Les récits de miracles représentent pour nous une des meilleures sources sur la société de l'an mil et du xie siècle dans le royaume capétien. Nombreux à cette époque, ils consistent d'abord en des guérisons, parmi lesquelles de spectaculaires exorcismes de possédés des deux sexes. Mais il s'agit aussi d'aides à des captifs pour leur évasion et, dispensées sous forme de « jeux », à des chevaliers et à leurs épouses qui se trouvent dans l'embarras pour de « petites choses », comme la perte de la monture ou du faucon d'un chevalier, ou d'un bijou d'une dame. Enfin, l'an mil et ses abords sont caractérisés par la fréquence de miracles de châtiments surnaturels, véritables vengeances des saints contre des ennemis de leurs moines et de leurs serfs, qui exigent leur intervention en des termes d'une surprenante vigueur, allant jusqu'à friser le mauvais goût.
Ce livre donne une idée de la saveur de ces textes habiles, piquants ou dramatiques, souvent surprenants, et aussi du type de commentaires, allant jusqu'au décryptage, que l'historien d'aujourd'hui peut en proposer. La société féodale était-elle aussi violente et superstitieuse qu'on le croit souvent ? À l'aide des suggestions de l'anthropologie, nous pouvons nous départir des préjugés qui fausseraient nos lectures de ces beaux récits, et partir en quête de ce qu'ils nous révèlent vraiment, en particulier à travers les nombreux incidents qui les émaillent.
À partir du XIe siècle, l'idée de croisade s'insère au coeur de la société chrétienne et constitue tout au long du Moyen Âge le moteur de l'expansion de l'Occident dans le monde méditerranéen. Cette synthèse présente et éclaire cet épisode historique sans précédent qui a duré quatre siècles.
L'ouvrage expose les origines et la nature de ce phénomène, entre « pèlerinages en armes » et migrations de populations, et en souligne la complexité à travers diverses grilles de lecture : économiques, démographiques, religieuses, politiques. Il montre aussi comment, loin d'apporter les résultats escomptés ni permis les rencontres entre les cultures, ces campagnes ont d'abord servi la chrétienté à prendre conscience d'elle-même.
Déroulant le film des huit croisades, l'auteur met en lumière la tradition du pèlerinage vers Jérusalem et le développement de l'idée de guerre sainte dans la pensée pontificale. Il montre également que chez les croisés, la quête de Jérusalem ne peut être séparée de la gloire et de la fortune qui se réalisent dans la création d'États latins en Orient, prémices de la colonisation moderne.