Un architecte qui fuit Constantinople avec les plans d'une bibliothèque inexpugnable, un étrange cavalier qui arrive à convaincre un tout jeune écrivain (accessoirement nommé Miguel de Cervantes) d'écrire un roman inégalable... on retrouve dans ce recueil une atmosphère et des thématiques familières aux lecteurs de Zafón : des écrivains maudits, des bâtisseurs visionnaires, des identités usurpées, une Barcelone gothique et certains des personnages phares de la tétralogie du "Cimetière des livres oubliés", tels Semperé, Andreas Corelli ou David Martin.
Il se dégage de l'ensemble une unité parfaite et un charme profond et envoûtant, dans un halo de mystère (et de vapeur).
«Le monde magnifique et horrible de Mariana Enriquez, tel qu'on l'entrevoit dans Les Dangers de fumer au lit, avec ses adolescents détraqués, ses fantômes, les miséreux tristes et furieux de l'Argentine moderne, est la découverte la plus excitante que j'ai faite en littérature depuis longtemps».
Kazuo Ishiguro, Prix Nobel de littérature.
Peuplées d'adolescentes rebelles, d'étranges sorcières, de fantômes à la dérive et de femmes affamées, les douze histoires qui composent ce recueil manient avec brio les codes de l'horreur, tout en apportant au genre une voix radicalement moderne et poétique. Si elle fait preuve d'une grande tendresse envers ses personnages, souvent féminins, des êtres qui souffrent, qui ont peur, qui sont opprimés, Mariana Enriquez scrute les abîmes les plus profonds de l'âme humaine, explorant de son écriture à l'extraordinaire pouvoir évocateur les voies les plus souterraines de la sexualité, du fanatisme, des obsessions.
«Ce livre comporte treize nouvelles. Ce nombre est le fruit du hasard ou de la fatalité - ici les deux mots sont strictement synonymes - et n'a rien de magique. Si de tous ces écrits je ne devais en conserver qu'un seul, je crois que je conserverais Le congrès, qui est à la fois le plus autobiographique (celui qui fait le plus appel aux souvenirs) et le plus fantastique.
J'ai voulu rester fidèle, dans ces exercices d'aveugle, à l'exemple de Wells, en conjuguant avec un style simple, parfois presque oral, un argument impossible. Le lecteur curieux peut ajouter les noms de Swift et d'Edgar Allan Poe.
Je n'écris pas pour une petite élite dont je n'ai cure, ni pour cette entité platonique adulée qu'on surnomme la Masse. Je ne crois pas à ces deux abstractions, chères au démagogue. J'écris pour moi, pour mes amis et pour adoucir le cours du temps.» Jorge Luis Borges.
«L'Aleph restera, je crois, comme le recueil de la maturité de Borges conteur. Ses récits précédents, le plus souvent, n'ont ni intrigue ni personnages. Ce sont des exposés quasi axiomatiques d'une situation abstraite qui, poussée à l'extrême en tout sens concevable, se révèle vertigineuse.Les nouvelles de L'Aleph sont moins roides, plus concrètes. Certaines touchent au roman policier, sans d'ailleurs en être plus humaines. Toutes comportent l'élément de symétrie fondamentale, où j'aperçois pour ma part le ressort ultime de l'art de Borges. Ainsi, dans L'Immortel : s'il existe quelque part une source dont l'eau procure l'immortalité, il en est nécessairement ailleurs une autre qui la reprend. Et ainsi de suite...Borges : inventeur du conte métaphysique. Je retournerai volontiers en sa faveur la définition qu'il a proposée de la théologie : une variété de la littérature fantastique. Ses contes, qui sont aussi des démonstrations, constituent aussi bien une problématique anxieuse des impasses de la théologie.»Roger Caillois.
En douze nouvelles, Mariana Enriquez dessine d'une main de maître un univers romanesque qui flirte avec l'horreur mais n'y sombre pas. Mêlant petites histoires et grande Histoire, elle évoque par petites touches le passé de l'Argentine - ses morts, ses fantômes -, et déploie une construction narrative où le suspense et l'humour s'entremêlent pour mieux nous faire rire et frissonner du même coup.
Par l'auteur de «Confiteor» (140 000 ex. vendus), quatorze nouvelles indépendantes et pourtant intimement liées, où l'on retrouve sa manière de fouiller les manifestations du mal, de l'amour, du destin et de ses mauvais tours.
Extrait du recueil Impressions et paysages (L'Imaginaire nº665)
«En écrivant On nous a donné la terre, Macario ou La nuit où on l'a laissé seul, Rulfo invente un langage qui n'appartient qu'à lui seul, comme l'ont fait Giono, Céline ou Faulkner à partir de leur connaissance de la guerre ou du racisme. La langue de Rulfo porte en elle tout son passé, l'histoire de son enfance. Comme l'a dit son ami des débuts, Efrén Hernandez, Juan Rulfo est un escritor nato, un écrivain-né. Son oralité n'est pas une transcription, elle est un art, qui incube le réel et le réinvente. C'est cette appropriation qui donne à son écriture la force de la vérité. Le Llano en flammes brûle dans la mémoire universelle, chacun de ses récits laisse en nous une marque indélébile, qui dit mieux que tout l'absurdité irréductible de l'histoire humaine, et fait naître la ferveur de l'émotion, notre seul espoir de rédemption.»J.M.G. Le Clézio.
«Le Dragon a le pouvoir de prendre de nombreuses formes, mais celles-ci sont impénétrables. En général on l'imagine avec une tête de cheval, une queue de serpent, de grandes ailes latérales et quatre griffes chacune pourvue de quatre ongles. On parle aussi de ses neuf ressemblances : ses cornes ressemblent à celles du cerf, sa tête à celle du chameau, ses yeux à ceux d'un démon, son cou à celui d'un serpent, son ventre à celui d'un mollusque, ses écailles à celles d'un poisson, ses griffes à celles d'un aigle,la plante de ses pieds à celle du tigre et ses oreilles à celles d'un boeuf. Il y a des spécimens auxquels manquent les oreilles et qui entendent au moyen de leurs cornes. Il est courant de le représenter avec une perle, qui pend à son cou et qui est l'emblème du soleil. Dans cette perle réside son pouvoir. Il devient inoffensif si on la lui enlève.» Ici, le grand auteur argentin nous entraîne dans son bestiaire unique, dans son zoo hors du commun : cent cinquante notices portant sur des êtres de rêve et de cauchemar, créatures présentes dans les contes et les mythologies. Se dégage de ce Livre des êtres imaginaires la patte fantastique et singulière de Jorge Luis Borges.
Un recueil exceptionnel de nouvelles inédites, publiées à titre posthume.
Vingt-quatre nouvelles et deux brefs romans composent ce recueil, dont beaucoup de textes sont restés inédits jusqu'alors. Les nouvelles, écrites entre la fin des années 1930 et 1980 offrent un vaste échantillon des différentes tonalités narratives et thématiques de Silvina Ocampo. On y retrouve ses obsessions fécondes, toujours insondables, inquiétantes : le mystère des maisons et des jardins, les cruautés et les artifices de l'enfance, la prédestination d'un nom, les amours fantasmées... Défiant les frontières entre le quotidien et l'exceptionnel, éprise de la magie imperceptible de chaque jour, Silvina Ocampo instille dans le récit une dose de vraisemblance mais elle ne renonce jamais aux situations qui frôlent le fantastique, tout aussi cohérentes et plausibles que le monde dit réel.
C'est avec une grande liberté narrative que Silvina Ocampo tisse une matrice poétique aux dialogues singuliers.
À la tombée du jour, nous attendions la nuit avec passion, car la nuit était une chambre, un lit, un commun accord des dieux. Elle était moi. Nos baisers n'en finissaient pas jusqu'à l'aube, quand ils se transformaient en étreintes et en chants d'oiseaux qui ne se réveillaient pas. Ils étaient moi. Nous sortions alors de notre cloître de feuilles et retournions à la vie réelle. Ne devions-nous pas échapper à l'opprobre de la réalité. S.O.
Une chanteuse de boléro exilée à Miami suite à la révolution culturelle, un soldat déchiré entre son amour angolais et son épouse cubaine, une mère qui s'habille en noir avant qu'on lui annonce la mort de sa fille... Amours gâchés, nuits affriolantes et souvenirs entêtants. En treize nouvelles, nous sommes à Cuba, l'île qui habite les héros de Leonardo Padura.
Kafka rejoint sa maîtresse, un inconnu fuit l'Allemagne nazie, Primo Lévi est envoyé à Auschwitz : tous sont pris dans la tourmente de la guerre, ils sont citoyens de la patrie Séfarade. Dans les trains qui les mènent loin des combats, leur fureur s'apaise. Antonio Munoz Molina fait céder le loquet du wagon qui renferme la vérité secrète de ces exilés : chacun peut devenir le juif d'un autre...
Dans le Journal d'un tueur sentimental, un homme épris d'une belle Française néglige le contrat pour lequel il a été payé et part dans une course effrenée, de la Turquie au Mexique, à la poursuite d'une «cible amoureuse» insaisissable.
Hot Line met en scène un inspecteur rural, muté à Santiago, qui enquête sur les téléphones roses, non sans causer quelques aigreurs aux hommes politiques qu'il ose défier... Quant aux yacarés, ces petits crocodiles d'Amazonie dont la peau est si recherchée par les maroquiniers milanais - commerce qui met d'ailleurs en péril la vie des Indiens Anarés -, ils sont au centre de l'intrigue qui mène un inspecteur de police jusqu'en Italie.
Trois histoires, sur des thèmes chers à Luis Sepúlveda, pour un plaisir de lecture jamais démenti.
Un écrivain accompagne la lente déchéance d'un saxophoniste de génie, détruit par l'alcool et la drogue, Johnny Carter. Des studios d'enregistrement de Baltimore avec Miles Davis au Saint-Germain-des-Près dans les années 50, des hôtels miteux aux nuits dans les clubs de jazz, des délires paranoïaques aux fulgurances créatrices, Julio Cortazar nous offre un texte bouleversant en hommage à un des plus grands musiciens de jazz, Charlie Parker.
En 8 nouvelles, d'une écriture lapidaire, noire et poétique, Ariadna Castellarnau explore l'envers étrange et ténébreux des relations humaines. Le monstre qu'elle met au jour n'est pas un fantasme, un fou ou une personne violente, mais bien plutôt chacun d'entre nous, mère, père, frère, soeur, fille ou fils qui évoluons dans un territoire incertain et tortueux. Ariadna Castellarnau aime mener ses personnages, et ses lecteurs, à la rencontre de l'étrange, parce que c'est dans ce miroir tordu qu'ils pourront découvrir leur vraie nature, et, peut-être, apprendre à survivre. Et Ariadna Castellarnau semble souligner l'évidence, encore une fois au coeur de son oeuvre : qui d'autre que les femmes, pour inventer la suite ?
«Le livre est un retable de l'Andalousie avec des gitans, des chevaux, des archanges, des planètes, avec sa brise juive, avec sa brise romaine, avec des rivières, avec des crimes, avec la note commune du contrebandier et la note céleste des enfants nus de Cordoue qui narguent Saint Raphaël. Un livre où est à peine exprimée l'Andalousie que l'on voit et où frémit celle que l'on ne voit pas.» Sur fond de guitares andalouses, découvrez toute la sensualité et la force de l'âme gitane sous la plume du plus grand poète espagnol du XX? siècle.
Nouvelle extraite du recueil Les caïds
Treize nouvelles saisissantes où, l'oeil rivé au judas, on observe avec un trouble croissant des personnages qui exercent le mal sans remords aucun, tel l'assassin qui n'aime rien tant que le mélange de danger, de mystères, de petites filles et d'aventures... Comme toujours, l'auteur de «Confiteor» agrémente le mal de naturel, de cynisme et d'humour, le démystifiant et nous le rendant ordinaire, le présentant pour ce qu'il est : un banal ingrédient de notre quotidien.
Faut-il traduire les coquilles, les erreurs, les incohérences d'un texte? Doit-on être fidèle aux mots de l'auteur ou à ses idées? Sait-on être père ou apprend-on à le devenir? Les allergies et les névroses sont-elles héréditaires? La fin de la littérature est-elle l'utilité ou bien la beauté?
Ces questions taraudent Eduardo Halfon alors qu'il traduit l'oeuvre du poète et romancier William Carlos Williams et que la naissance de son fils approche.
À l'image de Williams qui s'adressait à son père lorsqu'il rencontrait un problème littéraire, Halfon se confie à son fils. «Je me demande, Leo, s'il n'y aurait pas un point commun entre le processus par lequel on se transforme en père et celui par lequel on se fait traducteur ; entre le fait d'imaginer comment notre enfant devient peu à peu notre enfant, et celui d'imaginer comment les mots d'un autre deviennent progressivement les nôtres.» Nouvelle inédite en France, Halfon, Boy est le récit infiniment tendre et poétique d'un questionnement que l'écrivain, en parlant à son fils, s'adresse à lui-même.
Le jeune Alejandro de la Guardia quitte Paris pour Mexico, où l'attendent ses deux vieilles tantes revêches qui cohabitent sans se parler ni se croiser dans une antique demeure délabrée à l'odeur de moisi. Elles le mettent en garde : personne à l'extérieur de la maison ne doit savoir si elles sont mortes ou vivantes. Entre contes gothiques et fantastiques, le grand maître de la littérature mexicaine mène son lecteur par le bout du nez dans un univers inquiétant. Qui sont les morts, qui sont les vivants ?
Un musicien prodige qui ne joue qu'avec le gros orteil, sur un piano soigneusement désaccordé, les oeuvres de grands compositeurs inspirées par le thème de l'eau ; une femme qui se transforme en chien ; une statue équestre vengeresse ; une jeune voyante en lutte avec ses rêves prémonitoires... Naviguant à la frontière devenue incertaine entre le rêve et la réalité, les personnages de Silvina Ocampo font surgir un monde de visions insolites et cocasses. «De toutes les expressions qui pourraient la définir, la plus précise, je crois, serait : elle est géniale.» Jorge Luis Borges
Si son invention est fantastique, elle n'a rien d'impossible. Jorge Luis Borges Dans le sillage de son chef-d'oeuvre L'Invention de Morel, Adolfo Bioy Casares fait ici voguer ses personnages entre quotidien et fantastique. Qu'elles aient pour décor un domaine perdu au fin fond de l'Argentine, un club de sport de Buenos Aires, un bateau de croisière, un hôtel suisse ou un bistrot africain, ces onze nouvelles conduisent le lecteur, sous les éclairages les plus divers - romanesque, angoissant, tragi-comique ou baroque -, à la frontière mouvante du connu et de l'inconnu, cette balance délicate qui marque toute l'oeuvre de Bioy Casares.
« On pense généralement que les journées d'un arbre se ressemblent toutes. Surtout s'il s'agit d'un vieil arbre. Mais non. Une journée d'un vieil arbre est une journée du monde ».
Dans l'ombre bienveillante du peuplier carolin, les souvenirs affluent, les destins s'entrecroisent : l'oncle Agustín court comme un cheval fou pour essayer d'atteindre l'horizon, la belle señorita Lombardi fait tourner toutes les têtes, le señor Pelice transforme son amour en véritable feu d'artifice, Argimón rêve de voler comme un ange.
Dans cette ode lumineuse à l'amitié et à la vie, Haroldo Conti livre un combat acharné contre le temps et l'oubli, et célèbre avec une délicatesse infinie la mémoire de ces êtres chers qui jamais vraiment ne disparaîtront.
Haroldo Conti, dont Gabriel García Márquez a dit qu'il était l'un des plus grands écrivains argentins, est né en 1925 à Chacabuco, dans la province de Buenos Aires. Enlevé dans la nuit du 4 au 5 mai 1976 par des hommes à la solde du pouvoir dictatorial, il est porté disparu depuis cette date.
Dans un village isolé d'Espagne, Juan attend sur le pas de sa porte celles et ceux que l'on devine arriver au loin pour exproprier le vieil homme de là où il a vécu et grandi. Ils sont jeunes, pressés et ambitieux de faire table rase d'un passé, pour y construire un avenir à leur façon. Ce sont les enfants de Clio, lle d'expatriés à Paris revenus au village le temps d'un été, durant l'enfance de Juan. Nous étions alors dans l'après-guerre, Clio rencontrait Juan, lui apprenait à lire et lui faisait découvrir un monde vaste et diversi é. Elle était la promesse d'un ailleurs, d'un avenir meilleur.
Quelques cinquante ans après, Juan se rend à Paris répondant à l'ultime invitation de Clio, victime d'une tumeur maligne au cerveau. Clio lui laisse alors ses biens en héritage.