Une fillette passionnée de lecture se fait martyriser par une camarade dont le père est libraire, une autre raconte comment elle est devenue voleuse de roses, une mère devise avec son fils à l'heure du dîner... Clarice Lispector dresse dans ces treize textes des portraits de personnages féminins d'une incroyable justesse. Elle relate les états d'âme, les grandes joies, les peines et, surtout, le moment ténu du basculement, de la perte d'innocence.
Figure majeure de la littérature brésilienne, Clarice Lispector (1920-1977) a construit une oeuvre singulière et polyphonique, traversée par un questionnement sur l'étrangeté du monde cachée sous l'apparente banalité des choses.
Si la toile de fond touche à l'actualité, la plume, elle, est toujours aussi poétique. L'auteur interroge les enjeux des sociétés contemporaines post-coloniales en posant les termes d'un dialogue entre leurs différentes composantes. Chaque parole, chaque être, chaque contexte est pris en considération. Au fil des nouvelles, se dévoile alors la complexité du Mozambique contemporain. Un pays monde, un pays de décalages.
Avec tendresse et sensibilité, les singularités de chacun mises en exergue servent finalement à montrer not
Un chasseur indien reçoit la visite inopinée d'un voyageur et l'invite à boire de la cachaça. Sous l'influence de l'alcool, il relate ses faits de chasse et sa passion presque viscérale pour les onces. Au fil d'un monologue de plus en plus sauvage et haletant, l'homme se transforme sous les yeux étonnés du lecteur en une bête primitive - un jaguar. Unissant onomatopées et interjections, cris humains et hurlements humains, dialecte tupi et archaismes, la nouvelle de Joao Guimaraes Rosa dévoile, dans la nouvelle Mon oncle le jaguar, avec prouesse les instants surnaturels d'un homme qui se fait animal, d'un texte qui se fait voix, d'une incroyable métamorphose.
Qu'il s'agisse des errements d'un diplomate exilé dans une ville des Andes, des dernières heures pleines d'humour d'un grand-père excentrique ou d'un face-à-face mortel entre l'homme et le serpent, Joao Guimaraes Rosa se fait alchimiste du verbe et pulvérise les codes de la narration traditionnelle en nous faisant voyager dans un Brésil fantasmagorique où se mêlent chercheurs de diamants, immenses troupeaux de boeufs et apparitions fantastiques.
« Ce qui m'inquiète et me fascine dans les nouvelles de Caio Fernando Abreu, c'est cette folie lucide, cette magie de charmeur de serpents qui, dépouillé et limpide, joue de sa flûte tandis que les gens s'approchent peu à peu de tout ce rituel apparemment simple, mais terrible parce que révélateur d'un monde dense de souffrance. De pitié. D'amour. » Lygia Fagundes Telles, préface de O ovo apunhalado.
Il y a toujours quelque chose d'absent qui me tourmente est un recueil inédit, qui regroupe une sélection de nouvelles de trois ouvrages d'Abreu encore jamais traduites. Ces textes sont aussi bien des oeuvres de jeunesse (1970) que des fruits plus matures (1977) et offrent, par leur nombre et leur diversité, une entrée de choix dans l'univers fourmillant de l'auteur.
La présente édition rassemble pour la première fois en un seul livre l'ensemble des nouvelles écrites par Clarice Lispector au cours de sa vie, grâce au travail de son biographe Benjamin Moser qui a effectué de longues recherches au Brésil pour restituer leur chronologie et retrouver des textes demeurés jusque-là inédits.
On y retrouve donc les nouvelles des recueils suivants publiés par les éditions des femmes-Antoinette Fouque : La Belle et la Bête suivi de Passion des corps, traduit par Claude Farny et Sylvie Durastanti (1984) ; Liens de famille (1989) et Corps séparés (1993), traduits par Jacques et Teresa Thiériot (1989) ; des nouvelles figurant dans La Découverte du monde, recueil de chroniques traduites par Jacques et Teresa Thiériot (1995) ; Où étais-tu pendant la nuit, traduit par Geneviève Leibrich et Nicole Biros (1985). À cela, s'ajoutent dix nouvelles inédites traduites par Claudia Poncioni et Didier Lamaison.
« Dans ces quatre-vingt-cinq histoires, Clarice Lispector révèle, avant tout, l'écrivain elle-même. Des promesses de l'adolescence, en passant par l'assurance de la maturité, à la désagrégation d'une artiste tandis qu'elle approche de la mort - et qu'elle la convoque -, nous découvrons la figure, plus grande que la somme de chacune de ses oeuvres, qui est objet d'adoration au Brésil. [...] De la première histoire, publiée alors qu'elle avait dix-neuf ans, à la dernière, découverte sous forme de fragments disparates après sa mort, nous suivons une vie entière d'expérimentation artistique au travers d'un large éventail de styles et d'expériences. [...] Sa littérature est un art qui nous fait désirer connaître la femme ; elle est une femme qui nous fait désirer connaître son art. Le présent ouvrage offre une vision des deux à la fois : un portrait inoubliable, dans et par son art, de cette grande figure, dans toute sa tragique majesté. » B.M
Grâce à Nouvelles & récits du Cap-Vert nous découvrons la réalité du pays sous le joug de l'empire colonial portugais. Les auteurs, précurseurs du premier mouvement littéraire indépendantiste explorent l'identité de leur peuple résistant à tous les égards.
Loin de l'image d'épinal d'un Cap-Vert paradisiaque, on lit l'archipel tel qu'il est, beau mais terriblement dur avec ses habitants. Îles désertes au large du Sénégal, balayées par les vents du Sahara où rien ne pousse, ce territoire a été d'abord foulé par les commerçants européens et les esclaves venus de toute l'Afrique. Des hommes et des femmes s'y sont installés de plein gré ou forcés. Au fil des siècles, un peuple est né, une identité complexe aussi. On entrevoit dans ces nouvelles le quotidien des habitants en prise avec des conditions climatiques hostiles. Le pêcheur voit sa barque bloquée faute de vent, ou au contraire, des navires échouent suite à une violente tempête. On y découvre la faim et l'exil rural. Le manque de structures, d'école et d'hôpitaux. La dépendance au reste du monde et l'émigration. Les rêves d'exil qui alimentent l'imaginaire. Entre misère et beauté. Entre privation et débrouille. «La pauvreté est une école et c'est la grande histoire de ce petit pays» dira un des personnages.
Dans Momiette on suit la rivalité de deux gamins, violente et cruelle, qui laisse esquisser subtilement une histoire bouleversante. Faite de compréhension, de pardon et d'amitié. Dans Le coq a chanté dans la baie on écoute des histoires de contrebandiers et leurs démélês avec un douanier chanteur de morna, ce genre musical propre au Cap-Vert rendu célébre par Cesária Évora. Dans Les travaux et les jours, on y vit la force et l'esprit de solidarité des travailleurs cassant la pierre et apercevant un navire plein de maïs ayant chaviré. Celui-ci sera aussitôt surnomé Amérique, comme un rêve d'abondance, possible seulement ailleurs...
Face à ces obstacles, il y a aussi la gouaille de chacun, la vitalité et la richesse des expressions métissées du créole transpercent dans l'écriture grâce au talent de conteur des écrivains. Et toujours, les accents mélancoliques de la morna qui traduisent à la fois une plainte et un attachement - « dichotomie du vouloir rester et du devoir partir ou du vouloir partir et du devoir rester ». L'amateur de dépliants touristiques sera déçu. Les autres n'oublieront plus.
"Ses yeux d'eau", recueil de 15 nouvelles dont la première - hommage de l'autrice à sa mère - donne son titre au livre, raconte les destins de femmes, d'enfants et d'hommes des favelas, tous d'origine afro-brésilienne, qui affrontent courageusement la misère, la violence ou le vide de leur quotidien dans un désir vital de s'en sortir sans toutefois toujours y parvenir.
L'écriture sensible et puissamment évocatrice de Conceição Evaristo nous plonge dans une expérience de lecture dont on ne sort pas indemne. Dans une langue passant du registre poétique à l'argot, à la fois charnelle et lyrique, l'autrice nous fait vivre au plus près de ses personnages, surtout des femmes et des enfants. Ils sont émouvants dans leur nudité, leur sexualité et leur beauté mais aussi dans les souffrances et la fragilité que leur impose leur condition sociale, déterminée par leur sexe et la couleur de leur peau. On croise tour à tour Ana Davenga, beauté solaire, victime collatérale de l'arrestation de son caïd de mari ; Duzu-Carence, vieille sans-abri qui se remémore sa vie de petite fille contrainte à la prostitution; Maria, employée modèle dont la vie bascule le jour où elle rencontre fortuitement son ex-compagnon ; Natalina, qui a choisi de garder l'enfant né d'un viol dont elle s'est vengé en tuant son agresseur ; Salinda, poursuivie par son mari qui découvre sa liaison avec une femme ; Luamanda, amoureuse éternelle au sexe meurtri ; Cida, qui décide de prendre le temps de vivre ; Zaíta, petite fille tuée par une balle perdue ; Di-Ordure, enfant sans-abri, fils d'une prostituée assassinée, mort par manque de soins ; Lumbiá, petit vendeur de fleurs écrasé par une voiture alors qu'il s'enfuit après avoir volé un petit Jésus dans une boutique de Noël ; Kimbá, bel homme noir embarqué dans une relation bisexuelle avec deux blancs ; Ardoca, pauvre cheminot qui se suicide sur son lieu de travail et dont le cadavre sera dépouillé; enfin, une nouvelle polyphonique pour dire une histoire collective, celle du devoir « de ne pas mourir ». Le recueil se clôt sur une ode à la maternité à travers le personnage d'Ayoluwa, petite fille qui grandit dans le ventre de sa mère, redonnant ainsi espoir à toute une communauté de femmes.
« Brás, Bexiga et Barra Funda est l'organe des Italo-Brésiliens de São Paulo. (...) Brás, Bexiga et Barra Funda, en tant que membre de la presse libre, tente de fixer tout au plus quelques aspects de la vie laborieuse, intime et quotidienne de ces nouveaux métis nationaux et nationalistes. C'est un journal. Rien de plus. De l'information. C'est tout. Il n'a ni parti ni idéal. Il ne commente pas. Il ne discute pas. Il n'approfondit pas. (...) Dans ses colonnes, on ne trouve pas une seule ligne de doctrine. Ce ne sont que faits divers. Événements de la chronique urbaine. Épisodes de la rue. (...) Brás, Bexiga et Barra Funda n'est pas un livre. ».
(La rédaction).
« Une affaire sérieuse ».
« En fin de compte, ce que voulait vraiment Alcântara Machado c'était tuer la littérature. Il l'a tuée. Brás, Bexiga et Barra Funda est le meilleur journal jamais apparu au Brésil. Il ne contient pas une goutte de littérature ».
(Carlos Drummond de Andrade).
Édition critique et pseudo-fac-similé. Suppléments, notes, bibliographie et postface.
Publiés pour la première fois en 1851, les Légendes et récits d'Herculano ont été rédigés sur le modèle des romans de Walter Scott, à une époque où, partout en Europe, on se passionnait pour les chroniques médiévales et les vieilles légendes, croyant y trouver l'âme profonde des nations.
Les Légendes et récits sont avec Les Lusiades et les Histoires tragico-maritimes, est devenu un des grands classiques de la culture portugaise. Ces textes palpitants ont pour cadre le Portugal médiéval (Xe-XVe siècles) : oeuvre de fiction, elles reposent sur de solides fondements historiques, qui contribuent à donner une impression d'authenticité. Herculano s'y révèle conteur efficace et vigoureux ; il excelle en particulier à tenir le lecteur en haleine par des effets et des coups de théâtre savamment dosés. L'auteur met en scène des personnages de drame dont les faits et gestes sont dictés par des sentiments tyranniques tels que l'amour, la haine, la vengeance...
Un père fait revivre sa défunte épouse à travers son fils aîné qui se métamorphose de jour en jour. Un autre grossit outre-mesure sous les yeux à la fois émerveillés et terrifiés de sa femme et ses enfants. Un jeune homme au terrible destin s'interroge sur la profondeur des ténèbres qui l'assaillent. Une famille se retrouve démunie face à l'inondation et survit grâce à l'aïeul, prodige amphibien... Dans ces onze nouvelles oscillant entre le tragique et le fantastique, l'intimiste et le pathétique, le merveilleux et l'horreur, Valério Romão, auteur remarqué du prodigieux Autisme (finaliste du prix Femina étranger 2016), poursuit avec brio son exploration de la complexité de la nature humaine. À l'instar de ce chirurgien pronostiquant à travers le rétroviseur de son taxi, il ausculte d'une plume implacable et jubilatoire l'essence même des structures familiales qui tantôt enferme et aliène, tantôt exalte et sublime les passions humaines. La famille est un abîme dont on n'échappe que très difficilement, et bien souvent à nos risques et périls. Une lecture foudroyante et thérapeutique, dévoilant toute la violence des relations familiales et intimes qui existe en chacun de nous.
A l'instar du titre, Tavares nous emmène en voyage avec une grande liberté formelle dans un texte en forme de diptyque. Dans la première partie, située à Berlin, nous suivons Martha, une jeune fille borderline, à travers une succession de scènes qui questionnent l'immigration, le choix des mémoires, d'un patrimoine commun, ou encore l'enseignement, la transmission de l'Histoire. Chaque scène est titrée sous une nomenclature qui souligne l'aspect parcellaire de ce texte, comme extrait d'une somme qui serait considérable.
Comme pour l'Europe, dont l'enjeu premier est de se construire un récit commun, une Histoire commune, c'est au lecteur d'investir le texte, de créer les liens entre chaque scène pour en reconstituer l'histoire.
La seconde partie nous mène sur les pas de deux frères embarqués dans le projet insensé de voler une statue de Lénine et de la transporter de Bucarest à Budapest, l'un emmenant le corps et l'autre la tête. Tandis qu'un troisième protagoniste tente, lui, de ramener de Budapest le corps putréfié de sa mère défunte à l'arrière de sa voiture pour l'enterrer sur sa terre natale, à Bucarest. Les deux trajectoires, au final, se croisent à la frontière roumano-hongroise. Une scène ultime qui offre l'opportunité d'un renvoi à la première scène de la première partie.
Berlin, Bucarest-Budapest. est une interrogation de la notion de frontière, dans ses aspects multiples, et des efforts permanents qu'il nous faut produire pour nous dépasser et les traverser.
« Les mots me devancent et me dépassent, ils me tentent et me modifient, et si je n'y prends garde, ce sera trop tard : les choses seront dites sans que je les aie dites. » C.L.
Treize contes composent ce recueil, publié pour la première fois en 1964, qui disent chacun à leur façon, la difficulté d'être, la douleur de l'amour, la rencontre du mal, le bonheur et l'étrangeté du quotidien. Dans ces récits, qui tous portent en eux le mystère d'un drame intérieur et cruel, Clarice Lispector renoue avec cette voix qu'on lui connaît, qui a fait d'elle l'un des plus grands écrivains brésiliens contemporains. Car la simplicité de son ton, la rigueur de son phrasé, le refus du lyrisme ou de l'épanchement ne doivent pas masquer l'ampleur de sa démarche : dire, dans une langue épurée, dépouillée, tragique, ce qui fonde les actes, les paroles, les sentiments ; atteindre ce qui est peut-être la forme la plus pure et la plus intense de l'attention : l'inquiétude.
Un recueil de nouvelles dont les fils s'entrecroisent pour créer un réseau de souvenirs et faire resurgir des événements qui n'ont peut-être jamais eu lieu ailleurs que dans la tête des divers narrateurs qui écrivent - ou parlent - ou pensent. Comment comprendre le monde lorsqu'on n'en perçoit que des bribes, qu'on ne se reconnaît plus dans un miroir, qu'on ne maîtrise plus sa voix, ses gestes, ses actions ? Krishna Monteiro nous entraîne dans des mondes fragmentaires à la recherche d'un sens qui paraît échapper mais qui se tisse petit à petit dans ces sept nouvelles que l'on aurait tort de croire dissociées. Krishna Monteira est brésilien, il a été finaliste du prix Jabuti 2016 pour O que não existe mais (Ce qui n'existe plus), son premier ouvrage.
25 nouvelles, dont deux bandes dessinées, et un mini-guide. Des nouvelles sur Rio de Janeiro par ceux qui y vivent, ceux qui la vivent. Un collectif d'auteurs éclectique, des femmes, des hommes, issus des favelas ou des beaux quartiers, novices ou confirmés, et réunis autour d'une ville, paradis pour certains, cauchemar pour d'autres - mais mythique, sans aucun doute. À l'image du Christ Rédempteur qui surplombe la ville, ils vous tendent les bras.
Dans l'impasse des Géraniums, quartier de l'Alfama, Dieu qu'il s'en passe ! Les gamins font les 400 coups, Zé la Moitié, le cul-de-jatte, circule dans sa caisse à roulettes, les commères houspillent, et chacun de commenter, sur le pas de sa porte, la dernière facétie d'Andrade de la Mule, qui aurait gobé la lune... Mais, comme on dit là-bas, "s'agirait pas de confondre le genre humain avec Manu Germain !".
Cocasses, surréalistes et poétiques, ces nouvelles nous font entrer dans une Lisbonne populaire et chaleureuse où surgissent les "merveilles". De la mercière au plombier, toutes ces petites gens incarnent une humanité haute en couleur, aussi frappadingue qu'attendrissante.
« Les personnages de La Salle d'armes, comme bien d'autres créatures romanesques, sont littéralement submergés sous le poids des engagements que je me suis fixés : je dois écrire, entendre des histoires pour que l'existence des êtres humains, généralement conflictuelle et sordide, devienne viable. [...] L'épicentre du langage de ces nouvelles est toujours le lieu d'une crise. Sous une telle étiquette, leurs personnages singuliers et énigmatiques, liés à l'action, disent qui ils sont, qui nous sommes finalement. [...] Sous l'impact de tels effets, ces récits transmettent l'idée que l'interdit, l'illicite, est la matrice essentielle de leur raison d'être. Et chaque fois qu'ils expriment la tragédie du désir et de l'audace qui ronge l'esprit, le verbe et l'énigme impriment aux héros le courage de vivre, même dans des conditions contraignantes. » N.P.
Auteurs : Rodriguo Ciriaco, Ferréz, Marcelino Freire, Ana Paula Maia, Claudia Tajes, Eliane Brum, Marcelino Moutinho, Toni Marques, Duda Tajes, Ana Paula Lisboa, Patricia Higino, Joana Ribeiro, Arlindo Goncalves, Julio Pecly, Mario Feijo, Marcele Abreu, Bartolomeu Junior.
Des nouvelles nerveuses et revendicatives, inquiètes et désabusées, poétiques et nostalgiques, fières et impolies...
Des histoires qui montrent une favela libérée des préjugés, consommatrice, hyper active, amoureuse, débrouillarde, mais toujours violente, exclue.
Je suis toujours favela et j'écris mes espoirs, mes déceptions, mes ambitions, mes joies.
Violence urbaine et conflits intérieurs, fantômes, fantasmes et fantaisies, vie prosaïque, humour, amour et désamour traversent les dix nouvelles. Pour mieux faire connaître cette littérature, nous avons sélectionné des écrivains pour la plupart non traduits en français, jeunes ou moins jeunes, mais tous confirmés par leurs publications et reconnus au Brésil (prix littéraires, etc.) :
Rubens Figueiredo, Sérgio Sant'Anna, Affonso Ferreira, Edla van Steen, Luis Fernando Veríssimo, Marçal Aquino, Marcia Bechara, João Paulo Cuenca, Amilcar Bettega, Godofredo de Oliveira Neto.
Vingt-deux nouvelles, comme des courts-métrages littéraires : dans ces variations sur une misère urbaine banalisée, la favela apparaît sous un visage inédit : vue sur la colline, ses débrouilles et ses légendes. Tour à tour réalistes, ironiques ou désespérantes, ces histoires révèlent son quotidien. Mères célibataires, adolescents, travailleurs, bandits et policiers corrompus... la situation est explosive.
Et soixante pages d´articles de presse et d´entretiens : après l´immersion, l´analyse. Pour démontrer la relation troublante entre fiction et réalité, quatre grands articles pour en savoir plus sur la police, la violence urbaine, le trafic de drogues et le funk.
"Même un pied je vendrai et en béquilles, je vivrai. Pour libérer mon ventre de la misère, même aveugle je resterai".
Les nouvelles présentées ici, inédites en français, témoignent de l'ironie et du scepticisme dont toute l'oeuvre de Joaquim Maria Machado de Assis (figure majeure de la littérature brésilenne) est empreinte.
Les sept nouvelles de ce recueil se déroulent dans un climat très proche du fantastique. David Mourão-Ferreira est maître dans l'art de suggérer, d'immobiliser le lecteur entre réalité et fantasme. Qu'il s'agisse du Veuf qui, dans une villa au bord de la mer, la nuit de Noël, raconte à son amie d'enfance la disparition d'une maîtresse adorée dont on ne sait si elle a jamais existé, ou Maintenant que nous nous sommes retrouvés, monologue d'une troublante ambiguïté qu'une très belle femme offre à un homme qu'elle semble aimer, ou encore Demain nous recommencerons, histoire racontée et jour après jour renouvelée par un couple qui tente de croire en l'éternité de son amour, la Mort est toujours au rendez-vous. Les Soleils masqués et le roulement ininterrompu des vagues immergent ces récits dans une lumière sourde et rendent palpable le malaise qui étreint l'âme de tous les amants.
Josué Guimarães (1921-1986) est l'un des intellectuels les plus combatifs de la seconde moitié du XXe siècle au Brésil. Il est l'auteur, entre autres, de À Feu et à Sang, Tambours Silencieux, Camilo Mortagua et Garibaldi & Manoela - une histoire d'amour et Il est trop tard pour savoir (publié par L'Harmattan en 2020 dans la version du même traducteur). Quand il publie Le Cheval Aveugle, en 1979, Josué Guimarães est un journaliste et un romancier connu et respecté. Ce volume réunit six nouvelles dans lesquelles l'auteur revisite l'univers de fiction qui est présent dans la plupart de ses écrits. Mais ici, à la différence de la majorité de ses autres livres, il recourt à un style qui allie le registre réaliste et le fantastique, dans la meilleure tradition latino-américaine en vogue à l'époque et qui représente une réaction aux gouvernements totalitaires qui ont dominé les tropiques dans la seconde moitié du XXe siècle. Le Chat dans l'Obscur, paru en 1982, est un second recueil d'histoires fascinantes qui portent la marque de ce grand conteur. Un ensemble où se perçoit la maestria du créateur de personnages forts, mémorables, intégrés dans des atmosphères d'affrontement, de lyrisme et de dramaturgie.