Nous
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Demande au muet, disciple ; 115 dialogues socratiques de qualité
Hervé Le Tellier
- Nous
- Disparate
- 14 Novembre 2014
- 9782370840066
Demande au muet, disciple est une série de dialogues courts où un maître, d'une intelligence relative, répond à son disciple, guère plus malin. Néanmoins, de temps à autres, tout comme une montre arrêtée finit par donner l'heure exacte, un jaillissement du sens, une fulgurance de la pensée ne sont pas impossibles. Oscillant entre nonsense et sagesse, ils traitent du monde avec l'absolu sérieux et la distance ironique qui conviennent.
La qualité de la réflexion est variable. Disons-le : certains confinent au génie. Et même les plus médiocres ont une qualité : ils sont courts. Ces « dialogues socratiques de qualité », écrits au fil des ans, ont régulièrement été lus aux Jeudis de l'Oulipo, avec Frédéric Forte dans le rôle difficile du disciple.
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Ce manifeste philosophique appelle à la constitution d'une nouvelle pensée de l'existence, un nouvel existentialisme dont l'ambition est de revaloriser la place du dehors que la pensée contemporaine semble sousestimer. Ce dehors, l'auteur le nomme atopie : une dimension qui n'est pas située hors du monde, mais au coeur de la subjectivité. En s'appuyant sur une lecture incisive des enjeux contemporains - tels l'écologie, les nouvelles technologies ou la question animale -, Frédéric Néyrat défend l'existence de cette part atopique, en ouvrant un double front, à la fois théorique et politique, qui justifie ce manifeste. Le front théorique consiste à s'opposer à toutes les pensées du dedans, qui ne jurent que par l'interconnexion généralisée de tout avec tout, et fuient toute idée de séparation. Le front politique consiste à résister à un monde « exophobique » - effrayé par le dehors - qui cherche à contrôler, tracer, anticiper, situer les places et les identités des individus dans l'espace et dans le temps.
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Vouloir éclairer le " rapport de la pensée à l'action " oblige sans doute à suivre quelques détours. Mais il faut aussi, ultimement, revenir à ce reste : il y a ce qui est dit dans les mots, il y a ce qui se fait dans les actes, et " entre " les deux, autre chose parfois que l'évidence d'un gouffre incomblable. [ ] Ma visée n'est ni de système, ni d'innovation, mais simplement d'insistance : il me semble nécessaire de reconduire la philosophie, et la politique elle-même, au point qu'elles ont illégitimement évacué, qui est celui de la nécessité de l'acte, en tant que cette nécessité pose problème à et pour la pensée. A un commencement correspond une rupture subjective, une conversion, un choix d'existence. Mais, comme y insistait Kierkegaard, le choix doit être constamment renouvelé. C'est dire que de nouveaux actes doivent venir opérer ce renouvellement, des actes qui sont à chaque fois la vérification de la tenue d'un commencement en même temps que la seule forme d'épreuve possible de l'existence même du futur. Le temps presse : il y a bien une pression, une précipitation du temps. Le choix politique s'accompagne de la perception de cette précipitation. Choisir la politique, c'est oeuvrer à l'accomplissement, au déblocage du temps révolutionnaire, de notre temps.
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Ce volume réunit l'intégralité des lettres écrites en français par W. Benjamin. Au total, 525 lettres composées entre 1919 et 1940, en majorité inédites, adressées à des personnalités telles que F. Picabia, M. Brion, P. Leyris, G. Freund, H. Arendt ou encore G. Scholem. L'ensemble est classé chronologiquement et se conclut par la lettre rédigée juste avant le suicide du philosophe et écrivain.
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Articuler, le titre est transparent et possède plusieurs sens :
1. Les relations de nos vies.
Dire quelles sont, à travers nos états de langue, les relations de nos vies, les unes aux autres, et celles que nous appelons, pour un nouveau partage.
2. Un travail de la bouche.
Ces pages proposent rien moins que l'inédit d'une expérience : de la poésie improvisée. Les lettres sont jetées hors les mots, le vers se poursuit d'une prise en compte de ses accidents. De la lecture à voix haute, une parole naît.
3. Une logique de la phrase.
Quel est le pouvoir d'une phrase ? Inventer ses objets, ne pas les prendre dans une réalité qui lui serait extérieure et antérieure, et tenir à l'écart les discours des maîtres.
Articuler entrelace ainsi trois motifs, dont la progression est commune.
Articuler est le troisième livre de Luc Bénazet aux éditions Nous.
Construire une réalité commune, est-ce / une tâche ? Surmonter le temps / de son épuisement, et / l'effacement de ses figures, penser / son humanité / et son inhumanité. Lorsque chacun de nous / est séparé d'une réalité qui nous serait donnée en même temps qu'elle serait dicible par nous, - / lorsque sa défaite est notre épuisement, puisje une langue, une s'entend ?
Luc
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Cela peut arriver à n'importe qui.
N'importe qui peut être saisi par un événement politique, n'importe qui peut être saisi par l'amour. Quand nous sommes engagés dans une procédure de vérité, nous sommes saisis par elle et nous observons la maxime de fidélité à cette procédure. Il n'y a pas d'autre impératif éthique que : "Persévérez ! Persévérez dans votre fidélité !" Je soutiens la formule de la fidélité comme "discipline à l'indiscipline de l'événement".
Je crois avoir montré que la fidélité est une errance, un trajet sans concept, ou encore - Mallarmé - "le hasard vaincu mot par mot". Finalement, il s'agit de répondre à une question intimidante : que vaut notre temps ? Car il ne vaut, philosophiquement, que par les quelques vérités qu'il prodigue. Nietzsche a raison : ce qui vaut d'une époque est ce qui supporte l'idée d'un retour éternel. La philosophie anticipe ce retour, en saisissant à leur naissance les vérités, en les tournant vers leur intemporel destin.
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Défini de manière négative, Wagner est devenu une figure obligée, car il est le symbole même de la culmination du grand art.
Wagner se dresse comme un immense mausolée dans le cimetière de la grandeur impossible. C'est bien la raison pour laquelle il a été maintenu comme un " cas ". Je vais tenter de défendre l'idée que, même si les accusations variées dont Wagner a été l'objet sont cohérentes, significatives, solides, le temps est maintenant venu d'écrire un chapitre additionnel. La position que je défendrai est que nous sommes à la veille d'un renouveau du grand art et que c'est sur ce point qu'il faut invoquer Wagner.
Mon hypothèse est que, une fois encore, le grand art peut faire partie de notre avenir. Inutile de dire qu'il ne s'agit pas de la même grandeur que précédemment. De quelle grandeur s'agit-il ?
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Une voix et rien d'autre est une théorie de la voix, objet saisi depuis des angles aussi divers que la philosophie, la psychanalyse, la linguistique, l'éthique, la politique et la littérature. Une voix et rien d'autre est le premier livre de Mladen Dolar traduit en français.
L'analyste doit rester silencieux, au moins en principe et la plupart du temps. Mais un étrange renversement se produit : c'est l'analyste, avec son silence, qui devient l'incarnation de la voix en tant qu'objet. Il est la personnification, l'incorporation de la voix, une voix silencieuse et aphone. C'est la voix qui ne dit rien et la voix qui ne peut être dite. C'est la voix silencieuse d'un appel, un appel à répondre, à assumer sa position de sujet. On est invité à parler, et on dirait tout ce qui nous vient à l'esprit pour interrompre le silence, pour réduire cette voix au silence, pour réduire le silence au silence ; mais peut-être le processus entier de l'analyse est-il une manière d'apprendre à assumer cette voix. C'est la voix dans laquelle la voix linguistique, la voix éthique et la voix politique joignent leurs forces, coïncidant dans leur dimension de pure énonciation. Elles sont nouées ensemble autour de ce noyau central de l'objet voix, de son vide, et en réponse à cet objet, notre destin en tant que sujets linguistiques, éthiques, politiques doit être mis en pièces et rassemblé, traversé et assumé.
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Lacan et ses partenaires silencieux
Slavoj Zizek
- Nous
- Antiphilosophique Collection
- 18 Octobre 2012
- 9782913549777
Et s'il y avait une série de noms qui ne sont que rarement, voire jamais, cités par Lacan, mais qui sont secrètement liés à sa pensée et qui sont déterminants pour la comprendre vraiment??
Shakespeare, Henry James, Mozart, Kafka, Busoni : et si ces autres noms nous donnaient la clé pour accéder à ce que Jacques-Alain Miller appelle l'« autre Lacan », à la dimension de la pensée lacanienne qui fait voler en éclats l'image reçue de la « théorie lacanienne » et dont les conséquences - philosophiques et politiques - sont bien plus radicales que ce que l'on présuppose habituellement ?
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La loi est une interruption de toutes les règles en vigueur, dont l'immanence humaine ne peut recouvrir la présence que dans la répétition " pleine " de l'événement ; mais qu'est-ce que cette répétition pleine ? le contraire de la liturgie matérialiste démocratique, oú l'impasse chrétienne achève de se réaliser : un nouvel événement, le contraire d'un rituel, d'une messe.
Reste qu'il faut le rituel, la messe, la règle, pour conserver la trace de l'évanouissement de l'événement, qui est présence pleine. les religions monothéistes le surent. mais l'islam fut seul à voir que la répétition était la nécessaire transition d'un événement à un autre : qu'elle n'était là " que " pour tenir le fil entre deux événements.
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Les mises en scène de Wagner fournissent l'inscription la plus juste de nos préoccupations politiques et spirituelles générales.
Rappelons-nous les Parsifal des dernières décennies : tout était là, des préoccupations écologiques à la spiritualité New Age, de la technologie spatiale aux révolutions politiques et aux révoltes des jeunes. De la sorte, l'oeuvre de Wagner apparaît de plus en plus comme un canon insurpassable, comparable uniquement aux tragédies grecques et à Shakespeare : non pas un fondement doté d'un sens fixe, mais le cadre de référence permanent qui appelle des mises en scène toujours nouvelles, qui doit s'en nourrir pour rester vivant.
C'est à travers une nouvelle mise en scène de Wagner que nous clarifions pour nous-mêmes notre position, dans le sens existentiel le plus radical du terme, et le pouvoir de l'oeuvre de Wagner est précisément qu'elle survit aux nouvelles interprétations incessantes. La bataille pour Wagner n'est pas terminée : de nos jours elle entre même dans une phase décisive.
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Là oú françoise sagan a pu dire que l'humour était la politesse du désespoir, on peut avancer que l'ironie est quant à elle l'élégance du nihilisme.
Ii s'agit d'interroger le nouage étonnamment synchronisé du surgissement d'une démocratisation de la forme ironique avec l'instauration du nihilisme de masse de la marchandise de divertissement.
Nous croyons montrer que nous ne sommes pas dupes, mais c'est sans doute là que réside le noyau même de la duperie : nous consommons, en montrant sans cesse n'être pas dupes, d'horribles émissions télévisées, des marchandises ineptes, des informations débiles, une presse régressive, etc.
: nous passons notre temps à ça, en feignant n'en être pas dupes, ce qui est la plus sûre manière de l'être totalement.
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Alain Badiou s'adresse aux étudiants et aux lecteurs et propose un manuel de philosophie, écrit dans une langue limpide. Il s'y confronte à la question de la nécessité de la philosophie et réaffirme la mission première du philosophe : la transmission. On y retrouve un professeur et un passeur de l'histoire de la philosophie, cheminant dans une réflexion patiente et rigoureuse sur la place de la philosophie dans l'histoire des savoirs et des sociétés, sur sa singulière organisation rationnelle et conceptuelle, sur ses enjeux pour aujourd'hui. Livre unique en son genre dans l'oeuvre prolifique d'Alain Badiou, « vrai cours de philosophie », Qu'est-ce que la philosophie ? s'attache à prendre au sérieux la « question initiale et finale de la philosophie », et qui fait partie de son histoire, de Socrate à Deleuze et Guattari et Agamben.