Depuis l'Antiquité, le mythe de Pygmalion et Galatée n'a de cesse de fasciner et d'inspirer des artistes. Mais ce récit millénaire du sculpteur misanthrope, épris de la statue qu'il vient de réaliser, demeure inachevé : lorsque Galatée est transformée en être vivant par les dieux, elle est réduite au silence par les hommes. Enfin, il est temps pour elle de devenir la narratrice de sa propre histoire et ainsi de choisir elle-même son destin.
Une bande de garçons de six à douze ans se trouve jetée par un naufrage sur une île déserte motagneuse, où poussent des arbres tropicaux et gîtent des animaux sauvages. L'aventure apparaît d'abord aux enfants comme de merveilleuses vacances. On peut se nourrir de fruits, se baigner, jouer à Robinson.
Mais il faut s'organiser. Suivant les meilleures traditions des collèges anglais, on élit un chef. C'est Ralph, qui s'entoure de Porcinet, « l'intellectuel » un peu ridicule, et de Simon.
Mais bientôt un rival de Ralph se porte à la tête d'une bande rivale, et la bagarre entre les deux bandes devient rapidement si grave que Simon et Porcinet sont tués. Ralph échappe de justesse, sauvé par l'arrivée des adultes.
Ce roman remarquable a un sens allégorique qu'il n'est pas difficile de comprendre : c'est l'aventure des sociétés humaines qui est tragiquement mise en scène par les enfants. Mais l'oeuvre vaut avant tout par la description de leur comportement et par l'atmosphère de joie, de mystère et d'effroi qui la baigne.
«Le monde magnifique et horrible de Mariana Enriquez, tel qu'on l'entrevoit dans Les Dangers de fumer au lit, avec ses adolescents détraqués, ses fantômes, les miséreux tristes et furieux de l'Argentine moderne, est la découverte la plus excitante que j'ai faite en littérature depuis longtemps».
Kazuo Ishiguro, Prix Nobel de littérature.
Peuplées d'adolescentes rebelles, d'étranges sorcières, de fantômes à la dérive et de femmes affamées, les douze histoires qui composent ce recueil manient avec brio les codes de l'horreur, tout en apportant au genre une voix radicalement moderne et poétique. Si elle fait preuve d'une grande tendresse envers ses personnages, souvent féminins, des êtres qui souffrent, qui ont peur, qui sont opprimés, Mariana Enriquez scrute les abîmes les plus profonds de l'âme humaine, explorant de son écriture à l'extraordinaire pouvoir évocateur les voies les plus souterraines de la sexualité, du fanatisme, des obsessions.
« Partout dans le monde, la question du genre est cruciale. Alors j'aimerais aujourd'hui que nous nous mettions à rêver à un monde différent et à le préparer. Un monde plus équitable. Un monde où les hommes et les femmes seront plus heureux et plus honnêtes envers eux-mêmes. Et voici le point de départ : nous devons élever nos filles autrement. Nous devons élever nos fils autrement. » Critique farouche de toute forme d'essentialisation - qu'elle touche le genre, la nationalité ou l'appartenance à n'importe quelle entité close et figée -, C. N. Adichie porte une voix, rare et puissante, d'émancipation.
Quatre récits à suspense, quatre héroïnes aux prises avec des secrets familiaux tous plus glaçants les uns que les autres. Ainsi en va-t-il de Clare qui reçoit en héritage de parents inconnus une étrange propriété à Cardiff, dans le Maine, ou encore de Mia, enfant solitaire qui apprivoise une chatte sauvage et trouvera en elle sa plus fervente protectrice face aux hommes violents de son entourage.
Avec Cardiff, près de la mer, Oates offre une plongée virtuose au coeur de la psyché féminine, entre cauchemars et réalité, semant le doute dans l'esprit du lecteur terrifié.
Visionnaire lors de sa parution en 2001, ce recueil de nouvelles d'Olga Tokarczuk n'a rien perdu de son mordant, ni de sa pertinente actualité. Avec une espièglerie qui rappelle Nabokov, la romancière polonaise nous dévoile un quotidien truffé de portes secrètes, de miroirs traversés et d'autres distorsions de l'espace et du temps. Une année à Berlin, un séjour au Mont-Noir, un mois de résidence en Écosse, sont le point de départ de plusieurs de ces nouvelles, et l'on verra que l'anodin d'une bourse d'écriture peut conduire aux paradoxes les plus fous.
Comment les gens se comportent-ils lorsque se brouillent les frontières entre fiction et réalité ? Un écrivain surprend un matin, assis à sa table, un double de lui-même qui corrige tranquillement son dernier manuscrit... Une lectrice de romans policiers trouve le moyen d'intervenir dans l'intrigue, beaucoup trop molle, du mauvais polar qu'elle a commencé... et les morts, soudain, vont se multiplier. En séjour à Berlin, une femme d'âge moyen s'étonne de devenir quelconque dans le maelstrom de la grande ville, avant de goûter au plaisir de pouvoir être n'importe qui : tour à tour une Turque voilée, un homme d'affaires, une petite fan de Britney Spears...
À Dublin, Paris, New York ou dans le Michigan, des Américains et des Irlandais sur le second versant de leur vie se penchent sur leur passé. Comme Jonathan Bell, Ricky Grace et les autres, tous sont confrontés à une forme de solitude, de dépaysement ou simplement de rupture. Richard Ford les observe. Non sans une certaine ironie, il décrit leurs doutes et leur inconfort, met en scène leurs désarrois et recueille leurs confidences.
Ces histoires délicieuses qui nous font venir l'eau à la bouche, l'écrivaine gastronome les a composées en compagnie de son ami Taniguchi. Elle nous donne le goût du Japon avec une volupté, une euphorie contagieuses. Cuisine bouddhique à Kamakura, pot-au-feu de fugu à Osaka ou fête de l'anguille à Narita, gyôza croustillants à Jimbôchô, tempuras de crosses de fougères et de pousses de lis à Ginza... Autant de restaurants que de petits quartiers, leurs spécialités et les personnages qui les animent. Car ce livre est aussi un document vivant qui nous fait comprendre le rapport des Japonais à la nourriture : mets de saison et plats de fête, recettes jalousement gardées, destins d'établissements centenaires.
Un livre alléchant, d'une merveilleuse sensualité, qui assouvit aussi bien les rêveries gustatives que la soif de connaissances sur le Japon."
« Mon manager, Bradley Stevenson, qui au cours des années a été un ami précieux à sa manière, soutient que j'ai en moi l'étoffe d'un vrai pro. Pas seulement comme musicien de studio, mais comme vedette de première division. Il est faux que les saxophonistes ne deviennent plus des vedettes, affirme-t-il, et il répète sa liste de noms. Marcus Lightfoot. Silvio Tarrentini. Ce sont tous des musiciens de jazz, fais-je remarquer. C'est bien ce que tu es, non ? réplique-t-il. Mais je ne le suis encore que dans mes rêves les plus secrets. Dans le monde réel - quand je n'ai pas le visage entièrement enveloppé de pansements comme en ce moment - je suis juste un ténor payé à la journée, raisonnablement sollicité pour l'enregistrement en studio, ou lorsqu'un groupe a perdu son saxo habituel. S'ils veulent de la pop, je joue de la pop. R&B ? Parfait. Publicités pour des voitures, thème musical d'un talk show, j'accepte. Ces temps-ci je suis un musicien de jazz seulement quand je suis enfermé dans mon réduit. » Deux textes mélancoliques et désenchantés issus du seul recueil de nouvelles - Nocturnes, Cinq nouvelles de musique au crépuscule - de Kazuo Ishiguro, qui a reçu le prix Nobel de littérature en 2017.
"- Le chinook, c'est un vent qu'on a là-haut et qui vient des montagnes. Ils disent qu'il ne souffle qu'en hiver. On peut alors passer facilement de -25° à 10° ou 15° au-dessus de 0 en une heure ou deux. Il fait fondre toute la neige, les routes sont complètement inondées.
Mais quand il a fini de souffler, les vieilles températures reviennent et tout recommence à geler. Quand même, les gens l'adorent. C'est comme un souffle d'été au milieu de l'hiver." En toile de fond de ces nouvelles qui parlent d'amour, de solitude et de fidélité, le chinook surgit parfois pour balayer le Montana. Avec toute sa tendresse et sa sensibilité, Pete Fromm montre comme personne combien des gens "ordinaires" sont dans leur fragilité bien plus grands qu'il n'y paraît.
Une sélection des meilleures nouvelles d'Edgar Allan Poe. Le maître du fantastique entre dans les "classiques" 10/18 !
Invité par Roderick Usher à séjourner dans la mystérieuse demeure où il vit reclus avec sa soeur jumelle Madeleine, un homme découvre son ami d'enfance souffrant d'une énigmatique maladie qui a déformé son visage et hante ses pensées. Lorsque Madeleine meurt, l'état d'Usher s'aggrave et c'est la maison elle-même qui semble l'emporter vers la folie, jusque dans sa chute.
Les dix-sept nouvelles du maître du fantastique regroupées dans ce recueil sont imprégnées de la thématique fétiche de Poe : l'exploration des limites de la psyché. Sur un fil tenu entre vérité et étrangeté, les certitudes du lecteur se fissurent alors que la réalité se déforme dans l'esprit tourmenté des personnages. Convoquant névroses, expériences d'hypnose, retournements inattendus et visions infernales, Edgar Allan Poe dissèque la folie pour retrouver l'origine du mal qui ronge les hommes.
Ce deuxième tome des Nouvelles Intégrales d'Edgar Allan Poe rassemble les textes les plus célèbres de l'auteur, écrits à trente ans passés alors qu'il est à peu près installé dans la vie et reconnu comme écrivain. Certains d'entre eux comptent parmi les chefs-d'oeuvre de la littérature, que ce soit dans le genre de la nouvelle, du roman policier ou du fantastique, tels Les Crimes de la rue Morgue, La Fosse et le Pendule ou Le Scarabée d'Or.
Dans chacune des huit nouvelles qui composent ce recueil, l'autrice met en scène des personnages en quête d'amour et de reconnaissance, destinés à méconnaître ceux qui leur sont les plus proches. Des drames de l'intime tapis dans l'ombre, qui n'attendent qu'une étincelle pour se réveiller. Entre choix audacieux et intrigues en apparence ordinaires, Joyce Carol Oates manie une prose aiguisée et pose la seule question qui vaille : les liens que l'on noue, amoureux ou amicaux, sont-ils voués à se rompre tragiquement ?
«Quoique les mâchoires de Père Loup se fussent refermées complètement sur le dos de l'enfant, pas une dent n'égratigna la peau lorsqu'il le déposa au milieu de ses petits. - Qu'il est mignon ! Qu'il est nu !... Et qu'il est brave ! dit avec douceur Mère Louve. Le bébé se poussait, entre les petits, contre la chaleur du flanc tiède. - Ah ! Ah ! Il prend son repas avec les autres... Ainsi c'est un petit d'homme. A-t-il jamais existé une louve qui pût se vanter d'un petit d'homme parmi ses enfants ?»
«Ce livre comporte treize nouvelles. Ce nombre est le fruit du hasard ou de la fatalité - ici les deux mots sont strictement synonymes - et n'a rien de magique. Si de tous ces écrits je ne devais en conserver qu'un seul, je crois que je conserverais Le congrès, qui est à la fois le plus autobiographique (celui qui fait le plus appel aux souvenirs) et le plus fantastique.
J'ai voulu rester fidèle, dans ces exercices d'aveugle, à l'exemple de Wells, en conjuguant avec un style simple, parfois presque oral, un argument impossible. Le lecteur curieux peut ajouter les noms de Swift et d'Edgar Allan Poe.
Je n'écris pas pour une petite élite dont je n'ai cure, ni pour cette entité platonique adulée qu'on surnomme la Masse. Je ne crois pas à ces deux abstractions, chères au démagogue. J'écris pour moi, pour mes amis et pour adoucir le cours du temps.» Jorge Luis Borges.
Textes extraits du recueil Vraie blonde, et autres (Folio)
«C'était une nuit merveilleuse, une de ces nuits comme il n'en peut exister que quand nous sommes jeunes, ami lecteur. Le ciel était si étoilé, un ciel si lumineux, qu'à lever les yeux vers lui on devait malgré soi se demander:se peut-il que sous un pareil ciel vivent toutes sortes d'hommes irrités et capricieux? Cela aussi, c'est une question jeune, ami lecteur, très jeune, mais puisse le Seigneur vous l'inspirer souvent!...»Le «roman sentimental» du maître russe, magistralement adapté au cinéma par Luchino Visconti en 1957.
Quand la réalité dépasse l'imagination, seule la fiction peut lui redonner un sens.
En 1353, Boccace écrivait le Décaméron, recueil dans lequel un groupe d'hommes et de femmes se racontent cent histoires pour passer le temps après avoir fui la peste qui ravage Florence .
En mars 2020, les éditeurs du New York Times Magazine lancent le Projet Décaméron : rassembler des récits de tous horizons au moment même où le monde se confinait. Vingt-neuf auteurs et autrices ont répondu à l'appel. Ces « nouvelles nouvelles », selon l'expression consacrée, varient dans leur ton, leur forme, leur sujet : l'une nous plonge dans l'algorithme de Google, une autre dans un immeuble de New York peu à peu déserté, une autre encore nous fait quitter la planète Terre. Mais, par-delà leurs différences, chacune est un vibrant hommage au pouvoir de la fiction aux heures les plus incertaines.
Avec : Victor LaValle, Mona Awad, Kamila Shamsie, Colm Tóibin, Liz Moore, Tommy Orange, Leïla Slimani, Margaret Atwood, Yiyun Li, Etgar Keret, Andrew O'Hagan, Rachel Kushner, Téa Obreht, Alejandro Zambra, Dinaw Mengestu, Karen Russell, David Mitchell, Charles Yu, Paolo Giordano, Mia Couto, Uzodinma Iweala, Rivers Solomon, Laila Lalami, Julian Fuks, Dina Nayeri, Matthew Baker, Esi Edugyan, John Wray, Edwidge Danticat.
Lauréate de la loterie des visas, Akunna quitte le Nigeria pour les États-Unis ; elle y découvre un pays qui a bien peu à voir avec celui de ses attentes. À Kano, dans le nord du Nigeria, une violente émeute intercommunautaire réunit deux femmes que tout sépare : une marchande d'oignons musulmane et une étudiante issue de la bourgeoisie chrétienne de Lagos. Dans Nsukka blanchie par l'harmattan, James Nwoye, ancien universitaire au soir de sa vie, repense au rêve biafrais et attend, la nuit, les visites de sa femme défunte, qui vient caresser ses jambes fatiguées...
Voici quelques-uns des personnages des nouvelles d'Adichie ; ils composent une image complexe et riche de la réalité nigériane d'aujourd'hui, qui prend ses racines dans le passé et se prolonge dans l'expérience de l'émigration, une plongée émouvante, souvent poignante, tour à tour terrible et drôle, toujours vibrante d'humanité.
Textes extraits du volume Oeuvres (Bibliothèque de la Pléiade)
Les vingt-cinq proses brèves de Retour dans la neige témoignent d'une époque charnière dans l'existence de Robert Walser, qui quitte en 1913 la vie mondaine berlinoise pour rentrer en Suisse, dans sa ville natale de Bienne.
Au fil de ces textes publiés pour la plupart en revue, restés inédits pour certains, l'innocence du regard, l'infinie curiosité du flâneur, la pudeur devenue précepte littéraire, acquièrent une force intemporelle.
Qu'il raconte des promenades, décrive des lieux, dresse des portraits ou se perdent dans le spectacle des villes et de ses semblables, « l'originalité [de Walser] s'exprime de façon inoubliable dans chacune des lignes, chacun des paragraphes qu'il écrit. » Stefan Zweig
Des hackeuses cryogénisées décidées à se venger de leurs ennemis, des travailleurs bardés d'implants, des amants dont le seul contact se fait via leur combinaison connectée, des chimpanzés policiers et leurs partenaires humains, des robots dans un nouvel âge de pierre ou encore des extraterrestres qui, depuis leur berceau aquatique, n'ont jamais vu les étoiles, se côtoient dans ce recueil. À l'âge du silicium, qu'est-ce que la conscience ? Qu'est-ce qu'être humain ? Ces vingt-huit nouvelles, des idées fortes au service d'histoires frappantes, sont le sel de la science-fiction, le coeur battant du genre.Rich Larson s'impose sans conteste comme la quintessence, la synthèse parfaite sortie de l'athanor de ses prestigieux aînés. Le Culte d'Apophis.Une SF vive, saillante, politique, parfois acide, toujours surprenante. « La Méthode scientifique », France Culture.Une écriture aussi imaginative que dense. nooSFere.GRAND PRIX DE L'IMAGINAIRE 2021 - NOUVELLE ÉTRANGÈRE.Traduit de l'anglais (Canada) par Pierre-Paul Durastanti.
Si la toile de fond touche à l'actualité, la plume, elle, est toujours aussi poétique. L'auteur interroge les enjeux des sociétés contemporaines post-coloniales en posant les termes d'un dialogue entre leurs différentes composantes. Chaque parole, chaque être, chaque contexte est pris en considération. Au fil des nouvelles, se dévoile alors la complexité du Mozambique contemporain. Un pays monde, un pays de décalages.
Avec tendresse et sensibilité, les singularités de chacun mises en exergue servent finalement à montrer not
Huit touristes japonais ont été pris en otages dans une région montagneuse et désolée. Après l'assaut d'une brigade anti-terroriste, la cabane où ils sont retenus prisonniers est totalement détruite, il n'y a aucun survivant. Seul un enregistrement atteste de leur existence en ces lieux. Des lectures semble-t-il : des textes énoncés à haute voix par chacun d'entre eux pour surmonter la peur et tenter d'échapper à l'ombre béante de la mort.