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Actualites Editions
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Attention, chien méchant !
Eva Redondo
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 23 Novembre 2017
- 9791094225073
L'enfance et la violence faite aux jeunes femmes sont ici présentées avec une tristesse infinie, à travers un enchaînement de récits dramatiques qui forment une mystérieuse mosaïque. Ainsi, plusieurs formes d'agression ont lieu simultanément à différents endroits de la planète. À Pattaya, des milliers de visiteurs, surtout des hommes solitaires, marchent égarés au milieu de la foule. Alex est l'un d'eux. Il ne cherche aucune compagnie hormis celle de Roly, son chien. À quelques kilomètres, une petite fille vêtue d'une robe bleue est assise à côté d'un touriste, sur un quai. Loin de Bangkok, un groupe d'amis célèbre un enterrement de vie de jeune fille où le vrai jeu est celui des attouchements. À la même heure, en Inde, une mère jette le foetus de son enfant dans un fleuve. Pendant ce temps, à Madrid, un policier enquête sur le suicide d'une adolescente. Énigmes qui restent à résoudre dans ce clair-obscur, et que la prouesse dramatique nous présente sous la forme d'un carrousel. Ce qui est certain, c'est qu'un chien méchant est à l'affût, toujours. Et que cette image mouvante tient dans un cadre fixe.
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Le lévrier
Vanessa Montfort
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 1 Novembre 2016
- 9791094225059
Elena et Daniel ont accueilli et soigné un lévrier durant plusieurs mois. Sous le regard avisé et quelque peu décalé de Rita, Hans et Greta devront prouver qu'ils sont aptes à l'adoption. Avec un humour cinglant, l'auteure décline cette situation sous toutes ses formes (économique, sociale ou langagière), à travers la joute oratoire des deux couples, espagnol et allemand, qui vont se faire face au beau milieu d'un salon. Animal racé, élégant et majestueux, le lévrier espagnol est associé à l'aristocratie comme en témoigne la célèbre Partie de chasse de Goya, qui illustre avec justesse une société européenne en crise. Scène après scène, les rivalités apparentes dévoilent une visée tout autre, illustrant le conflit politique entre Nord et Sud qui, à son tour, laisse transparaître une crise représentative des relations de couple. Tous les clichés contemporains vont passer dans le prisme de la langue. Les dialogues, enlevés, précis, mais aussi douloureux, nous montrent une humanité qui n'en finit pas de chercher son bonheur. Grâce à une succession de situations comiques, les véritables visages de chacun se dévoilent, au bord de l'abîme... et de la crise de nerfs !
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Dix millions nous donne à entendre la voix solitaire d'un enfant devenu grand qui essaie de se souvenir. L'écriture cherche désespérément, à travers l'articulation de plusieurs voix (l'enfant, son père, sa mère et sa grand-mère) - à comprendre ce qu'ont été les Cubains en 1970, l'année des dix millions de tonnes, objectif fixé à la récolte de canne à sucre. C'est donc une histoire politique que l'auteur met en regard de souvenirs biographiques. Ce jeune enfant est alors le double de l'auteur qui essaie de se souvenir comment il s'est construit, né du couple improbable et éphémère d'une mère révolutionnaire autoritaire et d'un père reclus sur sa nostalgie. Les parents se sépareront et partiront chacun de leur côté. L'enfant restera dans l'île. Son homosexualité, enfouie en lui, oscille entre l'angoisse et la profonde conviction de devoir être différent pour survivre, puis pour se réaliser à travers le monde, à travers le théâtre. Le prisme de la mémoire façonne l'identité du garçon, dépliant telle une sculpture d'origami ce qui pourrait être le témoin du temps qui n'existe vraiment jamais au présent.
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Les nageurs de la nuit : fiction autobiographique de Jean G.
José Manuel Mora
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 6 Octobre 2016
- 9791094225028
Au sein d'un univers aquatique, les Nageurs de la nuit forment un Ordre secret, constitués d'hommes et de femmes écorchés, délaissés et souffrants. Tous cohabitent autour d'un lien qui les rassemble, celui de la solitude, de la violence, mais aussi celui de la joie. Ils forment une communauté unie mais secouée par l'effondrement de ses représentations habituelles. Damnés de l'amour, ils apparaissent telles des voix fragmentées, résonnant en un choeur contemporain. Les personnages deviennent le portrait d'un monde malade et morcelé, dans lequel l'innocence ne trouve plus sa place. Le sujet intime défie le politique tandis que le corps politique s'insinue dans l'intime. Dans la relation littéraire que l'auteur entretient avec le plateau, la littérature se situe dans le sillon des auteurs sud-américains, placée entre un langage métaphorique et une parole exclue de la réalité. La scène devient un lieu d'expérience poétique, dans lequel le temps et l'espace semblent flottants, à l'image de la déstructuration formelle du texte. L'écriture de Mora met en tension le spectacle incessant que chacun des personnages donne de soi au monde, mais aussi le moi déchiré des individus modernes.
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De la poésie, pas des enfants ! autour de Delmira Agustini
Marianella Morena
- Actualites Editions
- Les Gravitations - Uruguay
- 14 Juin 2021
- 9791094225219
De la poésie, pas des enfants ! est un récit dramatique autour de la figure de Delmira Agustini, célèbre poétesse uruguayenne, assassinée de deux balles dans la tête au début du siècle dernier par son époux, alors commissaire-priseur à Montevideo. La dramaturgie est ici celle d'un carrousel, diamétralement opposée à une conception linéaire du temps. Le premier acte relate l'assassinat de la poétesse. Au deuxième, les interprètes (la famille de Delmira, bourgeoise, et son mari, qui l'est moins) tentent de reconstruire l'espace intime et domestique du couple, les pièces du foyer, et comment l'homme et la femme s'y déplaçaient - tels des pantins -, pour reconstituer le meurtre et ses circonstances. En quoi les différences de sexe et de classe marquent-elles un combat qui ne prendra jamais fin ? La reconstitution, pourtant, est vaine. La réalité n'est pas reconstructible et la mémoire, bien qu'elle opère à partir d'empreintes externes, demeure subjective. Le dernier acte joue la mise aux enchères fictive des affaires personnelles de la poétesse. Que disent les objets de nos vies ? Le mécanisme hégémonique d'une vérité universelle est questionné par une dramaturge inquiète du sort fait au souvenir des femmes et des hommes, de l'humanité en somme et de ses travers.
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Les chiffonniers
Yerandy Fleites Pérez
- Actualites Editions
- Les Faconneurs - Cuba
- 7 Juin 2021
- 9791094225271
Les Chiffonniers est le texte d'une aube éternelle qui ne mène nulle part. Une pièce sombre sur la condition humaine, sur l'horreur. Une famille de chiffonniers (Hugo, Vilma et un bébé) assiste à la désintégration de son existence, enfermée dans un monde à peine visible aux yeux de ceux qui n'y vivent pas. Il semblerait que leur seule salvation soit personnelle, là où le néolibéralisme triomphe au milieu de l'accumulation des déchets que l'humanité accumule les uns sous les autres. En outre, l'imminence d'un mal plus grand pointe son nez et va provoquer l'émergence d'une autre scène qui érode son propre noyau : l'idée d'une mère qui tente de sauver son enfant, dont l'existence n'est pas même certaine, au milieu de rien. Le texte nous plonge au coeur d'une fantasmagorie contemporaine, de la folie. La première image de la douleur, du manque (le vide paradoxal d'une décharge), se double d'une deuxième image où ces êtres misérables jouent une performance, une comédie aussi, à eux-mêmes, telles des marionnettes. L'enfant n'y est qu'un poupon façonnant une tragédie où la conscience d'une destinée est vaine. La langue, abjecte et inutile, égrenée par un rythme de fanfare, essaie de nous dire le sentiment ineffable de vies minuscules.
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Un homme d'aujourd'hui, espagnol, décide d'entreprendre le voyage qu'il n'a jamais osé faire. Il part en quête de son identité dont il ne reste aucune trace visible depuis sa naissance à la fin des années 1970. Sa biographie se confond avec celle de son pays, en un palimpseste tumultueux. CINÉ est le récit de ce voyage qui progressivement, nous révèle les origines cachées d'une vie et, par là même, moult secrets qui oscillent entre tabous intimes et engagement politique. Pour La Tristura, le théâtre est un lieu propice au dévoilement, à l'incursion dans les limbes de la mémoire, un lieu où des coulées s'entrouvrent au coeur du récit, métamorphosé ici en un texte sur les enfants volés durant l'époque franquiste. C'est le lieu d'un paradoxe inextricable. D'après les auteurs, différentes associations et travailleurs sociaux estiment que le nombre d'enfants volés en Espagne atteint les 300 000 entre 1939 et jusqu'aux années 1980. Les séquences, parfois elliptiques, se succèdent et construisent une mosaïque composée de voix et de guerres autant réelles qu'inventées. Le théâtre accomplit alors sa fonction tragique, celle de mettre en relation la destinée individuelle avec celle, plus collective, d'un ordre fondé sur des valeurs politiques qui nous échappent.
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La maison brûle
Emilio García Wehbi
- Actualites Editions
- Les Fictions - Argentine
- 3 Janvier 2022
- 9791094225509
La Maison qui brûle s'appuie sur les motifs dramatiques de la célèbre pièce de Lorca pour faire du foyer familial un espace micro-fasciste clos sur lui-même. Bernarda, c'est la Mère nourricière qui empêche le désir, qui castre les vivants. Plus qu'une interprétation de la fable, ce texte propose un accès à des matériaux politiques et esthétiques dans le but de nous dévoiler les arcanes de notre société. C'est une réflexion poétique sur la domination, et dont la langue constitue la structure première. Les éléments dramatiques du poète andalou se voient confrontés à des produits pharmaceutiques, à des mythes grecs, aux textes de Claude Lévi-Strauss, à Fantaisies masculines du sociologue Klaus Theweleit, ou encore à L'Invention de l'hystérie de Georges Didi-Huberman. En outre, sa dramaturgie met en oeuvre l'univers visuel et textuel de l'artiste new-yorkais Henry Darger, la musique de Gustav Mahler ou le film américain Little Miss Perfect. Ces matériaux forment un dispositif dramaturgique qui permet de mettre en exergue - d'un point de vue dramatique - l'oppression du monde modélisé par le langage et le discours, la fiction y demeurant une interrogation. Fidèle à son style d'écriture franc, Emilio García Wehbi compose un nouveau paysage de l'oeuvre, un topos, qui selon lui définit le théâtre. Ainsi, les lecteurs doivent s'orienter par eux-mêmes car la notion d'origine, textuelle ou mythique, y est constamment déplacée par le truchement post-dramatique d'un dispositif à la frontière de l'art contemporain et du théâtre : seuls le regard et l'écoute du public seront en mesure de l'évaluer.
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Quand la neige tombera
Javier Vicedo Alós
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 18 Août 2022
- 9791094225547
Quatre personnages solitaires orchestrent un fait plutôt sordide : une urne funéraire, contenant les cendres d'un père, laissée un moment sur le trottoir par la famille, disparaît. Le voleur, qui pensait s'emparer d'un vase de valeur, s'en débarrasse en la jetant dans une benne à vêtements. Un agent d'entretien de l'entreprise de collecte, chargé de s'en défaire croit bien faire en dispersant les cendres du haut de son immeuble, pour offrir « une fin digne » au défunt. La famille en émoi recherche l'urne et placarde des affichettes. Le voleur et l'agent d'entretien finissent par lui remettre, chacun de leur côté, de « fausses » cendres, qui seront mêlées, puis dispersées, comme prévu, dans un vaste champ couvert de neige, horizon de tous les possibles, du renouvellement, de la continuité. Ce voyage inattendu fait affleurer à la surface les conflits familiaux, les attachements, la douleur silencieuse, et l'atavisme qui nous façonne. Ces minuscules vies sont ballotées par de petits échecs quotidiens, toujours en fuite sans savoir vraiment où ni pourquoi. « Sommes-nous autre chose que des cendres ? », se demande l'un d'eux - mais ils entendent désormais, tenir debout, prendre le risque d'exister.
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Tebas Land s'inspire du mythe antique d'oedipe et de la vie du saint européen Martin au IV° siècle ; c'est d'autre part une affaire judicaire créée et imaginée par l'auteur. Il est question du jugement et de l'emprisonnement d'un jeune parricide, Martín Santos, figure centrale et prismatique. Martín a tué son père de vingt-et-un coups de fourchette et porte un chapelet de pétales de rose que lui a offert sa mère. Le corps assassin, le corps abusé et le corps érotique forment un seul et même lieu chez Blanco, celui d'une parole qu'il est sans cesse urgent de formuler. Ce texte est aussi le récit dramatique d'un auteur qui se rend en prison - où il retrouve régulièrement le jeune parricide sur un terrain de basket ball. Il s'entretient avec lui dans le but d'écrire son oeuvre mais aussi dans l'optique de le voir jouer son propre rôle. Progressivement, ce n'est pas tant la scène du crime que sa représentation scénique qui s'avère invraisemblable. La question « comment peut-on tuer quelqu'un » devient « comment représenter un criminel, une personne qui tue une autre personne ? » Entre reconstitution d'un meurtre et enquête sur l'amour filial, le labyrinthe des mots se déploie à travers ce remarquable drame contemporain.
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Ushuaia
Alberto Conejero
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 6 Novembre 2016
- 9791094225004
Située aux confins du monde, la ville d'Ushuaia abrite en son sein Mateo, reclus et isolé au coeur de ce paysage de glace. Il convoque une jeune femme pour s'occuper des tâches quotidiennes. Introduite dans l'univers de cet homme étrange et mystérieux, Nina tente de retrouver les traces du passé nazi de Mateo, afin de venger l'histoire. Mais sous un voile de vérité, toute certitude n'est pas inaliénable, et l'Histoire cache plus qu'elle ne dévoile. La véritable identité de Mateo se dessine au fil des scènes au sein des décombres d'un triangle amoureux, tissé par des voix réelles et fantasmagoriques, fantômes du passé. La recherche historique devient un palimpseste où la mémoire, à travers les limbes du temps, fait ressurgir l'horreur mêlée à l'universalité du sentiment amoureux. Entre mensonge et vérité, le texte devient le porte-parole de voix disparues, notamment celle de Róza Eskenázi, chanteuse juive sépharade et figure active de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais l'amour n'est-il pas rédempteur comme dans La vie est un songe, le texte phare du grand Siècle d'or espagnol, dans lequel réel et fiction font de la langue le moteur central de la vie ?
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Snorkel
Albert Boronat
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 23 Novembre 2017
- 9791094225066
Le snorkel est un sport, à ce qu'on dit. Dans ce récit pour la scène, les personnages semblent revenir d'une fête lointaine et aquatique qui n'est que souvenir. Des voix, multiples et en écho, tentent, à l'instar des femmes et des hommes d'aujourd'hui, de sortir la tête de l'eau, tout en gardant le regard rivé sur la beauté des fonds marins. Parole et corps devraient, par la performance à venir, trouver un équilibre, grâce à la parfaite composition dramaturgique du texte. L'observation, sous forme kaléidoscopique, d'un paysage lacustre, d'un campement de touristes, d'un monastère où la modernité va se reposer, donne à voir une ascension où toutes et tous se cassent la figure, avec humour et réalisme. Les personnages ne sont pas toujours humains, n'ont pas toujours un nom, et ne partagent pas toujours le même temps, mais ils ont en commun la conscience de naviguer à la dérive en essayant de comprendre un monde que Snorkel compose dans un voyage vertical, de la profonde obscurité d'un lac jusqu'à la première colonie humaine sur Mars.
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La possibilité qui disparaît face au paysage ; GUERRILLA
Pablo Gisbert
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 16 Mai 2018
- 9791094225110
La Possibilité qui disparaît face au paysage est un récit pour la scène qui parcourt dix villes et îles européennes. Dans chacune d'elles, l'auteur observe une scène de la vie quotidienne de notre monde capitaliste, ou prête la parole à un artiste ou à un penseur, réel ou inventé, explorant les recoins les plus sombres de l'esprit humain, et livrant un regard désenchanté sur l'avenir de la société, de la pensée ou de la nature. Michel Houellebecq, Spencer Tunick, Paul B. Preciado, Blixa Bargeld, et une foule d'anonymes, peuplent ce paysage, le dessinant par métonymie.
GUERRILLA est une action théâtrale d'anticipation mêlant plusieurs voix. D'une part celle de la géopolitique mondiale qui se raconte au futur antérieur, analysant les enjeux d'une guerre éclatant en 2023, et d'autre part celles de jeunes gens invités en 2019 à témoigner de leurs histoires familiales traversées par les guerres du XXe siècle. La voix narratrice s'immisce dans les pensées et les conversations d'une génération européenne, pour livrer son histoire et son regard sur le monde, et les mettre en résonance avec le récit des violences présentes.
Nés d'un même processus d'écriture textuelle et scénique, La Possibilité qui disparaît face au paysage et GUERRILLA sont un dialogue qui compose ainsi un diptyque. -
La face B de la matière
Alberto Villarreal
- Actualites Editions
- Les Orfevres - Mexique
- 9 Novembre 2020
- 9791094225240
La Face B de la matière est un texte sur l'anarchie sous forme de documentaire scénique, où la rhétorique n'est qu'une métaphore de l'échec. L'anarchie comme politique et comme caprice de la matière dans le corps, l'anarchie du premier acteur de tous les temps : Lucifer. C'est un récit de la dévoration des êtres entre eux et aussi de leur formidable capacité à détruire toutes les espèces vivantes. C'est une fable sur la vengeance de tout ce que les humains tuent pour qu'existent l'imagination et la fiction. Il y est question d'une meurtrière à qui l'on transplante le coeur d'un ours polaire et qui part faire un road trip d'hôtel en hôtel, composant ainsi un opéra à l'intrigue simple et classique : un requin tombe amoureux d'une requine qui le repousse. Le requin lui apporte alors un petit bouquet de touristes ensanglantés en provenance d'une plage et chante tragiquement son amour. Enfin, c'est un récit sur ce que nous engloutissons et ce que nous recrachons, de la matière et des mots, pour combler le néant qui nous forme. La salle de théâtre où se joue la pièce devient alors l'un des protagonistes, un vide ancestral que les femmes et les hommes essaient sans cesse d'emplir.
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Je ne me souviens toujours pas de son visage
Itzel Lara
- Actualites Editions
- Les Orfevres - Mexique
- 9 Novembre 2020
- 9791094225257
Je ne me souviens toujours pas de son visage parle de notre attachement à la terre et à sa mémoire, de l'expropriation à l'expulsion. Sous forme de conte dramatique et d'hyperbole, la violence y est sans commune mesure, nous donnant à voir la dévastation du territoire mexicain. Jamais frontale, toujours avec délicatesse, l'oeuvre construit elle-même ses images bien qu'elle s'appuie sur un fait avéré, celui des villages dits magiques, pour composer un tableau autonome de son origine. Les personnages, abandonnés au milieu d'une guerre invisible sont victimes des narcotrafiquants. Les complices, eux, sont flous, moins tangibles. La routine du village de Mier est brisée lorsqu'une tête apparaît, littéralement, au bord d'une route, à titre d'avertissement. Elle parle mais ne se souvient plus de son âge. Elle est là depuis toujours dit-elle, cette tête. Elle est une preuve du crime organisé, et devient la protagoniste de ce drame de facture surréaliste qui rompt tous les codes de la vraisemblance pour nous mener dans un espace imaginaire où dignité et solitude vont main dans la main. Lara reprend le dispositif dramaturgique d'une oeuvre parlante, tout comme le programme gouvernemental « Magical town » destiné à stimuler le tourisme dans certaines villes.
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Los cuerpos perdidos / les corps perdus
José Manuel Mora
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 30 Mars 2019
- 9791094225141
Les Corps perdus est un récit polyphonique sur la disparition de corps dans la ville de Ciudad Juárez (la frontière nord du Mexique) où des centaines de femmes sont assassinées selon un rituel immuable : enlèvements, tortures, travail sexuel, mutilations, strangulations. La mémoire de ces êtres, restituée sous forme de fragments, apparaît comme une expérience transmissible et collective alors que la douleur, expérience personnelle et intime, ne peut être partagée. Ainsi, un va-et-vient entre enquête journalistique, policière et littérature dramatique permet à l'auteur d'élaborer une stratégie d'écriture qui nous mène aux arcanes les plus obscures de la nature humaine. Pour se faire, Mora désarticule le récit et donnant ainsi davantage de force à la fiction de l'horreur mais aussi à la fiction de l'enquête. L'horreur naît de ce « spectacle ». Un oeil, celui de l'auteur, se dédouble dans l'écriture déstabilisant la frontière du théâtre entre auteur, lecteur et spectateur.
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Ici, ce n'est pas un endroit pour mourir
Albert Boronat
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 18 Août 2022
- 9791094225523
Ici, ce n'est pas un endroit pour mourir s'ouvre sur la découverte d'un cadavre, celui d'un chien par un jeune garçon, le narrateur. Cette collision psychique est prise en charge par la composition même de la pièce qui se déplie jusqu'à nous faire découvrir une famille empêtrée dans son drame, sa douleur, sa honte, son silence. Une famille qui a cru devoir travestir le décès de son fils par un voyage lointain, le transformer en secret. Une famille qui vit sur un cadavre et dont les relations s'intriquent dans la douleur du souvenir.
La disparition d'un fils dans un petit village et le secret qu'elle produit et abrite à la fois sont l'échafaudage du texte. Il est nécessaire de le franchir pour y découvrir la difficulté que tout un chacun vit pour s'entendre avec autrui, l'impossible relation apaisée avec le monde, le mutisme victorieux.
Ce n'est pas un texte sur le dévoilement du secret, mais sur les rumeurs du village, en son sein, la difficulté de prendre soin des siens. L'échec est au centre de tout, du monde et de soi. Tout est constat d'échec. Boronat écrit ce dernier, mais il ne lui attribue aucune résolution hormis des échos poétiques qui permettent au futur public et lectorat de voir l'impossible articulation des mondes qui nous constituent, autant socialement qu'au-dedans de nous-mêmes. -
Des rêveuses
Verónica Maldonado Carrasco
- Actualites Editions
- Les Orfevres - Mexique
- 18 Août 2022
- 9791094225561
Des rêveuses conte l'histoire universelle de la guerre à travers des figures de migrants, de leurs voyages intérieurs et géographiques à la fois. Deux couples s'y croisent, l'un cherchant à franchir la Méditerranée, l'autre le río Grande. Deux jeunes femmes y voient leurs rêves et parfois leurs cauchemars s'incarner, leurs espoirs se rencontrer. Lire Des rêveuses, c'est faire revivre en soi le théâtre très ancien et très jeune d'une identité partagée. L'identité, entendue comme substance mouvante, labile et instable, court dans le sang des personnages et des figures qui construisent cette fable dramatique : un Syrien n'est pas seulement un Syrien essayant d'échapper à la guerre, c'est la Syrie dans son ensemble, le monde musulman tout entier sur ses épaules, c'est Sinbad et le Coran. Une femme du Michoacán somnole dans un train vers l'incertitude du nord mais porte en elle la semence d'une nation future, une enfance nouvelle. Elle regarde, et par là même nous montre, la terre de son nouveau pays avec des yeux anciens, mythiques. Cette fable qui oscille entre onirisme et politique nous rappelle que nous sommes là où nous sommes parce qu'un jour, quelqu'un y a migré traversant les frontières, réelles et symboliques, de ses propres rêves et de ceux des autres.
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Quelque part, un corps
Gon Ramos
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 11 Mars 2019
- 9791094225165
Quelque part, un corps est le voyage - au sens littéral, onirique, vital et imaginaire - d'un jeune homme en quête du corps, de la parole et des yeux de celle avec qui il a passé, un jour lointain et proche à la fois, quelques heures. Cette rencontre, unique et irremplaçable, marque pour lui le début d'une rupture avec le monde dont il s'éloignera pour amorcer un nouveau chemin contre vents et marées. Cette quête se poursuit pendant des années et constitue un voyage chaotique mais à la matrice solide, au pattern inébranlable. C'est surtout celle d'un dialogue avec un autre personnage-figure aux multiples visages, un ange gardien qui égrène chacune des étapes de ce texte mystérieux. Guidé par le souvenir d'un regard qui fonde une vie entière et dont le corps absent creuse progressivement un lieu dans lequel chacune et chacun se love. Dans ce voyage à travers le temps et l'espace, l'énergie de la langue devient un point de fuite, un horizon à atteindre. Ce qui en ressort, c'est que fiction et réel sont assujettis à une croyance, une conviction : bien que nous soyons tous issus de ce creux, de ce lieu où se trouve l'amour, nous le fuyons autant que nous y revenons sans cesse.
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Toutes les nuits d'un jour
Alberto Conejero
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 12 Octobre 2020
- 9791094225226
Toutes les nuits d'un jour est un hymne à l'impossible amour. Aux dires de l'auteur, il s'agit d'un mélodrame vénéneux sur l'incapacité d'aimer après avoir souffert de violences sexuelles. Samuel, un jardinier, vit seul dans une serre, un îlot au milieu de lotissements modernes. Il répond à l'interrogatoire d'un agent de police à la recherche de Silvia, la propriétaire, dont le corps est enfoui sous la terre, et qui resurgit tel un fantôme. Mais que cache le drame de cette mort ? Une femme violée par son frère ? son impossible résilience ? Son unique désir est celui d'être enterrée par Samuel pour que la douleur qu'elle abrite se dissolve dans la terre et que son corps s'enchevêtre avec les racines des plantes, les sculptures vivantes de Samuel. Cette cosmogonie donne tout son sens à la pièce-palimpseste. La métaphore du noeud gordien qui souderait ces multiples vies et cette disparition, ce sont les racines des orchidées qui peuplent la serre et poussent au-dedans du coeur quand celui-ci ne peut plus respirer à l'unisson de l'être aimé. Comme dans tous les textes de Conejero, des puissances extérieures régissent nos existences. Elles sont enfouies dans la nature, qui doit bien reprendre ses droits.
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Les Gondra (une histoire basque)
Borja Ortiz de Gondra
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 23 Novembre 2017
- 9791094225103
Véritable voyage à travers le temps, cette histoire basque oscille entre vie intime et vie politique. L'auteur se dédouble dans la fiction dramatique pour recomposer la possible histoire d'une famille, la sienne. Les secrets y règnent en maîtres et imposent la violence du silence à toutes et à tous depuis 1898 (alors que l'Espagne perd Cuba) et jusqu'à l'époque contemporaine, marquée par le terrorisme basque. Haine et culpabilité se répètent. Pourquoi, se demande le narrateur, mes aïeux ont-ils caché une chistera cassée dans une armoire en provenance de Cuba au XIXe siècle ? Pourquoi personne ne veut-il parler de cette lettre de 1985 ? Pourquoi certaines photos de la fête de l'Assomption en 1940 ont-elles disparu de l'album de famille ? Don Alberto a-t-il vraiment écrit un roman ? Que s'est-il passé, dans la ferme familiale, entre les deux frères en 1874 ? L'auteur déploie, sous forme de palimpseste, le destin de personnages qui ont été les marionnettes des lieux où ils ont vécu. C'est la maestria de la dramaturgie qui les affranchit du temps. Une histoire d'amour en somme.
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Au-dedans de la terre
Paco Bezerra
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 6 Novembre 2016
- 9791094225011
Au coeur de la terre andalouse s'érige un projet familial d'une importance fondamentale : un père de famille, propriétaire terrien, ambitionne de faire fortune par la culture massive de tomates. Ses trois fils tentent chacun d'y trouver une place, peinant à avancer sur leur propre voie. Le père, brutal et intransigeant, place ses espoirs les plus chers dans la culture de ses fruits, faisant fi de la portée morale de ses actes et de leurs conséquences. Le récit prend à partie une visée critique, mettant le doigt sur les travers de la nature humaine, encline à la quête du gain et du profit. Le fruit de la récolte se fait symbole, et se mue en une image sanguinolente de l'amour sacrifié et de ce qui est enkysté au plus profond de l'âme. En dénonçant le scandale politique d'une immigration exploitée, l'écriture tente de se frayer un chemin entre les entrailles de la terre afin de délivrer un message universel : celui de l'amour en lutte contre la discrimination et la servitude humaine.
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Les corps laissent des corps ; un repas d'oiseaux
Cristina Peregrina
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 23 Novembre 2017
- 9791094225080
Les corps laissent des corps est un texte atypique qui nous fait partager le temps et le lieu d'une maison de retraite dans notre société actuelle, et par là même nous fait état de notre rapport à la mort, et à nos aïeux. Il y est question de vies toujours plus longues, plus lentes à se finir, confrontées aux liens profonds qui nous unissent. Réjouissons-nous, ayons la foi, et allongeons l'espérance de vie, car la plus révolutionnaire des découvertes, c'est que nous ne sommes pas programmés pour mourir ! Pour que le bonheur perdure, il faut de l'engagement, mais comment cela est-il possible ? Un repas d'oiseaux est un chant dramatique, une écriture lyrique qui parle du temps : un temps pour naître, un temps pour mourir, un temps pour les mots, un temps pour les choses, un temps qui est à d'autres, un temps qui est le nôtre. Cette écriture nous dit que nous sommes aussi seuls qu'accompagnés, des hommes et des animaux pris dans la danse de l'abondance et de la faim. Elle est le récit d'une épiphanie scénique qui célèbre la vie et ses adieux quand la brièveté de l'existence nous révolte. Un repas d'oiseaux parle de dévoration, d'amour et de mort. Prendrons-nous notre envol tout en laissant une trace dans ce monde ?
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L'araignée du cerveau
Nieves Rodríguez Rodríguez
- Actualites Editions
- Les Incorrigibles - Espagne
- 2 Décembre 2019
- 9791094225189
L'Araignée du cerveau est l'histoire d'une jeune fille qui s'invente un frère, tue ses parents et va en prison. Puis qui revient, croit-elle, chez elle après sept années. Elle va puiser dans un imaginaire polymorphe les éléments nécessaires pour supporter le souvenir d'une enfance étouffée, privée de sa substance, de joie et d'amour. Ce récit du retour au foyer familial est d'autant plus troublant que les scènes se répètent comme des variations souffrant quelques altérations : un tremblement permanent. Il se construit entre le souvenir d'un passé incertain, un présent instable, à travers des personnages qui tournent comme les aiguilles d'une montre dans un espace clos. Dans une savante mise en abîme, les espaces se réduisent progressivement jusqu'à ce que nous découvrions que tout ce qui a été joué n'est qu'un ensemble de voix et d'images qui se tissent dans le cerveau de la jeune fille, prisonnière d'une famille absente. De fait, il n'est pas toujours facile de différencier ce qui est réel de ce qui a été inventé. Que se passe-t-il quand les émotions de l'enfance nous ont été volées, quand l'on nous dérobe le bien le plus précieux de la vie, celui d'inventer notre propre langage ?