les Éditions Gallimard ont notamment publié Après l'empire (2002) et Après la démocratie (2008). -
Ce recueil réunit une centaine d'essais et d'articles publiés par Salman Rushdie dans la presse britannique et américaine de 1981 à 2002 : critiques littéraires, articles très personnels sur la genèse des Versets sataniques et les années noires de la fatwa, chroniques d'actualité, autant d'écrits dans lesquels les thèmes de prédilection de l'auteur - l'exil, la religion, la censure - resurgissent comme un fil rouge au gré de ses lectures, de ses découvertes et de ses rencontres. Ces textes d'une grande vivacité offrent une fascinante immersion, sur une vingtaine d'années, dans la pensée éclectique d'un écrivain aussi drôle que perspicace.
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Le français va très bien, merci
Les Linguistes atterrées
- Gallimard
- Tracts/Gallimard
- 25 Mai 2023
- 9782073036711
«Nous, linguistes de France, de Belgique, de Suisse, du Canada, sommes proprement atterrées par l'ampleur de la diffusion d'idées fausses sur la langue française.»
Les Linguistes atterrées
Les discours sur les "fautes" saturent quasiment l'espace éditorial et médiatique contemporain. Mais la différence entre une faute et une évolution, c'est la place qu'elle occupera à long terme dans l'usage. Et l'usage, ça s'étudie avec minutie. C'est le travail des linguistes. Face aux rengaines déclinistes, il devient indispensable de rétablir la rigueur des faits.
Non, l'orthographe n'est pas immuable en français. Non, les jeunes, les provinciaux ou les Belges ne "déforment" pas la langue. Oui, le participe passé tend à devenir invariable. Non, le français n'appartient pas à la France. Oui, tout le monde a un accent, voire plusieurs.
Dix idées reçues sur la langue, et surtout trente propositions pour en sortir. -
«Il faut s'adapter» : sur un nouvel impératif politique
Barbara Stiegler
- Gallimard
- Folio essais
- 14 Septembre 2023
- 9782073010063
D'où vient ce sentiment diffus et oppressant d'un retard généralisé, lui-même renforcé par l'injonction permanente à s'adapter au rythme des mutations d'un monde complexe ? Comment expliquer cette colonisation des champs économique, social et politique par le lexique biologique de l'évolution ?
La généalogie de ce nouvel impératif nous conduit dans les années 1930 aux sources du "néolibéralisme" américain : "néo" car, contrairement au libéralisme classique qui comptait sur la libre régulation du marché, ce nouveau libéralisme autoritaire en appelle aux artifices de l'État (droit, éducation, action sociale). L'enjeu est de transformer l'espèce humaine pour fabriquer les agents d'une compétition mondiale loyale et régulée. Pour Walter Lippmann, théoricien de cette transformation, seul un gouvernement de leaders et d'experts peut conduire l'évolution des sociétés dans la bonne direction. Mais Lippmann se heurte à John Dewey, figure majeure du pragmatisme, qui lui oppose l'intelligence collective des publics, socle d'une indispensable refondation de la démocratie.
"La lutte entre le néolibéralisme et la démocratie n'est pas terminée : elle ne fait que commencer", Thomas Piketty, présentation de l'édition américaine, Fordham University Press. -
"Walter Benjamin collectionnait amoureusement les citations. Dans la magnifique étude qu'elle lui a consacrée, Hannah Arendt compare ce penseur inclassable à un pêcheur de perles qui va au fond des mers "pour en arracher le riche et l'étrange".
Subjugué par cette image, je me suis plongé dans les carnets de citations que j'accumule pieusement depuis plusieurs décennies. J'ai tiré de ce vagabondage les phrases qui me font signe, qui m'ouvrent la voie, qui désentravent mon intelligence de la vie et du monde.
Arendt, Kundera, Levinas, mais aussi Valéry, Canetti, Tocqueville, Nietzsche, Thomas Mann, Virginia Woolf ont été quelques-uns de mes guides. Dans leur sillage, j'ai essayé de penser à nouveaux frais l'expérience de l'amour, la mort, les avatars de la civilité, le destin de l'Europe, la fragilité de l'humour, le monde comme il va et surtout comme il ne va pas."
A. F. -
"cher monsieur Germain,..." : lettres et extraits
Albert Camus
- Gallimard
- Folio 2 euros / 3 euros
- 15 Mai 2023
- 9782073033055
"19 novembre 1957
Cher Monsieur Germain,
J'ai laissé s'éteindre un peu le bruit qui m'a entouré tous ces jours-ci avant de venir vous parler un peu de tout mon coeur. On vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n'ai ni recherché ni sollicité. Mais quand j'ai appris la nouvelle, ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j'étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. (...)
Je vous embrasse, de toutes mes forces."
Albert Camus
Alors qu'il vient de recevoir le prix Nobel de littérature, Albert Camus écrit à son ancien instituteur à Alger, celui sans qui "rien de tout cela ne serait arrivé", toute sa reconnaissance. L'ensemble de la correspondance entre les deux hommes et un extrait du Premier homme où apparaît le personnage de l'instituteur M. Bernard sont ici réunis. Une édition en forme d'hommage à ce lien magnifique de gratitude et de tendresse. -
Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe
Chimamanda Ngozi Adichie
- Gallimard
- Hors série Littérature
- 2 Mars 2017
- 9782072721984
"Je suis convaincue de l'urgence morale qu'il y a à nous atteler à imaginer ensemble une éducation différente pour nos enfants, pour tenter de créer un monde plus juste à l'égard des femmes et des hommes."
À une amie qui lui demande quelques conseils pour élever selon les règles de l'art du féminisme la petite fille qu'elle vient de mettre au monde, Chimamanda Ngozi Adichie répond sous la forme d'une missive enjouée, non dénuée d'ironie, qui prend vite la tournure d'un manifeste. L'écrivain nigériane examine les situations concrètes qui se présentent aux parents d'une petite fille et explique comment déjouer les pièges que nous tend le sexisme, à travers des exemples tirés de sa propre expérience. Cette lettre manifeste s'adresse à tous : aux hommes comme aux femmes, aux parents en devenir, à l'enfant qui subsiste en nous et qui s'interroge sur l'éducation qu'il a reçue. Chacun y trouvera les clés d'une ligne de conduite féministe, qui consiste à croire en la pleine égalité des sexes et à l'encourager.
Grand Prix de l'Héroïne Madame Figaro. -
"Nous ne savons pas ce qui nous arrive et c'est précisément ce qui nous arrive", écrit José Ortega y Gasset.
Que nous arrive-t-il ? Qu'arrive-t-il à la France ? Au monde ? Notre impéritie vient-elle d'une myopie à l'égard de tout ce qui dépasse l'immédiat ? d'une perception inexacte ? d'une crise de la pensée ? d'un somnambulisme généralisé ?
Tant de certitudes ont été balayées !
Comment naviguer dans un océan d'incertitude ? Comment comprendre l'histoire que nous vivons ? Comment admettre enfin que, en dégradant l'écologie de notre planète, nous dégradons nos vies et nos sociétés ? Comment appréhender le monde qui se transforme de crise en crise ? Comment concevoir l'aventure inouïe de notre humanité ? Est-ce une course à la mort ou à la métamorphose ?
Serait-ce à la fois l'un et l'autre ?
Réveillons-nous !
E. M.
La voix puissante de Bernard Métraux porte haut et fort cet appel à résister aux tentations réactionnaires. Une lecture indispensable ! -
"Le monde des théories n'est pas le mien. Ces réflexions sont celles d'un praticien. L'oeuvre de chaque romancier contient une vision implicite de l'histoire du roman, une idée de ce qu'est le roman. C'est cette idée du roman, inhérente à mes romans, que j'ai fait parler."
Milan Kundera. -
Le noeud démocratique : Aux origines de la crise néolibérale
Marcel Gauchet
- Gallimard
- Bibliothèque des Sciences humaines
- 10 Octobre 2024
- 9782073085337
Le désenchantement du monde n'avait pas livré tous ses secrets. Il comportait une suite que l'on n'attendait pas.
On le croyait achevé. Il n'en était rien. Il est allé silencieusement à son terme au cours des quatre ou cinq dernières décennies. La sortie de la structuration religieuse des sociétés a libéré cette fois toutes ses potentialités en engendrant un "nouveau monde" déconcertant. L'étrange crise de la démocratie qui affecte le monde occidental en est un des aspects les plus troublants. Elle est l'opposé exact de la crise totalitaire qui a ravagé le premier siècle. Celle-ci avait pour moteur l'aspiration à détruire la démocratie dite "bourgeoise" pour lui substituer des régimes supérieurs. La crise actuelle, à l'inverse, touche une démocratie dont les principes sont plébiscités, mais dont le fonctionnement n'en suscite pas moins une immense frustration et des fractures profondes au sein des peuples.
Cette "crise de la réussite", comme il y eut un "vertige du succès" stalinien, est liée, montre Marcel Gauchet, à une lecture trompeuse de la nouvelle structuration collective née de l'effacement complet de l'empreinte sacrale. Elle induit une vision réductrice de la nature de la démocratie, aveugle au noeud qui tient ses éléments ensemble. Il faut la dire "néolibérale", dans un sens qui va bien au-delà de l'économie, même si elle consacre le règne de l'économie, puisqu'elle concerne tous les domaines de l'existence collective et en propose même un modèle global.
Mais à l'exemple de l'expérience totalitaire en son temps, cette expérience qui en prend le contrepied a la vertu de mettre en lumière des conditions jusqu'alors mal identifiables de la bonne marche de nos régimes. C'est en fonction de ses enseignements que devra se repenser la démocratie de l'avenir. -
"La langue anglaise n'existe pas" : C'est du français mal prononcé
Bernard Cerquiglini
- Gallimard
- Folio essais
- 7 Mars 2024
- 9782073056641
Langue officielle et commune de l'Angleterre médiévale durant plusieurs siècles, le français a pourvu l'anglais d'un vocabulaire immense et surtout crucial. Traversant la Manche avec Guillaume le Conquérant, il lui a offert le lexique de sa modernité. C'est grâce aux mots français du commerce et du droit, de la culture et de la pensée que l'anglais, cette langue insulaire, est devenu un idiome international. Les "anglicismes" que notre langue emprunte en témoignent.
De challenge à vintage, de rave à glamour, après patch, tennis ou standard, de vieux mots français, qui ont équipé l'anglais, reviennent dans un emploi nouveau ; il serait de mise de se les réapproprier, pour le moins en les prononçant à la française.
Avec érudition et humour, Bernard Cerquiglini inscrit la langue anglaise au patrimoine universel de la francophonie. -
Au nom de la loi. La persécution quotidienne des Juifs à Paris sous l´Occupation
Johanna Lehr
- Gallimard
- Connaissances
- 3 Octobre 2024
- 9782073083937
C'est dans Paris et sa banlieue, point névralgique de leur persécution, que furent raflés près de 29 000 Juifs pendant l'Occupation. Si elle s'est imposée dans la mémoire collective comme le symbole de la répression antijuive, la rafle du Vél' d'Hiv a éclipsé une autre forme de violence, plus discrète et quotidienne, qui s'est abattue sur des milliers de Juifs dans la capitale et a abouti à leur déportation : les arrestations individuelles.
C'est alors "au nom de la loi", du règlement ou de l'ordonnance qu'on arrêtait chaque jour ces Juifs à Paris pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dans son enquête, Johanna Lehr identifie des lieux de la capitale qui, du 1er au 20e arrondissement et jusqu'à Drancy, en petite couronne, dessinent la géographie de cette persécution. Grâce à des archives inédites, elle dévoile le rôle d'administrations françaises restées invisibles : le Palais de justice, les prisons, la préfecture de Police, les hôpitaux, les gares... autant d'institutions qui, obéissant à un fonctionnement ordinaire dans un moment extraordinaire, ont pris une part active au processus de destruction des Juifs de France. -
Le peintre de la vie moderne
Charles Baudelaire
- Gallimard
- Folio 2 euros / 3 euros
- 4 Janvier 2024
- 9782073048141
"Pour le parfait flâneur, pour l'observateur passionné, c'est une immense jouissance que d'élire domicile dans le nombre, dans l'ondoyant, dans le mouvement, dans le fugitif et l'infini. Être hors de chez soi, et pourtant se sentir partout chez soi ; voir le monde, être au centre du monde et rester caché au monde, tels sont quelques-uns des moindres plaisirs de ces esprits indépendants, passionnés, impartiaux, que la langue ne peut que maladroitement définir. L'observateur est un prince qui jouit partout de son incognito."
Dans ce texte de 1863, Baudelaire, en critique d'art, porte son regard sur l'oeuvre de son contemporain, le peintre Constantin Guys. Un regard que traverse un dessein propre au poète du spleen : en "extraire la veine battante du moderne." (Henri Scepi) -
Chine-Russie : Le grand rapprochement
Alice Ekman
- Gallimard
- Tracts/Gallimard
- 9 Novembre 2023
- 9782073057648
"L'existence d'un ennemi commun, et la volonté partagée de créer ensemble un nouvel ordre mondial au sein duquel cet ennemi serait affaibli, constitue une des forces motrices du rapprochement sino-russe." Alice Ekman
Le rapprochement sino-russe a résisté au test de la guerre en Ukraine et continue à se consolider après l'attaque du Hamas contre Israël. Chine et Russie sont désormais en mesure de repousser conjointement la présence et l'influence des États occidentaux dans certaines parties du monde, de freiner ou bloquer plusieurs de leurs initiatives diplomatiques. La convergence des propagandes encourage l'émergence dans certains pays du "Sud" de positions anti-occidentales de plus en plus complotistes et violentes.
Leur détestation commune des États-Unis et de leurs alliés, leur volonté de les affaiblir et de les marginaliser - seule façon, estiment les deux partenaires, de pouvoir garantir leur propre stabilité politique - les rapprochent naturellement et les soudent aujourd'hui plus que jamais. Car aux yeux de Vladimir Poutine et Xi Jinping, c'est l'avènement d'un monde post-occidental qui se joue en ce moment, et ils espèrent y parvenir ensemble.