Un architecte qui fuit Constantinople avec les plans d'une bibliothèque inexpugnable, un étrange cavalier qui arrive à convaincre un tout jeune écrivain (accessoirement nommé Miguel de Cervantes) d'écrire un roman inégalable... on retrouve dans ce recueil une atmosphère et des thématiques familières aux lecteurs de Zafón : des écrivains maudits, des bâtisseurs visionnaires, des identités usurpées, une Barcelone gothique et certains des personnages phares de la tétralogie du "Cimetière des livres oubliés", tels Semperé, Andreas Corelli ou David Martin. Il se dégage de l'ensemble une unité parfaite et un charme profond et envoûtant, dans un halo de mystère (et de vapeur).
Une bande de garçons de six à douze ans se trouve jetée par un naufrage sur une île déserte montagneuse, où poussent des arbres tropicaux et gîtent des animaux sauvages. L'aventure apparaît d'abord aux enfants comme de merveilleuses vacances. On peut se nourrir de fruits, se baigner, jouer à Robinson. Mais il faut s'organiser. Suivant les meilleures traditions des collèges anglais, on élit un chef. C'est Ralph, qui s'entoure de Porcinet, «l'intellectuel» un peu ridicule, et de Simon. Mais bientôt un rival de Ralph se porte à la tête d'une bande rivale, et la bagarre entre les deux bandes devient rapidement si grave que Simon et Porcinet sont tués. Ralph échappe de justesse, sauvé par l'arrivée des adultes.
Après le succès de ses Mémoires, Woody Allen revient avec un recueil de nouvelles jubilatoire. Qu'il écrive sur des acteurs ratés ou des vaches meurtrières, sur l'origine du poulet du Général Tso ou sur celle du noeud de Windsor, qu'il explore la vie sexuelle des célébrités, le talent d'un cheval peintre ou le destin tragique du nez de Sylvester Stallone, il donne vie à des récits loufoques, perspicaces et, surtout, implacablement drôles.
Un recueil où s'exprime à chaque page toute la singularité, l'humour et le talent d'observateur et d'écrivain du réalisateur oscarisé de Manhattan.
Du pur Woody Allen !
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Nicolas Richard
Dans ce recueil de quatre longs récits à suspense, Joyce Carol Oates se joue de secrets familiaux tous plus glaçants lesuns que les autres. Ainsi en va-t-il de Clare, adoptée à l'âge de deux ans, qui reçoit en héritage de parents inconnus une étrange propriété à Cardiff, dans le Maine. Malgré l'accueil chaleureux que lui réservent ses tantes excentriques, ce legs empoisonné contraint la jeune femme à exhumer le douloureux passé enfoui dans sa mémoire. Ainsi en va-t-il aussi de Mia, enfant solitaire qui apprivoise une chatte sauvage et qui, plutôt que d'en faire son animal de compagnie, trouvera en elle sa plus fervente protectrice face aux hommes violents de son entourage, jusqu'au point de non-retour. Ou d'Alyce, brillante étudiante qui, se découvrant enceinte de son chargé de travaux dirigés, laisse un éminent professeur passionné de Lewis Carroll la prendre sous son aile. Et enfin Elisabeth, nouvellement mariée, bien résolue à protéger le fils de son époux miraculeusement épargné au moment du suicide de sa mère, célèbre poétesse qui a également tué sa fille cadette. Hantée par la voix de celle qui l'a précédée dans la vieille demeure de Cape Cod, Elisabeth résistera-t-elle à sa fascination pour le garage interdit où mère et fille ont perdu la vie ?
En instillant dans chacun de ces récits un oppressant et délicieux sentiment de malaise, Joyce Carol Oates brouille avec brio les frontières entre rêve et réalité, semant le doute dans l'esprit du lecteur terrifié.
«Le monde magnifique et horrible de Mariana Enriquez, tel qu'on l'entrevoit dans Les Dangers de fumer au lit, avec ses adolescents détraqués, ses fantômes, les miséreux tristes et furieux de l'Argentine moderne, est la découverte la plus excitante que j'ai faite en littérature depuis longtemps».
Kazuo Ishiguro, Prix Nobel de littérature.
Peuplées d'adolescentes rebelles, d'étranges sorcières, de fantômes à la dérive et de femmes affamées, les douze histoires qui composent ce recueil manient avec brio les codes de l'horreur, tout en apportant au genre une voix radicalement moderne et poétique. Si elle fait preuve d'une grande tendresse envers ses personnages, souvent féminins, des êtres qui souffrent, qui ont peur, qui sont opprimés, Mariana Enriquez scrute les abîmes les plus profonds de l'âme humaine, explorant de son écriture à l'extraordinaire pouvoir évocateur les voies les plus souterraines de la sexualité, du fanatisme, des obsessions.
« La vie, ce sera ça, désormais, pensa-t-il. Un catalogue. Les conversations, les rencontres, les gens, les départs, les arrivées. Les choses qui passent. Rien d'effroyable. » À New York ou dans le Michigan, à La Nouvelle-Orléans, à Paris, à Dublin, des hommes et des femmes se penchent sur leur passé. Solitaires le plus souvent, parfois malgré eux (ils sont séparés, veufs ou simplement célibataires), ils s'interrogent aussi sur leur avenir. Sans amertume, même quand la nostalgie joue en sourdine la petite musique des regrets, la ritournelle des occasions perdues et des rendez-vous manqués.
Rien d'autobiographique dans ces nouvelles, nous assure l'auteur. On est pourtant tenté d'y lire, entre les lignes, le bilan de la maison Ford. Car s'il ne dit jamais « je », il y a un peu de Richard Ford dans chacun de ces personnages, ne serait-ce qu'un certain goût pour l'ironie.
Tout en saluant au passage deux de ses modèles : James Salter, pour sa précision, sa cruauté et sa mélancolie, et Alice Munro, championne incontestée du discours indirect libre.
C'est en compagnie de son ami Taniguchi que l'écrivaine gastronome a écrit ces courtes histoires qui nous font bien souvent venir l'eau à la bouche. Cuisine bouddhique à Kamakura, pot-au-feu de fugu à Asakusa ou restaurant d'anguilles à Narita, raviolis à Ginbocho, okonomiyakis de Nagasaki... Autant de restaurants que de petits quartiers, leurs spécialités et les personnages qui les animent.
Car ce livre est un document vivant ; loin de se borner à décrire des plats, Hiramatsu Yôko donne à comprendre le rapport des Japonais à la nourriture : mets de saison et plats de fête, recettes jalousement gardées, destins d'établissements centenaires.
Un livre alléchant qui assouvit aussi bien les rêveries gustatives que la soif de connaissances sur le Japon.
Visionnaire lors de sa parution en 2001, ce recueil de nouvelles d'Olga Tokarczuk n'a rien perdu de son mordant, ni de sa pertinente actualité. Avec une espièglerie qui rappelle Nabokov, la romancière polonaise nous dévoile un quotidien truffé de portes secrètes, de miroirs traversés et d'autres distorsions de l'espace et du temps. Une année à Berlin, un séjour au Mont-Noir, un mois de résidence en Écosse, sont le point de départ de plusieurs de ces nouvelles, et l'on verra que l'anodin d'une bourse d'écriture peut conduire aux paradoxes les plus fous.
Comment les gens se comportent-ils lorsque se brouillent les frontières entre fiction et réalité ? Un écrivain surprend un matin, assis à sa table, un double de lui-même qui corrige tranquillement son dernier manuscrit... Une lectrice de romans policiers trouve le moyen d'intervenir dans l'intrigue, beaucoup trop molle, du mauvais polar qu'elle a commencé... et les morts, soudain, vont se multiplier. En séjour à Berlin, une femme d'âge moyen s'étonne de devenir quelconque dans le maelstrom de la grande ville, avant de goûter au plaisir de pouvoir être n'importe qui : tour à tour une Turque voilée, un homme d'affaires, une petite fan de Britney Spears...
Le «Chinook» est un vent qui balaye ce Montana rural de ranchs et de petites villes, toile de fond des nouvelles de Pete Fromm. On nous y parle de vies de famille comme de solitude, d'amour et de fidélité, d'engagement ou d'héroïsme. À travers les portraits de gens simples se dessine le tableau tout en finesse des existences fragiles qui peuplent l'Ouest américain. On y découvre ce fils obéissant qui n'ose pas avouer à ses parents que sa femme vient de le quitter, ou ce père désespéré au point de kidnapper son propre fils... La prouesse singulière de Pete Fromm est de révéler combien ces gens "ordinaires" sont dans leur humanité bien plus grands qu'il n'y paraît, donnant ainsi davantage de profondeur à nos propres existences.
L'auteur d'Indian Creek et d'Avant la nuit nous offre avec Chinook un recueil mémorable qui nous prouve une nouvelle fois que Pete Fromm compte parmi les écrivains les plus captivants de sa génération.
Lauréate de la loterie des visas, Akunna quitte le Nigeria pour les États-Unis ; elle y découvre un pays qui a bien peu à voir avec celui de ses attentes. À Kano, dans le nord du Nigeria, une violente émeute intercommunautaire réunit deux femmes que tout sépare : une marchande d'oignons musulmane et une étudiante issue de la bourgeoisie chrétienne de Lagos. Dans Nsukka blanchie par l'harmattan, James Nwoye, ancien universitaire au soir de sa vie, repense au rêve biafrais et attend, la nuit, les visites de sa femme défunte, qui vient caresser ses jambes fatiguées.
Voici quelques-uns des personnages des nouvelles d'Adichie ; ils composent une image complexe et riche de la réalité nigériane d'aujourd'hui, qui prend ses racines dans le passé et se prolonge dans l'expérience de l'émigration, une plongée émouvante, souvent poignante, tour à tour terrible et drôle, toujours vibrante d'humanité.
Lady Susan est veuve. Afin d'assurer son avenir, elle voudrait marier sa fille de seize ans à Sir James Martin, un homme riche et stupide. Mais à trente-cinq ans, Susan, brillante manipulatrice, est également une très jolie femme qui en paraît dix de moins. Pourquoi ne pas se chercher, elle aussi, un deuxième époux ? Et les prétendants ne manquent pas. Car Susan s'est forgé une réputation de séductrice sans vergogne, n'hésitant pas à entretenir une relation avec un homme marié tout en courtisant d'autres hommes, plus jeunes qu'elle...
«L'Aleph restera, je crois, comme le recueil de la maturité de Borges conteur. Ses récits précédents, le plus souvent, n'ont ni intrigue ni personnages. Ce sont des exposés quasi axiomatiques d'une situation abstraite qui, poussée à l'extrême en tout sens concevable, se révèle vertigineuse.Les nouvelles de L'Aleph sont moins roides, plus concrètes. Certaines touchent au roman policier, sans d'ailleurs en être plus humaines. Toutes comportent l'élément de symétrie fondamentale, où j'aperçois pour ma part le ressort ultime de l'art de Borges. Ainsi, dans L'Immortel : s'il existe quelque part une source dont l'eau procure l'immortalité, il en est nécessairement ailleurs une autre qui la reprend. Et ainsi de suite...Borges : inventeur du conte métaphysique. Je retournerai volontiers en sa faveur la définition qu'il a proposée de la théologie : une variété de la littérature fantastique. Ses contes, qui sont aussi des démonstrations, constituent aussi bien une problématique anxieuse des impasses de la théologie.»Roger Caillois.
Dans Les beaux jours, un artiste peintre joue un jeu dangereux auprès de l'une de ses jeunes modèles, tandis qu'au fur et à mesure s'érode la frontière entre érotisme et abus. Dans Fleuve Bleu, des amants conviennent d'un pacte d'honnêteté pour remédier à leurs vies moroses de femme et d'homme mariés, oubliant que la vérité peut être plus impitoyable que n'importe quel mensonge. Dans Big Burnt, un couple est pris au milieu d'une violente tempête sur un bateau de fortune, après un étrange et charmant tête-à-tête sur une île déserte, cependant que l'homme esquisse un cruel projet.
Dans chacune des huit autres nouvelles qui composent ce recueil, l'autrice met en scène des personnages en quête d'amour et de reconnaissance, destinés à méconnaître ceux qui leur sont les plus proches. Des drames de l'intime tapis dans l'ombre, qui n'attendent qu'une étincelle - ou une rencontre - pour se réveiller. Entre choix audacieux et intrigues en apparence ordinaires, Joyce Carol Oates manie une prose aiguisée et pose la seule question qui vaille : les liens que l'on noue, amoureux ou amicaux, sont-ils voués à se rompre tragiquement ?
Première parution : L'Âge d'Homme, 1985.
Traduction revue et corrigée.
Qu'y a-t-il de commun entre une course infernale le long d'une digue aux flancs escarpés, un gorille assassin, dix tasses de café prétendument empoisonnées, un tisonnier brandi avec une violence rare et quelques autres faits encore, tant inquiétants qu'épouvantables ? Sir Hubert Wotton, distingué diplomate, et le capitaine Gahagan, joli coeur irlandais, vous le certifieront : c'est l'étonnante puissance de discernement de M. Pond.
Certes M. Pond ne paie pas de mine avec sa petite taille, sa barbe désuète et sa face de hibou. Quant à sa courtoisie protocolaire, elle ferait de l'honorable fonctionnaire un compagnon parfaitement soporifique, si notre phénomène ne disposait de l'un des esprits les plus perspicaces qui soient.
Car derrière les apparents paradoxes de cet individu tout de modestie, de discrétion mais aussi d'humour, se cache un champion de l'intrigue que n'effraient ni les crimes crapuleux ni les solutions les plus audacieuses. Dans un climat étouffant de mystère et de tension, ce ne sont pas moins de huit énigmes que va résoudre notre champion du sens commun.
Un voyage en tramway, une escapade à la campagne, un hall de gare ou une rêverie dans les rues de Berlin : Robert Walser, flâneur d'exception, nous emmène dans un univers poétique et nostalgique, à la lisière du merveilleux. Chacun de ces textes, parus en feuilletons entre 1899 et 1920, possède une grâce particulière, dévoilant la profondeur des choses qui se cache " à la surface ".
Il n'est jamais facile de présenter les livres de Barry Graham. On pourrait dire que ça parle d'amour, d'amitié, de gens qui se croisent, se retrouvent ou se quittent, mais on aurait l'air trop fleur bleue. On pourrait parler de la chaleur des pubs de Glasgow, de la pluie qui ruisselle sur les vitres, du type qui chante au fond du bar, la guitare à la main. Des cafés interminables passés à refaire le monde, de la bière qui échauffe les esprits et apaise les peines. On pourrait arguer qu'on pense à Raymond Carver en moins sombre, que la violence de l'Écosse de Trainspotting semble toujours tapie, prête à jaillir, que l'influence de la Nouvelle Vague est palpable dans ces personnages ballottés par l'existence, hantés par leur enfance. Comment résumer cela ?
C'est touchant sans jamais être niais. C'est émouvant sans jamais oublier d'être drôle - voire surréaliste, de temps en temps. Bref, c'est Barry Graham.
Douze nouvelles placées sous le signe d'une sobriété stylistique digne de Raymond Carver au fil desquelles des couples divorcent, des femmes noires sont traquées par des pit-bulls sur des parkings, où la liste des courses à effectuer au supermarché finit par se confondre avec un programme de vie, où des mythomanes prennent leurs semblables en otage, où la mort frappe les hommes comme les animaux, où l'on écoute battre sous la poitrine d'un autre le coeur transplanté d'un amour décédé. Au sommet de son art et avec une superbe économie de moyens, Russell Banks propose ici un recueil de textes dont l'intensité transmue le réel et le quotidien en authentiques paraboles métaphysiques.
Dans La Fabrique de demain, on rencontre des hackeuses cryogénisées décidées à se venger de leurs ennemis, des travailleurs du tiers-monde bardés d'implants, des amants dont le seul contact se fait via leur combinaison connectée, des chimpanzés policiers et leurs partenaires humains, des corsaires aux corps altérés pour survivre dans les tréfonds du système solaire, un soldat aux capacités dignes de Wolverine à la recherche de son double, des robots dans un nouvel âge de pierre ou encore des extraterrestres qui, depuis leur berceau aquatique, n'ont jamais vu les étoiles...
À l'âge du silicium, qu'est-ce que la conscience ? qu'est-ce qu'être humain ?
La Fabrique de demain, c'est le sel de la science-fiction, le coeur battant du genre : des idées fortes au service d'histoires frappantes. La réinvention du monde.
La Fabrique de demain, ce sont vingt-huit nouvelles et autant de preuves du talent ébouriffant d'un géant en devenir.
Quatre brillantes nouvelles de jeunesse du plus anglais des écrivains américains de l'entre-deux-siècles. Chacun de ces impertinents textes rappelle les rêves d'une génération de yankees fascinés par le Vieux Monde et signale les premiers émois du jeune esthète rêvant à l'Europe fabuleuse. Les personnages, faussement mièvres et sucrés, Eugène Pickering, Miss Church ou Caroline Spencer, sont aussi représentatifs du roman «féminin» de l'Amérique des années 1850, dont le succès influença le futur et très secret auteur du Tour d'écrou. Mais ils portent déjà en germe toute l'ambiguïté jamesienne, ce matériau singulier sur lequel il va bâtir son oeuvre.
Quatre textes subtils qui sont une merveilleuse introduction à un immense écrivain que beaucoup n'ont jamais lu... Une occasion en or !
Un enfant de junkie disparaît du jour au lendemain dans un ancien quartier cossu de Buenos Aires, livré désormais à la drogue et à la violence. Des jeunes femmes se promettent dans le sang de ne jamais avoir d'amants et sont obsédées par la silhouette fugace d'une adolescente disparue. Adela, amputée d'un bras, aime se faire peur en regardant des films d'horreur jusqu'à en devenir prisonnière. Pablo est hanté par la figure du Petiso Orejudo, un enfant serial killer, alors qu'il vient de devenir père. Un voyage confiné en voiture dans l'humidité du nord se termine sur un malentendu. Marcela, elle, se mutile en pleine salle de classe, au grand désarroi de ses camarades. Vera, un crâne repêché dans la rue, se meut en double dénué de chair d'une femme au bord de la crise de nerfs. Paula, ancienne assistante sociale, se bat avec ses démons et ses hallucinations. Marco, lui, se cache derrière sa porte, mutique, espérant échapper à l'existence, dehors. Sous l'eau noire, des secrets bien gardés par la police sont prêts à ressurgir. Et des femmes, désespérées, s'enflamment pour protester contre la violence. Enriquez n'est pas tendre. Sorte de Julio Cortázar féminine et féministe, elle partage avec l'auteur de Tous les feux l'art de jouer avec les codes du fantastique sans jamais y plonger à corps perdu. Le monstre n'est pas tapi dans les bois : nous sommes les monstres. D'une main de maître, elle dessine avec Ce que nous avons perdu dans le feu un univers romanesque qui flirte avec l'horreur mais sans y sombrer. Mêlant petites histoires et grande Histoire, elle évoque le passé de l'Argentine - ses morts, ses fantômes - par petites touches.
Dans une langue délicate et faussement simple, elle déploie une construction narrative où le suspense et l'humour s'entremêlent pour mieux nous faire rire et frissonner du même coup.
« Tout le monde rêve. Si tu ne rêvais pas, tu deviendrais fou. J'ai lu des trucs là-dessus. C'est une soupape. Les gens rêvent quand ils dorment. Ou alors, ils deviennent dingues. Mais moi, quand je rêve, je rêve de vitamines. Tu comprends ce que je te dis ? » Après Hemingway et Salinger, Carver s'impose comme le maître de la short story. En donnant la parole aux « gens normaux », il montre que chaque vie recèle un mystère que seule la littérature a le pouvoir de dévoiler.
« De tout ce que tu viens de lire, tu pourras déduire que le mensonge est un péché pour les autres, et pour nous une vertu... Avec le mensonge, patiemment appris et pieusement exercé, si Dieu nous assiste nous arriverons à dominer ce pays et peut-être le monde : mais cela ne se pourra faire qu'à la condition d'avoir su mentir mieux et plus longtemps que nos adversaires. Je ne le verrai pas, mais toi tu le verras : ce sera un nouvel âge d'or... » Primo Levi.
Lilith révèle un Primo Levi au meilleur de son art. Un ensemble de nouvelles percutantes, qui brosse le grand tableau de la complexité humaine. Sadisme et tendresse, violence et sérénité. Puissance et faiblesse... L'homme tel qu'en lui-même.