Plus qu'à une Quatrième Révolution industrielle, nous assistons à une Révolution Multivers qui bouleverse en profondeur le quotidien des entreprises et des citoyens. Les progrès fulgurants de l'intelligence artificielle, des Metaverses et des jumeaux numériques repoussent les frontières du possible dans des domaines aussi différents que la médecine du futur, la conquête spatiale, les villes intelligentes, l'informatique quantique ou la transition écologique.
Alors que l'avènement d'Internet et du web 2.0 avaient coïncidé avec une digitalisation de nos existences, la Révolution Multivers renverse cette tendance. Grâce aux nouveaux outils de simulation, nos sociétés vont enrichir la maîtrise de leur environnement, étendre le champ des connaissances et optimiser la gestion des ressources disponibles. C'est à la confluence de la sphère digitale et de l'univers physique que se situent toutes ces innovations qui serviront à améliorer le monde réel.
À condition d'effectuer les bons choix et les investissements adéquats, l'Europe peut devenir un pôle leader de ce changement de paradigme. Le Vieux Continent a même l'occasion de proposer une alternative aux modèles technologiques chinois et américains en misant davantage sur les énergies propres, la santé, l'éducation et le bien-être individuel. Au moment où les enjeux de souveraineté et d'autonomie stratégique revêtent une importance cruciale, il est urgent d'accélérer ces mutations qui seront non seulement profitables à la compétitivité de notre économie, mais aussi à la vie des citoyens européens.
Ce livre redonne à la littérature espagnole toute sa place dans l'histoire littéraire européenne. Il s'agit d'une véritable remontée dans le temps, de Federico Garcia Lorca à Calderón, de la guerre d'Espagne au Siècle d'or, avec, au centre de ce voyage, la figure lumineuse de José Bergamín, en « passeur ». L'Espagne apparaît soudain à portée de main. Une Espagne « or et ciel » que, très tôt, Florence Delay eut l'impression de toucher presque du doigt, quand l'enfant qu'elle était la voyait scintiller depuis les plages du Sud-Ouest de la France.
En conjuguant sa passion pour le théâtre, la poésie et l'Espagne, ou encore en descendant dans l'arène de l'interprétation des textes, Florence Delay retrace ici, à travers quelques-uns des épisodes personnels de sa vie, le chemin qui l'a menée aux écrivains qu'elle aime, lit, relit, traduit.
Cet essai est la première tentative d'expliquer le mouvement lettriste et ses réalisations dans sa relation aux multiples mouvements d'art survenus après la guerre. Le lettrisme promu par la personnalité géniale d'Isidore Isou, son fondateur, s'annonce comme la dernière avant-garde légitime et prometteuse, après l'écroulement du Surréalisme. For t de ses concepts originaux - L'Art imaginaire, l'Art supertemporel, la poésie sonore... le lettrisme aura une fonction d'anticipateur à l'aune de l'exploitation esthétique de mouvements divers (Situationnisme, Happening, Fluxus ...). Lettrisme - le bouleversement des Arts devient une expérience de lecture incontournable pour celui qui veut enrichir ses connaissances dans le domaine de l'Art moderne et contemporain.
Qu'en est-il des oeuvres innombrables qui ont existé et n'existent plus ? Ces oeuvres perdues gardent parfois une pâle présence. Explorer la perte, c'est prendre en considération ce qui subsiste à peine et pourtant a pleinement existé, les débris, les fragments, les ruines, les conceptions englouties, les productions abandonnées, les restes presque oubliés. Pour nous, perdre est un phénomène nourri d'exemples et de cas. C'est à travers des histoires de perte, aussi bien anecdotes historiques que vignettes légendaires, que nous essayons d'avoir prise sur ce qui manque. Et ces historiettes innombrables, toujours dramatiques, souvent répétitives, sont aussi le matériau imaginatif qui permet d'explorer la face sombre de la mémoire. Les épisodes et les exemples se concentrent sur lemoment dramatique de la perte qui a failli avoir lieu, ou qui a malgré tout eu lieu. Ou bien, au contraire, sur les redécouvertes et les retours d'intérêt qui abolissent triomphalement l'oubli précédent. Ces anecdotes mêlent les violences réelles, les destructions mythiques, les altérations multiples du faux et les dégâts profonds dus à l'indifférence. Par elles, l'imagination de la mémoire s'empare du destin obscur qui est à l'horizon des oeuvres.
Ce livre est l'histoire d'un cheminement à travers des idiomes qui sont autant de formes, de rythmes, de noms, dans la multiplicité des questions posées pour dire ce qu'est l'impatience des langues. Ce cheminement philosophique va de la patience du concept à l'impatience de son refus. Il est comme l'incessant recommencement du « refus de la patience du concept » dans l'entrelacs de langues aussi prometteuses que menaçantes, puisqu'elles accueillent l'aléatoire du temps tout en demeurant exposées à la ruse exorbitante du concept. Sur le chemin de l'impatience des langues, des questions se pressent. Y a-t-il un temps de la politique ? À quels usages des langues et de leurs entre-traductions est assigné ce temps ? Peut-on penser une justice sans destin et sans téléologie ? Pourquoi et comment l'amour vient-il faire effraction dans ces mouvements ? La mémoire oublieuse et infidèle est-elle une condition du partage et de la promesse ? Et le messianisme, pourquoi en parler aujourd'hui ? Quelles langues, pour quelle éthique ?
En étendant le concept d' « oeuvre » du signe à la connaissance,Gilles-Gaston Granger a su redéfinir l'activité philosophique. En effet, selon lui, un « fait épistémologique » n'est pas seulement un « fait de science » ; il concerne non seulement le devenir de la science mais également la vie humaine dans son ensemble. L'enjeu de son travail a donc été avant tout de définir la tâche et les objectifs de la « discipline philosophique », notamment dans son rapport à l'histoire des sciences et au concept de science, car, comme il le démontre, « le scientifiquement connaissable dépend exclusivement des déploiements de la pensée formelle ». Granger a ainsi fait porter sa réflexion sur l'émergence du formel à partir de la théorie aristotélicienne de la science, tout en renouvelant sous le nom de « topique comparative » une méthode dont le spectre, couvrant l'histoire de la géométrie depuis Euclide, s'étend jusqu'à Russell et Carnap. S'appliquant également à la linguistique et aux sciences humaines, sa pensée contraste ainsi avec la démarche exclusivement historique de son prédécesseur au Collège de France, Martial Guéroult.
L'expérience narrative est ce qui enveloppe chaque moment, ce qui devient événement. Expérience et récit sont conjugués dans la même fonction histoire. La question a été posée : est-ce que Ernst Ju¨nger, pendant la guerre mondiale, a entendu le récit lui apprenant la Conférence deWannsee qui programmait la Solution finale ? Est-ce que cela aurait modifié son « expérience du combat » ? A-t-il eu connaissance du Cours d'hiver 1933-34 où son ami Heidegger exigeait « l'extermination totale » de « l'Asiatique » ? Peut-on approcher cette énigme qui introduit dans l'Histoire une furie des langages, où se raconte d'avance ce qui va survenir comme réel par l'effet de ce transformat ? Dans cet essai, l'auteur analyse les transformations de l'expérience narrative qui s'explorent par fragments signés Nietzsche. Ou dans la forfaiture « totale » de Carl Schmitt. Ou dans le couplage indirect Bataille/Lacan. Ou encore dans lamutation renversée, sous le regard de Sade, qui remonte de la perdition rieuse de Juliette au « sourire perdu » d'Anne Prosper. Ainsi, au « transformat univers » s'ajoute le transformat langage.
L'oeuvre d'Emmanuel Levinas est depuis quasiment son commencement et jusqu'à ses ultimes écrits caractérisée par la quête d'une phénoménalité défective, échappant à toute représentation. La nouvelle voie dont parle Levinas consistera à déborder les perspectives de la métaphysique humaniste, à prendre le risque de remettre en cause l'enracinement de l'humain dans la profondeur de l'être. Rien de moins donc que l'aspiration à une pensée de l'extériorité irréductible de la séparation et du face-à-face, s'efforçant de trouver une orientation, une sortie de l'être vers un Dire accordé aux commandements inouïs d'autrui.
Cinquante ans après la publication de Totalité et Infini, il nous a semblé pertinent de proposer des lectures et interprétations croisées de ce très grand livre d'Emmanuel Levinas, qui fut le premier dans le paysage intellectuel de l'époque à élaborer une pensée, voire une théorie de la subjectivité face à l'autre présupposant toujours le surgissement et l'interpellation de la parole qui vient rompre l'économie immanente du Même.
Dans À la Recherche du temps perdu, toutes les rencontres sont possibles, et tout compte, comme dans les rêves. La proximité des objets du monde produit la ressemblance, et le désir est glissement inextinguible. L'à côté, dans la perception proustienne, produit juxtaposition et contamination, et abolit tout cloisonnement à l'intérieur de l'expérience.
La suite de lectures qui forme ce livre met en évidence les rapports entre théorie et fascination, entre désir et profanation, mais aussi les illuminations qui préparent l'écriture du grand livre, les lieux, figures concrètes de l'espace, et encore l'évolution de l'idée du mal, et la centralité transgressive du sommeil.
Qui écoute Proust part à la recherche, et s'efforce de transmettre les saisies, les étapes et les surprises de la poursuite.
Jacqueline Risset a traduit La Divine Comédie de Dante (5e édition 2007) et publié divers livres de poèmes et d'essais, parmi lesquels Puissances du sommeil, Les Instants, Traduction et mémoire poétique.
Félix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847) est l'un des compositeurs romantiques les plus célèbres. Membre d'une famille s'étant fait un nom dans le secteur bancaire, le musicien des Romances sans paroles est une véritable icône culturelle en Allemagne. Converti au protestantisme, il devint le symbole d'une assimilation réussie. Pourtant, Mendelssohn- Bartholdy fut considéré par le régime nazi comme un artiste « dégénéré » et fut de fait victime de la brutale répression culturelle. Cet essai présente la personnalité singulière de ce musicien d'exception : pianiste, organiste, directeur de l'Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, auteur d'oratorios célèbres comme Elias et Paulus où se croisent les enseignements de l'Ancien et du Nouveau Testaments, Mendelssohn-Bartholdy est un personnage multiple, hanté par plusieurs traditions culturelles que l'on retrouve dans ses oeuvres.
Si Hitler et sa politique criminelle avaient triomphé durant la Seconde Guerre mondiale, le public n'aurait jamais plus eu accès aux écrits de Thomas Mann et aux oeuvres de compositeurs aussi célèbres que Félix Mendelssohn, Gustav Mahler, Kurt Weill ou Arnold Schnberg. Le national-socialisme en interdit la publication, l'enregistrement, la radiodiffusion et l'exécution parce qu'ils émanaient d'écrivains et de musiciens juifs ou d'avant-garde. Les quatorze contributions constituant
Déracinements racontent ou évoquent le sort terrible, parfois tragique, de ces artistes contraints à l'exil en France, aux États-Unis et ailleurs, quand ils ne furent pas déportés et assassinés à Sobibor
comme Alfred Tokayer.
Cette galerie de destins permet de relater une histoire de la musique du vingtième siècle bien différente des idées reçues. On y rencontre notamment des personnalités légendaires comme Artur Schnabel ou Theodor W. Adorno, ainsi que Norbert Glanzberg (l'auteur de la célèbre chanson Padam, Padam ! écrite pour Edith Piaf), Salvador Bacarisse (réfugié à Paris pour échapper à la répression franquiste) ou Aldo Finzi (espoir de la musique italienne encouragé par Toscanini et victime de la violence antisémite du Troisième Reich).
Avec des contributions de Juan Allende-Blin, Emil Brix, Amaury du Closel, Albrecht Dümling, Alfred Grosser, Werner Grünzweig, Frank Harders-Wuthenow, Christiane Heine, Philippe Olivier, Birger Petersen et Gian Paolo Sanzogno.
Les questions des spécialistes de la poésie ne sauraient être étrangères au public le plus large. J'ai voulu mettre face à face ceux qui ont fini par se tourner le dos : les poètes et leurs lecteurs professionnels, chagrins de la désaffection du grand public, le grand public, irrité de la difficulté des propositions de la poésie contemporaine. Je me suis demandé pourquoi l'art moderne avait réussi à imposer ses visions et pas la poésie. En consacrant une étude à Michel Deguy, je me suis donc proposé de procéder comme un critique d'art. Je me suis demandé ce qui faisait la singularité de Michel Deguy. J'ai trouvé que sa poésie et sa poétique rencontraient la question qui a dominé la pensée et l'existence depuis une bonne cinquantaine d'années : celle du rapport de l'identité et de la différence. J'ai compris que la « question » du rapport poésie et philosophie était mal posée.
Chopin correspondance
Recueillie, révisée, annotée et traduite par Bronislav-Édouard Sydow
Plus de six cents lettres, parmi lesquelles plusieurs dizaines adressées à Chopin par George Sand et d'autres. Écrites au fil de la plume, sans souci de la postérité, les lettres de Chopin n'offrent jamais rien de conventionnel. Elles sont le reflet de son âme, une âme droite et ferme. Elles le montrent débordant d'affection pour sa famille, vénérant son pays, foncièrement bon et dévoué en amitié comme en amour, spirituel, passionné et tendre, sans détours ni calculs d'aucune sorte.
Vol. 1 : L'aube, 1816-1831
Vol. 2 : L'ascension, 1831-1840
Vol. 3 : La gloire, 1840-1849
Une littérature de possession, d'envoûtement, de hantise. Ceux qui vivent ces histoires se sentent envahis, pillés, captés, affaiblis par quelqu'un, par quelque chose d'autre. Le présent ouvrage explore cette expérience de la possession quand elle croise la littérature, à travers l'oeuvre de trois écrivains : Guy de Maupassant, Antonin Artaud et Maurice Blanchot. L'événement total de la possession exige l'invention, la rigueur, la technique, l'érudition tout ensemble. D'authentiques révélations textuelles peuvent alors se produire. Maupassant, écrivain surnaturaliste, s'avère un implacable analyste de la perception et de l'être extraordinaires. Face à l'ensorcellement généralisé du monde, Artaud se condamne à et dans la littérature. Le désaccord entre les essais et les romans ou récits de Blanchot le rend partiellement à la phénoménologie. Avec l'altération absolue des individus, les accointances entre philosophie et littérature sont significatives leurs limites aussi. En plus de la philosophie, sont privilégiées ici la psychiatrie et la critique réfléchie. Oui, la possession est proprement un enjeu pour la critique littéraire : par les textes, elle désigne un mode de lecture, et l'empathie d'une parole enthousiaste. À chaque fois, les oeuvres sont traversées par d'autres, emportées par la lecture, hantées par la possession.
La correspondance d'Ivan Tourguéniev avec Louis Viardot (1844-1881), inédite en France, est placée sous le sceau d'une fraternité authentique. On découvre en Louis Viardot, mari de Pauline Garcia, la diva de son temps, qu'il adore et qu'il laisse adorer par son « frère » russe, l'humaniste comme lui ouvert aux préoccupations d'un XIXe siècle en maturation (les droits de l'Homme, les États-Unis d'Europe), mais aussi à celles de notre XXIe siècle en matière d'amour libre. À partir de ce postulat, s'éclaire l'énigme sur la relation mystérieuse et sentimentale entre un homme apparemment effacé, un érudit polygraphe injustement oublié, et un célèbre écrivain, Russe jusqu'au bout des ongles, qui a transposé son nid à Bougival, à la demande de Louis.
Et si, tout compte fait, Parménide ne présentait pas du tout la figure traditionnelle qu'on lui prête ? Et s'il n'était pas le logicien du principe d'identité que l'on croit ? Et si l'Être était un « tenir ensemble » et la Sphère un monde bien tenu, respectant la Vérité de la Déesse sans exclure en rien le Sensible ? C'est ce qu'Arnaud Villani tente d'établir dans une traduction et un commentaire préfacés par Gilbert Romeyer-Dherbey, et qui privilégient une piste de lecture oubliée.
ARNAUD VILLANI, bi-agrégé et docteur d'État, est l'auteur de très nombreux travaux de philosophie, ainsi que de recueils poétiques et poétologiques. Il a ouvert un vaste chantier d'études critiques sur l'Histoire classique de la Philosophie occidentale, de Parménide à Gilles Deleuze.
Aventurier célèbre du xviiie siècle, Beaumarchais est avant tout le père de Figaro, cette figure familière qui s'invite dans le débat public dès qu'il est question de liberté d'expression ou de lutte contre l'injustice. Récusant le concept de mythe, dont les études de réception sont friandes, cette enquête s'interroge sur la manière dont l'usage systématique de Figaro dans des domaines extra-littéraires détermine l'ensemble du discours critique sur Beaumarchais. Aux origines de la figaromania, un parcours de la subversion à l'institutionnalisation s'opère à la fin du xixe siècle avec l'avènement des républicains. Cette histoire globale de la réception montre ainsi la convergence entre les significations d'une oeuvre appartenant au patrimoine national et les multiples usages et appropriations dont elle fait l'objet, envisagés dans leur diversité à l'échelle européenne.
Diderot, qui n'a cessé de s'interroger sur la nature des événements et sur les limites du langage, a fini par produire une philosophie des singularités dans laquelle la question du moi occupe une place importante. Cette aventure intellectuelle et artistique constitue l'objet du présent essai. Trois questions l'organisent : Comment dire les singularités ? Qu'est-ce que le moi selon Diderot ? Quel rôle jouent les fictions et la création littéraire dans cette exploration du monde humain ? On découvre ainsi un penseur attentif à la variété des expériences et soucieux de ne pas trahir le réel. Paradoxalement, cette exigence le conduit à inventer des fictions d'un type particulier, comme Jacques le fataliste, Le Neveu de Rameau ou Le Rêve de D'Alembert. C'est précisément pour définir cette catégorie d'oeuvres que Franck Salaün a forgé le concept de fiction pensante.
Nouvelle édition revue et augmentée.
Éditorial
DOSSIER. « PAR LES GRECS?», sous la direction de Laurent Dubreuil
Textes
« Énième hellénique », Laurent Dubreuil
« Silles » (présenté et traduit du grec par Laurent Dubreuil), Daphnis d'Hylè
« Quelques pas à travers de longues routes sinueuses » (traduit de l'italien par Renaud Pasquier), Pietro Pucci
« La philosophie peut-elle (se) comparer ? L'idée, l'événement, et la Grèce Ancienne », Klas Molde
« Poésies » (présenté, annoté et traduit de l'italien par Renaud Pasquier), Lucio Mariani
« Les Grecs, l'Occident, les Juifs. Modèles et contre-modèles », Pierre Savy
« Face à une statue d'Apollon » (présenté et traduit de l'hébreu par Michel Garel), Sau¨l Tchernikhovski
« Warum Greece ? », Pierre Judet de la Combe
DOCUMENT
« Juifs et Phéniciens » (présenté et traduit de l'anglais par Laurent Ferri), Martin Bernal
TEXTE LIBRE
« Photo-, phono- et cinématographie chez Clément Rosset », Pierre-Yves Macé
L'idée de la première édition scientifique et critique des OEuvres complètes de Diderot est née en 1958, lors de l'acquisition par la Bibliothèque nationale du fonds Vandeul. Ce riche ensemble de manuscrits provenant de la fille de Diderot, resté presque inexploité, fut sauvé par Herbert Dieckmann, professeur à l'université de Harvard. Aucun éditeur français n'ayant manifesté d'intérêt pour une entreprise d'une telle envergure, Julien Cain, alors directeur des Bibliothèques de France, fit appel à Pierre Bérès pour créer, en 1964, un Comité national d'édition des oeuvres de Diderot où figuraient André Chastel, Herbert Dieckmann, Jean Fabre, René Pomeau, Jean Pommier, Gaëtan Picon et Jean Seznec. Une équipe internationale fut constituée sous l'impulsion d'Herbert Dieckmann et de Jean Fabre, réunissant plus de soixante spécialistes, chercheurs et universitaires français, américains, italiens, allemands, danois, etc. En 1975 parurent les trois premiers volumes des OEuvres complètes, désignées désormais sous le sigle DPV du nom des membres fondateurs du Comité de publication : Herbert Dieckmann, Jacques Proust et Jean Varloot. Après la publication du tome XX, l'édition connut des années difficiles dues, pour l'essentiel, aux problèmes particulièrement ardus posés par les oeuvres de la dernière période. Leur résolution doit beaucoup à la mise en place d'un nouveau comité réunissant des chercheurs qui ont une responsabilité directe dans les volumes à paraître : Roland Mortier, Bertrand Binoche, Geroges Dulac, Gianluigi Goggi, Sergueï Karp et Didier Kahn. La relance de l'édition se manifeste par la publication, à l'automne 2004, du tome XXIV, prélude à celle des derniers volumes prévus dans toutes les années suivantes. Établie à partir des manuscrits, des premières éditions et des révisions de l'auteur, l'édition des OEuvres complètes réunit, pour chaque oeuvre, les différentes étapes de la réflexion de Diderot et le meilleur texte. Un important appareil critique de variantes et d'élucidations fournit les données indispensables à l'étude. Le plan général adopté présente l'oeuvre dans son ordre chronologique, au sein duquel sont introduits quelques groupements originaux qui éclairent la continuité des thèmes du philosophe et de l'écrivain : idées, fiction, critique, beaux-arts, encylopédie. Pour faciliter la lecture, l'orthographe a été modernisée. La collection comporte trente-trois volumes, imprimés sur papier vélin en monotype Bembo et reliés en toile sous rhodoïd, avec tranchefile et tête dorée. Le tirage est strictement limité à deux mille exemplaires. Les volumes sont vendus soit sous forme de souscription à la collection complète, soit à l'unité.
Qu'Yves Bonnefoy ait été lecteur d'Alfred Jarry et du plus érotique de nos grands poètes, Gilbert Lély, est un fait peu connu et cependant capital à plusieurs titres. À celui de la compréhension véritable de sa conception de la poésie, tout d'abord, qui traverse en les intégrant toutes les forces du désir ; ensuite, au titre de la reconnaissance du rôle central que joue dans le processus créateur ce qu'avec la psychanalyse on a pris l'habitude de nommer scène primitive : c'est-à-dire l'un des fantasmes dits originaires dont les créateurs seraient précisément ceux qui s'en saisiraient pour le réélaborer en faisant oeuvre. L'essai passe ainsi d'une lecture de Jarry à une autre de Lely - toutes deux centrées sur le rôle moteur de l'affrontement à leur propre scène primitive. Or, cette hypothèse, dont Patrick Née crédite l'interprétation d'Yves Bonnefoy en l'entrelaçant à sa vision personnelle de ces deux auteurs, vient de trouver une éclatante confirmation dans une sorte de trilogie récemment publiée, Deux scènes et notes conjointes, où Yves Bonnefoy aborde directement sa scène primitive.
Depuis la parution de Voiles en 1998, qui a réuni dans un même ouvrage « Savoir » d'Hélène Cixous et « Un ver à soie » de Jacques Derrida, donnant ainsi lieu à une première contresignature explicite entre l'écrivain et le philosophe, de multiples entrecroisements se sont produits entre leurs oeuvres. Au-delà d'un simple repérage thématique et formel, cet essai interroge ce qui fait événement d'écriture et de pensée entre ces deux oeuvres appelées par la « Toute-puissance-autre » de la littérature. À partir des textes qui témoignent des nombreux échanges entre Derrida et Cixous, deux lecteurs se lisant l'un l'autre, on suit ici à la trace quelques-uns des traits les plus caractéristiques et singuliers de chaque lecteur/lectrice, de « Fourmis » à Genèses, généalogies, genres et le génie, en passant par H. C. pour la vie, c'est à dire..., du côté de Derrida, et par le Portrait de Jacques Derrida en Jeune Saint Juif, Insister. À Jacques Derrida et Hyperrêve, du côté de Cixous. Le second volume, « Comme en rêve... », est pour sa part consacré aux oneirographies de Jacques Derrida et d'Hélène Cixous. Dans ces scènes d'hyperlecture, les grandes questions du rêve, de la puissance de la fiction et du phantasme, de même que le débat autour de « la vie la mort » se trouvent constamment convoqués et relancés. Entre Hélène Cixous et Jacques Derrida, il s'agit désormais, plus que jamais d'apprendre à lire « depuis la vie de Jacques Derrida », comme le dit bien son amie.
Analyse les dimensions linguistique, philosophique et métaphysique de la poétique d'Yves Bonnefoy et la place de son oeuvre dans l'histoire de la poésie.
On a voulu, en cet essai, s'interroger sur les passages reliant poésie, fable et philosophie dans le devenir singulier de l'oeuvre de La Fontaine. Sous les images amusantes et gaies du « Fablier » diffusées par toute une tradition, surgissent alors des paysages plus sombres et plus secrets, l'appropriation de la fable ayant lieu ici sur fond de crises diffuses affectant le statut même de l'imagination poétique et les pouvoirs de la parole.
Entre Clymène, comédie insolite des débuts, qui offre le spectacle de l'ennui des Muses pressentant l'usure, voire la mort d'une certaine poésie lyrique, et, à l'autre bout du labyrinthe, les fables du plaisir pur et de l'évidence reconquise, que purent apporter certaines formes de pensée à l'activité poétique de La Fontaine, en cette longue lutte avec l'ennui qui menace désormais le lyrisme ? Il apparaît alors qu'en cette trajectoire complexe des variations philosophiques d'une grande subtilité ont pu aider La Fontaine à inventer certaines réponses fabuleusement vivaces, donnant à l'antique genre de l'apologue un potentiel heuristique, éthique et esthétique sans précédent.
À l'occasion d'une nouvelle édition enrichie du présent ouvrage, on s'est attaché à réexaminer de ce point de vue la vitalité déconcertante des petites expériences de pensée proposées par la Fable dans le « Jardin imparfait » de Jean de La Fontaine. Expériences qui nous situent aux antipodes des leçons de morale plus ou moins conformistes que l'on a cru si souvent y trouver ; exercices de lecture qui peuvent constituer autant d'antidotes puissants à ce prêt-à-penser en matière de morale que Nietzsche nommait la « moraline ».
JEAN -CHARLES DARMON est professeur à l'Université de Versailles et directeur du Centre de Recherches sur les Relations entre Littérature, Philosophie et Morale de l'École normale supérieure de Paris. Il est notamment l'auteur de Philosophie épicurienne et littérature du XVIIe siècle en France, du Songe libertin et de Philosophies du divertissement. Le « Jardin imparfait » des Modernes.