CNRS
-
En bref Si l'auteur de l'Éthique nous aidait dans notre vie de tous les jours ?
Le livre Tristesse, sentiment d'insignifiance, joie. l'homme est sujet à la variation de ses humeurs quotidiennes qui l'affaiblissent ou le renforcent, au hasard des rencontres. Comment exister plus intensément, de la manière la plus affirmative possible ? C'est à de telles questions que l'Éthique de Spinoza se confronte.
Avec Spinoza, nous apprenons à répondre rationnellement à la singularité des situations. Amender nos erreurs, déployer nos forces, réformer nos imaginations, activer nos passions, comprendre Dieu, vivre libre. Maxime Rovere ne cherche pas à reconstruire un système de pensée selon les voies balisées de l'histoire de la philosophie. L'Éthique n'est nullement une tentative d'explication cosmologique ou anthropologique : c'est un exemple unique d'une philosophie immédiate, consistant à déterminer sans attendre des opérations effectives, des méthodes, nécessairement locales.
Dès lors, la liberté, la connaissance, les passions, l'éternité et le bonheur, la béatitude , trouvent un sens nouveau. La pensée se déplace d'une difficulté à l'autre : tout événement, tout affect, sont saisis par chacun d'entre nous comme des moyens d'affirmer son existence propre. C'est à cette condition que l'on peut entreprendre de répondre à notre exigence la plus fondamentale - vivre libre et heureux, ici, maintenant et toujours plus.
Arguments - Succès de la première édition - Un livre dans le sillage des livres de Self help -
Le grand retour de Bergson, à l'orée du XXIe siècle, s'est accompagné d'un regain d'intérêt pour son influence exercée en dehors de France, jusqu'en Inde et en Afrique, comme en témoignent deux figures majeures de la lutte anticoloniale, le musulman Mohamed Iqbal et le catholique Léopold Sédar Senghor. À la fois poètes, penseurs et hommes d'État, tous deux ont joué un rôle intellectuel et politique essentiel dans l'indépendance de leur pays, et trouvé dans le bergsonisme de quoi nourrir leur philosophie : celle d'une reconstruction de la pensée religieuse de l'islam pour le premier, d'une désaliénation du devenir africain pour le second.
À la croisée des études bergsoniennes et de la pensée postcoloniale, le philosophe Souleymane Bachir Diagne offre un éclairage inédit sur la réception et le devenir des notions d'élan vital, de nouveauté, de durée ou encore d'intuition dans la pensée de Senghor et de Iqbal.
-
L'oeuvre de Diderot se présente comme un tout paradoxalement inachevé, ouvert et changeant. C'est à cet univers d'une pensée gambadant de préoccupations métaphysiques au commentaire de l'actualité politique, entre romans, dialogues, articles, réfutations, correspondances, que nous introduit Colas Duflo. Le Diderot en mouvement, philosophe autant qu'écrivain, penseur par fictions autant que par concepts, promoteur de la diffusion publique des vérités et expert en jeux avec la censure, revit ici en pleine lumière.
Rétive à tout système, sa pensée offre une cohérence subtile. Matérialisme, moi multiple, critique de l'illusion de la liberté?: tels sont quelques-uns des points forts qui traversent toute l'oeuvre. Comme le lecteur actif auquel s'adresse Diderot, Colas Duflo relie tous les éléments éclatés, de la philosophie à l'anthropologie, de la philosophie politique à la méditation sur la civilisation, et révèle une oeuvre d'une rare et saisissante présence, d'une exubérante liberté.
-
Heidegger et la langue allemande
Georges-arthur Goldschmidt
- Cnrs
- Cnrs Philosophie
- 25 Août 2016
- 9782271088147
De récents travaux ont éclairé sans équivoque aucune l'adhésion de Martin Heidegger au totalitarisme hitlérien. Georges-Arthur Goldschmidt, traducteur de Kafka et de Nietzsche, reprend la question par un biais plus personnel, dans les pas de Victor Klemperer, l'auteur de la Lingua Tertii Imperrii (1947). "Gefolgschaft", "Einsatz", "Ereignis" : autant de termes appartenant à la fois au vocabulaire nazi et au système philosophique heideggerien.
L'appropriation d'un tel langage n'a rien d'opportuniste ou d'occasionnel, mais marque un engagement profond. Cet ouvrage rare et décisif restitue au lecteur français le champ lexical allemand contemporain d'Heidegger. Il dévoile les implications politiques d'une terminologie qui, en passant dans la traduction d'une langue à l'autre, lui échappent souvent. Une telle contamination constitue symboliquement l'un des événements les plus importants du XXe siècle philosophique, dont on ne finira pas de mesurer la portée et les conséquences.
-
" Quand le sacré, par retour de balancier, s'invite dans le débat d'idées et pénètre en force dans les rues et les maisons, dans quelle situation se retrouve l'homme ou la femme qui ne se veulent tenus par aucune obédience (le romancier, le cinéaste, le chroniqueur, le poète) ? Dans la situation peu enviable mais assez probable du profanateur, traître aux siens et à la Vérité. Au mieux, de l'imprudent et de l'irresponsable. Au pis, du renégat animé d'une volonté maligne ou perverse. Il lui échoit non seulement de déranger mais d'outrager, blasphémer, et à coup sûr blesser les convictions d'autrui, qui sont, pour des multitudes d'honnêtes gens, des foyers vivants d'existence, de chaleur, d'estime de soi. Une vieille affaire, me dira-t-on. La philosophie a commencé avec la mise en question ironique des certitudes de l'homme de la rue - certitudes puissantes mais subjectives dans leur principe et objectivement indémontrables. Autant dire qu'elle a commencé dans le sang. Celui de Socrate, condamné à mort pour impiété "
-
Thomas Hobbes (1588-1679) ouvre, avec le Léviathan, de nouvelles perspectives en philosophie politique, mais aussi en logique, en physique et en métaphysique. C'est l'inventeur de la notion d'état de nature, et du pacte fondateur de la société civile qui permettrait d'en sortir. Son oeuvre, considérée tantôt comme annonciatrice de l'athéisme contemporain et tantôt comme fidèle au christianisme, est au centre du débat qui divise, depuis la fin du xixe?siècle, historiens et philosophes sur le thème de la sécularisation de la pensée politique moderne.
Contrairement aux théologiens médiévaux dont il s'inspire, Hobbes n'inscrit plus sa réflexion politique dans l'horizon du salut éternel, mais, selon Luc Foisneau, dans l'horizon de la mortalité humaine. Quelles sont les conséquences d'un tel changement de perspective?? Principalement une égalité naturelle entre les hommes?: celle-ci anticipe de manière fulgurante la célèbre critique rousseauiste du droit du plus fort et nous met en demeure de penser autrement la constitution du politique, la toute-puissance de l'État protégeant les hommes de la peur qu'ils s'inspirent mutuellement. Plus largement, cet ouvrage montre en quoi la thèse d'une domination de Dieu par nature contribue à l'élaboration d'une anthropologie politique, au déploiement d'une théorie de la souveraineté et à une critique de la théologie politique.
-
Galilée, cosmologie et science du mouvement ; regards sur l'empirisme au XXe siècle
Maurice Clavelin
- Cnrs
- 17 Mars 2016
- 9782271090232
Cet ouvrage réunit les deux thèmes de prédilection de Maurice Clavelin. Le premier interroge l'un des tournants les plus importants de l'histoire des sciences : le « moment Galilée ». L'auteur montre que ce n'est pas une simple critique des idées traditionnelles ou une meilleure attention portée aux données de l'observation qui caractérise la science de ce génie. Rallié aux théories de Copernic, Galilée crée une vraie science mathématisée du mouvement, véritable révolution conceptuelle qui ouvre une ère nouvelle à la spéculation sur la Nature, et signe ainsi l'acte de naissance de la science moderne.
Le second aborde sous un angle inédit le rapport entre science et philosophie. Il montre qu'au début du XXe siècle, et après une longue stagnation, la théorie empiriste de la connaissance reprend forme et rigueur sous l'influence combinée de la logique symbolique et de l'interprétation logiciste des mathématiques. Le rôle de Russell, suivi par Wittgenstein, le cercle de Vienne et Quine, est ici décisif.
Un livre qui enrichit l'oeuvre d'un grand historien et philosophe des sciences.
-
Heidegger et les cahiers noirs ; mystique du ressentiment
Nicolas Weill
- CNRS
- 6 Septembre 2018
- 9782271121332
Nicolas Weill propose une lecture stimulante de ces textes qui constituent une des découvertes philosophiques les plus importantes de ces dernières années. La publication des " Cahiers " redonne une actualité brûlante à la question qui divise épigones et détracteurs du penseur allemand : comment continuer à philosopher avec Heidegger sans tenir compte d'une éventuelle contamination de cette philosophie par l'idéologie nazie ?
Par une analyse sans concession des " Cahiers ", en se concentrant sur les Réflexions (tenues par Heidegger de 1931 à 1941) mais tout en cherchant à en dégager les éléments proprement philosophiques, cet ouvrage invite à une approche équilibrée, quitte à " penser avec Heidegger, contre Heidegger ", comme le suggérait Jürgen Habermas dès le début des années 1950. Il montre notamment comment l'auteur d'Etre et temps, en inventant une nouvelle forme de philosopher, a poursuivi et prolongé dans ces carnets la critique de la modernité telle qu'elle a été formulée par la " révolution conservatrice " allemande et par Oswald Spengler, le théoricien du déclin de l'Occident.
-
Dictionnaire des philosophes antiques Tome 6 ; de Sabinillus à Tyrsénos
Richard Goulet
- Cnrs
- 18 Février 2016
- 9782271089892
Ce dictionnaire est consacré aux philosophes ou aux témoins importants de la tradition philosophique grecque et romaine, des Présocratiques aux derniers Néoplatoniciens. Les notices mettent à contribution les sources littéraires, mais aussi les inscriptions et les papyri. Ce sixième et avant-dernier tome regroupe 373 notices, de Sabinillus à Tyrsénos. Parmi les philosophes les plus importants traités dans ce volume, citons Sénèque, Sextus Empiricus, Simplicius, Socrate, Speusippe, Straton de Lampsaque, Synésius de Cyrène, Thalès, Théophraste, Thrasyllos, etc.
-
Dictionnaire des philosophes antiques Tome 7 ; d'Ulpianus à Zoticus
Richard Goulet
- Cnrs
- 8 Février 2018
- 9782271090249
Ce dictionnaire est consacré aux philosophes ou aux témoins importants de la tradition philosophique grecque et romaine, des Présocratiques aux derniers Néoplatoniciens du vie s. ap. J.-C. Les notices des cinquante universitaires et chercheurs français et étrangers mettent à contribution les sources littéraires, mais aussi les inscriptions et les papyri.
Ce sixième et avant-dernier tome regroupe 225 notices, d'Ulpianus à Zoticus. Parmi les philosophes les plus importants traités dans ce volume, citons : Varron, Vitruve, Xénophane, Xénophon, Zénon d'Elée. Ce dernier volume comprend les tables finales cumulatives de tous les volumes parus (index des noms propres et des mots vedettes figurant dans les titres d'ouvrages philosophiques).
Une entreprise grandiose et unique commencée avec un premier tome paru en 1989 et comprenant 7 tomes, à laquelle ont contribué 204 rédacteurs originaires de 19 pays différents.
-
Temps de la nature, nature du temps
Christophe Bouton, Philippe Huneman
- CNRS
- 18 Octobre 2018
- 9782271090836
Dans l'histoire de la philosophie, la question du temps a été abordée selon deux tendances opposées : le temps de la nature avec Aristote et le temps de la conscience avec Augustin. Ces deux formes irréductibles l'une à l'autre ont vu leur relation se complexifier, notamment avec la théorie de la relativité au début du XXe siècle, puis la mécanique quantique, qui ont bousculé notre perception et compréhension du temps.
Cet ouvrage, écrit par des scientifiques et des philosophes, se concentre plus particulièrement sur le concept de « temps naturel », examiné à la lumière de ses utilisations en sciences, qui semblent remettre en cause son unité. Physique, biologie, sciences cognitives, paléontologie, philosophie sont ici convoquées, chacune de ces disciplines disposant d'instruments spécifiques de mesure et de définition d'échelles de temps.
Que nous apprennent-elles sur la « nature du temps », sur ses propriétés comme la continuité ou l'irréversibilité ? Quel statut doit-on donner aux différences entre les échelles utilisées pour observer les phénomènes ? Telles sont quelques-unes des questions abordées dans ce livre, nouvelle incursion dans les mystères du temps.
-
La relation maître-disciple « défie toute étude densemble », a écrit George Steiner, tant elle se singularise par la tension entre ses cadres multiples et son caractère unique. Socle de lédifice social, elle sincarne entre deux personnes, tout en constituant le médium de la pensée en partage.Cest en multipliant les angles et en diversifiant les domaines où cette relation sexerce que pareil phénomène peut être approché. Tel est le propos de cet ouvrage rassemblant philosophes, historiens et ethnologues. De lAcadémie dAthènes à lenseignement dans les institutions scolaires et universitaires en Europe contemporaine, de filiations spirituelles et musicales hindoues à des pratiques chamaniques de Chine, les auteurs sinterrogent sur les acteurs de la transmission orale ou livresque, parlée ou muette, gestuelle ou musiquante , et lintimité de ces « passeurs de question ». Confucius dit transmettre mais ne pas innover, tout en considérant que de lancien émane la nouveauté ; Fichte fait du rapport maître-disciple la condition de léclosion du savoir. Autant de situations dans des civilisations et des temps différents qui déploient toutes les facettes de cette rencontre interpersonnelle. Autant doccasions de mettre en lumière la continuité, la perdurance de lobjet à transmettre.Une réflexion stimulante sur un phénomène social mal connu : la transmission du savoir.
-
En bref La grande biographie de Descartes par la meilleure spécialiste. Le livre Descartes a-t-il vraiment écrit un traité d'escrime dans sa jeunesse ? A-t-il, oui ou non, appartenu à l'ordre légendaire de la Rose-Croix ? Comment a-t-il vécu la condamnation de Galilée ? Pourquoi ce fringant cavalier a-t-il renoncé à la vie militaire ? Qui était Helène Jans, modeste servante devenue sa compagne ? Comment a-t-il écrit le Discours de la méthode et les Méditations métaphysiques, révolutionné les principes géométriques, les lois du mouvement, l'algèbre, la physique ? Qui était, au fond, René Descartes ? Nourrie d'archives inédites, l'enquête menée par Geneviève Rodis-Lewis épouse le rythme de cette vie menée à toute allure, dressant le portrait d'un homme tiraillé par des aspirations contradictoires, l'amour, la guerre, l'aventure, l'étude. Un Descartes passionné jusqu'au bout par la recherche de la vérité philosophique, la quête métaphysique, l'avenir de la science. La biographie vraie de celui qui déclarait « s'avancer masqué ».
-
Comprendre Cioran : l'étude de référence sur l'auteur du Précis de Décomposition Le livre Voici l'ouvrage incontournable sur l'oeuvre de Cioran, restitué dans tous ses paradoxes, un Cioran qui, confronté au drame d'une existence absurde, trouve un sursis dans la voie esthétique et la contemplation désespérée du monde. Une oeuvre traversée par des forces contraires, vitales et funestes, enthousiastes et blasées, amoureuses et haineuses, naïves et désabusées. C'est en s'attachant à l'analyse de son maître ouvrage, Précis de Décomposition, que Nicolas Cavaillès dévoile tout le génie du grand écrivain roumain, aussi secret que Michaux, son frère en " connaissance par les gouffres ", aussi téméraire que Blanchot dans l'expérience suicidaire de l'écriture. Par traduire cette lutte avec lui-même, sorte de pugilat métaphysique et stylistique, Cioran a recours au registre de la vocifération, du juron, de l'épitaphe, du syllogisme. Lucidité destructrice, soliloque d'un homme qui se libère de tout ce qui pèse sur son âme, mélange d'envol lyrique et de cynisme : le drame cioranien se joue sur la scène fugace et transcendantale, à la fois métaphysique et physique, mentale et corporelle, qu'est l'écriture.
-
Les aventures de Sophie ; la philosophie dans le roman au XVIII siècle
Colas Duflo
- Cnrs
- Biblis
- 17 Janvier 2013
- 9782271076120
Roman et philosophie n'ont pas toujours habité des mondes séparés. Au XVIIIe siècle, la philosophie, mal à l'aise dans une université qui la considérait comme une branche de la théologie, cherchait un autre public et de nouvelles façons de s'élaborer et de s'écrire. En ce temps-là, le roman, qui ne savait pas ce qu'il était, s'inventait lui-même, expérimentait des formes et des contenus, cherchait des thèmes nouveaux. Tout en divertissant, il visait à acquérir une gravité qui le ferait prendre au sérieux par les doctes et échapper aux critiques répétés sur sa futilité et son inconsistance. De Jacques le fataliste à Justine ou les infortunes de la vertu, de Thérèse philosophe à Cleveland, le roman se présentait comme l'espace de déploiement d'une nouvelle connaissance de l'homme, tandis que la philosophie construisait des fictions et s'incarnait dans des personnages tantôt comiques, tantôt sérieux, pour mieux interroger le monde et la société.
C'est cette union libre de la fiction et de la philosophie, à l'opposé de la forme canonique du roman au XIXe siècle, qu'étudie Colas Duflo dans cet essai de vulgarisation heureuse, contribution majeure à notre connaissance du siècle des Lumières.
Un gai savoir contagieux.
-
Alfred North Whitehead (1861-1947), mathématicien et logicien de formation, est l'auteur d'une oeuvre très originale au croisement des sciences et de la philosophie, sur la nature du monde qui nous entoure, et son flux temporel.
Convaincu que les termes de la vie courante déformaient la réalité, Whitehead a inventé ou emprunté des termes plus appropriés à son projet. Le terme «?Process?», qui donne son titre à son ouvrage le plus célèbre Procès et réalité (1929) est central dans sa pensée. Il introduit à sa vision de la nature comme une succession de cristallisations dont chacune apporte une poussière de temps finie?: l'instant n'existe pas. Il implique aussi une confrontation avec la théorie de la relativité et la physique quantique. Enfin, il permet la survenue de nouveautés créatives, signe pour Whitehead d'une déité inter-agissante avec le monde, dont le rôle est examiné dans le dernier chapitre.
Rémy Lestienne mêle ici éléments biographiques et avancées intellectuelles, du logicisme vers une philosophie de la nature. Son livre constitue une introduction à une oeuvre exigeante et singulière qui a inspiré scientifiques, philosophes et théologiens.
-
« Qui suis-je???» La question formulée par Descartes dans les Méditations métaphysiques traverse les courants les plus divers de la philosophie, sous des formes variées et conflictuelles. Wittgenstein, trois siècles plus tard, la reprend et la retravaille. Est-il possible, par un jeu de confrontation entre Descartes et Wittgenstein, de renouveler cette question de l'identité subjective ? C'est le projet que se fixe Pascale Gillot dans cet ouvrage.
Elle nous fait entendre, chez ces deux philosophes traditionnellement opposés, une même attention à la grammaire spécifique de la subjectivité, qui n'est ni un quelque chose, ni un rien. Les expériences de pensée proposées par Wittgenstein, autour d'une expérience phénoménale ne renvoyant pas au corps propre (la possibilité d'avoir mal dans le corps d'un autre), rencontrent alors les analyses cartésiennes d'un Je, le Je métaphysique, un sujet sans référent corporel. Loin de s'identifier à une substance fantomatique, à un moi psychologique, ce Je inassignable donne à entendre le caractère constitutivement évanouissant de la subjectivité, une subjectivité rétive à la grammaire de l'objectification.
Paradoxalement, le caractère insaisissable du sujet, sa vacuité, offrent un socle de résistance aux injonctions managériales à « être soi-même ». Ainsi se conçoit une possible libération à l'égard des multiples assignations à tel statut civil ou social ; autrement dit, un refus des identifications aliénantes autant qu'imaginaires.
-
Le pouvoir des liens faibles
Alexandre Gefen, Sandra Laugier, Collectif
- Cnrs
- 23 Janvier 2020
- 9782271126221
Largement ignorés par la réflexion éthique et politique, les « liens faibles » sont pourtant au coeur des formes contemporaines d'attachement et d'attention aux autres : dans les réseaux sociaux, dans la sphère culturelle, dans notre rapport à l'espace urbain ou à l'environnement, ou encore dans l'espace démocratique du commun.
Si la notion de « liens faibles » a été initialement forgée par le sociologue Granovetter pour rendre compte des ressources sociales inaccessibles aux liens forts (comme la famille, l'amour, l'amitié, le travail, etc.), elle permet d'interroger notre rapport aux visages, objets, musiques, personnages de fiction, aux sentiments, aux lieux et situations du quotidien qui déterminent notre relation aux autres. Grâce à cette notion, nous pouvons observer en quel sens nos affinités esthétiques ou encore nos engagements éthiques et politiques infléchissent nos existences.
C'est donc aux ressources du concept de « liens faibles » pour saisir notre monde commun que se consacre ce volume polyphonique, avec l'ambition de rendre sensible la texture invisible de nos vies et de nos attachements ordinaires.
-
Des animaux dans le monde - Cinq questions sur la biologie d'Aristote
Pierre Pellegrin
- Cnrs
- 5 Mai 2022
- 9782271139542
Auteur d'une oeuvre polymorphe - de la physique à la politique, de la logique à la biologie - Aristote est un savant multiple, animé de l'ambition de décrire et de comprendre tant le monde d'ici-bas, caractérisé par la contingence, que celui des astres, immuable et éternel. Dans le sillage du biological turn initié depuis une quarantaine d'années, Pierre Pellegrin met au premier plan la zoologie déployée dans les grands traités biologiques : l'Histoire des animaux, les Parties des animaux et la Génération des animaux.
Les questions de la génération spontanée, de la nécessité hypothétique, des rapports entre les parties et leur hiérarchie ou encore entre genèse et structure sont ici reprises, situées et saisies selon leur logique interne. L'originalité d'Aristote ressort particulièrement de son entreprise zoologique, qui n'avait pas de précédent et n'a trouvé un successeur qu'au tournant du XIXe?siècle, lorsque Georges Cuvier, en particulier dans les Leçons d'anatomie comparée, reprit son programme, ouvrant ainsi un nouveau champ scientifique.
Par-delà les rapports des traités biologiques à la science moderne - qui animent, et parfois égarent la recherche actuelle -, cette enquête nourrie d'une exceptionnelle familiarité avec l'oeuvre du Stagirite permet de mettre en évidence une "?pensée aristotélicienne?", caractérisée par l'anti-réductionnisme, la confiance dans la connaissance sensible et l'anti-empirisme. Cette approche approfondie renouvelle de la sorte l'intelligence de la démarche globale d'Aristote et, en quelque sorte, la relance. -
Contributions sur l'apport de Charles Taylor et de «L'âge séculier» à l'analyse par les sciences humaines et sociales de l'évolution des rapports à la religion dans les sociétés modernes sécularisées.
-
Comment fonder la philosophie ? l'idéalisme allemand et la question du principe premier
Collectif
- Cnrs
- Cnrs Philosophie
- 9 Mai 2014
- 9782271077158
Mme de Staël déclara un jour à Fichte que son système lui rappelait le conte du Baron de Münchhausen, capable de se tirer d'un marais, son cheval avec lui, en se tirant par la natte. Le fichtéanisme se voit accusé, dans cette anecdote, de chercher à démontrer l'indémontrable et de se réduire à une vaste pétition de principe. Mais ce rapprochement de Fichte et du Baron de Münchhausen n'exprime-t-il pas un problème philosophique réel, celui de la légitimation du principe premier de la philosophie ? Sur quel fondement la philosophie peut-elle et doit-elle s'appuyer pour penser ? Ce fondement doit-il être justifié préalablement à l'activité philosophique, ou n'est-ce pas dans le cours même de l'activité philosophique que sa validité est établie ?
Certains rejettent l'idée d'un tel principe, comme Schlegel, Novalis, tandis que d'autres, Reinhold, Fichte, Hegel, le revendiquent. C'est ce débat sans cesse repris entre les divers protagonistes qu'étudient les spécialistes réunis sous la direction de Gilles Marmasse et de Alexander Schnell, dont Jean-François Kervégan, Pierre Mabille, Christian Berner, Jean-Christophe Goddard, etc.
-
La révocation en doute du monde sensible et intellectuel n'est-elle qu'une méthode ? Ce serait réduire les Méditations métaphysiques à un pur exercice. Ne s'agit-il pas plutôt d'une expérience fondamentale, offrant l'intuition de l'inconsistance de tout ce qui l'entoure ? Cette précarité n'est que relative car Dieu et l'être s'imposent au sujet comme une réalité incontestable, impossible à refuser. Au-delà de cette distinction de l'être et du mondain, cet ouvrage qui revisite toute l'oeuvre de Descartes découvre la toute-puissance de Dieu comme clé d'une nouvelle ontologie, empruntant des éléments au néoplatonisme renaissant. Au lieu de rechercher la nature du discours cartésien (est-il métaphysique ou non ?), Thibaut Gress croise histoire et spéculation, réintroduisant Descartes dans son temps, discutant en permanence avec de nombreux et célèbres commentaires, de Gouhier à Brunschvicg. Une relecture nourrie et subtile, éloignée de toute approche réductrice, en particulier heideggérienne. Un Descartes renaissant et humaniste.
-
Les oeuvres du linguiste Gustave Guillaume et du psychologue Jean Piaget nourrissent cet essai et lui donnent une orientation transdisciplinaire marquée, originale dans le paysage philosophique français. S'appuyant sur l'approche structural du premier et génétique du second, André Jacob propose une théorie du devenir humain au croisement du langage et du biologique. Cette approche permet de saisir l'unité plurielle de notre espèce et constitue une critique de la métaphysique et de tout anthropocentrisme.
Un ouvrage novateur d'une rare hauteur de vue.
-
Qu'est-ce que l'individualité ? De quelle matière est-on fait? Comment fonctionne notre esprit? Comment prend-on une décision ? Quelle est la place de la politique dans la vie humaine ? Quelle frontière entre politique et morale ? Comment peut-on mobiliser l'opinion publique ? Qu'est-ce que l'émotion ? Quelle est sa place dans la société ? De quelle nature est la conscience ?
Comprendre l'Homme d'aujourd'hui dans toute sa complexité, tel est le but de cet ouvrage, qui fait dialoguer le droit, la génétique, la médecine, les neurosciences, la philosophie, la morale, les sciences politiques.
Avec les contributions de François Gros, Pierre Manent, Monique Canto-Sperber, Jean Baechler, Dominique Wolton, Pierre Buser...