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Dans cette dernie re pie ce qu'Euripide consacre a Dionysos, dans la « modernite » voulue de l'oeuvre s'affirme l'homologie entre l'expe rience dionysiaque et la repre sentation tragique. Si le drame des Bacchantes re ve le, a travers l'e piphanie de Dionysos, la dimension tragique de la vie humaine, il fait aussi, en « purifiant » cette terreur et cette pitie que provoque l'imitation sur sce ne des actions divines, briller aux yeux de tous les spectateurs le ganos, l'e clat joyeux et brillant de l'art, de la fe te, du jeu : ce ganos que Dionysos a le privile ge de dispenser ici-bas et qui, comme un rayon venu d'ailleurs, transfigure le morne paysage de l'existence quotidienne.
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Dramaturge, metteuse en sce ne et re alisatrice, la carioca Christiane Jatahy est devenue, avec sa compagnie Ve rtice de teatro, une figure singulie re et tre s importante de la sce ne bre silienne, et maintenant internationale. Il nous a semble important de mieux faire de couvrir son travail, en proposant avec ce volume une premie re approche de sa de marche et de ses cre ations. Ce livre re unit pour cela un texte du spe cialiste du the a tre contemporain bre silien Jose Da Costa, « The a tre et recherche artistique chez Christiane Jatahy », qui constitue une introduction a son parcours et a son esthe tique ; un entretien entre Jose Da Costa et Christiane Jatahy, « Une toile sur le quotidien » ; et un texte de Christiane Jatahy elle-me me sur son travail, « Ligne te nue entre re alite et fiction ». A ces textes s'ajoutent les fiches artistiques des cre ations de la metteuse en sce ne et de nombreuses photographies de ses spectacles. L'espace du commun Le the a tre de Christiane Jatahy entend ainsi faire apparai tre les enjeux esthe tiques, mais aussi politiques et humains, qui traversent ce the a tre singulier et marquant, ce the a tre « du commun » a tous les sens du terme. CT
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L'histoire commence toujours apre s la fin : on le sait bien. C'est donc au lendemain que commence la pie ce : lendemain de fe te et de liesse, 13 juillet 1998, un pays ce le bre une victoire sportive comme jadis une conque te militaire, dans l'illusion d'une union qu'on pre tend sacre e. Sadwell Hall, lui, a choisi cette nuit pour disparai tre. On est le lendemain de ce myste re autour duquel s'agre gent les e nigmes, et d'abord celle-ci : qui est-il ? On sait seulement qu'il a disparu, et cela suffit pour commencer l'histoire.
Lendemain s'ouvre comme une enque te policie re, mais c'est une fausse piste c'est d'autres disparitions qui surtout ouvriront la pie ce en mille directions. Les repe res se brouillent, et ce de cor de re cit policier se re ve le biento t pour ce qu'il est : un de cor pour des figures en attente d'une histoire, des ombres pleines de nous-me mes, tout un the a tre qui se replie sur notre pre sent.
Car ce qu'on lit peu a peu, imperceptiblement, semble une traverse e du the a tre et de notre e poque, double traverse e l'un par l'autre, et l'une par l'autre de visage e. Pie ce de tous les the a tres, et the a tre qui met en pie ces l'e criture me me du the a tre, Lendemain posse de souffle romanesque et lance es lyriques dans une e paisseur qui met au de fi la sce ne de s'en emparer.
Il faudrait une nuit de the a tre, dit son auteur. On se re veillerait le lendemain, avec cette histoire traverse e joyeusement et terriblement, ces the a tres qui implosent et ces e tres qui cherchent dans la nuit a disparai tre pour renai tre. On serait apre s. On serait maintenant. Dans cette course ample a travers les deux dernie res de cennies, Joseph Danan dessine une ge ne alogie de nos secousses pre sentes, ces terreurs et ces joies qui signent notre appartenance a ces jours, ou les Coupes du Monde de football sont nos e ve nements historiques, qui scandent de sormais notre rapport au temps presque autant que des attentats : ou depuis vingt-ans, rien ne semble avoir eu lieu que cette imminence dont le texte porte la charge et accomplit.
Et dans l'e criture qui vient porter le fer aux conventions, sociales, politiques, the a trales, une manie re a la fois de s'affronter au pre sent, et un geste qui voudrait de border notre e poque par elle-me me. Puis dans ce geste, on entend ce qui sourd, est latent, tacite, un soule vement possible (et face au refus de faire « miroiter les diffe rentes facettes du cauchemar », une fac on de le de visager, de lui faire face, aussi).
« Toujours nous serons les habitants de ce lendemain / inhabitable », dit l'Auteur dans la cinquie me partie de la pie ce peut-e tre faut-il le croire, et venir peupler ce qui se le ve autour de nous a mesure que, lisant, nous faisons l'exploration de ce temps impossible qui est le no tre.
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Écrite en 2008, la pièce de Bozena Keff rencontra un écho retentissant en Pologne lors de sa création. C'est qu'elle témoigne avec une violence et une profondeur rares des enjeux qui secouaient alors et qui continuent à ce jour la société polonaise, entre souvenirs de la Shoah et montée d'un antisémitisme d'État. Si elle révèle les tensions d'un pays en prise avec sa mémoire, elle met au jour aussi celles de l'Europe et de notre temps. À l'heure où les derniers survivants des Camps disparaissent, c'est la question du devenir de notre Histoire qui se pose, des fantômes qui la hantent. Bo ena Keff est de cette génération des enfants des survivants des Camps, qui voudrait être auteur de son histoire. Entre mémoire maternelle et violence paternelle, entre Histoire et Patrie, entre le silence du passé et l'impasse du présent, comment s'inventer une vie qui soit résolument la nôtre ? C'est dans une pièce qui prend la forme d'un oratorio sidérant de puissance, convoquant figures mythiques et contemporaines, Demeter et Lara Croft, lyrisme prophétique et rage de l'insulte, que Bo ena Keff convoque l'histoire pour mieux terrasser ces fantômes ou apprendre à vivre avec eux ? Pièce énigmatique et vertigineuse, « oeuvre-monstre » comme le disent les deux traductrices de cette pièce, Sarah Cillaire et Monika Próchniewicz ; qui propose la première traduction en français de cette oeuvre fondamentale : De la Mère et de la Patrie traverse les formes les plus antiques du théâtre pour dire la tragédie du présent, afin aussi de trouver les forces de lui résister.
Arnaud Maïsetti
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Une pie ce tendue dans la parole : des personnages (des voix pluto t, des corps pris dans le drame de la langue) disent en leur solitude un mot apre s l'autre le the a tre d'un franchissement. Passer du dedans au dehors nomme ce geste d'e crire et de parler, de signe le the a tre comme ce mouvement me me, radical et physique. Passage de seuil : du silence au vacarme, de l'inte riorite vers le monde pose de l'autre co te de la sce ne ou de la page, du passe a l'imminence de sa de chirure a venir, de la haine a l'amour comme il est impossible de le dire, de l'homme a la femme, et de l'enfant au cadavre, du corps de l'acteur a l'acteur de sa voix. Et en tout, un the a tre qui travaille a l'os du langage : briser les convenances pour en arracher la pre sence et nous la donner.
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Abyssal cabaret, c'est une voix qui s'élève sur scène, elle dit que le théâtre s'effondre et que sur les charniers poussent des fleurs .
L' actrice sait qu'il n'y a « rien à faire sur le théâtre qu'à vivre l'instant », son maquillage coule sous le masque, elle actionne des tiges qui renvoient la lumière, côté cabaret . Côté abyssal , il y a de la glycine qui s'enroule, des remparts, des saisons, les mères de nos mères et les plaines des Ardennes.
Une entrée offerte, lente, intime, dans l'écriture de Maryse Hache. Dans sa façon de s'approcher des fleurs et de ceux qui se tiennent sous terre, intensément. Sa façon légère d'être grave, d'hurler au loup dans la montagne violette, de taper du pied, de lancer un cercle et des écureuils . Il le faut bien pour accueillir une marchande de couleurs tuée par la mort .
L'Abyssal cabaret et ses couches successives, il y a tant d'insondable, on s'en approche, sans s'écarter du sol (le cabaret est là pour retenir), un équilibre si fragile, élégant, charnel, beau, tellement humain. C'est Maryse Hache à lire et écouter, et ceux et celles qui l'accompagnent, les fantômes avec les vivants.
« tu sais bien que costumes sont accoutrements que bouches crachent supplices plutôt que chansons et pourtant tu chantes »
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Tout commence lors de l'achat d'une table par un jeune couple au début de leur vie commune et toute une symphonie de vie s'apprête à se déployer. Cette table est le support et le symbole de leur voyage ensemble. Elle se fera tour à tour témoin, plateau, navire en naufrage, foyer familial, abri pour ces deux personnages attachants, Elle et Lui, qui font de cette pièce qu'on lit d'une traite, comme un roman, une odyssée du quotidien. Dans une écriture tour à tour fine et cruelle, tendre et humoristique, Claude Ponti dresse le portrait tumultueux de la vie adulte, dans ses hauts et ses bas, de la naissance à la mort. Une grande oeuvre pour adultes par l'auteur de Blaise le poussin masqué et de Pétronille qui aura malgré tout conservé pour chacun de ses gestes d'écriture un instinct de conteur et une énergie d'enfant.
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Balivernes Hivernales naît d'une rencontre : avec la ville et le désarroi qu'on y trouve à chaque pas. Dans le hall d'une gare, sur le clavier d'un piano désormais disposé dans chacune de nos gares et livré à tous, quelqu'un joue en virtuose. Soudain un homme en haillons - un SDF peut-être - se lève et danse. La pièce puise là, dans le mouvement terrible d'un corps, dans la foule autour qui passe toujours à côté, dans la ville qui bat, dans la musique désaccordée : une image et son désir. L'image d'un tournoiement qui remet le monde à sa place. Le désir d'approcher le monde dans la brutalité élégante qui pourrait lui résister. Dans cette pièce, autour de cette ville qui est la nôtre - et qui pourtant est inacceptable -, dix monologues dialoguent avec leur vie, leur voix, leur arrêt ici, sur la scène levée par ce texte.
Balivernes Hivernales poursuit le dialogue de JY avec le théâtre et cette esthétique du désarroi qu'il a entrepris avec Jusqu'à ce que, sa première pièce, publiée chez publie.net en 2014. C'est la deuxième saison : l'hiver. Elle n'est pas sans âpreté ni sans son envers, l'humour, cette élégance du désespoir.
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C'est un voyage : non dans l'espace, mais dans le temps et la mémoire d'un homme. Lui parlera, immobile, pour dire sa traversée d'hier, d'aujourd'hui, de demain. Il parlera jusqu'à l'essoufflement. Quand il cesse de parler, une femme est là comme en chaque moment de sa vie, pour dire ce moment, ou nommer ce qui a lieu. La femme en bleu, la femme en blanc, la femme en noir. Dans ce ballet des voix et des corps, cet homme seul au milieu de sa vie traversée par trois femmes, se donne à entendre le prix de cette traversée, dans le souffle d'une voix qui tente d'aller jusqu'au bout de lui, jusqu'à ce que... C'est le premier texte de théâtre de JY. Préface de Claude Régy. Arnaud Maïsetti
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Dans nos villes, il existe des endroits à l'abri des regards qui sont destinés au dépôt de ce qui ne sert plus, objets trop usés ou inutiles. Le soir, il suffit de les déposer là, et le matin, ils ont été emportés. Les encombrants, ce pourrait être une allégorie, oui, mais de quoi ? De ce début de siècle, des corps que le monde juge inutiles et évacue, ou du théâtre lui-même ? Dans cette troisième pièce, JY. poursuit sa plongée dans les franges dissidentes de notre réel. Après l'érotique Jusqu'à ce que... et l'élégiaque Balivernes hivernales, c'est le troisième temps : celui politique des corps abandonnés dont la défaite n'a pas dit le dernier mot. Les figures qui hantent les deux premières pièces sont toujours là, et leurs ombres. Entre eux passent les encombrants : des corps étendus, abandonnés, à la surface desquels écrire. « Et cette heure venue / où la ligne est le reflet / de la vie définitive / qui s'impose par coeur... / au calepin se substitua l'alcool de santé / celui où se noie / la vie à l'eau de rose. » C'est un texte qui voudrait traverser l'abandon et l'alcool, la joie d'être un vivant sur le cadavre de l'époque. « Il faudrait de temps en temps, avec un peu d'entraînement, que l'homme croie savoir pourquoi il existe. » C'est une pièce enfin comme un crachat sur le théâtre, mais lancé avec tendresse, avec pitié, avec la férocité des doux, l'intransigeance des terribles. « Il ne manque point, parmi nous, aujourd'hui, de ces hommes qui ont le droit de se nommer sans-patrie, sans travail, sans lit, sans plus rien qui les greffe à l'élan de la vie. » Arnaud Maïsetti
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Il n'y a pas de certitude ; la femme n'existe pas
Barbara Métais-chastanier
- Publie.Net
- Theatre
- 17 Janvier 2018
- 9782371775121
De Barbara Métais-Chastanier, deux pièces qui sont deux manières d'affronter le théâtre et de puiser en lui la force de dire ce qui ne peut pas se dire : soi-même qui s'invente à rebours des identités héritées, imposées, assignées. Il n'y a pas de certitude et La Femme® n'existe pas témoignent du travail en cours d'une autrice qui cherche dans l'adresse une langue capable de nommer les enjeux politiques des identités qui ne réclament aucune origine, mais seulement des désirs. Ce sont deux monologues à travers lesquels fraient des voix multiples qui travaillent à faire violence aux violences infligées aux femmes, à leur identité. La jeune dramaturge traverse là dans une rage tendre et adressée les questions de notre époque : car si « l'amour est à réinventer », c'est pour chaque jour, et à chaque mot, et c'est dans l'autre, avec l'autre et pour l'autre. Deux monologues politiques dans la mesure où chacun rend caducs les discours des politiques sur ces enjeux. Monologues amoureux aussi, monologues dont le mot dit mal combien la solitude est ici attaquée pour être ce présent offert, arraché, accompli, absolument inventé afin d'être infiniment désiré.
Arnaud Maïsetti