Filtrer
Rayons
- Littérature
- Littérature argumentative (99)
- Essai littéraire (97)
- Art épistolaire, Correspondance, Discours (2)
- Jeunesse
- Bandes dessinées / Comics / Mangas
- Policier & Thriller
- Romance
- Fantasy & Science-fiction
- Vie pratique & Loisirs
- Tourisme & Voyages
- Arts et spectacles
- Religion & Esotérisme
- Entreprise, économie & droit
- Sciences humaines & sociales
- Sciences & Techniques
- Scolaire
- Parascolaire
- Dictionnaires / Encyclopédies / Documentation
Éditions de Minuit
-
Aurais-je été sans peur et sans reproche ? Le chevalier Bayard et moi
Pierre Bayard
- Éditions de Minuit
- Paradoxe
- 3 Octobre 2024
- 9782707355515
Je me suis souvent demandé comment mon ancêtre le chevalier Bayard - réputé sans peur et sans reproche - avait pu sereinement, au fil de ses batailles, tuer des centaines de personnes innocentes.
Afin d'expliquer ce mystère et de savoir comment je me serais moi-même comporté si j'avais vécu à son époque, je ne vois qu'une solution : voyager dans le passé à sa rencontre, discuter avec lui et ses contemporains en tentant de comprendre leur mentalité et, s'il accepte de m'écouter, lui faire entendre raison. -
Et si les Beatles n'étaient pas nés ?
Pierre Bayard
- Éditions de Minuit
- Minuit Double
- 3 Octobre 2024
- 9782707355553
On s'obstine à porter aux nues les auteurs de chefs-d'oeuvre, sans prendre la mesure des dégâts qu'ils provoquent. Ils relèguent en effet d'autres créateurs dans l'obscurité, imposent des canons arbitraires à notre sensibilité et déforment notre regard sur le passé.
Ce livre propose d'étudier les mondes alternatifs où ils n'existent pas et de mettre ainsi en valeur toutes les oeuvres dont ils nous ont injustement privés. -
Dans l'arène ennemie - Textes et entretiens 1966-1999
Monique Wittig
- Éditions du Minuit
- 4 Avril 2024
- 9782707349996
En 1979, Monique Wittig figure en une image toute guérillère la portée de son projet : entrer par effraction « dans l'arène ennemie » pour faire sauter les formes, concepts et catégories qui font de l'hétérosexualité le seul contrat social possible.
Ce volume inédit réunit la riche production de textes, articles et entretiens qu'elle a signés entre 1966 et 1999 - devenus au fil du temps introuvables. Écrits ou publiés en français, anglais, néerlandais, portugais ou allemand, ils constituent autant d'entrées dans l'arène ennemie, toujours fracassantes par leur pouvoir immédiat de mise en cause de nos mythologies modernes. -
Il est impossible de croire sérieusement, comme les deux héros du célèbre film d'Hitchcock Fenêtre sur cour, que leur voisin aurait tué sa femme, puis l'aurait découpée en morceaux devant les fenêtres ouvertes d'une trentaine d'appartements.
Mais leur délire d'interprétation n'a pas pour seule conséquence de conduire à accuser un innocent. Il détourne l'attention d'un autre meurtre - bien réel celui-là - qui est commis devant les spectateurs à leur insu et mérite l'ouverture d'une enquête. -
Œdipe n'est pas coupable
Pierre Bayard
- Éditions du Minuit
- Minuit Double
- 5 Octobre 2023
- 9782707349309
On ne cesse d'affirmer, depuis l'Antiquité et plus encore depuis Freud, qu'oedipe aurait tué son père.
Mais cette accusation ne résiste pas à l'examen. En menant avec rigueur l'enquête sur les circonstances du meurtre et en révélant l'identité de l'assassin, ce livre montre que des pans entiers de notre culture reposent sur une erreur judiciaire. -
Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ?
Pierre Bayard
- Éditions du Minuit
- Paradoxe
- 11 Janvier 2007
- 9782707319821
L'étude des différentes manières de ne pas lire un livre, des situations délicates où l'on se retrouve quand on doit en parler et des moyens à mettre en oeuvre pour se sortir d affaire montre que, contrairement aux idées reçues, il est tout à fait possible d'avoir un échange passionnant à propos d'un livre que l'on n'a pas lu, y compris, et peut-être surtout, avec quelqu'un qui ne l'a pas lu non plus.
-
La vérité sur "Ils étaient dix"
Pierre Bayard
- Éditions du Minuit
- Minuit Double
- 7 Octobre 2021
- 9782707347145
Aucun lecteur sensé ne peut croire en la solution invraisemblable proposée à la fin du célèbre roman policier Ils étaient dix.
En donnant la parole au véritable assassin, ce livre explique ce qui s'est réellement passé et pourquoi Agatha Christie s'est trompée. -
Qui a tué Roger Ackroyd ?
Pierre Bayard
- Éditions de Minuit
- Minuit Double
- 26 Février 2008
- 9782707320438
Même s'ils n'ont pas lu le chef-d'oeuvre d'Agatha Christie, Le meurtre de Roger Ackroyd, de nombreux lecteurs, surtout parmi les amateurs de romans policiers, connaissent le procédé qui l'a rendu célèbre et croient pouvoir affirmer : l'assassin est le narrateur.
Mais est-ce si sûr ? Comment se fier à un texte où les contradictions abondent et qui s'organise autour d'un récit unique, celui du prétendu criminel ? Et qui peut dire qu'Hercule Poirot, dans son euphorie interprétative, ne s'est pas lourdement trompé, laissant le coupable impuni ?
Roman policier sur un roman policier, cet essai, tout en reprenant minutieusement l'enquête et en démasquant le véritable assassin, s'inspire de l'oeuvre d'Agatha Christie pour réfléchir, avec l'aide de la psychanalyse, sur ce qui constitue la limite et le risque de toute lecture : le délire d'interprétation. -
Pour un nouveau roman
Alain Robbe-Grillet
- Éditions de Minuit
- Minuit Double
- 27 Novembre 2012
- 9782707322852
" Ces textes ne constituent en rien une théorie du roman; ils tentent seulement de dégager quelques lignes d'évolution qui me paraissent capitales dans la littérature contemporaine. Si j'emploie volontiers, dans bien des pages, le terme de Nouveau Roman, ce n'est pas pour désigner une école, ni même un groupe défini et constitué d'écrivains qui travailleraient dans le même sens; il n'y a là qu'une appellation commode englobant tous ceux qui cherchent de nouvelles formes romanesques, capables d'exprimer (ou de créer) de nouvelles relations entre l'homme et le monde, tous ceux qui sont décidés à inventer le roman, c'est-à-dire à inventer l'homme. Ils savent, ceux-là, que la répétition systématique des formes du passé est non seulement absurde et vaine, mais qu'elle peut même devenir nuisible : en nous fermant les yeux sur notre situation réelle dans le monde présent, elle nous empêche en fin de compte de construire le monde et l'homme de demain. "
Alain Robbe-Grillet
Pour un nouveau roman a été publié en 1963. Ce recueil de textes, à visée polémique, reprend et combine plusieurs articles d'Alain Robbe-Grillet (1922-2008), parus entre 1953 et 1963. -
L'affaire du chien des Baskerville
Pierre Bayard
- Éditions du Minuit
- Minuit Double
- 14 Octobre 2010
- 9782707321350
Les personnages littéraires ne sont pas, comme on le croit trop souvent, des êtres de papier, mais des créatures vivantes, qui mènent une existence autonome à l'intérieur des textes et vont jusqu'à commettre des meurtres à l'insu de l'auteur.
Faute de l'avoir compris, Conan Doyle a laissé Sherlock Holmes se tromper dans sa plus célèbre enquête, Le Chien des Baskerville, et accuser à tort un malheureux animal, permettant au véritable assassin d'échapper à la justice. Ce livre rétablit la vérité. -
Kafka ; pour une litterature mineure
Gilles Deleuze, Félix Guattari
- Éditions du Minuit
- Critique
- 1 Avril 1975
- 9782707300584
Force de kafka.
Politique de kafka. déjà les lettres d'amour sont une politique où kafka se vit lui-même comme un vampire. les nouvelles ou les récits tracent des devenirs-animaux qui sont autant de lignes de fuite actives. les romans, illimités plutôt qu'inachevés, opèrent un démontage des grandes machines sociales présentes et a venir.
Au moment même où il les brandit, et s'en sert comme d'un paravent, kafka ne croit guère à la loi, à la culpabilité, à l'angoisse.
à l'intériorité. ni aux symboles, aux métaphores ou aux allégories. il ne croit qu'à des architectures et à des agencements dessinés par toutes les formes de désir. ses lignes de fuite ne sont jamais un refuge, une sortie hors du monde. c'est au contraire un moyen de détecter ce qui se prépare, et de devancer les "puissances diaboliques" du proche avenir. kafka aime à se définir linguistiquement. politiquement, collectivement, dans les termes d'une littérature dite "mineure".
Mais la littérature mineure est l'élément de toute révolution dans les grandes littératures.
-
Aucun texte littéraire n'a probablement suscité autant de lectures et d'interprétations qu'Hamlet et n'a fasciné à ce point les critiques, qui n'ont cessé de débattre des ambiguïtés et des contradictions de la pièce, s'interrogeant sur les circonstances mystérieuses dans lesquelles est mort le père du héros.
Mais tous ces auteurs parlent-ils bien du même texte ? Ce dont témoigne Hamlet, en raison du nombre de ses commentaires, est de la difficulté, dans l'échange littéraire, à éviter le dialogue de sourds. Il est en effet impossible, quand nous discutons d'une oeuvre, de sélectionner des passages identiques, de les percevoir à travers des théories semblables, d'inventer des questions qui ne soient pas marquées par une époque et par la personnalité de celui qui les pose. Bref, de parler de la même chose que les autres lecteurs.
Trouver la solution à ce problème du dialogue de sourds est pourtant un passage obligé si nous voulons reprendre l'enquête inachevée sur la mort du père d'Hamlet. Et tenter, en reconstituant ce qui s'est passé il y a cinq siècles à Elseneur, de résoudre l'une des plus vieilles énigmes criminelles de la littérature mondiale. -
Essai écrit en anglais en 1930. Première publication : Proust, Londres, Chatto and Windus, 1931.
« Au début de juin 1930, Samuel Beckett apprend, le jour même de la date limite fixée pour le dépôt des textes, qu'un concours pour le meilleur poème de moins de cent vers ayant pour sujet le temps a été proposé par Richard Aldington et Nancy Cunard, qui dirigent les éditions Hours Press à Paris. En quelques heures, il écrit Whoroscope, poème de quatre-vingt-dix-huit vers sur la vie de Descartes telle que la décrit Adrien Baillet en 1691. Il achève ce poème en pleine nuit, va le glisser dans la boîte à lettres de Nancy Cunard avant l'aube, et remporte le concours. Whoroscope sera publié en septembre 1930 sous la forme d'une plaquette ; c'est la première publication séparée d'une oeuvre de Samuel Beckett.
Nancy Cunard et Richard Aldington, ayant appris qu'à Londres les éditions Chatto & Windus envisagent de publier une monographie sur Marcel Proust dans leur collection " Dolphin Books », proposent cette commande à Samuel Beckett, qui accepte. (.) Écrire un ouvrage sur Marcel Proust, c'est enfin l'occasion de faire de son attrait pour la littérature, de son goût pour la philosophie, de son amour de la poésie, une oeuvre d'écrivain. (...) Proust est un acte de compréhension où se révèlent à la fois l'oeuvre comprise et celui qui la comprend. À cette compréhension participe l'entendement tout entier, intellect, sensibilité, intuition et humour. L'humour intervient en particulier dans le style ; s'étant embarqué sur l'océan de la Recherche, Samuel Beckett laisse la houle bercer sa phrase au même rythme que celle de Marcel Proust : à la fois un clin d'oeil et une manière de mieux comprendre celui dont il parle. Compréhension encore dans le choix que fait Samuel Beckett de traduire lui-même les citations de Proust bien qu'une traduction anglaise de Scott Moncrieff existe depuis 1922. Samuel Beckett se révèle déjà ici ce passeur de mots hors pair qu'on reconnaîtra unanimement plus tard.
On s'étonnera que Samuel Beckett, devenu l'auteur bicéphale que l'on sait, traducteur, re-créateur de ses propres oeuvres dans l'une ou l'autre langue, n'ait pas traduit lui-même Proust en français. On a souvent dit qu'il reniait cette oeuvre de jeunesse. En réalité, ce détachement à l'égard de son travail est constant chez lui. À peine l'ont elles quittées que ses oeuvres lui deviennent embarrassantes : pages tournées, traces dans le vent des sables. Proust n'est donc pas le vilain canard de sa couvée. Tous les oisillons de Samuel Beckett se transforment vite à ses yeux en volatiles disgracieux, et combien n'a-t-il pas fallu d'efforts de persuasion à certains pour le ramener vers telle oeuvre ancienne non publiée ou non encore traduite, telle autre oeuvre qu'on lui demandait de mettre en scène longtemps après l'avoir écrite. Aussi lui est-il souvent arrivé, lorsqu'on évoquait Proust, d'en balayer d'un geste le souvenir, tel Krapp s'irritant à l'écoute des bandes enregistrées dans sa jeunesse et disant : " Difficile de croire que j'aie jamais été ce petit crétin. » Mais Krapp n'est pas tout à fait dupe de son irritation : « Enfin, peut-être qu'il avait raison », dit-il de lui-même et encore : « Sinistres ces exhumations, mais je les trouve souvent (...) utiles avant de me lancer dans un nouveau ... (il hésite)... retour en arrière. » Ce retour en arrière qu'impliquait la traduction de Proust, Samuel Beckett l'eût sans doute fait, comme il le fit pour Murphy, pour Watt et d'autres oeuvres qu'il traduisit ou qui furent publiées longtemps après qu'il les eut écrites. Finalement, il ne refusait pas de regarder ainsi en arrière « avec peut-être - je l'espère - quelque chose de mon vieux regard à venir ». Mais la traduction de Proust en français présentait à ses yeux un obstacle majeur. C'est si peu une oeuvre académique qu'elle ne comporte aucune référence pour les innombrables citations textuelles ou indirectes de la Recherche (pas davantage d'ailleurs pour les citations d'autres auteurs, de Sanctis, Calderon, Leopardi, Racine, Baudelaire, Hugo, etc., dont les noms mêmes ne figurent pas, sauf celui de Dante). À peine y a-t-il dans tout l'ouvrage six notes en bas de page ; encore sont-elles de comparaison, non de référence. Proust a été publié en de nombreuses langues, mais les citations de Marcel Proust sont chaque fois traduites à partir de la version qu'en donne Samuel Beckett. Il était bien entendu impossible de procéder de la même façon pour une traduction en français. Il fallait retrouver précisément toutes les citations, souvent allusives, dans l'oeuvre de Marcel Proust afin de restituer le texte de celui-ci. Samuel Beckett ne voulait pas se lancer dans ce travail de reconstitution ; et nous étions nombreux à estimer qu'il avait en effet mieux à faire. » Extrait de la présentation d'Edith Fournier.
-
Comment parler des lieux où l'on n'a pas été ?
Pierre Bayard
- Éditions du Minuit
- Paradoxe
- 12 Janvier 2012
- 9782707322142
L'étude des différentes manières de ne pas voyager, des situations délicates où l'on se retrouve quand il faut parler de lieux où l'on n'a pas été et des moyens à mettre en oeuvre pour se sortir d'affaire montre que, contrairement aux idées reçues, il est tout à fait possible d'avoir un échange passionnant à propos d'un endroit où l'on n'a jamais mis les pieds, y compris, et peut-être surtout, avec quelqu'un qui est également resté chez lui.
-
Quand les images prennent position
Georges Didi-Huberman
- Éditions du Minuit
- Paradoxe
- 5 Février 2009
- 9782707320377
Dans un monde oú les images prolifèrent en tous sens et oú leurs valeurs d'usage nous laissent si souvent désorientés - entre la propagande la plus vulgaire et l'ésotérisme le plus inapprochable, entre une fonction d'écran et la possibilité même de déchirer cet écran -, il semble nécessaire de revisiter certaines pratiques oú l'acte d'image a véritablement pu rimer avec l'activité critique et le travail de la pensée.
On voudrait s'interroger, en somme, sur les conditions d'une possible politique de l'imagination. cet essai, le premier d'une série intitulée l'oeil de l'histoire, tente d'analyser les procédures concrètes et les choix théoriques inhérents à la réflexion de bertolt brecht sur la guerre, réflexion menée entre 1933 et 1955 par un poète exilé, errant, constamment soucieux de comprendre une histoire dont il aura, jusqu'à un certain point, subi la terreur.
Dans son journal de travail comme dans son étrange atlas d'images intitulé abc de la guerre, brecht a découpé, collé, remonté et commenté un grand nombre de documents visuels ou de reportages photographiques ayant trait à la seconde guerre mondiale. on découvrira comment cette connaissance par les montages fait office d'alternative au savoir historique standard, révélant dans sa composition poétique - qui est aussi décomposition, tout montage étant d'abord le démontage d'une forme antérieure - un grand nombre de motifs inaperçus, de symptômes, de relations transversales aux événements.
On découvrira ainsi, dans ces montages brechtiens, un lieu de croisement exemplaire de l'exigence historique, de l'engagement politique et de la dimension esthétique. on verra enfin comment walter benjamin - qui a été, en son temps, le meilleur commentateur de brecht - déplace subtilement les prises de parti de son ami dramaturge pour nous enseigner comment les images peuvent se construire en prises de position.
-
Choses vues, non, pas même vues jusqu'au bout. Choses simplement entrevues, aperçues. Etres qui passent, souvent au féminin pluriel, comme la Béatrice de Dante, Laura de Pétrarque, la " nymphe " d'Aby Warburg, la Gradiva de Jensen et de Freud ou la " passante " anonyme des rues parisiennes selon Charles Baudelaire. Créatures ou simples formes qui surgissent ou qui tombent. Instants de surprise, ou d'admiration, ou de désir, ou de volupté, ou d'inquiétude, ou de rire.
Impressions enfantines, deuils. Colères aussi. Réflexions esquissées. Instants critiques. Ou descriptions, tout simplement. Phraser le passage des aperçues ? Comme un recueil de circonstances, de visions en bribes, d'émotions inattendues, de pensées qui s'inventent devant des choses ou des êtres apparaissants, apparus et, très vite, disparaissants, disparus. Une phénoménologie, une poétique, une érotique du regard s'esquissent.
Tout cela devenu, sans crier gare, un journal sans continuité, un ensemble de récits sans personnages bien définis, un autoportrait sans visage unique. Remonter ce journal en désordre. Découvrir, alors, qu'il était fait d'occasions (où les temps passent vite), de blessures (où les temps frappent fort), de survivances (où les temps reviennent toujours) et de désirs (où les temps adviennent pour un futur entraperçu). -
La raison graphique la domestication de la pensée sauvage
Jack Goody, Jean Bazin, Alban Bensa
- Éditions du Minuit
- Le Sens Commun
- 1 Janvier 1979
- 9782707302403
À partir de recherches entreprises « sur le terrain » pour comprendre le fonctionnement de sociétés du Nord du Ghana, le professeur Jack Goody qui enseigne actuellement l'anthropologie sociale à l'université de Cambridge, se demande si l'on peut parler d'une spécificité de la pensée écrite.
À l'encontre de la tradition qui considère généralement la parole comme le lieu de la vérité, Jack Goody se demande comment la linguistique - la science du langage parlé - peut exister sans l'écriture, étant entendu qu'écrire ce n'est pas seulement noter la parole mais aussi en découper et en abstraire les éléments. Reprenant ainsi les analyses de Jacques Dérida dans De la grammatologie, l'auteur montre que la langue parlée est déjà une écriture dans la mesure où elle nécessite un ton, une ponctuation - ce qui le conduit à soutenir que la parole dans son contenu comme dans son statut marque toujours des références multiples à l'écrit.
Il étudie ensuite, à partir d'exemples empruntés à Durkheim et à Mauss, mais aussi à Griaule et à Needham, les transformations que l'on fait subir à la parole et plus généralement à toute information par la transcription écrite sous la forme de tableau de correspondances entre parties du monde, parties du corps etc., ce qui a conduit toute une tradition ethnologique, dont le mouvement structuraliste et notamment Lévi-Strauss, à supposer que la pensée sauvage obéit à des contraintes logiques qui sont en fait, en grande partie, le produit de techniques de transmission et de transcription de la pensée.
Prendre conscience que le savoir écrit des sociétés sans écriture, cela ne va pas de soi, c'est ce que montre Jack Goody : parce qu'ils se posent peu la question, les ethnologues, pour connaître la pensée sauvage, commencent souvent par la domestiquer.
-
« ... il crée de toutes pièces, à contre-courant du monde et de sa cruauté, une situation dans laquelle un enfant existe, fût-il déjà mort. Pour que nous-mêmes sortions du noir de cette atroce histoire, de ce « trou noir » de l'histoire ».
Ce texte de Georges Didi-Huberman est une longue lettre au réalisateur László Nemes du film, Le Fils de Saul, Grand Prix du Festival de Cannes. -
Des étoiles nouvelles. Quand la littérature découvre le monde
William Marx
- Éditions du Minuit
- Paradoxe
- 4 Mars 2021
- 9782707346834
Les étoiles se lèvent-elles à l'ouest ? Et un poème peut-il faire polémique dans les journaux plusieurs semaines durant ? Que doit aux éléphants la rondeur de la Terre ? Et à Dürer La Guerre des étoiles ? Lequel des deux est le plus sémiologue, Tintin ou Milou ? Une boucle de cheveux et une bulle de savon méritent-elles de monter au ciel ? Et quels vers inédits de Shakespeare dans Hamlet auraient suffi à modifier l'oeuvre de Proust ?
À tant de questions fondamentales comme à bien d'autres ce livre apporte des réponses précises et argumentées, ainsi qu'à celle-ci, qui les résume toutes : que peut une image ? À partir de deux mots pris dans l'un des poèmes les plus célèbres de la langue française, l'ouvrage raconte la découverte du monde, de la terre et du ciel par le langage et la littérature.
Car ce livre traite des étoiles et de la poésie. Il parle du plus loin de nous, le firmament, et de ce qui nous touche au plus près, les mots du poète, des mots qui parfois nous découvrent le ciel. C'est un livre sur tout et sur l'inaccessible, sur l'altérité et les relations Nord-Sud, sur l'esthétique, la science et le pouvoir, sur la mémoire et les possibles de l'histoire. À partir de deux mots seulement, il dévoile les métamorphoses de la poésie en même temps que celles de notre connaissance du monde. -
Tout lecteur s'est un jour inquiété de ceci face à un texte : comment bien lire ? Il est étonnant que personne ne se demande comment mal lire. C'est pourtant loin d'être une évidence. Il faut de l'art, de l'adresse, de la ruse pour pratiquer une mauvaise lecture véritablement inspirée. Une fois cela admis, vous cesserez de faire uniquement de la lecture une expérience de l'interprétation objective, de la collaboration avec le texte, de l'ordre, de la patience, de la concentration. Laissez-vous envahir par vos passions, laissez flotter votre attention, lisez de travers, sautez des pages. C'est ainsi que vous transformerez ce que vous lisez pour le réinventer. Vous en conviendrez alors : la mauvaise lecture est souvent une excellente manière de lire.
-
Si tout grand créateur est une énigme, aucun ne l'est autant que le célèbre écrivain russe Léon-Fiodor Tolstoïevski.
Qui mieux que cette personnalité multiple, auteur de romans aussi différents qu'Anna Karénine et Crime et châtiment, ou Les Frères Karamazov et Guerre et paix, peut nous aider, en nous entraînant dans les profondeurs de l'âme slave, à résoudre la question principale de toute réflexion sur le psychisme : pourquoi suis-je plusieurs ? -
être crâne : lieu, contact, pensée, sculpture
Georges Didi-Huberman
- Éditions de Minuit
- Essais
- 30 Mars 2000
- 9782707317070
L'artiste est inventeur de lieux.
Il façonne, il donne chair à des espaces improbables, impossibles ou impensables : apories, fables topiques.
Le genre de lieux qu'invente giuseppe penone passe d'abord par un travail avec le contact : une dynamique de l'empreinte, par laquelle l'espace se trouve à la fois reporté et renversé, c'est-à-dire tactilement connu et mis sens dessus dessous.
Dans un tel processus, c'est le matériau lui-même qui porte mémoire.
Mais qu'est-ce qu'une sculpture qui aurait pour charge de toucher la pensée ? penone est parti de la " cécité tactile " qui nous empêche de percevoir le contact de notre cerveau avec la face interne de notre crâne. l'oeuvre consiste à faire trace - frottages, reports, développements - de cette insensible zone de contact. le résultat est une sorte de fossile du cerveau : lieu de pensée, c'est-à-dire lieu pour se perdre et pour réfuter l'espace.
Voilà donc sculpté ce qui nous habite et nous incorpore en même temps.
-
On ne cesse d'évoquer l'influence des écrivains et des artistes sur leurs successeurs, sans jamais envisager que l'inverse soit possible et que Sophocle ait plagié Freud, Voltaire Conan Doyle, ou Fra Angelico Jackson Pollock.
S'il est imaginable de s'inspirer de créateurs qui ne sont pas encore nés, il convient alors de réécrire entièrement l'histoire de la littérature et de l'art, afin de mettre en évidence les véritables filiations et de rendre à chacun son dû.
-
Pathologie du cadre. Quand l'Art Brut s'éclate
Michel Thévoz
- Éditions du Minuit
- Paradoxe
- 8 Octobre 2020
- 9782707346391
Le cadre, cet accessoire excentrique, qui n'est ni dehors ni dedans, et qui échappe à toutes nos catégories, vient paradoxalement au centre de l'attention philosophique en raison même de son indétermination. D'autant que, au-delà de la toile peinte, il se reconduit comme le principe régulateur de l'espace urbain, des artefacts, de l'organisation sociale et de l'ordre symbolique en général.
Les auteurs d'Art Brut, qui, par définition, ne sont pas assujettis à nos conventions culturelles, en font un usage insolite et déconstructeur, qu'il serait par trop expéditif de verser dans le registre de la pathologie. Car, justement, de telles irrégularités nous amènent à envisager le cadre sous une incidence d'étrangeté. Peut-être son office de protection physique et de suspension murale n'est-il qu'un alibi utilitaire au formatage idéologique dont il détermine les axes.
S'il est vrai que le pathologique éclaire le normal, on franchit en l'occurrence un seuil de réversion : c'est le cadre lui-même, dans son principe et son usage culturel, qui est susceptible d'une pathologie, sous l'éclairage de l'Art Brut.