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L'Oeil Du Prince
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" Il est question de deux personnes qui s'aiment d'abord et qui le savent, mais qui se sont engagées à n'en rien témoigner et qui passent leur temps à lutter contre la difficulté de garder leur parole en la violant ".
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Ceci est mon corps interroge l'histoire du corps d'une femme de 30 ans en 2021, et scrute la construction de l'injonction à l'hétérosexualité :
« En fait, la question que je me pose, enfin je veux dire ce que j'ai besoin de raconter avec ce projet, c'est comment ça se fait tu vois, comment ça se fait que des corps comme ton corps et le mien, des corps qu'on dit de femmes, à première vue des corps qui ont été protégés, qui ont été l'objet de mises en garde, l'objet d'attentions particulières, de conseils dédiés, comment ça se fait que nos corps dits de femmes, oui comment ça se fait que ces corps-là, ces corps dits de femmes de presque trente ans, ils aient subi toutes ces violences et qu'ils soient - à l'intérieur comme à l'extérieur - aussi marqués par des violences qui ont étouffé la vérité des désirs ? Parce que tu sais, le désir, c'est comme la liberté, c'est comme le feu. Ça s'étouffe. Le désir, c'est comme un cri que personne ne veut entendre. Si personne n'y prendre garde, ça se laisse étouffer. » Agathe Charnet retrace, avec beaucoup de finesse et de recul, la vie de son corps, sa vie, de sa naissance à aujourd'hui, et fait de son vécu une expérience universelle. Avec une apparente simplicité elle pose des mots sur les moments charnières de cette histoire. Il s'en dégage une force, aussi cathartique que rassurante, qui permet de comprendre. -
Elles sont six psychologues dans un centre psychiatrique. Chaque mercredi elles se retrouvent pour le « psychodrame », une thérapie qui consiste à mettre en jeu, en scène, comme des petites scènes de théâtre, ce que leurs patientes ont du mal à dire en séance classique. Le jeu, comme une enquête, permet de déceler les souvenirs enfouis, les traumatismes, les désirs inavoués et de les mettre à distance. Elles croient fermement en cette thérapie demandant trop de moyens humains pour les gestionnaires et menacée d'extinction... Elles tiennent ensemble face aux tempêtes de l'érosion des services hospitaliers, aux tempêtes de leurs vies de femmes, avec les secousses que provoquent en elle le jeu avec les patientes.
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Une famille dysfonctionnelle, le père, la mère, les deux frères Max et Jérôme ainsi que son épouse Alice, se réunissent exceptionnellement pour un événement qui va changer leur vie.
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16 scènes de couples qui oscillent nerveusement entre rire et drame?: parents, amants, étrangers, maris et femmes, divorcés, veufs, tous se débattent avec leurs susceptibilités, leurs instincts, leurs idéaux. D'une étincelle se propage un feu, d'un malentendu éclate une guerre, malgré les efforts surhumains de chacun pour coexister avec l'autre.
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Nous étions la forêt ; Le dieu des causes perdues
Agathe Charnet
- L'Oeil Du Prince
- Theatre
- 6 Juin 2024
- 9782351052242
(Nous étions la forêt)
Le bois de la Fermette et ses proches résidents mènent une vie paisible. Leur équilibre est bouleversé lorsqu'un projet de parc photovoltaïque - qui nécessite de déboiser une portion de la Fermette - est annoncé. Certes, l'intention est de produire une énergie renouvelable, mais les conséquences sur l'écosystème en valent-elles vraiment la peine??
C'est bien la question qui va tout à coup animer les habitants de la région, mettant à nu les désaccords, les divergences politiques ou, au contraire, les causes communes inattendues.
(Le Dieu des causes perdues)
Après une fausse couche, Anna part à la recherche de son frère, Maxime dont elle n'a plus de nouvelles depuis ses douze ans. !
En quête de signes, Anna se lance dans une épopée initiatique mue par une seule question : quand l'absence et le silence envahissent tout, en qui croire, à quoi s'accrocher ? ! -
Un building. Une entreprise. 13 étages. 32 employés. Une journée. Une scène par heure et par niveau. Hôtesses, comptables, agents d'entretien, cadres, directeurs des ressources humaines, chargés de communication s'agitent, déjeunent, coachent, prospectent ou brainstorment au rythme intempestif des crashs d'oiseaux contre leurs baies vitrées. Une ascension vers la chute...
L'écriture de la pièce, féroce, caustique et ponctuée de chansons, met en relief la noirceur des thèmes abordés : la perte de notre identité dans l'entreprise et, avec elle, celle de nos idéaux.
Comédienne et auteure, il m'a fallu, au cours des périodes creuses, rester perchée de longues heures sur des escarpins d'hôtesse dans le hall climatisé du palais des congrès de la porte Maillot.
Building est né d'un mal de pieds.
Léonore Confino Building est donc le fruit de l'experience. Léonore Confino sait trouver les mots pour peindre un monde de l'entreprise sans concession mais sans cliché. Elle porte un oeil à la fois grinçant et dénonciateur des abus du monde de l'entreprise, tout en conservant un regard bienveillant sur ses personnages. À mesure que l'on gravit les étages, l'aliénation de chacun se fait plus pesante, au rythme des pigeons qui s'écrasent dans les baies vitrées comme autant de chocs qui ramènent à la vie les personnages les uns après les autres. Mais l'on ne peut empêcher le chaos final qui prend place au dernier étage, si haut que toute réalité terrestre n'a plus prise en ces lieux.
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Désobéir ; la tendresse
Julie Berès, Kevin Keiss, Alice Zeniter, Lisa Guez
- L'Oeil Du Prince
- Theatre
- 30 Mars 2023
- 9782351052082
Désobéir.
Nous avons choisi d'interroger de jeunes femmes issues de la première, seconde et troisième générations de l'immigration pour questionner chacune sur son lien à la famille, la religion, l'avenir.
Il y a eu la rencontre déterminante avec 4 jeunes filles de moins de 25 ans, Lou-Adriana Bouziouane, Charmine Fariborzi, Hatice Özer, Séphora Pondi. Chacune a nourri l'écriture du spectacle en apportant sa propre histoire, et à travers elle celle de ces parents.
À travers leurs témoignages, s'entrecroisent des bribes d'aveux, de souvenirs, d'évidentes soumissions, de nostalgies ambivalentes, de révoltes.
Nous aimerions faire entendre la façon dont elles empoignent leurs vies, dans un monde souvent violent où il faut lutter pour tracer sa route.
Chacune à sa manière témoigne d'un NON posé comme acte fondateur. Non aux volontés du père, non face aux injonctions de la société, de la tradition.
Nous souhaitons raconter l'histoire de victoires, de victorieuses, d'obstinées, de désobéissantes.
La Tendresse.
Ce titre La Tendresse, comme Désobéir, contient une ligne souterraine qui agit comme un programme.
Les filles de Désobéir devaient mentir aux autres pour s'affranchir des injonctions de la famille, de la société ou de la tradition.
Les garçons de La Tendresse, eux, ont souvent dû se mentir à eux-mêmes pour appartenir au « groupe des hommes », pour correspondre à la « fabrique du masculin ».
Pourtant, chacun à leur manière, ils ébranlent les assignations d'une identité d'homme fondée sur la performance, la force, la domination de soi et des autres.
En se demandant « comment être un mec bien aujourd'hui ? », ils font bouger les lignes d'une éducation reçue.
Nous postulons avec eux que c'est sans doute dans l'acceptation de sa vulnérabilité, dans l'accès à ses sentiments, dans la revendication d'une égalité de faits entre les hommes et les femmes (plutôt qu'une complémentarité de principes qui reste l'arme du patriarcat) - que réside l'une des clefs de la réinvention de soi. -
Aujourd'hui, dans le monde globalisé, nous sommes tous des migrants... Mais avons-nous la sagesse de comprendre notre nouvelle identité ? Avons-nous l'intelligence d'imaginer un nouveau modèle de société pour que la vie devienne vivable pour tous ? Et surtout, trouverons-nous les moyens d'imposer la paix globale et un état de droit universel pour que les migrations ne poussent pas à des nouvelles violences et à un repli inhumain sur soi ?
Matéi Visniec use de son humour et de son expérience - lui qui a fui le régime de Ceausescu, lui qui a vu, par son travail de journaliste, l'histoire se répéter - pour montrer, raconter, ce que sont les « migrants ». Ces hommes, ces femmes, ces enfants, ils ne viennent pas que d'un pays, d'un continent. Ils n'ont pas qu'une seule couleur de peau, qu'une religion. Qu'ils fuient la guerre, la famine, les dérèglements climatiques, ils ne sont pas que des instruments politiques...
Toujours avec subtilité, toujours avec intelligence et avec l'humour qui est son arme privilégiée pour aborder les sujets graves, l'auteur nous parle avec le coeur de notre humanité qu'il ne faut pas perdre.
Malheureusement, ce texte est encore et toujours d'actualité. Mais ces oeuvres sont d'autant plus nécessaires dans ce contexte qu'elles ont la force de sensibiliser les gens, et de parler pour ceux qu'on n'entend pas. -
Au départ, il y a une question inspirée d'un vers de Rimbaud posée par Patrice Douchet, directeur du théâtre de la Tête Noire (Saran) à Agathe Charnet : « Est-on (pris au) sérieux, quand on a dix-sept ans ? » Une impulsion poétique comme un prétexte à la rencontre d'une vingtaine de jeunes âgé·e·s de quatorze à vingt-deux ans, de Saran et d'ailleurs.
Dix-sept ans, des corps qui se transforment, des voix qui s'affirment, des destins qui se dessinent.
Dix-sept ans, l'âge des premiers assauts de la vie et des lancées folles à la poursuite du monde.
Dix-sept ans aujourd'hui.
Éclater de jeunesse et de lucidité dans un monde abîmé. Et ne pas en perdre sa fougue.
Car de nouveau, au milieu du tumulte nécessaire, convoquer Rimbaud :
« Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser Qui palpite là, comme une petite bête... ».
Un texte à partager dans les lycées comme les conservatoires ou pratiques théâtrales à destination de la jeunesse. -
Ce jour-là, sur la chaîne de découpe de l'abattoir, il n'y a pas que des vaches. Ce jour-là, il y a une femme suspendue la tête en bas au milieu des bovins, une employée de l'abattoir qui n'a rien à faire là. Ses collègues protestent : c'est à cause de la rapidité des cadences qu'elle s'est retrouvée dans cet état. Une grève se profile, mais personne n'en a jamais fait et surtout, personne n'est prêt à endosser le rôle de porte-parole. Sous l'oeil las des vaches attendant la reprise des cadences, les ouvriers et ouvrières improvisent un soulèvement aux méthodes inaccoutumées.
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Avec sa précédente création, Les Femmes de Barbe-Bleue (également aux éd. L'OEil du Prince) - réinterprétation du conte de Perrault -, Lisa Guez mettait en scène cinq comédiennes qui parlaient d'un absent, leur grand amour et leur bourreau.
Le texte, parce que d'une brûlante actualité, a connu un succès important, couronné du prix du festival Impatience et dernièrement joué au théâtre Paris-Villette.
Du point de vue des femmes assassinées, on y regardait comment se déclenche le désir, comment on se prend dans la toile de l'emprise de l'autre, jusqu'à une mise en péril de sa propre identité.
Celui qui s'en alla, c'est l'envers des Femmes de Barbe-Bleue. Cette fois, l'autrice et metteuse en scène travaille sur l'autre part de l'emprise. La figure du manipulateur. Qu'est-ce qui motive un être humain à collectionner et à échafauder les désirs des autres ? Comment est-il lui-même esclave de toutes les projections qu'il suscite ?
À nouveau, le travail d'écriture s'appuie sur les improvisations des comédiens et sur la réinterprétation de deux textes classiques : Les Démons, de Dostoïevski et le conte des frères Grimm, Celui qui s'en alla connaître la peur.
Les personnages du texte de Dostoïevski, leurs enjeux relationnels, permettent une réécriture qui vient appuyer sur l'emprise que chacun a sur les autres. On prend conscience de la complexité de ces relations, que l'on peut être sous emprise tout en manipulant quelqu'un d'autre et que ce cercle vicieux, à force de petites choses qui ne paraissent rien, des mots, des gestes, peu conduire loin, trop loin. -
Une guerre oubliée quelque part en Europe... Un journaliste français qui découvre une communauté frustrée de ne pas avoir eu la chance de participer, "comme les autres ", au grand festin de la société de consommation et du frisson médiatique. Des rats qui proposent à l'humanité un pacte métaphysique pour l'aider à sortir de son plus grand dilemme : comment continuer à vivre l'abondance sans finir engloutie par ses propres déchets...
La Mémoire des serpillères est une pièce sur l'hypnose médiatique. Elle n'en reste pas moins une comédie. Pour faire du rire une résistance.
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Grand Pays s'appuie sur des événements réels, notamment le parcours médiatique et judiciaire de Cédric Herrou entre 2016 et 2020, ainsi que l'incident du 30 juin 2017 lors duquel les forces de l'ordre françaises avaient renvoyé illégalement des mineurs en Italie depuis la gare de Menton.
Pour autant, la pièce n'est pas à proprement parler du théâtre documentaire. De ces événements, l'autrice tire des personnages et des faits fictifs. Cette fiction proche du réel lui permet une liberté de ton qui dédramatise les faits et évite l'écueil d'un texte moralisateur.
Au contraire, le sérieux mêlé d'humour aboutit à un propos d'une grande finesse qui donne à voir l'absurdité de la situation.
Dans Grand Pays, on suit plusieurs personnes condamnées pour avoir apporté leur aide à des migrants. Étonnamment, les faits qui leur sont reprochés se sont tous produits le même jour, le 2 mai 2016. Ce point commun va les réunir et les conduira à médiatiser leur défense pour mettre en lumière les contradictions inscrites dans la loi.
Procès, médias, opinion publique, tous les enjeux politiques et sociaux sont ici habilement retranscrits pour faire apparaître les rouages d'un système absurde.
On assistera également à un conseil constitutionnel rocambolesque qui, sous ses airs grotesques, se montre bien plus intelligent qu'il n'y paraît pour détricoter le noeud du problème.
En effet Cédric Herrou avait posé au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité (6 juillet 2018) qui avait abouti à la reconnaissance de la Fraternité comme principe à valeur constitutionnelle. -
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Masculin d'aujourd'hui : père largué par sa femme.
Masculin d'aujourd'hui : fils sans repères.
Masculin d'aujourd'hui : intrus en lutte contre le monopole des glandes mammaires.
Masculins de demain, prendrez-vous une carabine pour tirer dans la cohorte féminine ?
Sur le seuil de sa perpétuité, trente ans après le drame pour lequel il a été emprisonné, un condamné livre son ultime Pater Noster.
Un poèmologue qui convoque les figures d'un adolescent et de son père quinquagénaire, fanatisés par un jeune masculiniste prêchant la contre-révolution féministe. -
Quand des papillons carnivores envahissent la ville, mais ne dévorent que les personnes faisant des mouvements brusques, on est bien obligé, tout d'un coup, de prendre son temps. Le ver dans la pomme se pose bien des questions sur le monde à l'extérieur de son fruit. Un interrogatoire intense avec pour enjeu de la ficelle.
Autant de scènes curieuses qui nous font réfléchir avec bienveillance.
Toujours avec cette écriture qui touche à l'absurde qui le caractérise si bien, Matéi Visniec pose un miroir déformant devant le monde et joue avec malice de nos repères. On pourrait y voir des saynètes à l'humour grinçant, poétiques, parfois graves, parfois loufoques, mais c'est avec beaucoup de subtilité que l'auteur, en sous-texte, nous parle de nous, de nos émotions, de notre société, de nos excès.
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Tout le monde sait que Luzia n'est pas là, qu'elle a déménagé à Genève et qu'elle s'y débrouille très bien.
N'est-ce pas ?
Elle qui connaît tant de noms, tant d'histoires, tant d'hommes, est fatiguée. Les routines, la sonnerie du téléphone portable, les rêves qui étaient toujours si forts dans la tête et si difficiles à vivre. La solitude qui s'est enracinée dans le corps.
Mais, aujourd'hui, Luzia n'attendra plus : elle prépare énergiquement le grand final et, ce faisant, elle se sent plus vivante que jamais. Alors elle raconte, chacun de ces hommes, chacune de ses histoires.
Une pièce de rêverie, de désespoir et de tendresse. Un parcours dans la vie d'une femme, d'une compagne.
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Au Petit Trianon, dans le domaine du Parc du Château de Versailles, peu de temps avant la fameuse révolution, Louis XVI, roi de France a offert une nouvelle cuisine à sa femme, la reine de France, Marie-Antoinette. C'est ici qu'ils reçoivent leurs amis pour deviser tranquillement sur le cours des choses.
Dans une atmosphère de fin de règne bercée dans les eaux douces d'une musique proto-baroque spécialement composée pour l'occasion, Le Rêve et la plainte est un conte bavard, parfois drôle, souvent contemplatif, qui s'attache moins à des événements qu'aux récits qui sont fait d'eux. En somme, la pièce est une longue conversation qui dresse un panorama d'opinions humaines égrainées affectueusement sur la peau du temps qui passe.
J'aime penser que mon travail consiste à enquêter sur la beauté du petit, du raté, du médian, du moins sur sa source (l'égoïsme et la lâcheté, par exemple) plutôt que mettre en lumière les lieux communs de la bravoure ou de la détresse.
À l'époque où j'ai écrit la pièce, je rêvais de silence et de concorde. Je craignais que le séparatisme anesthésie notre nation et j'avais envie de faire mon métier pour ce que je lui trouvais de précieux : le pouvoir de communier avec des inconnus, au-delà de toutes considérations de classe, de couleur politique, religieuse ou d'origine ethnique. Je trouvais mon métier merveilleux parce qu'il offrait un refuge neutre pour l'humanité. Dans un théâtre, les gens (qui deviennent des spectateurs), ne se jugent pas entre eux, ils ne se méprisent pas, ils sont assis les uns à côté des autres. On entre en anonyme, on sort comme tel et on emporte chez soi les effets d'une soirée passée entre anonymes. Je voulais exposer cette concorde au plateau en faisant jouer ensemble des personnages qui, malgré les tensions et les altérités, font preuve de gaité comme d'un devoir civique.
Nicole Genovese -
Seules face à lui retrace librement l'histoire de l'attentat antiféministe de l'École Polytechnique de Montréal du 6 décembre 1989, lors duquel un homme a tué quatorze femmes. Cette pièce de théâtre chorale réinvente en France une histoire jumelle oscillant entre documentaire et fiction, récit et action, 1989 et 2019.
Aujourd'hui, les tueries en Europe sont saisonnières et la terreur perdure. Dans le monde, les femmes sont encore des cibles, leurs corps une monnaie d'échange et l'égalité femme-homme, un sujet clivant, brûlant d'actualité.
Seules face à lui est un hommage aux survivantes, aux survivants, qui tentent chaque jour de continuer, de se battre, de comprendre.
La pièce tire sa subtilité et sa force de la multiplicité de ses points de vue. Elle évite à tout prix d'être moralisatrice ou accusatrice. Là n'est pas l'enjeu, ni l'intérêt. Le but est d'entendre, de comprendre.
On écoute les femmes, la mère, la soeur, les victimes, ainsi que les hommes, survivants parce qu'épargnés. On entend aussi le tueur. Alors on comprend mieux comment cela peut arriver. Alors, peut-être, on saura mieux comment l'éviter. -
Le crime de l'Orient-Express
Agatha Christie, Ken Ludwig
- L'Oeil Du Prince
- Theatre
- 28 Novembre 2023
- 9782351052204
Hercule Poirot doit prendre l'Orient-Express de toute urgence, Scotland Yard a besoin de ses talents. Tout est paisible. Pas pour longtemps.
Un crime, évidemment, est commis. Or, la neige immobilise le convoi, laissant à Poirot tout le temps de résoudre l'énigme. Pourtant, cette fois, il craint de ne pas y arriver. Les indices et les suspects semblent lui glisser comme du sable entre les doigts. -
Et si on ne se mentait plus ? raconte l'amitié de Lucien Guitry, Jules Renard, Tristan Bernard, Alfred Capus et Alphonse Allais. Au cours de déjeuners mémorables chez Lucien au 26, place Vendôme, ces cinq stars de la Belle Époque ne s'arrêtaient de sourire que pour rire aux éclats. Lors de ces moments fraternels les répliques fusent et le vin coule à flots. Pourtant, en octobre 1901 ils font face à un tournant dans leur amitié : pendant que les uns doivent faire un choix entre la gloire et l'amitié, d'autres se demandent si, pour une femme, ils peuvent mentir à leurs amis. Et pour de l'argent ?
Le mensonge, surtout en amitié, c'est ce qui met du poivre dans le sel de l'existence.
Dans cette première pièce, les auteurs parviennent à restituer avec brio la saveur particulière de l'amitié qui unit ces cinq hommes de lettres.
Émaillée de citations croustillantes, mais aussi de trouvailles originales, cette pièce tout entière est un hommage au bel esprit qui illumine les lettres françaises et brille avec un éclat particulier au théâtre.
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Surveiller, être surveillé-e, enfermer, être enfermé-e : une ronde folle apparaît où quatre personnages tour à tour interrogent et sont interrogés.
Avec Le Garde-Fou, la question de l'enfermement prend un double visage. Qui décide ? Qui en a le droit ? Comment se retrouve-t-on en maison de retraite, en hospitalisation forcée ou en centre de détention ? La pièce met en place ces rapports de force où chacun-e cherche à défendre sa position ou confondre son-sa interlocuteur-trice. Suite de dialogues en huis clos générant de puissantes fictions, ce texte nous fait passer de l'obéissance à la domination - et vice versa.