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Cecile Defaut
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La logique et l'amour, et autres textes
Catherine Millot
- Cecile Defaut
- 13 Janvier 2015
- 9782350183640
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« En 1958, commentant le premier roman d'un jeune écrivain, Aragon écrivait dans Les Lettres françaises : « Je n'ai jamais rien demandé à ce que je lis que le vertige : merci à qui me fait me perdre, et il suffit d'une phrase, d'une de ces phrases où la tête part, où c'est une histoire qui vous prend. Aucune règle, ne préside à ce chancellement pour quoi je donnerais tout l'or du monde. » Il y a beaucoup de choses qu'on ne peut pas demander à l'oeuvre d'Aragon. Il y en a beaucoup qu'on ne peut accepter d'elle qu'avec la plus haute prudence. Mais, quant au vertige, il n'est que peu d'écrivains qui aient su le susciter avec tant d'excès et de virtuosité. Il y a, pour parler comme Aragon, un « perdre- pied » propre à cette oeuvre et qui lui confère son mouvement frénétique, l'arrache sans cesse à ce qu'elle est, la sauve en somme d'elle-même. » Romancier et essayiste, Philippe Forest a également contribué à l'édition des oeuvres complètes d'Aragon dans la Pléiade dont le dernier volume paraît cet automne aux éditions Gallimard. Vertige d'Aragon constitue le sixième « épisode » du « feuilleton critique » qu'il publie aux éditions Cécile Defaut sous le titre emprunté à Joyce d'Allaphbed. Il rassemble les textes qu'il a consacrés depuis une vingtaine d'années à l'auteur du Mentir-Vrai.
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Tombeaux - d'apres la mer de la fertilite / mishima
François Noudelmann
- Cecile Defaut
- 15 Février 2012
- 9782350183145
Ce journal de lecture est une histoire de têtes.
Celle de Mishima qui roule à terre quand il se donne publiquement la mort, après avoir terminé sa dernière oeuvre, La Mer de la fertilité. Le lecteur, en proie aux vertiges, y découvre des airs de famille, malgré l'étrangeté des personnages, de leurs réincarnations et changements de sexe. D'autres têtes reviennent à son insu, des caboches trouées qui sortent des tombeaux et défont peu à peu toutes les certitudes philosophiques.
Le journal change de cap, au fil de ce tête-à-tête morbide avec les extases érotiques et sanglantes de Mishima.
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Alors que vient de se clore le 150e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques franco-japonaises, le japonisme fait toujours recette, comme le montrent les expositions ou les multiples ouvrages qui lui sont consacrés chaque année. Dans cette activité de qualité inégale mais vibrionnante, deux constats retiennent l'attention : tout d'abord, la plupart de ces manifestations concernent les arts plastiques et, par extension, l'artisanat ou l'architecture. Sur le japonisme en littérature, les travaux demeurent au contraire dans un état de friche et même de pénurie assez étonnant, surtout quand on le rapporte à l'abondante production critique dans les domaines précités.
Ce double paradoxe d'un japonisme florissant en peinture mais anecdotique dans les Belles-Lettres, moderne en arts plastiques mais périmé en littérature, me semble poser toute une série de questions importantes sur la façon dont en France on considère la littérature mais aussi dont on la pratique, sur le rapport aux langues étrangères, sur les relations centre-périphérie ou la place spécifique qu'occupe la littérature dans notre pays.
Ce livre voudrait donc d'abord suivre sur un siècle et demi la diffusion du japonisme dans la littérature française pour en esquisser un début de problématisation et en montrer l'importance aujourd'hui largement sous-estimée, à partir d'une vue d'ensemble (« La tentation du Japon chez les écrivains français ») puis de deux exemples spectaculaires et révélateurs quoique dans une certaine mesure diamétralement opposés (Georges Perec, Michel Butor).
Mais pour éviter l'un des pièges du comparatisme traditionnel (celui consistant à partir d'un pays-source ou pays-phare, «rayonnant» sur un autre pays), il voudrait également proposer de passer de l'autre côté du miroir afin de mieux saisir les transferts qui se sont accomplis, dans le même temps, mais dans l'autre sens.
Enfin, pour montrer la fécondité de ce questionnement, je voudrais étudier quelques figures de «passeurs», adeptes de migrances et/ou de métissages qui ne se réduisent pas à des métamorphoses identitaires, et qui ont, avant les autres, compris l'énorme ressource que constitue un regard pluriel ou hétérographique dans le domaine de l'écriture artistique comme dans celui de la réflexion philosophique.
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Tout au long de son oeuvre, Mallarmé a pensé cinq choses distinctes mais intimement liées: la poésie d'abord (à partir d'une réflexion approfondie sur le langage) ; la musique (dont il compara l'essence à celle des Lettres dans un essai célèbre, tout en étant un assidu des concerts et des opéras, comme il ressort de ses réflexions sur Wagner) ; le théâtre (il consacra aussi bien à l'Hamlet de Shakespeare qu'aux représentations et aux acteurs de la scène parisienne de nombreuses réflexions) ; la peinture (il fut l'admirateur et l'ami d'Édouard Manet dont il commenta en laudateur les expositions) ; la politique enfin (sur laquelle débouche, à propos de chaque art mentionné, une part de ses réflexions, non négligeable, mais trop souvent négligée par ses lecteurs).Les textes de Mallarmé dans ces cinq registres, ici rassemblés, aident à mieux entendre et apprécier sa poétique, mais ils valent aussi pour eux-mêmes, d'autant plus que certains sont peu connus ou ne furent pas publiés de son vivant. Il en est proposé une sélection précédée d'une introduction.
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Au-delà de ce que nous connaissons déjà très bien, la mode japonisante de la fin du XIXe, qu'en a-t-il été du Japon dans l'art et la pensée en France tout au long du vingtième siècle ? En essayant d'écouter ce que certains artistes et penseurs de l'art (d'A Malraux à R Barthes ou J Roubaud) ont dit du Japon, en leur laissant la parole directement (de Cl Mouchard à M Ferrier, Ch Doumet ou Ph Forest), on essaie ici de répondre à cette question.
Mais on verra également se dessiner au fil des réponses proposées un deuxième enjeu, celui du rapport avec l'étranger, qu'il soit relativement proche ou parfois tenant de l'extrême étranger. Rapport qui suppose un effort de compréhension, mais qui implique également sans cesse du malentendu et du contresens. Il ne faut pas pourtant lire trop rapidement ici une critique, bien au contraire : il y a, selon la formule de Proust reprise par Ph Forest, une " beauté du contresens ", ce qui signifie qu'il faut savoir accueillir l'incompréhension parfois comme ce qu'il y a de plus riche dans le rapport à l'étranger, comme ce qui ouvre à la chance de nouveau parcours de pensée.
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Ma nuit d'octobre - d'apres jacques le fataliste de diderot
Collectif
- Cecile Defaut
- 14 Mars 2012
- 9782350183152
La nuit d'octobre, d'Alfred de Musset, est un poème paru en 1837.
Les nuits d'octobre, de Gérard de Nerval, est un texte court paru en feuilleton en 1852. Ces nuits d'octobre ont toutes deux été l'occasion pour leurs auteurs de faire le point sur la relation, parfois confuse pour eux, entre expérience et écriture. Elles marquent toutes deux un tournant dans leur oeuvre. Ma nuit d'octobre, ce journal de lecture de Jacques le fataliste et son maître, de Denis Diderot, a une ambition comparable.
En l'occurrence, essayer de comprendre pourquoi ce livre, lu trop jeune, m'a marquée à ce point, analyser son influence sur ma vie et mon travail jusqu'à aujourd'hui, et, puisque je suis née un matin d'octobre, pourquoi pas renaître.
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Oe kenzaburo - legendes anciennes et nouvelles d'un rom
Philippe Forest
- Cecile Defaut
- 14 Mars 2012
- 9782350183176
A la fin des années 50, Oé Kenzaburô s'affirme comme l'enfant terrible des lettres japonaises.
Son inspiration exprime le frénétique " mal de vivre " d'une " génération perdue " marquée par le souvenir de la défaite. Au cours de l'été 1963, le jeune romancier voit commencer pour lui une " vie nouvelle " : la naissance de son premier fils lourdement handicapé, la rencontre des victimes de Hiroshima lui découvrent l'absurdité cruelle d'un Mal dont son oeuvre romanesque, couronnée par le Prix Nobel en 1994, ne va cesser de questionner la signification.
Les livres de Oé offrent au lecteur européen l'image d'un autre Japon où modernité et tradition se mettent au service d'un humanisme paradoxal et subversif. On connaît le célèbre mot de Nietzsche selon lequel nous avons l'art pour ne pas périr de la vérité. Toute la réflexion de Oé est dominée par une question semblable : comment survivre à la vérité, car si la douleur dévastatrice du vrai doit être dite, il faut que cette douleur soit aussi douceur afin de préserver celui qui la contemple de la destruction sans retour de son être.
Le présent volume constitue la version actualisée et augmentée de l'essai de Philippe Forest paru en 2001. Il prend en compte certaines des oeuvres portées à la connaissance du public occidental ces dix dernières années.
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"Nous ne souffrons que d'une chose: la Bêtise.
Mais elle est formidable et universelle." L'empire de la bêtise est à prendre au sens d'un pouvoir, d'une emprise, mais aussi d'une extension infinie de la bêtise pour Flaubert. La question de la bêtise traverse toute la vie et l'oeuvre de Flaubert, de l'attention portée à dix ans aux bêtises de "la dame qui vient chez papa", à Bouvard et Pécuchet, que Flaubert nomme "une espèce d'encyclopédie de la Bêtise moderne".
Dans ce volume, écrivains et critiques flaubertiens s'interrogent sur la complexité inégalée de la bêtise chez Flaubert : une bêtise souvent odieuse, située dans la société et dans l'histoire, mais qui peut être aussi voisine de la simplicité, et de l'animalité. Ils centrent leurs lectures sur Bouvard et Pécuchet, cette "encyclopédie critique en farce", qui pose la question du ressassement encyclopédique, et qui met aux prises les deux personnages burlesques avec les discours de savoirs et la bêtise ordinaire devenue insupportable.
Enfin ils s'attachent à suivre le retentissement de la problématique flaubertienne de la bêtise au XXe siècle, chez des écrivains pour certains grands lecteurs de Bouvard et Pécuchet.
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Le témoin et la bibliothèque ; comment la Shoah est devenue un sujet romanesque
Alexandre Prstojevic
- Cecile Defaut
- 23 Mai 2012
- 9782350183213
Le Témoin et la bibliothèque restitue et analyse, dans ses grands traits, les conditions d'apparition et de formation d'une littérature authentiquement romanesque de la Shoah. Il montre que le procès d'Adolf Eichmann à Jérusalem en 1961 et la publication, cette même année, du Sang du ciel de Piotr Rawicz constituent un moment charnière : à partir de cette année, les jeunes auteurs européens touchés par la Shoah ne cesseront plus d'expérimenter les limites du roman en s'inspirant de l'esthétique de la modernité littéraire héritée de James Joyce, de Virgnia Woolf, de Marcel Proust. Ce travail formel sur les marges d'un genre les conduira à une réflexion critique sur le rapport entre le témoin, l'Histoire et la culture. Cet essai montre ainsi comment la reprise critique d'un modèle esthétique commun a permis au génocide juif - sujet évacué à la marge de la vie littéraire dans les années quarante et cinquante, tant il était vu comme essentiellement historiographique, juridique ou éthique - de faire aujourd'hui partie du fonds thématique de la littérature occidentale, y compris celle de fiction.
Principaux auteurs abordés : Piotr Rawicz, Georges Perec, Danilo Kiš, Imre Kertész, W. G. Sebald.
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ôter les masques ; d'après shining de Stephen King
Eric Pessan
- Cecile Defaut
- 14 Juillet 2012
- 9782350183251
« Nous ne comprenons rien à ce qui se passe car ce qui se passe est toujours le produit d'un passé fantôme et protéiforme. » C'est ce qui se trame dans les couloirs de l'hôtel Overlook, c'est ce qui se trame dans nos propres vies ; nous sommes encombrés de fantômes, d'approximatives connaissances de l'histoire, de faux-semblant. Nous bâtissons sur les sables instables de nos enfances et des existences qui nous ont précédés. Une grande part du passé porte un masque, il est réinventé, discontinu, souvent flou.
Ce livre ne sera pas un livre sur les fantômes, sur le surnaturel. Il sera un livre sur ce qui hante, ce qui hante l'enfance, hante l'écriture. Il sera un livre sur ce que voit l'écrivain Jack Torrance dans les couloirs de l'hôtel Overlook. Certains pensent que les fantômes viennent du dehors, d'un au-delà de nos perceptions, je reste tristement persuadé qu'ils sont contenus à l'intérieur de nos crânes.
Écrire sur Shining, c'est aussi partir à l'exploration de mes fantômes intimes, ceux qui me hantent, de texte en texte. Tous les sens de ce mot m'intéressent : l'apparition surnaturelle, le souvenir qui obsède la mémoire, la chimère, mais aussi la petite fiche qui -autrefois - marquait la place d'un livre manquant dans une bibliothèque. Shining est un livre fantôme, un livre que j'ai lu jeune. Il est inscrit dans le registre de ma bibliothèque mentale : me pencher de nouveau sur lui, c'est entrer dans la généalogie de mes lectures, faire le tri parmi ces fantômes de livres.
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De cinq poètes français, les plus grands que célèbre une renommée internationale, une lecture est proposée, autre, on le souhaite, regards dirigés sous des angles variés, parfois les plus inattendus. Commentaires, réflexions valent ici ce que vaut la pensée quand elle rencontre l'écriture. Reconnaissances, donc, pour manifester une gratitude envers ceux-là grâce auxquels l'homme a pris des proportions nouvelles. Reconnaissances aussi en tant que l'exploration fut tentée selon la curiosité et l'étonnement que provoque toujours le monde des créateurs. La littérature en pareil cas n'est pas seulement activité du sens. Elle transmet un savoir relatif pour éclairer l'énigme que nous sommes. L'une des ambitions de ce livre est d'en montrer quelques preuves.
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« Le haiku n'est l'expression d'aucune sagesse, juste une incision très légère faite dans la trame du temps, la césure nette et infime par où se laisse apercevoir la vrille d'un vertige ouvrant sur nulle part, précipitant le passage du présent puis le suspendant sur la pointe insignifiante d'un seul instant. » Romancier et essayiste, Philippe Forest a consacré plusieurs livres au Japon, à ses écrivains (Ôé) et à ses artistes (Araki). Il est ainsi l'auteur de Sarinagara (Gallimard, Prix décembre 2004). Ce quatrième volume d'Allaphbed (Haikus, etc.) reprend et prolonge le propos du premier (La Beauté du contresens). Il rassemble une série de textes souvent inédits traitant de la poésie, de la peinture, de la photographie japonaises et où l'on trouvera notamment évoqués le théâtre nô (Zeami), l'art du haiku (de Bashô à Issa), ou encore l'oeuvre de Nakahara Chûya, le « Rimbaud japonais ». C'est un « art poétique » également que Philippe Forest développe dans cet ouvrage à partir d'une méditation sur le haiku en laquelle on reconnaîtra l'écho de la réflexion sur le réel et sur le roman proposée dans tous ses livres. 43 secondes évoque enfin Hiroshima sous la forme d'une pièce radiophonique composée en contrepoint aux pages que Sarinagara avait consacrées à Nagasaki.
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Cinquante ans après la mort de Georges Bataille, nous avons souhaité faire le point sur l'état de la recherche concernant celui que Michel Foucault tenait pour « l'un des écrivains les plus importants de son siècle ». De là les deux orientations majeures des études ici rassemblées : d'une part, une série de mises au point sur les relations de Bataille avec ceux qui l'ont précédé (les grands mystiques, Lautréamont, Gide), ou ceux qui l'ont entouré (les surréalistes, Genet, Camus, ou encore les « misologues » dont parle Paulhan). D'autre part, l'ouverture de pistes nouvelles : on y verra Bataille repenser la catégorie esthétique du sublime, fournir des armes contre les utopies post-humaines, inspirer une écrivain(e) américaine comme Kathy Acker. Dans tous les cas, y compris dans les études portant sur des récits comme Histoire de l'oeil ou Le Mort, il s'agit de faire entendre cette chanson de la sirène qu'est pour Bataille la littérature, chanson dans laquelle se composent la séduction et la terreur.
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Dans le cadre du Grand Prix ARDuA (universités d'Aquitaine) attribué à Pierre michon, un colloque international, tenu à Bordeaux en mars 2014, a réuni autour de son oeuvre des écrivains, philosophes et universitaires dont les réflexions se sont attachées à la force plastique de cette écriture articulée autour de quelques pôles fondamentaux comme le sacré, le mythologique ou le fantasme historique - toutes forces à l'oeuvre dans le texte michonien. Ce sont ces études que le présent volume rassemble sous le titre : Pierre Michon, quelques instants de force.
Il s'ouvre sur un bel inédit de Pierre michon, récemment retrouvé et offert par l'écrivain. Cette « Amorce pour un David » est d'autant plus passionnante qu'elle semble constituer dans son énergie énonciative comme un lointain avant-texte des Onze (Grand Prix du roman de l'Académie française) en même temps qu'elle prolonge la fameuse série de ses peintres, dont son Goya (« Dieu ne finit pas »).
Une bibliographie actualisée de l'oeuvre de Pierre michon sera jointe au volume.
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Longtemps envisagées à travers le prisme de l'adaptation cinématographique, les relations entre littérature et cinéma sont très loin de se limiter à cette problématique, et la recherche actuelle en prend acte résolument. Le titre de cet ouvrage désigne ainsi les divers sens d'un trafic : le cinéma de la littérature, c'est la manière dont le cinéma s'empare des textes littéraires ; mais c'est réversiblement la manière dont la littérature s'empare du cinéma - et peut-être enfin la manière dont les arts se conjuguent sans accorder nécessairement de priorité à l'un ou l'autre moyen d'expression.
En effet, le cinéma s'incorpore la littérature de toutes les façons : scénarisation, dialogues, citations, inscriptions, références, adaptations sont des phénomènes bien connus... mais l'influence du cinéma sur la littérature, sensible dès la première moitié du XXe siècle, s'est fortement diversifiée dans les quarante dernières années à travers des procédures aussi disparates que le ciné-roman et la novellisation, la reprise de figures et de techniques de représentation, la simple allusion ou le développement de référents cinématographiques, les extensions d'univers, mythes et légendes. À l'intersection de ces deux ensembles, on s'intéresse ici également aux phénomènes de conjugaison des arts en jeu dans les pratiques plurielles ou hybrides (cinéma / littérature / vidéo / critique / fiction)...
L'enjeu de ce volume est donc d'interroger les outils conceptuels mobilisés (recyclés, détournés, inventés, ajustés ou redéployés) pour penser les relations entre les deux arts et affecter une légitimité aux modèles existants ou émergents, tout en essayant de mieux comprendre ce qui se joue, pour chacun d'entre nous, dans la mise en relation de la littérature et du cinéma.
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Depuis les années soixante-dix, on assiste à un développement sans précédent des lectures publiques de poésie, en France. Il en résulte une revalorisation de l'oralité dans l'ensemble du champ littéraire contemporain.
Or il s'avère que ce phénomène n'a encore été qu'assez peu interrogé dans le domaine universitaire français : ce volume s'attache à combler cette lacune. Si la lecture publique a souvent été considérée comme une simple oralisation de l'écrit, sans propriétés esthétiques spécifiques, il apparaît au contraire qu'il s'agit, dans le meilleur des cas, d'un « mode original particulier/autonome/d'existence de la poésie », comme l'a écrit le poète Jacques Roubaud. Ce livre, centré sur le XXe siècle, aborde néanmoins l'histoire de la lecture publique de poésie depuis la fin du XIXe siècle. Cette pratique y est envisagée selon différents plans : la description et l'évolution des styles de diction, dans leur rapport à des questions de poétique ; l'identification des « diseurs », du public, et des lieux de lecture ; l'analyse des mutations médiologiques qui affectent nécessairement les modes de lecture et de réception. On ambitionne ainsi de décrire le moment où nous en sommes, dans lequel les tentatives orales des poètes sont autant de signes de vitalité.
Le volume en question résulte d'un colloque international qui a eu lieu au Musée d'Art Moderne de Saint-Etienne.
Des chercheurs et des poètes (qui font parfois une seule et même personne !) pour interroger un objet (la poésie) et une pratique de lecture qui prend une place grandissante dans le champ littéraire contemporaine.
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Parce qu'elle est fondamentalement interprétation, une traduction vieillit généralement plus vite que l'oeuvre originale. Qu'y a-t-il de commun, par exemple, entre la version donnée d'Homère par Mme Dacier au XVIIIe siècle, la version de Leconte de Lisle un siècle plus tard, et celle de Philippe Jaccottet au XXe siècle, si ce n'est le texte d'Homère lui-même ? D'une retraduction à l'autre se lit toute la distance du temps qui passe, des convenances qui évoluent, de la langue qui se transforme, des goûts et des pratiques d'écriture qui se modifient... Pour autant, le dilemme du traducteur (être fidèle à l'"esprit" ou à la "lettre" du texte étranger) reste, lui, toujours le même. La retraduction semble un point d'observation idéal pour analyser "la pulsion de traduction entretenue par l'insatisfaction à l'égard des traductions existantes" (Paul Ricoeur). Pourquoi (pour qui) retraduit-on ? Pour rectifier les erreurs avérées d'une traduction antérieure ? Pour répondre à un "horizon d'attente" littéraire et culturel en constante mutation ? Pour des raisons banalement commerciales ? Quel type de relation un (re)traducteur entretient-il avec la version produite par son ou ses prédécesseurs ? Autant de questions que cet ouvrage aborde en explorant des retraductions de textes littéraires en prose ou en vers, de la Bible, de livrets d'opéra, des retraductions-adaptations pour la scène, des traductions-relais (effectuées à partir d'une langue intermédiaire), etc. Dans une perspective interdisciplinaire, ce volume s'intéresse à l'étude de traductions multiples d'une même oeuvre, à l'investigation des conditions socioculturelles de leur production et de leur réception, aussi bien qu'aux techniques et processus de retraduction, à leur évaluation, sans omettre de faire appel à l'expérience concrète, menée " sur le terrain ", par les praticiens de la (re)traduction d'aujourd'hui.
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Les anthropologues sont-ils des romanciers ratés, comme le prétend Edmund Leach (lui-même anthropologue) ? Pourtant, deux des grands ethnologues du XXe siècle, l'un brésilien, le romancier Darcy Ribeiro, l'autre français, Michel Leiris, sont aussi des écrivains majeurs ; et Lévi-Strauss, dans sa conférence sur Rousseau, ne demande-t-il pas : "L'ethnologue écrit-il autre chose que des confessions ?" Depuis les balbutiements de l'ethnologie, au XVIe siècle, littérature et enquête ethnographique ont en effet suivi deux chemins parallèles, étonnamment proches, bien qu'a priori tout semble les opposer : finalités, méthodes, usage du langage. Mais y a-t-il d'une part une littérature close sur son autonomie esthétique, et de l'autre une anthropologie habitée par une seule hantise : son aspiration à la "science", au recensement des altérités ? D'autant que l'ethnologie est justement née, en une longue gestation, de la littérature elle-même, plus précisément d'une "branche" de la littérature, au moment où, entre les souvenirs de Marco Polo, en 1298, et la circumnavigation de Bougainville, au XVIIIe siècle, l'étrange commence à être trouvé à l'étranger, et donc dans des récits anticipant ce que deviendra l'ethnographie, à la fin du XIXe siècle. D'où l'importance d'aborder des oeuvres qui s'aventurent sur ces marges, garantes d'une littérature conçue comme système ouvert : dans ces zones d'indétermination, coexistent, dans la tension et la confrontation, de nouvelles singularités de l'écrit.
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Les mémoires d'Ancien Régime en France, véritable phénomène de société, fixent par écrit pour la postérité une vérité personnelle, mais en accordant à la parole, de multiples façons, une importance décisive. Ils renvoient d'abord à la parole première du narrateur, parole donnée, dans une mentalité aristocratique encore baignée de ses origines féodales, parole qui est le tissu conjonctif du récit. Cette parole initiale met en scène la parole multiple des autres, au sein de la société de conversation qu'elle fait revivre, où la mémoire orale de chacun joue un rôle majeur. Au centre de cette polyphonie, la parole royale, parole qui fait événement, entourée d'un prestige sacro-saint, parole pieusement transmise, interrogée, à l'occasion sujet de perplexité. Au-delà, les mémoires se lisent comme des palais de paroles, des textes saturés de paroles présentées de mille façons, parole familière ou parole solennelle, parole de conversation, parole de discours ou de lettres insérés, parole de « mots » dans les anecdotes, parole aussi qui touche à la voix de personnes disparues et dont elle permet avec émotion de restituer la présence, hantise universelle des écrits de mémoires. La parole mémorisée, celle qui fait revivre, peut à l'évidence être reconstituée par le narrateur, être l'objet par lui d'une recréation riche de virtualités littéraires.
C'est cette présence constitutive de la parole dans les mémoires qu'une quinzaine de spécialistes se proposent ici d'étudier, depuis la fin du Moyen Âge, jusqu'à Chateaubriand, en passant par les mémoires protestants du xvie au xviiie siècle, les Mémoires bien connus de Retz, Saint-Simon ou Chateaubriand, les mémoires d'étrangers écrits en français (Casanova, le baron de Tott), les mémoires de la Révolution, l'autobiographie de Stendhal. Sur ce sujet central, les mémoires offrent matière à analyse véritablement inépuisable, menée ici sur des textes précis, souvent méconnus.
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Dit-il ; d'après l'ete 80 de Marguerite Duras
Philippe Vilain
- Cecile Defaut
- 12 Octobre 2011
- 9782350183039
Mille neuf cent quatre-vingt-onze : elle a 78 ans, lui, 21.
Les deux avaient connu l'été 80. Pour elle, c'était la période de la rechute dans l'alcoolisme, juste avant de faire, en septembre, la connaissance de Yann Andrea. Lui, il avait 10 ans, l'âge du garçon qui s'allonge dans le sable près de la monitrice anglaise, pour lui raconter des histoires. Ses histoires. En 1991, le 2 janvier, elle est une vieille femme couverte d'ecchymoses ; elle fait tout trop vite, on le sait.
Lui est un bien jeune homme et a réveillonné à Paris. Ce jour-là, il pleut sur le boulevard Saint-Germain. L'étudiant aperçoit cette petite dame frêle pendue au bras d'un homme sécurisant. Il l'aborde, timidement, et elle, Marguerite Duras, dédicace le livre qu'il lui tend, un livre de Platon. Le temps n'a plus d'emprise sur ce qui se passe, sur ce qui s'est passé, sur ce qui va, encore, se passer. Cinq ans et un jour après cette rencontre de la rue Saint-Benoît, Marguerite Donnadieu alias Marguerite Duras meurt.
Vingt ans plus tard, le jeune homme de jadis est devenu à son tour auteur de plusieurs romans, d'essais. Vingt ans plus tard, il nous rappelle ce moment éblouissant, malgré le gris du ciel, et il le fait par deux fois. D'abord dans un essai sorti en 2010, Dans le séjour des corps, puis, entre 2010 et 2011, durant un an, à travers une sorte de roman-journal mémoratif, mémoriel, dans cet ouvrage-même que vous tenez en ce moment entre vos deux mains.
Cette vieillesse du corps qui, chez Marguerite Duras, correspondait inévitablement à une ankylose épouvantable de l'âme et du corps n'avait pas frappé Philippe Vilain, le 2 janvier 1991. Au contraire. C'étaient la jeunesse de sa silhouette, sa fragilité, la vivacité de ses yeux, de ses gestes. Marguerite Duras, pour lui, restera toujours liée à l'image, fantasmée, de cette monitrice de l'été 80. Depuis, "l'amour sera romanesque ou ne sera pas", écrit-il.
La confusion initiale - et jamais guérie - entre le réel et le romanesque débuta à ce moment-là et amena même l'auteur à se rendre, comme l'aurait fait le petit garçon de l'été 80, au rendez-vous donné par la monitrice. Suivant ses calculs, ce serait le 12 juillet 1992. Que se passa-t-il ce jour-là ? Que se passe-t-il, quand un lecteur, devenu écrivain, s'identifie et vit le roman ? Qui écrit ? Qui est écrit ? Dans la maison de la vie, les histoires se défont.
Philippe Vilain nous en raconte plusieurs, ici, de ces histoires, les siennes, les leurs. Les lieux, les non-lieux. De l'écriture.
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Poétique du point de suspension ; essai sur le signe du latent
Julien Rault
- Cecile Defaut
- 22 Septembre 2015
- 9782350183749
Séduisants, providentiels, agaçants : les points de suspension laissent rarement indifférent. Mais que nous dit ce signe exactement ? Pourquoi l'emploie-t-on ? Depuis quand ? Et où ?
Pourquoi faire le choix, curieux, de dire tout en ne disant pas ?
En suivant la trace en trois points laissée dans l'écrit au fil des époques, cet essai propose un parcours littéraire et historique, dans une forme inédite : celle de la biographie d'un signe de ponctuation. Un signe en forme de mi-dire équivoque, transgressif, auquel on peut attribuer une valeur hautement réflexive, mettant en jeu la langue même : la latence.
Depuis le théâtre français du xviie siècle jusqu'aux emplois les plus contemporains, dans la presse, les textos, l'ouvrage se veut une invitation à entrer dans la langue par une porte minuscule, pour mieux ouvrir, par ailleurs, sur les enjeux essentiels de notre rapport singulier au langage, aux autres et au monde.
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Le roman infanticide : Dostoïevski, Faulkner, Camus
Philippe Forest
- Cecile Defaut
- 3 Avril 2010
- 9782350180892
" Et si la souffrance des enfants sert à parfaire la somme des douleurs nécessaires à l'acquisition de la vérité, j'affirme d'ores et déjà que cette vérité ne vaut pas un tel prix...
Je préfère garder mes souffrances non rachetées et mon indignation persistante, même si j'avais tort ! D'ailleurs, on surfait cette harmonie ; l'entrée coûte trop cher pour nous. J'aime mieux rendre mon billet d'entrée. En honnête homme, je suis même tenu à le rendre au plus tôt. C'est ce que je. fais. Je ne refuse pas d'admettre Dieu mais je lui rends mon billet. " (Dostoïevski, Les Frères Karamazou)
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Reflets du siècle d'or espagnol ; modèles en marge
Anne Teulade
- Cecile Defaut
- 3 Juillet 2010
- 9782350180953
"La littérature du Siècle d'Or se caractérise par sa singularité et sa
marginalité esthétiques : des formes originales et irréductibles au reste de la
littérature européenne se sont en effet déployées en Espagne entre la fin du
xvie et la fin du xviie siècle. Cette « intransitivité ibérique », selon
l'éloquente formule de Daniel-Henri Pageaux, s'accompagne paradoxalement d'un
important processus de réception par le reste de l'Europe. Ce sont ces reflets
que notre ouvrage aborde, en tenant compte des acquis les plus récents de la
recherche. Roman picaresque, comedia nueva, roman quichottesque et romance ont
diffusé en Europe des formes d'écritures diverses, dont nous montrons qu'elles
possèdent une cohérence cristallisée par les notions d'hybridité, de
réflexivité et de réalisme. Les articles examinent comment le théâtre hybride
des Espagnols produit un renouveau de la comédie axé sur une forme d'immanence
critique au xviie siècle, mais introduit également une nouvelle forme de
théâtre sérieux dont le caractère tragique ne parvient à être apprécié que par
les Préromantiques, quand la pureté du modèle classique français est remise en
question. Le roman picaresque fait surgir dans la fiction en prose une veine «
réaliste » et un modèle de anti-héros, qui ont des répercussions jusque dans
les romans russes et français des xixe et xxe siècles. La poésie narrative du
romance fournit des sources d'inspiration à un Victor Hugo, une fois que le
mélange des modes se voit valorisé dans les poétiques romantiques. Enfin, le
roman de Cervantès suscite des imitations fictionnelles reposant sur le
discours sceptique et la parodie du xviie au xviiie siècle ; il donne également
aux penseurs du xxe siècle un support de réflexion critique sur la notion de
modernité. Ce volume contribue à la mise en perspective des modèles marginaux
espagnols, tant dans leur réception immédiate, qui remet en question les
modèles canoniques de manière ludique ou ouvertement polémique, que dans leur
diffusion plus tardive, lorsque les esthétiques hybrides et réalistes se
frayent une place au premier plan de la littérature européenne. La modernité de
ces écrits apparaît alors pleinement. "