« Les commencements de la Révolution sont ceux d'une extraordinaire accélération de l'histoire. Les événements s'y bousculent dans un luxe d'acteurs, d'envolées, de confusion et de coups de théâtre. Ce qui s'est passé à ce moment-là n'est intelligible que si l'on restitue les faits dans une séquence fondatrice. ».
Le 17 juin 1789, les députés du tiers état forment l'Assemblée nationale. Le 23 juin, ils refusent de quitter la salle du Jeu de paume où ils ont juré de donner une constitution à la France.
Ce texte d'Emmanuel de Waresquiel, enrichi d'abondantes sources inédites, change radicalement notre lecture de la Révolution. L'auteur raconte « ses» sept jours tambour battant, en un récit alerte qui se lit comme un roman à suspense.
« Je suis né le 4 avril 1945 à Montauban de parents allemands, lesquels ont attendu plus de six mois pour déclarer ma venue au monde - trop tard ! Cela a fait de moi un apatride, qui a grandi dans le 15e arrondissement de Paris avec les derniers hussards noirs de la République, a été un supporter inconditionnel de l'équipe de France de Raymond Kopa en 1958, avant d'arriver à Francfort et de prendre la nationalité allemande... pour éviter le service militaire. Revenu en France pour mes études, j'en suis expulsé en mai 1968 - une interdiction de séjour levée dix ans plus tard.
Depuis, ma vie est une sorte de pont entre l'Allemagne et l'Hexagone, et, en 2015, j'ai obtenu le droit de devenir aussi français. Pouvoir désormais jouer avec les deux maillots correspond au fond assez bien à mon état d'esprit : la France doit beaucoup à ses étrangers, sans qui son histoire aurait été tout autre. Ainsi, c'est également la Grande Histoire qui se dessine à travers eux : car tous sont arrivés au gré des mouvements politiques, économiques, scientifiques, culturels... et même sportifs. » C'est ce cheminement que retrace ce livre à quatre mains, faisant halte ici auprès d'un Émile Zola s'éteignant à l'aube de la Belle Époque, là au couronnement à Cannes des Indigènes de Rachid Bouchareb ; et, toujours, au côté de ces hommes et femmes qui, venus d'ailleurs, ont depuis cent cinquante ans mis la main à l'ouvrage, glorieux et laborieux, d'un pays qui s'écrit.
Depuis vingt ans, l'histoire coloniale (et ses brûlants prolongements actuels dans les enjeux de mémoire) est au coeur des débats de la société française. En cette année où nous commémorons les soixante ans de la fin de l'Empire colonial français avec les accords sur l'Algérie, quatre historiens - Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, Sandrine Lemaire et Dominic Thomas - ont considéré qu'il était pertinent de sélectionner les cent meilleurs textes-références écrits par les spécialistes français et internationaux sur le passé colonial de la France, qui permettent de plonger dans deux siècles et demi d'histoire coloniale, de 1763 au débat actuel sur la mémoire coloniale, et de les rassembler dans un ouvrage unique, hors norme.
Le livre est construit sur cinq grands ensembles chronologiques : (1) les débuts de l'utopie coloniale à la fin du siècle des Lumières et du Premier Empire ; (2) l'expansion coloniale à marche forcée au XIXe siècle et la naissance de la culture coloniale ; (3) l'apogée colonial au xxe siècle mais aussi la fragilité de l'Empire liée au début des revendications ; (4) les Indépendances et la fin du rêve colonial ; (5) l'après-Empire : la persistance des effets de colonisation dans la société contemporaine et les débats autour de la mémoire coloniale (décolonial, postcolonial, déboulonnage des statues, musées...). Un cahier iconographique de 48 pages contiendra une centaine d'illustrations sur l'entreprise coloniale, la culture et la propagande impériale (vie quotidienne, scènes de rue, affiches de propagande, cartes postales, dessins et presse, etc.).
La colonisation française est au coeur du récit national français, elle traverse les siècles et les régimes politiques. Cette histoire se déroule sur les cinq continents, sur tous les océans, elle marque le monde (plus de cinquante États aujourd'hui indépendants sont concernés ainsi que des régions ultramarines) et la société française de Louis XVI à Emmanuel Macron. Un travail considérable a été fait par des historiennes et des historiens durant ces dernières années, travail qu'il est temps de transmettre et de faire connaître au grand public. En résulte une « histoire globale », un ensemble qui parle du monde entier, et qui porte un regard à 360° sur la colonisation, l'idéologie coloniale et la culture coloniale.
Pour saisir l'évolution politique de la France, les résultats locaux des élections sont essentiels. Leur extrême variabilité géographique semble un défi à leur compréhension. Grâce à des cartes précises qui resituent l'électeur dans son proche milieu plutôt que seulement dans une classe sociale, cet ouvrage ambitieux montre que les variations locales de l'opinion obéissent souvent à une logique historique de longue durée qui se déroule généralement en trois stades : apparition d'une nouvelle opinion à cause d'un évènement singulier, propagation sur un terrain préexistant, limitation par les territoires des opinions rivales. Au fil des pages, Bonnets rouges, Gilets jaunes, partisans de Chasse, pêche, nature et traditions (CPNT), mais aussi du Rassemblement national, du Parti communiste, de la droite et de la gauche se mettent en place dans l'espace français. Alors s'éclaire l'épuisement actuel de l'opposition de la droite et de la gauche, comme les tentatives de remplacer cette opposition, qui puisent dans un passé plus ancien, structuré par des régularités géographiques. Ce qui est souvent présenté comme une histoire progressive est ainsi doublé par une histoire à l'envers, par la réapparition de clivages passés souvent très anciens
Un outil indispensable pour comprendre notre histoire.
Accessible à tous, cet atlas est le plus complet jamais publié sur l'histoire de la France.
375 cartes racontent toutes les étapes de l'histoire de notre pays, de ses origines les plus lointaines à nos jours.
En s'appuyant sur le fonds cartographique de L'Histoire et grâce au concours de grands historiens, les auteurs ont pu réaliser un atlas à la fois exhaustif et à la pointe des dernières avancées de la recherche.
Tout au long de sa carrière, Michel Winock, éminent historien de la république, s'est interrogé sur un mal endémique qui secoue la société française depuis les débuts du régime républicain:le retour continuel des crises. Cette discorde séculaire - qu'il nomme « la fièvre hexagonale» - ne cesse de régner entre gauches et droites, entre courants de pensées et idéologies, et traduit l'extrême difficulté du peuple français à s'entendre, à vivre ensemble et à sentir ce qui lui est adapté. De façon cyclique, il oscille entre désir d'ébranlement de l'État et recherche d'une autorité forte et dominatrice à travers l'avènement d'un homme «providentiel», appelé pour résoudre la situation de crise. Retracer deux siècles et demi d'histoire de France grâce aux textes réunis dans cette édition, c'est ainsi pénétrer dans les rouages d'un certain esprit français, ambivalent, contradictoire, qui ne peut imaginer de solution sans feu, d'horizon sans violence, qui connaît peu ou prou le dialogue et le consensus.De la Commune à la V? République, ces travaux révèlent les expressions et les formes variées d'une conception du pouvoir démocratique en France. Ils en pointent aussi les limites, les paradoxes et l'ambivalence de sa relation avec le peuple français. Fin connaisseur des mouvements intellectuels et politiques, des hommes comme des partis, Michel Winock a bâti une oeuvre importante, autant de Recherches de la France qu'il convient de relire à l'aune de la situation politique et sociale du XXI? siècle et de l'actualité, sur laquelle il livre un éclairage singulier.
Il ne s'agit pas d'une histoire de la monarchie française, mais de celle de « nos rois » : ceux dont le règne a le plus marqué l'histoire nationale. Si Franck Ferrand évoque, par souci de clarté et de filiation, les premiers (jusqu'au début de la dynastie capétienne) et les derniers monarques (jusqu'à Louis-Philippe), il s'attache principalement à raconter la vie et l'oeuvre de quatorze d'entre eux, depuis Philippe-Auguste jusqu'à Louis XVI. Soit, entre ces deux souverains, les figures de Saint Louis, Philippe Le Bel, Charles V, Charles VII, Louis XI, Louis XII, François Ier, Henri III, Henri IV, Louis XII, Louis XIV et Louis XV. Des portraits enlevés, écrits avec grâce et servis par une superbe iconographie (une centaine d'illustrations dont plusieurs tableaux généalogiques). La véritable histoire des « rois qui ont fait la France ».
Il n'y a pas si longtemps, la laïcité allait de soi, unissait tous les Français, et nous distinguait des autres.Voilà qu'aujourd'hui elle nous divise.Dans ce court et vigoureux essai pédagogique, Patrick Weil repart du passé pour réparer le présent et préparer l'avenir. Car l'histoire de la loi de 1905, matrice juridique de la laïcité, fournit en réalité toutes les armes pour apaiser les querelles d'une France en guerre avec elle-même.Ceux qui cherchent une boussole pour la pratique de la laïcité dans des situations précises trouveront ici une réponse informée et raisonnable; ceux qui veulent en expliquer la notion à leurs enfants, amis, collègues, comprendront à la fois sa genèse et sa force:garantie de la liberté et de l'égalité des citoyens dans leurs options spirituelles, elle demeure la clé de voûte de notre République.
Ce livre efface la coupure aussi traditionnelle qu'arbitraire entre le Moyen Âge et l'époque moderne. C'est toute cette période, de Charles VII à Henri II, qui est placée sous le signe «des» Renaissances. La fin de la guerre de Cent Ans et des grandes crises socio-économiques, au milieu du XV? siècle, est effectivement le point de départ d'un renouveau général, des hommes, des échanges, des richesses... La période 1453-1559 est alors entraînée dans un mouvement de floraison, de dynamisme et de créativité en de multiples domaines; c'est ce siècle effervescent qui, en définitive, correspond bien à l'appellation de «beau XVI? siècle».Il s'agit bien ici d'un «certain regard» sur le temps des Renaissances. La dialectique du changement (emblématique des représentations sur la période) et des continuités suppose d'évaluer avec justesse l'ampleur des mutations. Elle nourrit le débat, déjà ancien, sur la «modernité» de la Renaissance:s'agit-il de l'enfantement d'un monde nouveau ou du point d'aboutissement d'un certain rapport au monde, issu des derniers siècles médiévaux? Cette interrogation permet de tisser la trame qui sépare ce temps lumineux des Renaissances des ténèbres des guerres de Religion...
Féru d'histoire et conteur savoureux, Bruno Solo a convié chez lui, le temps d'un dîner imaginaire, des personnages de l'Histoire de France : Clovis, l'inconnu le plus célèbre de notre récit national ; le sage Éloi, ministre de Dagobert ; Alcuin, l'avisé moine et conseiller très éclairé de Charlemagne ; l'ardente Aliénor d'Aquitaine, reine de France puis d'Angleterre ; Christine de Pizan, la première femme écrivaine et philosophe de langue française à avoir vécu de sa plume ; Michel de l'Hospital, chancelier, apôtre de la tolérance pendant les guerres de religion ; Théophraste Renaudot, homme-orchestre et fondateur de La Gazette ; René-Robert Cavelier, l'explorateur mégalo du Mississippi et de la future Louisiane ; le Chevalier d'Éon, l'agent secret à l'identité sexuelle mystérieuse ; Louise Michel, institutrice féministe, figure de la Commune de Paris et militante anarchiste ; Georges Mandel, politique clairvoyant face au péril nazi, chef de cabinet de Georges Clemenceau.Le banquet promet d'être animé !En hôte curieux et mordant, Bruno Solo a l'art de relancer la conversation. Il n'hésite pas à poser les questions qui fâchent, dégonfle certaines légendes, fait des parallèles avec notre présent. Sans jamais se départir de son esprit caustique et de son humour.Les Visiteurs d'Histoire offre des portraits vivants de figures parfois méconnues. Une narration divertissante, pleine de fantaisie, au service d'un fond rigoureux et intelligent. À l'image de Bruno Solo : passeur humble et passionné de l'Histoire de France.
Bruno Solo est comédien, auteur, réalisateur et producteur.
1685, année terrible, est à la fois marquée par l'adoption du Code Noir, qui établit les fondements juridiques de l'esclavage « à la française », et par la révocation de l'édit de Nantes, qui donne le signal d'une répression féroce contre les protestants. Prendre cette date pour point de départ d'une histoire de la France moderne et contemporaine, c'est vouloir décentrer le regard, choisir de s'intéresser aux vies de femmes et d'hommes « sans nom », aux minorités et aux subalternes, et pas seulement aux puissants et aux vainqueurs.
C'est cette histoire de la France « d'en bas », celle des classes populaires et des opprimé.e.s de tous ordres, que retrace ce livre, l'histoire des multiples vécus d'hommes et de femmes, celle de leurs accommodements au quotidien et, parfois, ouvertes ou cachées, de leurs résistances à l'ordre établi et aux pouvoirs dominants, l'histoire de leurs luttes et de leurs rêves.
Pas plus que l'histoire de France ne remonte à « nos ancêtres les Gaulois », elle ne saurait se réduire à l'« Hexagone ». Les colonisés - des Antilles, de la Guyane et de La Réunion en passant par l'Afrique, la Nouvelle-Calédonie ou l'Indochine - prennent ici toute leur place dans le récit, de même que les migrant.e.s qui, accueilli.e.s « à bras fermés », ont façonné ce pays.
L'opposition entre de Gaulle et Mitterrand met dos à dos un homme qui lutte contre l'effondrement d'une civilisation et un individu qui se moque que celle-ci disparaisse pourvu qu'il puisse vivre dans ses ruines à la façon d'un satrape. Le premier donne sa vie pour sauver la France; le second donne la France pour sauver sa vie. L'un ressuscite Caton; l'autre réincarne Néron. De Gaulle se sait et se veut au service de la France; Mitterrand veut une France à son service. L'un sait avoir un destin; l'autre se veut une carrière. L'un a laissé une trace dans l'histoire; l'autre pèse désormais autant qu'un obscur président du Conseil de la IV? République. L'un a fait la France; l'autre a largement contribué à la défaire...Ce portrait croisé se lit comme une contre-histoire du XX? siècle qui nous explique où nous en sommes en même temps qu'elle propose une politique alternative qui laisse sa juste place au peuple:la première.M.O.
Loin d'analyser les deux conflits mondiaux en face à face, cet ouvrage envisage la période des Grandes Guerres comme un tout. Le grand basculement de l'été 1914, les horreurs des tranchées et le « front de l'arrière » font comprendre le processus qui conduit à un conflit inédit par son ampleur et sa brutalité : une guerre totale. Sans doute, en 1918, la France émerge, victorieuse, mais « malade de la guerre » : profondément affectées, jusque dans leurs structures, l'économie et la démographie ne peuvent être « réparées », reconstruites ou « reconstituées » aussi rapidement qu'un pont, une route ou un bâtiment.
La démobilisation culturelle et le retour à la mobilisation politique se déroulent dans une atmosphère de tensions et de modernisations artistiques, entre cultures des masses et culture de masse. Une attention particulière est portée aux relations internationales, aux traités, à l'esprit de revanche, en même temps qu'aux efforts des pacifistes, à la SDN, à Briand... Alors que la France abandonne en partie à regret une politique de puissance en Europe, le terrain colonial devient bientôt le seul où cette politique impérieuse peut pleinement s'exprimer. Avant que tout ne bascule, de nouveau, dans des crises multiples pour aboutir à la catastrophe de mai-juin 1940 et, avec elle, à la mise à mort des principes républicains...
Pour restituer ce « passé qui ne passe pas », Nicolas Beaupré a su trouver la bonne distance, entre passion et parti pris, pour nous faire comprendre et partager les enjeux d'une des périodes les plus dramatiques et controversées de l'histoire de France.
Comment peut-on être Breton ? Comment le devient-on ? De quelle singularité la Bretagne peut-elle être créditée ? Comment comprendre le décalage entre la fierté des Bretons et leur image vue et transmise par d'autres ? Pourquoi cette identité insubmersible ?
La réponse à ces questions est au coeur de ce livre, car l'identité bretonne est née d'une histoire chahutée et mouvante : inscrite dans la longue durée de plus d'un millénaire, la dévalorisation des Bretons, des Bas-Bretons surtout, ne cesse d'étonner quand on la compare à la réalité d'un territoire longtemps autonome, indépendant, riche économiquement, notamment au temps des ducs, aux XIVe et XVe siècles.
Joël Cornette, éminent connaisseur de la Bretagne, met en valeur, dans un essai clair et concis, la puissance de cet « État breton » envoie d'affermissement à la fin du Moyen Âge, avant d'analyser ce que l'annexion forcée par le royaume de France, en 1532, a signifié. Déconstruisant les lieux communs qui se sont cristallisés sur cette péninsule et ses habitants, il retrace une histoire méconnue et souligne l'originalité d'une identité bretonne trop longtemps décriée.
L'époque où surgit la dynastie capétienne ne se confond pas avec « la naissance de la France ». Sans doute le royaume de Francie occidentale puis de France, qui embrasse alors la Catalogne au sud et la Flandre au nord, devient-il une entité politique qui ne se partage plus, mais le souverain continue explicitement de se dire « roi des Francs » plutôt que « roi de France ». Si la monarchie construit et élargit méthodiquement son domaine, le sentiment d'une unité française n'existe pas pour autant. Soucieux d'échapper à toute téléologie dynastique ou nationale, le propos tenu ici accorde une grande attention aux singularités régionales.
Les siècles de la féodalité, longtemps décrits comme des siècles de fer, correspondent en réalité au moment du « décollage » européen.
Dynamisme économique, expansion chrétienne et mutations sociales vont alors de pair, portés par l'affirmation d'un ordre seigneurial effaçant peu à peu les derniers vestiges de l'empire carolingien.
Les acquis des recherches historiques des vingt dernières années ont profondément renouvelé la compréhension de ce long moment de transition. Ils conduisent à réexaminer des questions aussi fondamentales que le regroupement des populations et la « naissance du village », l'instauration de la seigneurie châtelaine, le rôle des réformes monastiques ou l'épanouissement de l'art roman et gothique.
Ils amènent surtout à remettre en cause la thèse d'une « mutation féodale » rapide et brutale autour de l'an mil au profit d'une appréciation plus nuancée des évolutions.
« Nous n'avons pas tenté une oeuvre originale : on peut éclaircir l'histoire, on ne la renouvelle pas. Nous n'avons pas non plus soutenu une thèse. Nous nous sommes efforcé de montrer comment les choses s'étaient produites, quelles conséquences en étaient résultées, pourquoi, à tel moment, telle décision avait été prise plutôt que telle autre. Ce qu'on découvre, au bout de cette analyse, c'est qu'il n'est pas facile de conduire les peuples, qu'il n'est pas facile non plus de fonder et de conserver un État comme l'État français, et l'on en garde, en définitive, beaucoup d'indulgence pour les gouvernements. Peut-être ce sentiment est-il la garantie de notre impartialité. Mais comment serions-nous de parti pris puisque notre objet est de présenter dans leur enchaînement les événements de notre histoire ? Nous ne pouvons la juger que par ses résultats. Et, comparant notre condition à celle de nos ancêtres, nous sommes amené à nous dire que le peuple français doit s'estimer heureux quand il vit dans la paix et l'ordre, quand il n'est pas envahi et ravagé, quand il échappe aux guerres de destruction et à ces guerres civiles, non moins redoutables, qui, au cours des siècles, ne l'ont pas épargné. » Ce passage, tiré de l'introduction de ce livre publié en 1924, illustre bien la nature de l'ouvrage. Loin de ce que feront l'école des Annales et l'historiographie marxisante des années 1950 et 1960, Jacques Bainville privilégie une histoire plus « classique » et littéraire qui, tout en se fondant sur l'exactitude des faits et le refus des partis pris, traite singulièrement de l'histoire politique de la France imbriquée dans l'histoire de la politique extérieure que, en tant que journaliste et chroniqueur parlementaire, il connaît sur le bout des doigts. Toute son attention est portée, avec une très grande clarté, sur l'enchaînement des faits au service d'un but : montrer comment la France s'est construite à travers les âges, comment celle de son temps provient de celle d'hier. Un grand bonheur de lecture au contact d'un livre très instructif.
"?Mon cher confrère?", "?mon cher ami?" : ces formules de courtoisie commencent les lettres ici rassemblées, dans lesquelles le Docteur H.?P., installé dans le nord-ouest de la France au milieu du XXe?siècle, remercie des médecins de lui avoir adressé un patient ou une patiente en consultation. En quelques phrases d'une froideur clinique manifestant son assurance et laissant percer son amusement ou son ennui, il dresse en toute complicité professionnelle le portrait de chacun et chacune (autant de "?cas intéressants?"), avant d'esquisser différentes pistes thérapeutiques.
Se révèle alors un feuilleté de techniques qui plonge ses racines au XIXe?siècle et ouvre sur le règne contemporain des molécules chimiques. Se mêlent lobotomie ("?l'opération n'a aucune gravité en elle-même?"), électrochocs, psychanalyse (à condition d'en avoir les moyens intellectuels et financiers, "?il ne peut en être question chez ce sujet mental fruste?"), cocktails médicamenteux, préconisations de bon sens et aveux d'impuissance devant telle ou telle névrose "?absolument incurable?".
Un témoignage de la souffrance psychique ordinaire où percent d'infimes éclats de vies inconscientes, autant qu'un accès à la fabrique quotidienne du soin psychiatrique, dans un moment de transformation profonde de la prise en charge de la maladie mentale. Un document exceptionnel.
Comment les Français imaginent-ils la France ? Quelle idée les habitants se faisaient-ils du territoire français au cours de l'histoire ? À quels éléments de ses paysages s'intéressaient-ils ? Quelle place lui donnaient-ils dans le monde ? Pour chaque période de l'histoire, ce livre présente des images d'époque qui témoignent de l'idée que les Français se sont fait de leur pays. Il ne s'agit pas de raconter uniquement l'histoire de France, dans un récit linéaire illustré, mais également d'analyser comment ce territoire a été vécu et mis en scène. Certaines images sont célèbres, d'autres inédites, d'autres encore inattendues.
En plus de 60 cartes, l'histoire de France comme vous ne l'avez jamais lue !
La France des Gaulois, le partage mérovingien, les croisades, la diffusion de l'art gothique et roman, les guerres de Religion, les guerres napoléoniennes, la Première Guerre mondiale puis la Seconde, la construction du chemin de fer, les élections... Autant d'événements qui ont modifié les frontières françaises en modelant son histoire.
Chaque événement est replacé dans le contexte historique et géopolitique précis, permettant de comprendre comment la France s'est constituée, ses frontières actuelles, et les grands enjeux qui se posent aujourd'hui, en Europe et dans le monde !
Paris n'est plus ce qu'il était : oui, c'est vrai, et heureusement ! Que ne dirait-on pas s'il était resté comme au temps où Diderot allait chaque soir rêver sur son banc au Palais-Royal ? Paris est un organisme vivant qui change sans cesse depuis lors et même avant, en mal ici, en bien ailleurs. Ce livre est une incitation à ouvrir les yeux, à tendre l'oreille pour percevoir le tumulte de cette capitale indomptable, du périphérique à la place Vendôme, du marché d'Aligre au marché de Belleville, du tabac au zinc, de Balzac à Sartre - Paris, tel qu'en lui-même enfin l'éternité le change.
Algérie, 1871?: la plus importante insurrection avant la guerre d'indépendance est menée contre les forces coloniales françaises. Dans son sillage, environ 900?000 Algériens, plus du quart de la population totale, se voient infliger un séquestre sur leurs terres, maisons ou plantations. Cette mesure punitive du gouvernement français est exceptionnelle par son ampleur comme par la place qu'elle occupe au xixe?siècle dans le monde. Si elle ne débouche pas toujours sur la confiscation définitive des biens, leur restitution (payante) est généralement conditionnée. Tout dépend de la responsabilité attribuée à titre individuel ou collectif dans la révolte, de l'inventaire et de l'estimation des droits de chacun, de l'emplacement des terres qui intéressent ou non la colonisation.
Les archives du séquestre permettent une plongée dans le corps social que Didier Guignard entreprend à l'échelle du bassin versant de l'oued Isser, en Kabylie occidentale. Il y révèle la nature et l'étroitesse des liens entre les habitants, leurs formes d'adaptation au milieu et les bouleversements endurés. À partir d'une enquête de terrain, il fait remonter ses observations aux années 1840 puis les poursuit jusqu'aux années 1930, pour mieux nous faire comprendre les ressorts d'une société rurale entrée en révolte et l'évolution contrastée d'un lourd héritage.
Si le séquestre des années 1870, moment phare de la colonisation française en Algérie, a déjà retenu l'attention des historiens, cette approche comparative et au plus près de la société rurale, qui emprunte autant à la géographie qu'à l'anthropologie, est inédite.
La Provence:sitôt prononcé son nom, un champ d'oliviers, de lavande ou de vigne bruissant du chant des cigales apparaît dans la chaleur de midi. Puis, pêle-mêle, un petit village perché, des maisons aux volets clos, l'église, la place et le café de la mairie à l'ombre des platanes, les parties de pétanque animées, arrosées de pastis ou de rosé frais, les repas du soir lentement mijotés dans le secret de cuisines scellées... Tout ceci fait la Provence, mais la Provence ne se réduit pas aux clichés:terre de soleil et de lumière, elle peut être aride et sèche, glaciale quand souffle le mistral; ses habitants à l'accent chantant, héros de tant de comédies, sont aussi hantés par des mythes, des monstres légendaires, ils ont leurs ombres et leurs drames... Balades en compagnie d'enfants du pays - Frédéric Mistral, Alphonse Daudet, Paul Cézanne, Jean Giono, Marcel Pagnol, René Char -, et d'« étrangers » tombés amoureux de cette région de contrastes - Pétrarque, Sade, Van Gogh, Virginia Woolf, Saint-John Perse ou encore Peter Mayle.
À quelques kilomètres d'Embrun dans les Hautes-Alpes, sur les bords du lac de Serre-Ponçon, jaillit soudain un château aux allures médiévales, le château de Picomtal. Au début des années 2000, les nouveaux propriétaires effectuant des travaux découvrent, au revers des planchers qu'ils sont en train de démonter, des inscriptions. Cent vingt ans plus tôt, au début des années 1880, le menuisier qui a monté le parquet dans les différentes pièces s'est confié. L'homme sait qu'il ne sera lu qu'après sa mort. Il adresse un message outre-tombe et parle de lui, de ses angoisses, de sa famille, de ses voisins, faisant revivre une société villageoise confrontée au progrès économique matérialisé par l'arrivée du chemin de fer, mais aussi à l'avènement de la République.
Pour autant c'est surtout quand il évoque les secrets des uns et des autres, quand il parle de sexualité, que Joachim Martin s'avère un témoin passionnant des moeurs souvent cachées de son temps. On dispose de peu de témoignages directs des gens du peuple, mais cette façon de s'exprimer est totalement inédite. Qui plus est ces confessions revêtent un caractère exceptionnel. À travers son témoignage, sur luimême et son village, c'est ainsi toute une époque qui revit.
Jacques-Olivier Boudon est professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris Sorbonne où il dirige aussi le Centre d'histoire du XIXe siècle. Président de l'Institut Napoléon et directeur scientifique de la Bibliothèque Marmottan, il a publié une trentaine d'ouvrages consacrés à l'Empire et à l'histoire du XIX e siècle, dont Les Naufragés de la Méduse.
À la lumière des recherches les plus récentes, cet ensemble sans équivalent tisse une trame envoûtante et constitue à sa façon une autre histoire de France.
Le 27 septembre 52 avant notre ère, tout est réuni pour que Vercingétorix l'emporte à Alésia sur les légions de César ; or c'est tout l'inverse qui se produit. Comment expliquer ce désastre ? Le 29 mai 1968, le général de Gaulle disparaît : eut-il la tentation de se retirer, et qu'est-il allé dire et faire à Baden-Baden ? Le secret de ces heures capitales n'est pas entièrement élucidé. La grande histoire est faite aussi de ces incidents, hasards et affaires qui ont défrayé la chronique et conservé leur part de mystère tout en influant sur les destinées du pays : épopée de Jeanne d'Arc, affaire des Poisons, prétendu Louis XVII, exécution du duc d'Enghien, complot de la Cagoule, et bien d'autres circonstances tout aussi romanesques et le plus souvent tragiques ont contribué à façonner la mémoire et la légende nationales. Sur elles, voici ce qu'il est possible de savoir et de comprendre. Une autre manière d'écrire l'histoire de France.