À quelles conditions peut-on parler du charisme de l'oligarque, du roi, du général, du consul, de l'empereur ? Quelles étaient, dans l'Antiquité grecque et romaine, les modalités concrètes de construction et de mise en scène du pouvoir charismatique ?
Afin de répondre à ces questions, cet ouvrage confronte le concept wébérien de charisme aux pratiques politiques antiques, en s'appuyant sur des études de cas contextualisées. En se gardant de (re)lire toute la vie politique antique au seul prisme du charisme, il s'agit ici de souligner l'utilité de ce concept pour saisir certains pouvoirs personnels et, en retour, d'évaluer l'intérêt de ces cas concrets pour ajuster le concept wébérien.
Cet ouvrage insiste ainsi sur l'importance de la rhétorique des émotions ou de la communauté émotionnelle, tout en soulignant la coexistence d'éléments charismatiques, légaux-rationnels et bureaucratiques. Il tente également de comprendre comment un pouvoir originairement révolutionnaire pouvait se « quotidienniser » sans pour autant disparaître.
Le tirage au sort, appelé sors ou sortitio en latin, occupait une place centrale dans la vie de la Rome républicaine et impériale.
Très fréquent dans la sphère privée ou dans les sanctuaires oraculaires, il était aussi au coeur du fonctionnement des institutions et servait à sélectionner des citoyens ou à répartir entre eux des fonctions.
Cet ouvrage retrace l'histoire de l'un des tirages au sort les plus cruciaux pour la cité romaine : celui des provinces. Cette sortitio, faite par les consuls et les préteurs, permettait en effet de répartir le commandement des armées et les principales tâches juridiques, judiciaires et administratives à Rome et dans l'Empire romain entre les magistrats curules.
Elle limitait ainsi les effets délétères de la compétition aristocratique et la corruption.
À partir d'un corpus mêlant sources littéraires, épigraphiques, numismatiques et archéologiques, cette étude présente les règles qui encadraient le tirage au sort des provinces (coutumes, lois, sénatus-consultes) et la manière dont ce rituel était effectué et perçu. Plus largement, elle interroge la place et le rôle qui étaient réservés au hasard dans la vie et la culture politiques romaines, et les significations religieuses et sociopolitiques que lui prêtaient les Romains.
À une époque où les crises s'enchaînent au point de paraître permanentes, les législations d'urgence, les mesures dérogatoires connaissent une expansion telle que l'exception semble devenir la règle. Pourtant, le concept même d'état d'exception ne va pas de soi et alimente, dans le champ académique, de nombreux débats. Ne masque-t-il pas, derrière le sentiment partagé de quitter un monde politique et constitutionnel stabilisé, des situations juridiques très différentes ? Ce faisant, ne nous rend-il pas, paradoxalement, impuissants à penser le monde qui vient ?
Les textes rassemblés ici proposent d'élargir ces réflexions en les réinscrivant dans le temps long. Ils présentent un vaste répertoire des formes historiques de « l'exceptionnalité », depuis l'institution romaine de la dictature jusqu'à l'état d'urgence contemporain, en tenant compte des normes et des pratiques juridico-politiques, mais aussi des concepts qui leur ont été associés.
Au fil d'un dialogue entre histoire et philosophie, cet ouvrage vient interroger la manière dont les termes « dictature » ou « état d'exception » se sont modifiés en laissant émerger des questions récurrentes, comme celle du rapport du droit et du politique à l'histoire et au temps...
Étape la plus emblématique du Grand Tour que les élites européennes accomplissaient au XVIIIe siècle, le voyage en Italie ne se réduit pas à une expérience de jeunes nobles complétant leur éducation. En temps de paix comme à la faveur des guerres, des Français de tous âges ont traversé les Alpes ou pris la mer avec les buts les plus variés.
Riches ou pauvres, guidés par des modèles qui canalisaient leurs attentes, ils ont contribué à transformer le visage d'une terre engagée dans le processus unitaire en inventant des capitales, comme Milan, et en parcourant les Alpes ou le Sud marqué par les restes antiques. Terre des arts, de la culture classique et du catholicisme, l'Italie des Lumières est alors devenue le « laboratoire » d'une connaissance plus systématique de la nature, des hommes et de l'organisation des sociétés. Mais tandis que l'encyclopédisme fit place au seuil du XIXe siècle à des savoirs plus spécialisés, nobles et marchands, artistes et gens de lettres renouèrent avec un regard simplificateur et stéréotypé et le voyageur du XVIIIe siècle se mua en un touriste pressé et conquérant.
C'est pour mieux comprendre le passage de ces formes complexes du voyage vers le tourisme que la présente enquête s'est attachée à dépouiller les guides, récits et journaux de voyage laissés par les Français sur l'Italie entre 1750 et 1815.
Ce livre inaugure une collection « grand public » recueillant notamment des textes issus de cycles de conférences donnés à Rome dans le cadre des activités de l'Ecole française de Rome.
Elle voudrait éclairer par l'analyse historique la situation présente de la Méditerranée occidentale. Dans ce premier volume, il s'agit de montrer que l'émergence de l'Islam et son extension méditerranéenne corresponde à une vraie révolution sociale. Si le monde islamique recycle des composantes byzantines et latines, il le fait en construisant un monde social nouveau dont Annliese Nef s'efforce de définir les traits à travers de courts chapitres.
Milieu du XIXe siècle. Le mouvement vers l'unification italienne se répercute dans toute l'Europe. En France, Napoléon III soutient la cause italienne, et fait ainsi basculer les catholiques dans l'opposition au régime impérial, alarmés par les risques que les événements font peser sur les États pontificaux.
Ce livre met en lumière la mobilisation massive et multiforme des catholiques français, fidèles à la figure du pape-roi, au cours des années 1860 : plusieurs centaines de milliers ou, plus vraisemblablement, plusieurs millions de Français battent le rappel en faveur de la papauté menacée. Une attention particulière est portée aux aspects militaire (volontaires engagés au sein des zouaves pontificaux) et financier (dons au denier de Saint-Pierre) de ce mouvement.
Il en ressort que, à rebours du discours habituel, le XIXe siècle constitue pour la papauté et l'Église bien moins une période de déclin qu'un moment d'élaboration de nouveaux moyens d'action destinés à perpétuer leur influence.
Parmi les livres qui ont permis une nouvelle compréhension du monde à la suite des découvertes et conquêtes engagées par les puissances européennes, les atlas géographiques, dès leur apparition en Europe à la fin du XVIe siècle, ont occupé une place déterminante. À la fois espaces d'expérimentation graphique et produits de synthèses intellectuelles, mais aussi objets de prestige et de pouvoir, ils offraient à leurs utilisateurs l'image et le récit d'une maîtrise réelle et symbolique possible de l'espace.
Le présent ouvrage a pour ambition d'étudier les atlas dans l'histoire de leurs productions, de leurs transformations, de leurs circulations, ainsi que de leurs effets sociaux et politiques. Il les aborde également en tant que forme éditoriale spécifique qui organise les conditions visuelles du savoir sur le monde.
Les atlas géographiques sont, d'une part, étudiés dans leur fonction politique, c'est-à-dire dans le rôle qu'ils ont pu jouer dans l'exercice du pouvoir, dans la fabrication des territoires, et dans le développement des imaginaires politiques. Ils sont, d'autre part, considérés dans leur portée cognitive, c'est-à-dire comme des dispositifs graphiques de construction, d'organisation, de conservation et de transport des connaissances géographiques. Ils sont, enfin, reconnus comme des objets matériels, qui relèvent de pratiques graphiques et éditoriales spécifiques et de métiers particuliers (le dessin, la gravure, l'imprimerie, la librairie).
La réalité juridique de l'esclave à Rome et l'approche économique de l'esclavage ont longtemps figé nos représentations de la place de l'esclave dans la société romaine. C'est l'objet de cet ouvrage, à partir de la confrontation des sources littéraires et de la riche documentation épigraphique, iconographique et archéologique de Rome, du Latium et de la Campanie, du Ier siècle avant notre ère au IIIe siècle ap. J.-C., que de proposer une réévaluation de la situation de l'esclave sous l'angle de sa participation à la vie religieuse, en réfutant l'idée d'une exclusion induite par le modèle de la religion civique. En interrogeant les modalités d'accès des esclaves aux pratiques religieuses, leur participation aux sacrifices publics, aux cultes des uici , des collegia , de la familia , l'ouvrage pose la question de la nature de leur engagement, de leur initiative, voire de leur autorité dans le cadre d'une religion ritualiste, où les obligations sont conditionnées par le statut, mais où, pour les esclaves, la sociabilité joue un rôle fondamental. S'il n'y a pas de religion propre aux esclaves, c'est bien parce que chacun est à même de participer à la vie religieuse des structures romaines en vertu de l'enchevêtrement des réseaux auxquels il appartient.
Cnaeus et Sextus, les fils de Pompée, ont joué un rôle majeur dans les guerres civiles qui ont secoué la République romaine dans les dernières années de son existence. Opposants farouches à César puis au triumvirat, leur parcours politique et militaire est cependant méconnu et peu étudié.
En puisant dans les sources littéraires disponibles - Cicéron, Appien et Cassius Dion -, cet ouvrage propose de mener l'enquête sur ceux frères, et vient notamment interroger la manière dont ils ont construit leur légitimité, dans la lignée de leur célèbre père. Pour cela, il s'appuie sur deux études préalables : l'examen des émissions monétaires de l'époque a tout d'abord permis d'analyser comment leur pouvoir était représenté ; la constitution d'une prosopographie de leur entourage a ensuite facilité l'identification de leurs partisans et aidé à comprendre la formation et l'évolution de ce groupe.
À travers cette analyse plus approfondie de l'action des fils de Pompée, c'est toute la réflexion en cours sur la nature et le fonctionnement des formations politiques à Rome à la fin de la République qui se trouve ici enrichie.
Cet ouvrage, issu d'une série de colloques, vient interroger l'usage anthropologique des images juridiques, de leur origine à nos jours :
Que signifie avoir droit à l'image ? Comment les enjeux religieux fondent-ils une partie du droit des images depuis l'Antiquité jusqu'à la période moderne ? Quelle place ont les images non seulement dans la production juridique de l'époque moderne et contemporaine, mais également dans l'économie du texte juridique ?
En faisant dialoguer des spécialistes européens issus de plusieurs disciplines et en associant sciences humaines et sciences juridiques, il offre une réflexion diachronique sur le droit des images, des images qui créent du droit, des images objets du droit ou encore des fictions juridiques qu'elles soient anciennes ou actuelles. Il permet enfin d'esquisser les contours d'un droit des images et d'un droit aux images qui demeurent encore aujourd'hui l'objet de luttes et de conflits.
Les ordres mendiants (Franciscains, Dominicains mais aussi Ermites de saint Augustin ou Carmes) ont joué un rôle majeur dans la production du savoir à la fin du Moyen Âge. Auteurs de nombreux ouvrages dans tous les domaines de la culture, ils ont aussi largement contribué à la diffusion des manuscrits et des idées ainsi qu'à l'approfondissement des disciplines, grâce aux lieux d'enseignement et de débat abrités dans les couvents. Or, si ces ordres ont été largement étudiés pour leurs apports en théologie, leur place dans le développement des savoirs dits profanes, c'est-à-dire non liés à leur vocation religieuse, a été moins souvent abordée.
Pourtant les Mendiants, véritables passeurs de savoirs, ont contribué de manière décisive à la redéfinition et à l'essor des disciplines enseignées dans les universités ou pratiquées dans les cours.
En se concentrant sur l'Italie, laboratoire intellectuel et culturel de la fin du Moyen Âge et du début de la Renaissance, ce volume vient révéler leur importance dans plusieurs domaines essentiels de la culture des débuts de la Modernité (arts libéraux, sciences de la nature, littérature, rhétorique ou encore géographie).
Les Academica de Cicéron sont généralement considérés uniquement comme un ouvrage majeur de la pensée sceptique. Le livre de C. Lévy montre qu'il s'agit de bien plus que cela. S'il est vrai que Cicéron fut un témoin majeur des tentatives d'élaboration d'une tradition sceptique, le concept même de scepticisme comme courant autonome de la philosophie ne sera théorisé qu'avec l'apparition du néo-pyrrhonisme d'Enésidème, qu'il ne semble pas connaître.
L'identité philosophique de Cicéron est celle d'un Académicien, autrement dit d'un penseur pris entre le naturalisme de la période hellénistique et les premières manifestations d'un moyen platonisme assumant explicitement le retour à un Platon non-aporétique. Mais le choix de l'Académie permit aussi à Cicéron d'exprimer toute la richesse de sa culture philosophique et littéraire, ainsi que sa volonté de ne pas accepter passivement les cloisonnements traditionnels : monopole grec de la philosophie, séparation entre la philosophie et la rhétorique, opposition entre vie pratique et vie théorétique.
Ce choix fut également, à la fin de sa vie, l'expression privilégiée de ses doutes, de ses drames personnels et de son désarroi devant la fin d'un monde, celui d'une res publica dont il se sentit toujours responsable.
Le livre se propose de réfléchir aux origines et aux évolutions de la représentation en série des « grands hommes » dans la production littéraire et artistique européenne : dans des notices biographiques, des cycles de portraits, des collections d'épitaphes, des listes de noms, ce motif, dont les origines sont certes antiques et médiévales (De viris illustribus, le thème des Neuf Preux), connaît alors une floraison exceptionnelle, indiquant que cette évocation du passé est aussi un moyen d'écriture du temps présent, l'expression d'une conscience historique particulière. L'ouvrage fait ressortir une manière de mettre en scène et d'ordonner la mémoire, au prisme d'une généalogie jouant des reflets entre Antiquité et présent. Il y aurait là une forme d'écriture et d'instrumentalisation de l'histoire, éclectique mais fortement signifiante et située, qui serait un des lieux mêmes de définition et d'expression de la « Renaissance ».
À la croisée de l'histoire urbaine, de l'histoire de la colonisation et de l'histoire économique et sociale, le livre étudie la croissance de la ville de Tripoli en Libye pendant la colonisation italienne de 1911 à 1943. Fondé sur l'exploitation d'une importante masse archivistique et documentaire en grande partie inédite et conservée en Libye, il se propose d'analyser les facteurs économiques et politiques de cette évolution et d'en observer les effets sociaux et politiques. La transformation de Tripoli est en effet concomitante de son poids démographique croissant, faisant de la répartition de la population en fonction des catégories sociales et ethniques un des enjeux centraux du pouvoir colonial. À travers le cas de Tripoli, il s'agit ainsi de procéder à une analyse fine des modes de domination coloniale italiens et de contribuer à une nouvelle histoire de l'État italien par le biais de son outre-mer.
Entre la fin du XIXe siècle et la Première Guerre mondiale, le jeune État italien connaît un vaste mouvement migratoire qui porte plusieurs millions de ses citoyens à chercher fortune ailleurs. Si les pays américains et européens accueillent la majeure partie de cette population, d'importantes communautés s'installent également sur les côtes méridionales du bassin méditerranéen. C'est notamment le cas de la Tunisie, devenue protectorat français, qui compte près de 90 000 Italiens en 1905, pour seulement 35 000 Français.
Cette majorité démographique des Italiens ainsi que leur implication active dans le développement économique du territoire ne sont pas sans créer des tensions entre la France et l'Italie, pour qui la Tunisie représente une sorte de « colonie manquée » qui vient raviver ses aspirations colonialistes en Afrique. Cette communauté est également d'autant plus singulière que les ressortissants de la Péninsule, majoritairement ouvriers, se trouvent en situation intermédiaire entre la classe dominante des colonisateurs français et celle dominée des colonisés tunisiens, dont ils partagent pourtant les mêmes conditions de vie.
L'étude des Italiens de Tunisie permet alors d'interroger la manière dont peut se construire une identité nationale en dehors de toute territorialité.
Campagnes lombardes du Moyen Âge est une monographie régionale majeure qui a fortement contribué à renouveler le champ de l'histoire économique et sociale de l'Occident latin à l'époque féodale. L'ouvrage écrit une véritable histoire du développement d'une société, celle de la Lombardie, de la construction de son cadre de vie et des rapports sociaux qui en découlent. Il analyse les transformations de son environnement et étudie les fondements matériels de la croissance examinée dans ses aspects agraires. En s'appuyant sur une masse documentaire considérable, il aboutit à des résultats tout à fait remarquables qui permettent notamment de mieux comprendre la maîtrise de l'eau et l'élevage transhumant dans la société féodale.
En mettant au centre de son travail les campagnes et le paysage, l'auteur rappelle aussi que la seigneurie, son évolution et les modalités d'exercice des pouvoirs qu'elle contient, constitue la clef de lecture essentielle de l'économie médiévale. Les rapports sociaux qui y naissent et s'y développent constituent l'axe sur lequel tourne l'ensemble de tout l'édifice des pouvoirs comme de la production et de l'échange.
Une oeuvre à la fois classique et novatrice, ici rééditée et mise à disposition d'un large public dans la collection Classiques de l'École française de Rome.
L'ouvrage s'intéresse aux décors romains publics et privés et notamment aux rapports qu'ils entretiennent entre eux dans la période de la « révolution romaine ». Apr ès s' êtr e interrogé sur la nouvelle sémantisation dont fait l'objet l'architecture à l'époque hellénistique et sur la signification des nouveaux thèmes décoratifs qui lui sont liés, l'auteur propose des analyses nouvelles sur les ensembles monumentaux construits à Rome à la fin de la République puis à l'époque d'Auguste, ainsi que sur les décors pr ivés contemporains, notamment à propos de la signification du « deuxième style pompéien » et de l'émergence du « troisième style ». Tant pour la fin de l'époque républicaine que pour la période augustéenne, le rôle central joué par le théâtre est souligné.
L'intervention des écrivains dans ce vaste renouvellement des formes est constamment mis en valeur (Cicéron, Varron, Virgile, entre autres), et l'ouvrage se conclut par une réflexion sur l'art romain et surtout son goût pour les décors énigmatiques (dans le domaine privé) ou polysémiques (dans le domaine public).
En 1987, paraissaient dans la Collection de l'EFR les actes d'un colloque fondateur : L'Urbs, espace urbain et histoire. Parce qu'il mit en dialogue les potentialités offertes par les progrès de la topographie historique de la ville de Rome et l'histoire urbaine de celle-ci, ce livre bouleversa nos connaissances. L'année suivante disparaissait un éminent représentant de la topographie historique : Ferdinando Castagnoli. S'il ne put participer au colloque de 1985, F. Castagnoli avait été l'un des acteurs majeurs des renouvellements qui avaient conduit à son organisation.
Trente ans plus tard, cet ouvrage, lui-même fruit d'un colloque tenu à Rome en 2018, analyse l'héritage laissé par chacun, mesure le chemin parcouru et ouvre de nouvelles voies à la recherche en archéologie et en histoire urbaine sur la ville éternelle.
Cet ouvrage consacré au Trésor Public romain entre le Ve siècle av. n. è.
Et l'époque césarienne mène une véritable enquête sur les rouages de ce service administratif indispensable au fonctionnement de la première puissance méditerranéenne : quelles relations la cité romaine entretenait-elle avec les publicains ? En quoi consistaient les mouvements de fonds publics ? Quelles procédures institutionnelles permettaient les prises de décision ? Que faisaient concrètement les questeurs urbains et leurs appariteurs ?
Autant d'éléments qui permettent à la fois d'interroger le rôle qu'a joué l'idée de dépense publique légitime dans la structuration de la res publica et la place que le peuple devait occuper dans la cité.
Étroitement associé au triomphe de la ville, le nom de Florence évoque l'éclosion d'une culture politique et sociale contenue aux murs de la cité. La documentation conservée par les institutions ecclésiastiques témoigne du dynamisme précoce des sociétés rurales.
En prenant pour cadre le quart sud-est du contado florentin, cet ouvrage vient mettre en lumière la participation et la résistance des populations rurales au processus de formation d'un territoire dominé par la cité. On s'intéresse ici à une mosaïque de sociétés dont la structure sociale ne se résume pas à l'opposition frontale entre seigneurs et paysans. Riches tenanciers, intermédiaires seigneuriaux, artisans ruraux, notaires, clercs et frères convers viennent compliquer le panorama. Ils participent à la formation d'un milieu de notables affranchis, au moins partiellement, des contraintes les plus pressantes du travail contraint ou vivrier.
À travers l'étude de ces notables, ce sont les ressorts et l'évolution de la domination sociale dans une période de profonde transformation des structures politiques et économiques qui sont ici interrogés.
Au début du XIVe siècle, au nord du royaume chrétien d'Éthiopie, le moine Ewos?atewos fut à l'origine d'un mouvement monastique dissident, fondé sur la stricte observance des deux sabbats, samedi et dimanche. Une telle doctrine était jugée hérétique par le souverain et le métropolite égyptien, qui dirigeait l'Église éthiopienne. Les disciples d'Ewos?atewos, les eustathéens, furent mis alors au ban de la société chrétienne. Malgré les violentes persécutions, les moines établirent de puissantes communautés dès la moitié du XIVe siècle, contribuant à la large diffusion de leurs idées et au culte de leurs saints fondateurs.
Comment expliquer la trajectoire étonnante du mouvement fondé par Ewos?atewos ?
Cet ouvrage cherche à la fois à comprendre l'expansion paradoxale des premières communautés eustathéennes et les significations de l'hétérodoxie dans la société éthiopienne médiévale. Grâce à l'analyse des récits hagiographiques et des archives croisée à des enquêtes de terrain, cette étude montre que les eustathéens ont su mobiliser de multiples stratégies pour implanter durablement leurs communautés et mettre en scène leur histoire et leur mémoire.
Ce livre aborde l'art funéraire du XIIIe siècle par un biais original. Il s'intéresse à la manière dont les Frères Prêcheurs et Mineurs ont traité les sépultures de papes et de cardinaux dans leur discours, à la fois littéraire et monumental, entre 1250 et 1304.
L'analyse des tombes de prélats situées dans des églises mendiantes, réparties entre l'Italie et la France, révèle une intervention des frères dans les choix d'emplacement, de forme et d'iconographie. Il ressort ainsi de l'enquête que les Frères Prêcheurs ont eu une politique de leur espace davantage planifiée que les Frères Mineurs, puisqu'ils n'acceptèrent dans le choeur de leurs églises que les sépultures de prélats appartenant à l'ordre, surmontées d'une plate-tombe. De leur côté, les Frères Mineurs ont construit un discours original sur leur rôle dans l'accompagnement des mourants, à la fois dans l'iconographie et dans la littérature homilétique. Enfin, ce livre accorde une place importante aux procédés mis en oeuvre par les mendiants pour « créer » des saints parmi les prélats qui étaient issus de l'ordre ou qui en étaient des bienfaiteurs.
Publié en 1977, réédité en 1998, le livre de Jean Richard est une vaste synthèse sur les missions d'Orient. Promenant le lecteur, à la suite des franciscains et des dominicains, de la Crimée au Cathay et de l'Égypte à la Perse, l'ouvrage montre les efforts considérables effectués par les ordres mendiants, soutenus par la papauté, pour diffuser l'Évangile aussi bien auprès des peuples païens que des chrétientés orientales séparées, dans l'espoir de ramener celles-ci à l'obédience de Rome. Jean Richard insiste sur la direction pontificale de la mission. À partir du pontificat de Grégoire IX, une doctrine missionnaire se précise, et les papes successifs la font appliquer par ces serviteurs zélés de l'Église. Mais il s'interroge également sur la fin des missions médiévales, leurs succès, en particulier l'élargissement de la connaissance du monde, mais aussi leurs échecs, dus à la résistance du bouddhisme et de l'islam, à la fragilité des institutions provinciales et au petit nombre des moissonneurs, surtout après la Grande Peste de 1348.
Grâce aux recherches archéologiques, tant les sources écrites manquent et celles qui existent sont pour la plupart d'origine romaine, concernant l'Afrique du Nord préromaine, il est possible aujourd'hui de profondément renouveler notre connaissance de ces royaumes numides et maures tombés sous la coupe de Rome à la fin de l'ère préchrétienne. C'est ce que fait Virginie Bridoux dans ce livre en analysant l'essor de ces dynasties, la constitution interne de mosaïques de plus en plus centralisées selon un modèle royal qui se répand en Méditerranée et, enfin, le processus qui a mené ces monarchies sur le chemin de l'annexion par la puissance romaine.